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Suprêmement Performante !

Photos © Didier Constant, Richard Turenne, Yamaha

Quand j’ai pris possession de la MT-10 SP au bureau de Yamaha Canada, sur la Rive-Sud de Montréal, j’ai immédiatement retrouvé la plastique torturée de l’ancienne FZ-10, même si les designers de la marque ont travaillé fort pour l’actualiser, tout en gardant une certaine familiarité. Visuellement, la nouvelle SP se démarque par son mini-carénage abritant deux phares DEL monofocus, des feux de position localisés en dessous et sa robe bleu/noir/gris argenté, baptisée « Liquid Metal/Raven » par Yamaha — la seule disponible pour la SP —, qui est iconique du modèle. Il faut aimer pour apprécier. Moi, j’aime bien. Ça me rappelle la R1M.

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Chez Yamaha, les versions SP s’adressent aux motocyclistes exigeants qui réclament le meilleur, particulièrement en matière de suspension et de rigueur de pilotage. Les SP sont des motos plus exclusives, produites en petite série, pour des connaisseurs prêts à payer le surplus exigé par Yamaha.

La MT-10 SP est la plus délinquante et la plus puissante Streetfighter de la marque. Ses principales rivales sont les Aprilia Tuono V4, Ducati Streetfighter V4, Honda CB1000R, Kawasaki Z H2, KTM 1290 SuperDuke R EVO, Suzuki GSX-S1000 et Triumph Speed Triple 1200 RS. Des machines caractérielles au style radical. Certaines vendues très chères. Et même si ce n’est pas la plus performante du lot, la Yamaha a de nombreux arguments (suspensions électroniques, puissance élevée, châssis affûté, électronique avancée, prix compétitif, performances étonnantes) pour bien figurer dans le segment des roadsters extrêmes.

Un moteur bluffant

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Le démonstratif moteur CP4 de la MT-10 SP est essentiellement le même que celui qui équipe l’ancienne R1S, la Superbike détunée à moteur Crossplane de la marque. Il s’agit du quatre cylindres en ligne liquide, à double arbre à cames en tête et 16 soupapes. Sur la MT, il développe 165,9 chevaux à 11 500 tr/min pour un couple de 82,6 lb-pi à 9 000 tr/min. Le CP4 adopte de nouveaux réglages d’injection et des modifications de l’admission et de l’échappement destinées à renforcer le couple à bas et moyens régimes. On retrouve ainsi un trio de conduits d’admission d’air qui alimentent la nouvelle boîte à air, ainsi que de nouvelles grilles d’amplification acoustique de chaque côté, à l’avant du réservoir, qui redirigent le bruit d’admission directement dans le cockpit. La SP est également munie d’un embrayage antiglissement assisté.

Même si elle est compatible Euro5, la MT-10 SP est marginalement plus puissante et plus coupleuse que la FZ-10 originale que j’avais découverte lors de son lancement canadien, en 2016 (160,4 chevaux et 81,8 lb-pi de couple). En 2022, elle est dotée d’une excellente boîte de vitesse à six rapports secondée par un des meilleurs quickshifters bidirectionnels du marché. Personnellement, je l’adore.

L’électronique prend le contrôle

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La MT-10 SP dispose d’une armada de béquilles électroniques pour contenir toute cette puissance et soutenir la technologie inédite de suspension de la SP. En premier lieu, elle adopte une unité de mesure inertielle à six axes qui signifie que toutes les aides au pilotage — contrôle de la glisse (SCS), antipatinage, ABS, anticabrage (LIF), contrôle du freinage (BC) et gestion du frein moteur (EBM) — sont sensibles à l’inclinaison et fonctionnent en virage. Sans oublier la poignée de gaz Ride-by-Wire APSG, avec quatre modes de puissance sélectionnables, ni le système Yamaha YCC-T. Il y a même un limiteur de vitesse maximale programmable appelé Yamaha Variable Speed Limiter (YVSL) et un régulateur de vitesse très pratique au demeurant. Celui-ci est opérant entre 50 et 160 km/h.

La SP propose quatre modes de conduite — A, le plus sportif — B, plus doux — C pour un usage urbain et D pour la pluie — regroupés dans le contrôle de pilotage YRC. Les quatre modes du YRC ont des valeurs prédéfinies, mais le pilote de la MT-10 peut choisir de réinitialiser les différents paramètres selon ses préférences.

La SP est dotée d’un écran ACL de 4,2 pouces dérivé de la R1, qui fournit des informations essentielles sur la conduite et permet de naviguer plus facilement dans la myriade de réglages dans lesquels on peut facilement se perdre. En plus, elle possède des feux à DEL.

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Comparativement à la MT-10 de base, la SP est dotée d’une foule de composants hi-tech, dont le plus surprenant est la nouvelle suspension électronique semi-active Öhlins de deuxième génération (Gen-2). La SP est la première moto de production à bénéficier de cette suspension géniale. Celle-ci se compose d’une fourche NIX 30 améliorée et d’un amortisseur arrière TTX 36 perfectionné qui, selon Öhlins, permet un réglage de l’amortissement plus rapide tout en offrant une sensibilité et une réactivité accrues aux extrémités basses et hautes de la plage de réglage. Cette suspension bénéficie de trois modes semi-actifs (A1-A2-A3) et de trois modes manuels (M1-M2-M3). Parmi les premiers, le mode A-1 est le réglage sport/piste par excellence, l’A-2 est plus adapté à la route tout en restant sportif et l’A-3 est le réglage Sport/GT, celui qui favorise le tourisme et le confort. Les modes M quant à eux vous permettent de régler électroniquement la suspension à votre goût, puis de mémoriser vos réglages.

Une partie cycle efficace

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Contrairement aux autres MT qui utilisent leur propre cadre en aluminium formé sous vide, la MT-10 SP reprend le cadre Deltabox en aluminium de la YZF-R1. C’est le même que celui utilisé par Yamaha en WSBK. Le Deltabox est toujours aussi rassurant. Il offre une grande rigidité longitudinale ainsi qu’une certaine flexion latérale et torsionnelle. Juste ce qu’il faut pour performer au plus haut niveau. Sur la SP, il est complété par un superbe bras oscillant en alu brossé.

Les valeurs de géométrie (chasse/déport de 24°/102 mm) et l’empattement court de 1 405 mm confèrent à la MT-10 SP un comportement de supersportive premium. Relativement agile et moyennement facile à balancer d’un angle sur l’autre, elle est agréable à piloter rapidement et très efficace à l’attaque, particulièrement sur une route au revêtement impeccable.

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À l’usage, la SP affiche un comportement très orienté piste favorisant rigueur, précision et performance. Au niveau des suspensions, le mode A-1 est brutal et raide, tout comme le mode A-2 qui reste assez sec. Dans les deux premiers modes, les suspensions sont rigoureuses, mais manquent de confort en usage routier. Elles secouent pas mal le pilote sur chaussée inégale. Il faut sélectionner le mode A-3 pour retrouver un comportement plus souple et contrôlé. C’est celui que j’ai privilégié durant cet essai effectué majoritairement sur les routes secondaires du réseau routier québécois.

La polyvalence de la suspension Öhlins SV Gen-2 pilotée électroniquement est surprenante. La MT-10 SP se comporte vraiment comme trois motos en une selon les réglages adoptés par le pilote — pistarde, sportive ou Sport/GT — chacune facilement accessible à la simple pression d’un bouton. Comparativement à la BMW S 1000 R, sa plus proche rivale, la SP est plus lourde de 14 kg, plus lente dans les changements de direction rapides et elle n’est pas aussi maniable, mais sa suspension semi-active égale voire surpasse celle de l’Allemande.

Pour ce qui est du freinage doté de l’assistance « Brake Control », il offre mordant et modularité. Il se compose d’un maître-cylindre radial Brembo, d’un double disque de 320 mm et d’étriers quatre pistons à fixation radiale à l’avant et d’un monodisque de 220 mm avec étrier simple piston à l’arrière. L’ABS actif en virage est transparent et efficient. Des durites de type aviation en métal tressé complètent le système et garantissent une meilleure endurance du freinage.

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Yamaha a délaissé les populaires étriers Stylema de Brembo que l’on retrouve sur la majorité des sportives pour des éléments Advics qui se révèlent impressionnants. Le levier offre beaucoup de ressenti, de finesse de toucher et de rétroaction . Par ailleurs, les freins ne sont pas trop agressifs en usage routier. L’ABS en virage est un ajout apprécié.

Enfin, les jantes en aluminium, à cinq branches, de couleur bleue, sont chaussées de pneus Bridgestone Battlax Hypersport S22, des gommes plutôt sportives offrant une excellente motricité, même sur l’angle.

C’est à la forge qu’on juge le forgeron

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Durant cet essai estival, j’ai fait un peu de ville, un peu d’autoroute, mais beaucoup de routes secondaires. La SP s’y prête bien et s’exprime mieux sur ce type de parcours.

Dans la circulation urbaine, elle se sent un peu à l’étroit, même si elle est agile et se faufile bien dans le trafic. On dirait un pit-bull qui tire sur son collier au point de s’étrangler. La SP a besoin d’espace pour s’exprimer et d’asphalte de qualité pour donner le meilleur de sa tenue de route.

Sur autoroute, la protection est moyenne — la version qui m’a été prêtée était équipée d’une bulle haute optionnelle qui protégeait mieux — et la vitesse trop étroitement surveillée pour que l’on prenne réellement du plaisir au guidon du Streetfighter de Yamaha. De plus, dans ce cas, on ne profite pas pleinement de ses équipements premium, dont ses suspensions semi-actives et ses Bridgestone S22.

Mais, une fois sur les petites routes, c’est une autre histoire. Comme je l’ai découvert à l’occasion d’une boucle de 800 kilomètres en deux jours, par les routes secondaires, dont la 132, entre Montréal et Québec. Pour l’occasion, j’avais équipé la SP pour le tourisme léger : sac de réservoir GIVI XS319 Tanklock, sac de selle GIVI UT813 Ultima-T et support de téléphone SP-Connect. Il n’en faut pas plus pour partir quelques jours en escapade, d’autant que la selle de la Yamaha, bien que ferme, est étonnamment confortable pour un roadster radical.

Lors de cette balade sportive, la température était magnifique. Il faisait un soleil radieux, le thermomètre indiquait 25 °C et il y avait peu de vent. Pour l’occasion, j’étais accompagné par des compagnons de voyage agréables. Mes amis Dave Beaudoin sur une BMW R18 Transcontinental, Alain Paquin sur une Kawasaki Versys 650 et Claude Privée sur sa BMW NineT Pure ont chacun fait un bout de chemin avec moi, soit à l’aller, soit au retour.

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Dans cet environnement, le CP4 est envoûtant et frôle le sans-faute. C’est un des meilleurs quatre cylindres du marché. Il offre un compromis parfait entre performances et sensations. Son calage Crossplane lui confère une sonorité et un comportement proches de ceux d’un V4. Sa plage d’utilisation est large, avec passablement de couple à bas et moyen régimes, une puissance phénoménale haut dans les tours et des performances époustouflantes. Cependant, il manque un peu de souplesse et rechigne à reprendre sans à-coups en bas de 1 500 tr/min. Particulièrement sur les rapports supérieurs. Comme sur un V4, il faut jouer du sélecteur pour le garder dans sa plage efficace et profiter de sa générosité. Heureusement, le quickshifter s’avère un précieux allié en la circonstance, grâce à son efficacité et à sa précision, à la montée comme à la descente des rapports. L’embrayage à glissement limité favorise une conduite enthousiaste. On reprochera cependant au 4-en-ligne sa consommation un peu élevée (7,8 l/100 km de moyenne en conduite normale et près de 9 l/100 km à l’attaque). Enfin, il est admirablement desservi par des suspensions semi-actives tout simplement ahurissantes d’efficacité, une fois qu’on les a adéquatement réglées.

La partie cycle impressionne par sa rigueur et son efficience. Une vraie sportive, particulièrement sur un bitume en bon état. En 2016, lors de mon essai de la FZ-10 originelle, on avait pu faire une demi-journée de piste au défunt circuit de St-Eustache. C’est mon ami Patrick Laurin qui s’y était collé, car j’officiais en tant que photographe ce jour-là. Malheureusement, cette année je n’ai pas pu faire de piste avec la MT-10 SP. Il m’a été impossible de trouver une date pour une journée de roulage et aucun de mes photographes habituels ne pouvait m’accompagner le cas échéant. En plus, je n’avais pas les moyens de remplacer les pneus pour rendre la moto à Yamaha dans l’état où je l’avais prise. J’ai donc du faire contre mauvaise fortune bon cœur et je me suis résolu à tester le potentiel sportif de la SP sur une route de Lanaudière que je connais par cœur et qui se prête bien à ce genre d’exercice. Je sais, ce n’est pas la même chose, mais faute de grives on mange des merles. C’est mieux que de mourir de faim, non ?

Dans ces conditions, la MT-10 SP est crapuleuse, mais ô combien précise et rigoureuse ! Elle est intègre et prévisible dans les virages serrés, relativement vive dans les enchaînements, malgré son surplus de poids et hyper stable dans les grandes courbes rapides. Facile à placer sur l’angle, elle offre une motricité sans faille, grâce à ses Bridgestone S22 et à ses suspensions superlatives. Il faut seulement faire attention de ne pas s’égarer dans les réglages si vous choisissez un des modes manuels.

En matière de confort, la Yamaha n’est pas une GT, encore moins une moto de tourisme, mais elle propose une ergonomie adéquate et une position de conduite en adéquation avec son caractère, le buste légèrement penché vers l’avant, les pieds relevés et les bras un poil écartés en raison du large guidon tubulaire. Prête à l’attaque ! De plus, les commandes tombent bien sous la main. On reprochera seulement au poste de commande d’être chargé. Il faut prendre le temps d’ajuster les modes et les béquilles électroniques avant de partir, car, une fois en roulant, ça devient plutôt compliqué, d’autant que l’écran TFT est petit et difficile à lire.

Bilan

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À l’occasion de cet essai, je suis retombé sous le charme de la sportive dénudée de Yamaha. J’ai retrouvé son tempérament délinquant ainsi que son goût pour les escapades crapuleuses et les figures de style extrêmes. Dans sa version SP, la MT-10 offre un comportement irréprochable, quels que soient l’environnement et les conditions. Cependant, elle demande une implication totale de la part du pilote qui ne peut pas se reposer sur ses lauriers. Il doit être alerte, attentif et ne pas se laisser envahir par l’émotion. Il lui faut garder le contrôle sur la MT en toute situation. À ne pas mettre entre toutes les mains…

Dérivée de la YZF-R1, dont elle reprend le moteur en version dégonflée et l’essentiel de la partie cycle, la MT-10 SP est un Streetfighter radical capable de faire face aux meilleures machines du créneau, Européennes incluses. Elle offre des performances époustouflantes, une suspension semi-active géniale et un équilibre bluffant.

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Le CP4 qui la propulse est l’un des quatre cylindres modernes les plus enthousiasmants du marché, offrant une abondance de puissance et de couple. Son arsenal électronique à la fine pointe de la technologie s’avère efficace dans toutes les situations possibles et imaginables, tout en garantissant votre plaisir et votre sécurité. D’autant que son châssis affûté est à la hauteur de la tache, quels que soient l’environnement et le rythme adopté.

La Yamaha MT-10 SP est proposée dans un coloris unique bleu/noir/gris argenté, baptisé « Icon Performance ». En 2023, elle se détaille 21 599 $ et est disponible chez votre concessionnaire Yamaha préféré.

FICHE TECHNIQUE

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INFORMATIONS GÉNÉRALES

  • Poids tous pleins faits : 213 kg
  • Hauteur de selle : 835 mm
  • Capacité essence : 17 L
  • Consommation : 7,8 L/100
  • Autonomie : 218 km
  • Durée de l’essai : 800 km
  • Prix : 21 599 $ (modèle 2023)
  • Coloris : bleu/noir/gris argenté « Liquid Metal/Raven »

MOTEUR

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  • Moteur : quatre cylindres en ligne, DACT, 4 soup./cylindre, refroidissement liquide
  • Puissance : 165,9 ch à 11 500 tr/min
  • Couple : 82,6 lb-pi à 9 000 tr/min
  • Cylindrée : 998 cc
  • Alésage x course : 79 x 50,9 mm
  • Rapport volumétrique : 12:1
  • Alimentation : injection Mikuni à corps de 45 mm
  • Transmission : 6 rapports
  • Entraînement : par chaîne

PARTIE CYCLE

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  • Suspension : fourche inversée Öhlins SV Gen-2 pilotée électroniquement, tubes de 43 mm entièrement paramétrable. Monoamortisseur Öhlins SV Gen-2 piloté électroniquement, entièrement paramétrable
  • Empattement : 1 405 mm
  • Chasse/Déport : 24°/102 mm
  • Freins : double disque de 320 mm et étriers quatre pistons à fixation radiale à l’avant ; monodisque de 220 mm avec étrier simple piston à l’arrière. ABS actif en virage de série. Durites de type aviation en métal tressé.
  • Pneus : Bridgestone Battlax Hypersport S22
    120/70ZR17 à l’avant
    190/55ZR17 à l’arrière

VERDICT RAPIDE

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ON AIME BIEN

  • Moteur CP4 fabuleux ;
  • Quickshifter bidirectionnel efficace sur route ;
  • Partie-cycle rigoureuse ;
  • Suspensions semi-actives Öhlins ;
  • Freinage de sportive ;
  • Assistances électroniques de pointe ;
  • Régulateur de vitesse ;
  • Bulle haute optionnelle efficace. ;
  • Coloris « Liquid Metal/Raven » à la R1M.

ON AIME MOINS

  • Écran TFT riquiqui ;
  • Suspensions sèches en modes A1 et A2 ;
  • Consommation importante ;
  • Prix élevé.

Équipement du pilote

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 Galerie

Une réponse à “Yamaha MT-10 SP 2022”

  1. Jean-François Leclerc

    Belle machine, mais 218 KM d’autonomie, il me semble que bien peu de distance parcourue par un tel engin avant qu’il n’est besoin de ravitaillement.

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