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Devenir meilleur pilote en prenant plaisir

Photos Pierre Désilets, Didier Constant et eTech Photo

Patrick et moi n’en sommes pas à notre première expérience avec la California Superbike School. Il a suivi les niveaux 1 et 2 en 2011, au New Jersey Motorsports Park, en même temps que je complétais les niveaux 3 et 4. Nous étions venus vivre cette expérience inoubliable en compagnie de neuf amis du Québec qui découvraient alors la CSS. Là, Patrick vient terminer sa formation, tandis que moi, je me suis inscrit pour deux autres journées de niveau 4. Pour le plaisir et parce que l’on gagne toujours à se perfectionner.

Même si je pense être un pilote au-dessus de la moyenne, il me reste encore énormément à apprendre pour être à la fois plus rapide et plus sûr. À moto, nous sommes exposés et fragiles. En permanence confrontés à de nouveaux défis, à des situations inédites qui peuvent mettre notre intégrité physique en danger. Le meilleur moyen de rester en vie et de prendre plaisir à moto, aussi bien sur route que sur piste, c’est d’investir dans notre pilotage. Et pour ça, rien de tel qu’une école certifiée, quels que soient notre âge et notre expérience de conduite. La formation continue est un impératif vital pour nous.

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La meilleure école de pilotage ?

Les écoles de pilotage, c’est mon dada, ma marotte. J’en ai suivi une bonne dizaine à travers le monde. Certaines employaient des instructeurs de très haut calibre. Des Champions du monde de la trempe de Freddie Spencer et de Kevin Schwantz (GP500), de Scott Russell (WSBK), de Sébastien Charpentier (WSSP) ou encore du légendaire Jean-Michel Bayle, multiple Champion du monde de motocross, Champion américain de motocross et de Supercross, mais aussi vainqueur du Bol d’Or et des 24 Heures du Mans moto. En plus d’avoir couru en Grand Prix de vitesse 250 et 500. J’ai donc eu la chance d’avoir d’excellents profs. Même s’ils n’ont pas toujours réussi à m’infuser une partie de leur génie (le talent est inné et ne se transmet pas, malheureusement), ils sont parvenus à m’inculquer des notions essentielles pour piloter en toute sécurité, quelles que soient les circonstances.

Pourtant, de toutes les écoles auxquelles j’ai participé, que ce soit au Canada — Moto Nation, FAST, ASM, Turn2 —, en Europe — First-on-track, 4 G Moto —, ou encore aux États-Unis — Freddie Spencer’s High Performance Riding School, Kevin Schwantz School, Yamaha Champions Riding School —, la California Superbike School est la seule m’ayant permis de progresser de façon durable, en toute sécurité.

La CSS est la mère de toutes les écoles de pilotage avancé, en Amérique du Nord. Créée en 1979 par Keith Code, alors coureur pro dans l’AMA, elle a jeté les bases du cursus que toutes les écoles nord-américaines utilisent depuis. Mais, ce qui la distingue de ces dernières, c’est le fait que son programme a été pensé et mis sur pieds par son fondateur, puis intégré dans une démarche éducative originale. Ses méthodes ont ensuite été testées et leurs bénéfices évalués in situ.

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Keith Code, le fondateur de la California Superbike School

Avant de créer la California Superbike School, Code a passé une partie de sa carrière de pilote à décortiquer les phases critiques du pilotage moto, en particulier tout ce qui touche à la vision, et ce dès 1976, afin de mettre au point une méthode d’enseignement efficace et adaptée aux besoins des pilotes lambda. Il est le premier à avoir parlé de points de référence visuelle et de trajectoires alternatives. Depuis, il continue à faire évoluer son programme sans relâche, à peaufiner les techniques qu’il enseigne et à se tenir au courant des dernières évolutions en termes de techniques, de pneumatiques, de motos, mais surtout de pilotage. Code n’est pas un pilote qui essaie de transmettre ce qu’il a appris sur la piste, c’est un philosophe de la conduite moto. Un chercheur ès pilotage. Un guru de la trajectoire. Un maître !

Aujourd’hui, Keith est sans conteste l’instructeur le plus connu et le plus qualifié au monde. Au cours de sa carrière, il a aidé certains des plus grands pilotes américains, dont Wayne Rainey et Eddie Lawson, à devenir respectivement triple et quadruple Champions du monde 500 cc.

En plus de publier plusieurs livres sur les techniques de pilotage, dont les deux opus de « Turn of the wrist », traduits dans une douzaine de langues, il a inventé certains dispositifs d’entraînement comme le « Body Positioning Bike », une moto statique destinée à pratiquer votre position sur la moto, le « No body steering bike », illustrant la pertinence du contre-braquage, le « Lean & slide bike » visant à enseigner la glisse et la prise d’angle maximal en toute sécurité et aussi le « Panic Braking Trainer » qui permet aux pilotes de vivre l’expérience d’un blocage de la roue avant et d’apprendre à s’en sortir. Sans oublier une moto vidéo qui vous filme pendant que vous conduisez afin d’analyser votre comportement en piste. Il utilise bien entendu les caméras embarquées, sur les machines des étudiants, mais également sur celles des instructeurs dans le but de récolter le maximum d’information sur votre pilotage.

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Un triumvirat de choc !

La CSS c’est une équipe professionnelle parfaitement rodée déployant une vingtaine de personnes à chaque événement, Une armée qui s’occupe de chaque aspect des opérations : accueil, inscription, logistique, restauration, cours, équipement des pilotes, entretien des motos, mécanique et photographie. Au niveau de l’enseignement, elle s’appuie sur les compétences de trois cadres efficaces totalement complémentaires : Keith est le maître à penser de l’école. C’est lui qui établit les programmes et recherche en permanence de nouvelles techniques d’enseignement. Car Keith est un passeur de savoirs. Un pédagogue, dans le sens le plus noble du terme.

Son fils Dylan le seconde dans la gestion de l’école et dans l’enseignement théorique. Il a hérité des aptitudes en communication de son père. Les deux sont les experts techniques de l’école. Lors de mes deux journées de niveau 4, je les ai eus à tour de rôle comme analyste et consultant.

Dylan Code

Dylan Code

Codie Fair est le chef instructeur. Il sélectionne et gère l’équipe d’instructeurs chargés d’accompagner les élèves dans leur évolution sur piste. Il s’occupe tout particulièrement des étudiants du niveau 4. Comme je m’en apercevrais lors de ma deuxième journée, il voit tout, surtout ce qu’on essaie de lui cacher.

Cette complémentarité, associée à l’expertise de tous les intervenants de la CSS, garantit son efficience et assure son sa réputation.

Niveau 4 : le Saint-Graal

Au cours des trois premiers niveaux, on acquiert plus de 15 compétences différentes dans un ordre très précis, de façon progressive et logique, afin de bien assimiler les techniques de base. Le niveau 4 est quant à lui unique pour chaque pilote. Seul le premier exercice, qui vise à mettre en évidence l’importance de la vision périphérique, est commun à tous. L’exercice s’appelle « Vision large ». On place deux étoiles dorées, une de chaque côté de notre visière, et on essaie de les garder dans notre champ de vision, en tout temps, où que l’on se trouve sur la piste, afin de contrer la fixation d’un point sur la piste ou la vision entonnoir, deux problèmes communs auxquels sont confrontés la majorité des pilotes.

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Le niveau 4 distingue la CSS de toutes les autres écoles de pilotage avancé. En effet, comme dans certaines institutions scolaires alternatives, l’étudiant détermine son cursus et les techniques qu’il veut corriger ou acquérir. Pourtant, le niveau 4 est très structuré et suit le déroulement d’une journée classique de la CSS. Aucune place n’est laissée à l’amateurisme. On alterne les sessions en piste (cinq par jour) avec des séances de débreffage avec l’instructeur qui nous est assigné. C’est le temps d’analyser le déroulement de la session écoulée. On rencontre ensuite le consultant technique — Dylan, dans mon cas —, pour comprendre la cause de nos erreurs et établir ensemble un plan d’action visant à les corriger.

Durant ces deux jours, j’ai eu deux instructeurs, Bevon, un Australien aussi qualifié que sympa. Avec lui, j’ai réussi à corriger certains défauts de base, au niveau du positionnement du haut de mon corps (buste trop droit, bras trop tendus et tête trop centrée) et de mes trajectoires.

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Mon second instructeur a été Codie. Il m’a permis de peaufiner ma position de conduite grâce à des exercices personnalisés. Je n’ai pas encore l’air de Marc Marquez, mais ça s’en vient tranquillement. J’ai aussi vaincu une de mes appréhensions, à savoir dépasser un pilote plus lent facilement et de façon sécuritaire. En fin de journée, nous nous sommes livrés à une course poursuite lui et moi, nous dépassant sans préavis durant toute la session. Je le suivais sans le regarder vraiment, le gardant seulement dans mon champ de vision, conscient en tout temps de sa position sur la piste. Puis, j’analysais nos trajectoires respectives et la position des autres pilotes sur le circuit pour dépasser au moment opportun, de façon précise et sécuritaire. Au terme de cet exercice, je me suis rendu compte que j’avais accessoirement amélioré mes trajectoires, particulièrement dans deux virages que je ne maîtrisais pas vraiment. Et augmenté ma cadence, sans prendre de risque inconsidéré. Pas mal, non ?

Quand j’analyse les progrès que j’ai réalisés au cours de ces deux journées, force est de constater que la méthode CSS porte fruit, quel que soit l’instructeur qui vous suit. Et ça, c’est un des points forts de l’école. Ma vision s’est améliorée, je prends de meilleurs repères et ma position est nettement plus efficace. Ma prise de décision s’est également améliorée. Ces progrès, mais surtout ma détermination à mettre les solutions préconisées par les instructeurs en application, m’ont valu une invitation de Dylan à essayer la BMW HP4 Race de l’école (lire mon récit ici »). Un moment inoubliable et une marque de confiance qui me touche.

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Debreffage avec Codie (de dos à gauche), sous le regard d’un de ses instructeurs

L’écoute du personnel de la California Superbike School et l’attention que chaque intervenant porte à vos besoins sont vraiment impressionnantes. À chaque moment, j’ai bénéficié d’un enseignement très personnalisé, de conseils judicieux et d’outils multimédias efficaces. J’ai aussi réalisé que les instructeurs nous suivaient méticuleusement, même si nous n’en avons pas l’impression, et voyaient toutes les erreurs que nous commettons. Preuve de leur professionnalisme et de leur dévouement au programme. J’ai également découvert des facettes du pilotage que personne ne m’avait montrées auparavant. Une vraie révélation !

Même chose du côté de Patrick qui a lui aussi complété le niveau 4 de l’école. Il a fait d’énormes progrès, comme le montrent les photos, et est parvenu à corriger certains défauts qu’il traînait depuis ses débuts. Comme c’est le cas de nombreux pilotes autodidactes. Particulièrement au niveau de sa position de conduite, le problème numéro un de la majorité des participants à une école de pilotage. Je peux confirmer qu’il est beaucoup plus rapide qu’à son arrivée à la CSS, mais surtout beaucoup plus confiant et plus sécuritaire.

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Patrick en action dans le virage n°7.

Je reviendrais, encore et encore !

Je reviendrais à la CSS, c’est sûr. Car, et c’est là la beauté de l’école, vous pouvez reprendre le cours de niveau 4 autant de fois que vous le désirez puisque c’est vous qui déterminez le contenu du cours en fonction de vos besoins et des techniques que vous désirez perfectionner. Le record de participation par un même étudiant est de 160. Non, ce n’est pas une erreur. Vous avez bien lu : 160 participations au niveau 4 par un seul et même élève. Réparties sur plusieurs années, bien entendu. De nombreux pilotes pros le suivent également régulièrement, pour remettre leurs savoirs à plat. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. De savoirs. C’est-à-dire un ensemble des connaissances acquises par l’étude, l’observation, l’apprentissage et l’expérience.

Personnellement, je sais que mon apprentissage n’est pas terminé. Même si j’ai récemment passé le cap de la soixantaine, je sais que j’ai encore la capacité d’apprendre. Et l’envie, aussi. Il me reste encore des compétences à acquérir, et de la vitesse à gagner. L’important, c’est de savoir quels buts vous poursuivez dans la vie et de bien connaître vos propres limites.

Votre serviteur en action, dans le virage 1 de Thunderbolt

Et ça, Keith Code l’a compris il y a longtemps : « Je suis réaliste quant à mon propre talent. Mon destin n’était pas d’être Champion du monde. Dans les années 70, lorsque je courais en Superbike, je pouvais facilement me classer parmi les cinq premiers quand j’étais dans un bon jour. Cependant, ni mes instructeurs ni moi ne sommes des pilotes célèbres au palmarès à faire rêver. À ce stade de ma vie, je suis content de ne pas avoir été un grand pilote, je pense que cela me serait monté à la tête. Comme Steve Brouggy, le directeur de notre école en Australie aime le dire : “Préférez-vous prendre des leçons de golf avec Tiger Woods ou avec l’entraîneur de Tiger Woods ? ” Mon destin était de former des coureurs. Et près de 10 d’entre eux ont été couronnés Champion du monde. C’est déjà pas mal ! Qu’en dites-vous ? »

 Galerie

Les origines de la California Superbike School

Keith Code a commencé à rouler à moto en 1957, à l’âge de 12 ans. Quatre ans plus tard, il débute la compétition. Après un hiatus de 10 ans, il renoue avec la compétition en 1974, au niveau des courses de club. L’année suivante, il court pour l’écurie Yoshimura, en Superbike et connaît une carrière qui se prolonge jusqu’au milieu des années 90. Keith a fait mille métiers : designer, photographe, vendeur de bretzels dans la rue, créateur de chaussures pour les vedettes d’Hollywood, écrivain, inventeur puis instructeur de conduite sportive.Keith ouvre la California Superbike School (CSS) en 1980, avec le pilote britannique Richard Lovell. Dès le début, il peut compter sur le soutien de Kawasaki, Lockhart, Kerker et d’autres commanditaires importants. La CSS donne son premier cours la même année, à la piste de Riverside Raceway. Au début des années 80, l’école compte plusieurs pilotes de renom parmi ses instructeurs, dont Eddie Lawson, alors pilote officiel Kawasaki en Superbike, dans l’AMA. Il deviendra par la suite quadruple Champion du monde 500 cc.

Première du genre, la CSS devient rapidement une école de renommée mondiale. Ses enseignements et son mode de fonctionnement ont été repris par de nombreuses écoles à travers le monde, même chez nous, au Canada. Au cours des 38 dernières années, la CSS a accueilli plus de 200 000 élèves. Au fil des ans, elle a dispensé des cours dans une quinzaine de pays. La CSS possède des écoles en Australie, en Nouvelle-Zélande et en Grande-Bretagne et se déplace occasionnellement en Malaisie, aux Philippines, en Afrique du Sud, en Suède, à Dubaï, en Turquie et en Chine (Taiwan).

La structure de cours actuelle à quatre niveaux a été inauguré en 1995. Et elle continue d’évoluer. Les cours de la CSS sont dispensés de février à novembre sur certains des plus beaux circuits des États-Unis (Las Vegas Motor Speedway, Streets of Willow Springs, Sonoma Raceway, Mazda Raceway Laguna Seca, Virginia International Raceway, New Jersey Motorsports Park (Thunderbolt), New Orleans Motorsports Park, Barber Motorsports Park, Miller Motorsports Park, The Ridge Motorsports Park).

Depuis 2010, la CSS est parrainée par BMW. Les élèves de l’école peuvent apprendre à piloter sur la légendaire BMW S1000RR, la sportive ultime, selon de nombreux magazines spécialisés.

California Superbike School
940 N. San Fernando Road
Los Angeles, CA 90065
(323) 224-2734
https://superbikeschool.com

2 réponses à “California Superbike School”

  1. Guy

    Bon gu… la CSS m’a laissé d’excellents souvenirs en 2010. A lire un tel article, j’ai envie de tout recommencer. Mais voilà, c’est pas donné à tout le monde de le pouvoir.Et peu de gens comprendront ces souvenirs pour que je laisse un commentaire.

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  2. Didier Constant

    Salut Guy,
    Déjà 8 ans ! Le temps passe si vite… J’ai d’excellents souvenirs de notre passage à la CSS à Las Vegas, en 2010. J’y ai passé un merveilleux moment en ta compagnie. Et si tu cherches un compagnon pour y retourner, je suis ton homme. De toutes façons, on n’a jamais fini de s’améliorer.
    À bientôt, j’espère !
    Ton chum 😉

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