Balade au fil de l’eau
Publié le 8 juillet 2025
N’ayant pas eu l’occasion de rouler beaucoup dernièrement, en raison d’aléas hors de mon contrôle, je n’ai pas pu faire tous les tests que j’avais planifiés, avant de ramener l’Ibex à son propriétaire, deux semaines plus tôt que ce qui était prévu à l’origine. J’ai donc dû faire une dernière balade avec la petite CFMOTO, à laquelle je commençais à m’attacher.

Photos © Didier Constant, Richard Turenne
L’été, qui avait bien commencé, a pris une tournure inattendue, le week-end avant la Saint-jean, avec le forfait soudain de Richard, mon compagnon de voyage et photographe attitré, qui est indisponible pour le reste de la saison. Qu’à cela ne tienne, c’est donc seul que j’ai entrepris une balade bucolique, sur les bords du Fleuve, avec une traversée à Sorel, pour ramener l’Ibex à Saint-Jean-sur-Richelieu.
Une voyageuse au long cours?
La première partie du trajet s’est faite par l’autoroute 40, jusqu’à la sortie de Lavaltrie, dans le but d’éviter la circulation intense sur la 138, entre Repentigny et la sortie de Saint-Sulpice. Cette déviation autoroutière d’environ cinquante kilomètres a rapidement mis en évidence la principale lacune de l’Ibex en tant que voyageuse au long cours : sa modeste motorisation. Avec seulement 42 chevaux, la puissance du twin chinois permet certes de voyager par l’autoroute, aux vitesses légales, voire de dépasser les voitures et camions lents en cas de nécessité, mais il ne s’agit pas de son domaine de prédilection. Son moteur tourne relativement haut. À 100 km/h, en sixième, le bicylindre tourne à environ 5 800 tr/min. Il atteint 7 500 tr/min à 120 km/h. La zone rouge débutant aux alentours de 9 000 tr/min, on atteint rapidement la vitesse maxi qui se situe entre 145 et 160 km/h (vérifiée sur route fermée), selon le terrain et les conditions. À ces régimes, les vibrations se font sentir, principalement dans les repose-pieds dont les caoutchoucs avaient été enlevés lors des démos de la Classique de Ridaventure.
De plus, la bulle d’origine, même si elle s’ajuste, est trop basse. Au-delà de 110 km/h, elle crée des turbulences importantes au niveau de la tête, surtout si vous portez un casque ADV. En effet, la palette du casque prend alors dans le vent et tire celui-ci vers l’arrière, exerçant ainsi une pression indue sur les cervicales. L’environnement sonore est également élevé et, même si je porte tout le temps des bouchons auditifs, ça devient vite gênant.
Qui plus est, la selle insuffisamment rembourrée, afin de conserver une hauteur d’assise peu importante, et l’absence de régulateur de vitesse limitent le potentiel de la CFMOTO sur voie rapide.
Tout ça m’a incité à changer de décor et à emprunter la route 138 qui longe le Saint-Laurent jusqu’à Saint-Ignace-de-Loyola où je suis allé prendre le traversier pour Sorel. Là, dans un environnement plus champêtre et à un rythme presque sénatorial, l’Ibex change de caractère. Elle permet de musarder, de faire des pauses photo et d’admirer le paysage, tout en restant alerte et conscient de l’environnement… et de la présence accrue des forces constabulaires, en ce début d’été.
La sonorité envoûtante du bicylindre chinois est agréable sur route. Elle est riche, mais jamais intrusive. Et le caractère moteur linéaire est à son avantage dans cet environnement. Ajoutez à cela des suspensions complètement ajustables qui fonctionnent bien sur route, bien qu’elles soient un poil fermes, sauf en conduite agressive, où elles sont superbes et procurent une tenue de cap exemplaire pour une moto dotée de suspensions à grand débattement. Un bon réglage les rendra quasiment parfaites.
On n’en dira pas autant du freinage qui est insuffisant à l’avant. Deux disques seraient préférables sur route, en tout cas. Sinon, il faudrait changer les plaquettes pour des modèles plus mordants et installer des durits de type aviation, en acier tressé. Le freinage arrière est cependant très puissant, parfois même trop.
En ville, la CFMOTO pâtit d’un embrayage dont le point de friction est éloigné. Il faut le faire cirer pour décoller en douceur. Cependant, il est léger et précis. Elle est aussi handicapée par sa gestion brutale des gaz qui donne des à-coups et rend difficile le fait de garder une accélération constante à basse vitesse. Ajoutez à cela le fait que le premier rapport est plutôt long et que le moteur manque un peu de punch à bas régime. Tout cela concourt à donner une impression fausse de manque de performance qui est démentie par les chiffres et les comparaisons avec d’autres machines du même créneau.
En tout-terrain
Lors de ce court essai, comparativement à ce qui était prévu, j’ai emprunté des sentiers rapides et peu techniques. Dans ces conditions, j’ai aimé le fait de pouvoir désactiver l’ABS et l’antipatinage en exerçant une poussée prolongée sur un simple bouton. Mais surtout, les suspensions qualitatives, réglables dans tous les sens. Si vous prévoyez de conduire hors route ou sur un terrain difficile, je vous suggère de faire ajuster les suspensions par un spécialiste pour en tirer le meilleur parti. Car les éléments Kayaba sont de qualité et permettent de s’amuser en sentier. La limite vient davantage de votre niveau de pilotage, mais aussi des pneus d’origine. En effet, les CST Ambro A4 sont potables sur route et en sentier compact, mais, dans la pluie, le sable et la boue, ils montrent rapidement leurs limites.
Les principales lacunes de l’Ibex en tout-terrain sont le débattement réduit des suspensions (200 mm), la garde au sol moins importante que sur certaines de ses concurrentes et le poids élevé compte tenu de sa cylindrée et de ses performances globales. La CFMOTO pèse 190 kg à sec, soit 3 kg de plus qu’une Yamaha T7 qui développe presque le double de puissance (73,4 ch contre 42 ch) et près de 20 lb-pi de couple supplémentaire.
En revanche, on soulignera sa boucle arrière boulonnée, son échappement mieux protégé que celui de la Yamaha, en cas de chute, ses rétroviseurs géniaux qui se replient pour éviter les bris en tout-terrain et sont faciles à ajuster, ses pneus tubeless (sans chambre à air), les dimensions de ses jantes (21 avant, 18 arrière) et son électronique complète, simple et efficace.
Une authentique aventurière
Contrairement à une BMW GS310, une Honda NX 500, une Kawasaki Versys 300, une KTM 390 Adventure ou une Triumph Scrambler 400X, qui sont plutôt considérées comme des motos routières avec un style off-road, la CFMOTO Ibex 450 se distingue en étant une véritable machine pour l’aventure. Elle vous permettra non seulement d’envisager une expédition hors route, mais aussi de parcourir les sentiers des BDR américains et canadiens (en construction) ou encore le réseau TQT (Trans-Quebec-Trail). Dans sa classe de cylindrée, ses principales concurrentes sont la Royal Enfield Himalayan 450, que j’ai eu l’occasion de découvrir l’été dernier, en Utah, et que j’ai adorée, ou encore la nouvelle KTM 390 Adventure R que je vais tester dès la semaine prochaine et qui promet beaucoup.
En conclusion
La CFMOTO Ibex 450 est une moto performante — pour sa catégorie — vraiment plaisante à conduire et qui inspire confiance à son pilote. Ce n’est pas seulement une moto d’initiation à la conduite hors route. Une moto d’enduro ou un double usage genre Honda CRF300 ou Suzuki DRZ-4 sont davantage conseillées pour ça. Mais c’est une moto qui rassurera le commun des mortels n’ayant pas une grosse expérience en tout-terrain, mais qui veulent progresser et se lancer dans le monde de l’aventure à un tarif raisonnable, avec une machine richement dotée. Parfaite pour les pilotes de petite taille ou ceux dont le budget est limité, elle offre un excellent rapport qualité/performances/prix. Pour ces pilotes, elle est une meilleure option que bien des aventurières de moyenne ou grosse cylindrées. Personnellement, je l’ai bien aimée et c’est à regret que je l’ai rapportée à son propriétaire légitime. Je l’aurais bien gardée quelques mois de plus et équipée à mon goût.
STATISTIQUES
- Kilométrage total : 1292 km
- Distance depuis la dernière sortie : 195 km
- Consommation moyenne : 4,6 L/100 km
- Autonomie : 380 km
- Pneus : CST Ambro A4
- Garantie 5 ans
ÉQUIPEMENTS DU PILOTE
- Casque : Leatt ADV 8.5
- Interphone : SENA 60S
- Veste : REV’IT! Sand 5 H2O
- Pantalon : REV’IT! Continent
- Gants : REV’IT! Sand 5
- Bottes : TCX Drifter WP
- Chaussettes : REV’IT! Andes
- Couche de base : Zerofit Heatrub Move
ACCESSOIRES INSTALLÉS LA MOTO
- Support de téléphone Quad Lock
- Écran Carpuride W702 Pro
- Sac de réservoir Nelson-Rigg CL-2014 Journey