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Que choisir ? Une veste laminée ou multicouche ?

Photos © Didier Constant, Pierre Desilets,  ICON, Patrick Laurin, Claude Privée, Scott, Nathalie Renaud, Kevin Wing, DR

Au quotidien, quand je suis certain des conditions météo que je vais rencontrer, je préfère rouler avec un blouson en cuir et une paire de jeans de moto renforcés au kevlar et dotés de protections D3O aux hanches et aux genoux.

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Ensemble multicouche BMW X-Ride

En revanche, en voyage, quand il faut sélectionner des vêtements — vestes et pantalons — pouvant faire face à un large éventail de situations imprévisibles, je me tourne généralement vers des ensembles textiles polyvalents, légers, imperméables et offrant une large amplitude thermique, c’est-à-dire capables de me protéger du froid tout en étant suffisamment ventilés pour affronter la pire des canicules.

Si vous cherchez un ensemble textile, soit pour un prochain voyage, soit pour une utilisation quotidienne, vous serez confrontés à une grande variété de produits divers aussi bien au niveau des matériaux, des styles que des prix, lesquels varient énormément d’une marque à l’autre, mais aussi d’une technologie à l’autre. La première règle est de se fier à des marques connues et à des technologies éprouvées afin d’éviter les déconvenues.

Laminée ou multicouche ?

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Veste laminée ICON Raiden

Deux grandes familles de vêtements s’affrontent : les laminés et les multicouches. Chacune ayant ses défenseurs et ses détracteurs. Mais qu’est-ce qui distingue ces deux familles de vêtements et quels sont les avantages de l’une et de l’autre ? C’est ce que je vais essayer de vous expliquer dans cet article.

Pour faire un choix avisé, il faut d’abord considérer le milieu et les conditions dans lesquels on va utiliser ces vêtements. Dans les pays nordiques où il pleut fréquemment et où il peut faire froid, on favorisera l’imperméabilité et la chaleur. On choisira donc un ensemble laminé. de préférence À l’inverse, si l’on veut voyager dans des contrées chaudes — dans l’hémisphère sud, par exemple, mais aussi dans certains états américains —, on privilégiera la respirabilité et la légèreté d’un multicouche.

De la même façon, pour une utilisation routière, on préférera des ensembles laminés résistant bien à l’abrasion et dotés d’une armure de protection complète et efficace alors que pour un voyage hors route, on optera de préférence pour un ensemble multicouche de type trois-en-un, léger et équipé de nombreuses aérations avec membrane imperméable et doublure thermique amovibles, compactes et compressibles.

Ensemble Klim Badlands Pro, en Gore-Tex

Ensemble Klim Badlands Pro, en Gore-Tex

Que l’on choisisse une veste laminée ou une veste multicouche, il est bon de noter que l’imperméabilité n’est pas assurée par l’enveloppe extérieure — elle serait trop exposée et risquerait de s’endommager, perdant ainsi son étanchéité —, mais par une membrane étanche laminée à l’intérieur du vêtement ou par une doublure amovible imperméable. Cette membrane est en fait une fine feuille de matériau (voir illustration) dont les pores sont trop petits pour permettre aux molécules d’eau de la pénétrer.

Quand l’eau perle sur l’extérieur de votre veste, c’est parce que celle-ci possède un revêtement hydrofuge durable — Durable Water Repellent en anglais ou DWR — qui fait glisser l’eau sur sa surface.

Quand l’eau perle sur l’extérieur de votre veste, c’est parce que celle-ci possède un revêtement hydrofuge durable DWR qui fait glisser l’eau sur sa surface.

Quand l’eau perle sur l’extérieur de votre veste, c’est parce que celle-ci possède un revêtement hydrofuge durable DWR qui fait glisser l’eau sur sa surface.

Sur une veste laminée, le matériau de l’enveloppe extérieure et la membrane imperméable située sur la face intérieure de la veste sont stratifiés ensemble. C’est-à-dire collés à chaud l’un sur l’autre. Cette membrane étanche, généralement en Gore-Tex , mais aussi dans d’autres fibres techniques (AquaRes, Drystar, OutDry, D-Dry, DRYOsphere, hydratex | 3, Sympatex, etc.), peut être composée d’une ou plusieurs couches collées ensemble. Il s’agit d’un processus complexe et coûteux, particulièrement quand on veut atteindre une étanchéité totale. Toutes les ouvertures possibles (poches, fermetures éclair) doivent également être étanches.

Dans le cas d’une veste multicouche, de type deux-en-un ou trois-en-un, la membrane imperméable est insérée dans la veste, sous la forme d’une doublure amovible ou fixe, et n’est pas collée à la coquille extérieure. Sur de rares modèles, elle peut également être portée par-dessus la veste.

Quel que soit le type de vêtement que l’on choisira, on appliquera le principe des pelures d’oignon (la multiplication des couches) pour réguler la température efficacement en fonction des conditions rencontrées.

Quelle technologie choisir dans quelles conditions ?

Découpe d'une membrane Gore-Tex

Découpe d’une membrane Gore-Tex

Intrinsèquement, aucune des deux technologies n’est supérieure à l’autre. Elles sont l’une et l’autre efficaces et performantes dans des conditions et des environnements bien particuliers.

Quand on vit dans un pays où il est difficile de prédire les conditions météorologiques et où l’on peut faire face à des écarts thermiques importants lors d’une même journée, il faut opter pour l’efficacité et la polyvalence. Dans le cas présent, celles-ci sont garanties par un vêtement laminé.

Personnellement, je n’aime pas devoir m’arrêter pour enfiler un habit de pluie afin de faire face à une averse ou à un déluge. Dans de telles situations, un vêtement laminé vous permet de traverser cet épisode climatique sans vous mouiller. Vous savez comme moi que rouler trempé est inconfortable et peut avoir des effets néfastes sur votre concentration et votre temps de réaction, deux facteurs d’une importance vitale pour rester en sécurité sur la route.

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Ensemble trois-en-un Scott DualRaid Dryo

À l’inverse, dans un pays chaud, où il pleut rarement, le défi vient de la chaleur plus que de la pluie. Pour cette raison, on préfèrera un ensemble de type trois-en-un léger et amplement ventilé sous lequel on peut porter un gilet rafraîchissant, au besoin.

Ce genre de vêtement utilise généralement une enveloppe externe réalisée dans un matériau résistant, enduit d’un hydrofuge durable (DWR) qui est conçu pour repousser une averse légère et passagère, mais qui perd son efficacité sous une pluie battante. L’eau commence alors à s’infiltrer dans le matériau. La doublure imperméable amovible intervient pour garder le pilote au sec, mais la veste, elle, est détrempée. Une fois le tissu mouillé, il est plus lourd, moins respirant et moins chaud, car les fibres imbibées d’humidité sont refroidies par le vent. Par ailleurs, une veste multicouche mettra beaucoup plus de temps à sécher qu’une veste laminée. Si vous effectuez un circuit de plusieurs jours et que vous avez roulé sous la pluie toute la journée, votre veste restera certainement humide et froide pendant plusieurs jours. Avouez que ce n’est pas l’idéal.

Efficacité, polyvalence et respirabilité

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Ensemble laminé Alpinestars Yaguara Drystar

À moto comme dans de nombreuses activités humaines, il n’y a pas de solution miracle. Il faut souvent faire des compromis. Ainsi, l’ensemble parfait, universel, n’existe pas encore. Il faut souvent faire contre mauvaise fortune bon cœur.

Quand on roule autour de chez soi, on peut posséder plusieurs ensembles différents et opter pour celui qui convient le mieux aux conditions du moment.

En voyage, on n’a pas ce luxe-là. Il faut, avant même de partir pour plusieurs semaines, voire plusieurs mois, choisir un ensemble capable d’affronter l’ensemble des conditions que l’on risque de rencontrer. Quand je voyage en Europe, je passe souvent de la ville, à la campagne, à la mer, à la montagne, parfois dans une même journée. À plusieurs occasions, il m’est arrivé de faire face à des écarts thermiques de près de 30 °C entre la plaine et la montagne. Et de passer du soleil à la neige en quelques heures. Après avoir traversé de violents orages. Pour ce genre de périple, j’opte généralement pour un ensemble laminé en Gore-Tex pour son efficacité et son imperméabilité supérieures. Ces équipements ont fait des bonds prodigieux en matière d’efficience au fil des ans et sont aujourd’hui complètement imperméables. Leur principal défaut vient de leur chaleur dans des températures extrêmes. Il faut donc choisir un ensemble doté d’une aération superlative.

Veste Rukka Exegal lors d'un voyage en Espagne

Veste Rukka Navigator GTX lors d’un voyage en Espagne

L’ensemble Rukka Navigator GTX que je porte depuis un an est un fantastique exemple de textiles laminés bien réalisé. Il utilise une membrane Gore-Tex Pro triple couche qui offre une excellente protection contre les intempéries et est doté de renforts Armacor aux coudes et aux épaules. Il est également équipé des nouvelles protections articulées Rukka D3O Air XTR (épaules, coudes, hanches, genoux), d’une dorsale Rukka D3O et d’un protecteur thoracique CP1 de D3O. C’est l’un des meilleurs ensembles Gore-Tex que j’ai utilisés au cours des dernières années.

Quand je voyage dans le sud de l’Europe ou en Afrique du Nord, j’adopte généralement un ensemble trois-en-un et  j’enfile la doublure imperméable ou la doublure thermique quand la situation l’exige. En prenant soin de ne pas avoir à le faire quand je suis sur la route. Le reste du temps, je les range dans un endroit facilement accessible, en souhaitant ne pas en avoir besoin. Je voyage donc avec un vêtement léger, protecteur et bien ventilé. En tout confort.

En action sur la Honda Africa Twin 1100 Adventure Sports

Ensemble deux-en-un RST Pro Series Adventure-X

Ainsi, l’été dernier, j’ai effectué un périple de 5 500 km en France avec un ensemble deux-en-un RST Pro Series Adventure-X qui s’est avéré parfait. Et comme j’ai eu du beau temps durant les trois semaines de mon séjour, je n’ai jamais eu à enfiler la doublure étanche ni ma doudoune Klim Maverick. Il faut croire que je mène une bonne vie.

Dans le monde des vêtements techniques pour le plein air ou la moto, la respirabilité est le maître mot. Et ça vaut autant pour une veste laminée que pour une veste multicouche. Dans les deux cas, la respirabilité est plus un argument marketing qu’un réel avantage. En effet, la respirabilité d’une veste dépend généralement de la membrane étanche, dont les pores sont trop petits pour que les molécules d’eau puissent y pénétrer, mais assez grands pour permettre aux molécules d’humidité de s’échapper (l’eau est un liquide, l’humidité un gaz).

La respirabilité est une donnée difficile à quantifier de façon objective en dehors des laboratoires capables de reproduire les conditions optimales pour qu’elle s’exprime. Conditions que l’on retrouve rarement dans la vie de tous les jours.

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Ensemble Rev’It! Defender 3 GTX

De plus, cette fameuse respirabilité est souvent compromise par l’ajout de protecteurs, de bandes réfléchissantes, d’empiècements résistants à l’abrasion, d’accessoires divers et par des facteurs extérieurs incontrôlables par les équipementiers. Autant dire que ce n’est pas un facteur aussi important que certains vendeurs voudraient nous le faire croire. À l’heure actuelle — et quelle que soit la technologie utilisée —, il n’existe aucun moyen infaillible d’empêcher l’accumulation d’humidité à l’intérieur des vestes imperméables. Seule une ventilation efficace peut en venir à bout, dans la mesure où il ne pleut pas, bien entendu.

 En résumé

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Ensemble Rukka Navigator GTX en Gore-Tex Pro

Si on se concentre sur la protection contre les intempéries, il est juste de dire que les vestes en textile laminé sont plus efficaces que les vestes multicouches. À moins de porter un habit de pluie classique par-dessus ces dernières. Pour ce qui est de la polyvalence, les deux options se valent. À vous de choisir celle qui vous convient le mieux ou qui s’adapte le mieux aux conditions que vous rencontrez habituellement. Et à votre budget.

Si vous êtes riche, offrez-vous un modèle de chaque famille, vous ne serez pas déçu. D’autant qu’on retrouve des produits de qualité dans les deux camps.