L’œil tâtonne dans le noir
Publié le 21 octobre 2024
L’œil humain n’est pas particulièrement performant en vision de nuit. Dans l’obscurité, l’œil ne distingue que les différences de luminosité. Il perd de son acuité. Cependant, il compense en devenant très sensible à la détection des mouvements quand ils sont situés en périphérie du champ visuel.
En vision de nuit (vision scotopique), l’image perçue est générée par les bâtonnets. Situés autour de la rétine, les quelque 120 millions de bâtonnets par œil n’enregistrent aucune couleur à moins qu’elle ne soit réfléchie par une source lumineuse. D’où l’expression : « la nuit, tous les chats sont gris ».
La perception de nuit n’est pas seulement reliée aux niveaux d’éclairement et de luminance, elle tient aussi compte du contraste. Plus le contraste est faible, plus les niveaux d’éclairement devront être élevés pour que l’œil travaille efficacement.
Dans une logique de sécurité routière, les solutions semblent évidentes ; installer des phares plus puissants sur les véhicules, augmenter la luminosité des infrastructures, et réduire la limite des vitesses la nuit. Mais tout n’est pas si simple qu’il y paraît à première vue.
La puissance des phares ne devant pas dépasser un certain seuil afin de ne pas provoquer un éblouissement chez les conducteurs circulant en direction opposée. Cette limite des phares reste la seule des trois propositions mentionnées à ne pas être présentement contestée.
Pour ce qui est de l’augmentation de l’éclairage des infrastructures et de la réduction de la vitesse, le débat fait rage auprès des experts. Ils s’affrontent depuis la nuit des temps à coup d’études légères qui n’incluent généralement aucun de test de référence.
À la conclusion de ceux qui affirment que l’éclairage diminue la fréquence des accidents de nuit s’oppose celle de ceux qui avancent que cette solution diminue la perception du risque chez les usagers. Ce gain de confiance les inciterait à augmenter leurs vitesses de 3 à 5 %. Seuls les Pays-Bas et le Montana, aux États-Unis, affichent une vitesse permise inférieure la nuit à celle du jour.
La portée des phares fait référence à la distance de détection offerte par les feux de route (hautes) de la plupart des véhicules et les feux de croisement (basses) de tous les véhicules. À partir d’une certaine vitesse, pour chaque véhicule donné, la longueur de la distance de la surface éclairée par ses phares devient inférieure à celle d’un freinage complet.
Éblouissement
Un éclairage puissant des phares d’un véhicule en direction opposée ou d’une autre source fixe peut provoquer un éblouissement temporaire. Les experts désignent ce phénomène par le terme « luminance de voile ». Exprimé par les lettres LV, ce phénomène décrit la superposition d’un surplus de lumière sur l’image déjà perçue par la rétine de l’œil. Cette interruption visuelle temporaire allonge le temps de réaction. Sa durée varie en fonction de l’âge du conducteur.
Juste avant que l’éblouissement se produise en croisant un autre véhicule, il est recommandé de détourner légèrement sa vision centrale vers la droite.