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Opération de séduction

Texte Patrick Boisvert — Photos Honda

La Transalp 750 est la nouveauté la plus attendue de l’année sur le segment trail*. Et pour ne pas manquer son retour, elle s’est armée de solides arguments : ligne consensuelle, moteur à la fois doux et puissant, partie-cycle polyvalente, confort soigné… Vous l’avez compris, la Honda veut plaire au plus grand nombre.

Petit retour en arrière. La Transalp est arrivée sur Terre en 1986 avec un V-twin de 583 cc qui passe à 647 cc en 2000. L’année 2008 marque un virage routier pour ce modèle qui se pare d’une roue avant de 19 pouces, d’un moteur alimenté par injection et cubant désormais 680 cc. Mais le trail n’a plus le vent en poupe et 4 ans plus tard, en 2012 donc, la Transalp tire sa révérence.

La vie étant un éternel recommencement, l’année 2023 marque donc le retour de ce modèle qui a forgé sa réputation sur une fiabilité au-dessus de tout soupçon. Car voyez-vous, le trail a de nouveau le droit de cité. Mieux, c’est aujourd’hui le segment le plus porteur du marché ! Ainsi, après avoir redonné vie à l’Africa Twin, le premier constructeur mondial s’attaque aujourd’hui à cette autre légende du passé. Il s’en est passé des choses en une décennie. Les mentalités ont changé ; les règles du jeu et les normes antipollution aussi. Honda ne pouvait donc pas reprendre les bases de son ancien modèle. En fait, cette nouveauté n’a conservé que le nom. Le moteur, un bicylindre parallèle désormais, provient du roadster sportif Hornet 750 et il développe 92 chevaux (pour info, une Transalp 700 plafonnait à 60 poneys !) tandis que le châssis est fortement inspiré de celui de l’Africa Twin 1100. 

Comme à la maison

Une batterie d’assistances électroniques fait aussi son apparition, des 5 modes moteur au contrôle de traction et de frein moteur paramétrables en passant par l’ABS avec configurations route ou tout-terrain… Il y a ce qu’on est en droit d’attendre d’une moto moderne. Seul manque à l’appel un régulateur de vitesse. Dommage. Rien à redire en revanche sur la qualité de fabrication ou la finition. Et si le tableau de bord fourmille d’informations, il reste cependant lisible. La navigation dans les menus, qui se fait via le commodo gauche, réclame un petit d’adaptation, mais on s’y fait assez vite. Allez, avant d’attaquer la route, un dernier mot pour évoquer l’esthétique de cette nouvelle Transalp. La ligne se veut consensuelle pour plaire au plus grand nombre, mais certains pourront lui reprocher un manque d’audace. Pas faux…

Une fois à bord, le conducteur se sent immédiatement chez lui. Cette sensation fort agréable est bien sûr accentuée par la hauteur de selle de seulement 850 mm, ce qui s’avère très accessible pour un trail. Du coup, à l’arrêt, on a les deux pieds bien au sol et c’est très rassurant. 

Dès qu’elle roule, la Transalp conserve une grande convivialité. La boîte de vitesses est précise, les commandes douces, la position de conduite très naturelle. C’est une moto équilibrée, homogène, qui met immédiatement en confiance. Le moteur participe à cette facilité de conduite avec de la souplesse et de la disponibilité à bas régime, à partir de 2 000 tr/min.

Au bout de quelques kilomètres, on a bien sûr envie d’en savoir plus sur ce moteur qui fait preuve de souplesse, mais paraît bien poli sous 4 000 tr/min. Une fois passé ce cap, le bicylindre nous rappelle qu’il provient d’un roadster sportif. La poussée devient nerveuse et ne faiblit pas un instant jusqu’à l’arrivée de la zone rouge, à 10 000 tr/min. Quelle allonge !

La partie-cycle joue quant à elle la carte de la polyvalence avec notamment des suspensions qui profitent de débattements confortables. L’amortissement est souple, mais pas mou, de quoi offrir la rigueur nécessaire pour répondre aux performances du bloc propulseur. 

Bien décidée à jouer sur tous les tableaux, la Transalp 750 s’arme d’une roue avant de 21 pouces qui va l’aider en usage tout-terrain, mais, surprise, cela ne la pénalise pas sur route où elle conserve agilité et précision. Le freinage est dans le même esprit. Il y a de la puissance pour stopper la bête, mais aussi de la progressivité afin de s’adapter à l’usage en tout-terrain.

La Honda ne rechignera pas non plus à affronter les longues étapes routières où le confort de son assise et de ses suspensions seront de précieux alliés. Le conducteur pourra aussi profiter d’un bon niveau de protection. Le pare-brise fait bien son boulot, abritant correctement le buste et la tête. Il manque juste un peu de protection au niveau des épaules, ce que la bulle haute et plus large proposée en option devrait corriger. Les jambes sont en revanche assez bien épargnées de la pression de l’air par le large réservoir.

Reine de la polyvalence

La nouvelle Transalp 750 met donc en avant un grand nombre de qualités. Agile et facile, elle se pliera sans problème aux trajets quotidiens en ville tandis que son confort général, l’homogénéité de sa partie-cycle et les performances de son moteur sportif font aussi d’elle une routière efficace. Enfin, pour rendre honneur au nom Transalp, elle présente les atouts techniques nécessaires à la conduite dans les chemins, avec la fameuse roue avant de 21, une garde au sol assez copieuse et de grands débattements de suspension. Bref, la Honda veut plaire au plus grand nombre et elle s’en est donné les moyens. Dernier argument, de taille : son tarif. Affichée à 10 599 € (environ 15 400 $, taxes comprises), elle se positionne idéalement sur le marché. Mais ce prix plancher n’est pas sans contrepartie. Il faudra sûrement remettre un peu la main à la poche pour combler quelques petites lacunes d’équipements. Un sabot moteur et des crashs-bars pour les amateurs de virées hors bitume, des protège-mains améliorer encore la protection et une indispensable prise accessoires implantée dans le cockpit.

FICHE TECHNIQUE

INFORMATIONS GÉNÉRALES

  • Poids à sec : 208 kg
  • Hauteur de selle : 850 mm
  • Capacité essence : 16,9 litres
  • Consommation : non mesurée
  • Autonomie : non mesurée
  • Durée de l’essai : 350 km
  • Prix : Non disponible au Canada en 2023
  • Coloris : blanc/bleu, noir mat, gris mat

MOTEUR

  • Moteur : bicylindre parallèle à 270°, refroidi par eau, 1 ACT, 4 soupapes par cylindre
  • Puissance : 91,8 ch à 9 500 tr/min
  • Couple : 55,35 lb-pi à 7 250 tr/min
  • Cylindrée : 755 cc
  • Alésage x course : 87 x 63,5 mm
  • Rapport volumétrique : 11,0:1
  • Alimentation : Injection électronique 
  • Transmission : six rapports
  • Entraînement : par chaîne
  • Assistances électroniques : écran TFT, contrôle de traction réglable, frein moteur réglable, 5 modes de conduite (standard, sport, rain, gravel, user), shifter (option), connectivité Bluetooth…

PARTIE-CYCLE

  • Cadre de type Diamant en acier, bras oscillant aluminium
  • Suspension : Showa ø 43 mm réglable, débattement 200 mm ; monoamortisseur Showa Pro-Link réglable, débattement 190 mm.
  • Empattement : 1 560 mm
  • Chasse/Déport : 27 degrés/111 mm
  • Garde au sol : 210 mm
  • Freins : 2 disques ø 310 mm, étriers 2 pistons à l’avant ; simple disque de 265 mm avec étrier simple piston à l’arrière. ABS.
  • Pneus : Metzeler Karoo Street
    90/90-21 à l’avant
    150/70-18 à l’arrière.

Packs d’options disponibles

Pour contenir son prix, la Transalp 750 est d’origine assez dénudée. Logique. Mais Honda lui a bien sûr prévu un paquet d’équipements optionnels, accessibles individuellement ou, plus intéressant, via 5 packs à thème, à choisir en fonction de votre terrain d’expression favori.

  • Aventure (grille de radiateur, crash-bar, feux additionnels)
  • Confort (sacoche réservoir, déflecteurs hauts et latéraux, repose-pieds passager confort, prise 12 V)
  • Rally (sabot moteur, pare-mains avec extensions, pare-carters, repose-pieds Rally, quickshifter)
  • Touring (valises latérales plastiques 26/33 litres, sacs intérieurs, garnitures de valises en alu, poignées chauffantes)
  • Urban (topcase 50 litres + dosseret passager, sac intérieur, platine et garnitures alu pour topcase, bulle haute, béquille centrale)

Galerie

Vidéoclips

* En France, la dénomination « trail » désigne les motos d’aventure et les double usage. Et le vocable trailistes, ceux qui les pilotent… Autres pays, autres mœurs !