50 ans de passion ininterrompue
Publié le 22 septembre 2024
Cette année, je fête mes 50 ans de moto, une passion qui m’habite depuis mes 16 ans, sans faiblir. Ça fait un bail, comme on dit chez nous.
Cette semaine, lors d’une balade avec mon ami Claude Privée avec lequel je fais de la moto depuis 1983, j’ai réalisé que j’avais atteint plusieurs repères temporels significatifs cette année.
À nous deux, nous totalisons plus d’un siècle d’expérience moto. C’est énorme quand on pense que la longévité moyenne d’un motocycliste au Canada est de trois ans. Mais quand on pondère cette donnée, il est rassurant de constater que l’on peut vivre une passion aussi longtemps sans se lasser ni se blaser.
J’ai conduit ma première moto en 1974. Avant ça, j’avais fait mes premières armes sur des cyclomoteurs et des mobylettes, dont certaines avec boîte de vitesses. En fait, depuis mon enfance, j’ai toujours été entouré de deux roues motorisés.
« Fais de ta passion ton métier, et tu n’auras pas à travailler un seul jour de ta vie, » prêchait Confucius. Je l’ai écouté et en 1985, je me suis lancé dans une carrière de journaliste/essayeur. Et je n’ai pas travaillé depuis lors. Au début de la prochaine saison, ça fera 40 ans que j’exerce ce métier captivant et je ne m’en lasse toujours pas. Je me réveille chaque matin avec une énergie débordante et je vais bosser heureux en sachant que je vais faire ce que j’aime le plus au monde.
Au cours de ces cinq décennies, j’ai visité cinq continents — Afrique, Amérique, Asie, Europe et Océanie —, à moto — sur route, sur circuit, en sentier. L’Antarctique est le seul continent où je n’ai pas encore posé les pneus.
Le mois dernier, j’ai même dépassé le cap du million de kilomètres parcourus à moto, soit l’équivalent de 25 tours du monde. Bon an mal an, ça donne une moyenne de 20 000 kilomètres par année, avec des pointes à 55 000 kilomètres lors de mes saisons les plus productives. En même temps, je n’ai pas de mérite, je roule à moto toutes les semaines, de mai à novembre, à raison de trois jours par semaine, dans le cadre de mes essais routiers et de mes voyages. Et depuis 1985, je passe quasiment toutes mes vacances en deux roues.
Pendant dix ans, de 2011 à 2020, j’ai même organisé des voyages en Europe pour des clients québécois et français qui sont tous devenus des amis proches.
Si je fais exception de mon frère Marc qui partage ma passion depuis des décennies, mes potes Christophe Charron et Pierre Geffrin sont les motards que je connais depuis le plus longtemps. Nous avons fait l’École Normale d’Instituteurs d’Orléans, en France, en 1978-1979. Depuis, nous avons fait plusieurs voyages ensemble. Patrick Laurin est l’ami avec lequel j’ai visité le plus de pays, soit 16 au total (Allemagne, Autriche, Canada, Espagne, États-Unis, France, Hongrie, Italie, Liechtenstein, Luxembourg, République tchèque, Roumanie, Slovaquie, Slovénie, Suisse). Et Richard Turenne est celui avec qui je roule le plus souvent ces dernières années.
Sur piste, j’ai côtoyé plusieurs champions du monde d’endurance (Gérard Coudray, Miguel Duhamel, Hervé Moineau, Doug Toland), mais aussi de vitesse (Sébastien Charpentier, Troy Corser, Scott Russell, Christian Sarron, Kevin Schwantz, Freddie Spencer), dont certains sont aujourd’hui des copains.
« Tout ce qui n’est pas passion est sur un fond d’ennui, » a déclaré Henry de Montherlant. Ce à quoi je souscris. J’ai besoin de passion pour exister pleinement et me sentir vivant. Comme je l’ai déjà écrit dans un billet précédent, « j’ai l’intime conviction que la passion est une porte ouverte sur le rêve, l’utopie, la vie. Elle m’aide à supporter les affres de la routine et de l’ennui. C’est une forme de folie constructive qui éloigne la mort — de l’âme comme du corps —, un voyage intérieur, une espérance, un espoir indicible. C’est ma seule échappatoire possible. Une façon de m’inscrire dans une certaine forme d’immortalité. De marcher dans les pas de mes ancêtres. Parfois, en empruntant une route familière, j’ai le sentiment diffus qu’ils m’accompagnent. Que des espaces-temps différents se superposent au point de fusionner. Que mon grand-père, sur sa Terrot M344 et mon père, sur sa BSA 250 C11 roulent à mes côtés, fiers de moi. »
Aujourd’hui, je mesure tout le chemin parcouru avec une certaine satisfaction et je me remémore toutes les personnes que j’ai eu l’insigne honneur de rencontrer au fil de mes pérégrinations. Et je remercie celles qui ont contribué à cette passion et l’ont nourrie de la leur. Et comme je suis un incorrigible optimiste, j’espère écrire une suite à ce billet dans quelques années. En espérant que vous serez encore là pour la lire.
Photo de couverture : ferais-je la route 66 pour la première fois de ma vie, dans ma 66e année?