ou pourquoi l’électronique est cause de stress chez certains d’entre nous ?
Publié le 6 août 2024
Ce n’est un secret pour personne, je ne suis pas un adepte de l’électronique à tout crin. Surtout quand elle crée plus de frustration et de stress qu’elle n’apporte de solutions réelles.
Comme me le faisait remarquer mon ami Pierre, l’électronique soulève des interrogations légitimes, que l’on soit favorable ou non à sa mise en œuvre. D’abord, elle crée une distanciation entre le pilote et sa machine, dans la mesure où ses décisions d’humain sont filtrées par une multitude d’algorithmes qui interfèrent dans cette relation privilégiée.
Ensuite, la capacité de ces « aides » électroniques à changer la personnalité d’une moto est à prendre en compte. Il est déjà compliqué de s’adapter et de bien comprendre UNE moto. Alors, si tous les paramétrages possibles permettent d’en avoir plusieurs dans une même machine, le pilote lambda saura-t-il en tirer profit, sans recourir à un ingénieur, comme c’est le cas des pilotes de MotoGP ? C’est loin d’être sûr.
Bien que je reconnaisse l’efficacité des aides au pilotage dans de nombreuses situations, comme l’ABS, l’injection et l’antipatinage, par exemple, j’ai un faible pour les motos simples et efficaces, dénuées d’électronique, comme les Yamaha MT-07 ou Ténéré 700, par exemple. Et mes expériences récentes avec certaines motos d’essai ne font que me conforter dans cette opinion et militer pour un retour concerté à une certaine forme de simplicité.
Ainsi, cette saison, mon niveau de stress a augmenté de façon significative — ce qui n’est pas bon à mon âge — au guidon de plusieurs motos 2024 suréquipées et dotées d’un arsenal électronique envahissant. Il suffit de regarder les commandes d’une Honda Africa Twin Adventure Sports ES DCT 2024 ou essayer de remettre rapidement à zéro les partiels sur une BMW R 1300 GS pour réaliser que des opérations autrefois simples s’effectuant en pressant un simple bouton sont devenues complexes et, par le fait même, onéreuses. Prenez le cas des systèmes de démarrage sans clef, par exemple, et vous comprendrez ce que je veux dire.
Cette année, alors que je commençais à me réconcilier avec l’électronique, j’ai connu plusieurs déboires, pour ne pas parler de pannes, causés par cette dernière : moto qui ne reconnaît pas son transpondeur (la clef électronique) ; système de correction automatique de la hauteur de selle déficient qui empêche le démarrage de la machine ; moto qui se met en mode échec après une tentative de démarrage sans le transpondeur (il était trop éloigné de la moto) et refuse de s’allumer, nécessitant un appel au service de dépannage du constructeur ; perte de certains menus à la suite d’un bogue informatique ; régulateur de vitesse adaptatif fonctionnant soudainement de façon erratique et ne tenant plus compte de la distance sélectionnée dans son menu, ce qui est plutôt effrayant quand on s’approche à toute vitesse du coffre d’une auto alors qu’on faisait confiance au système pour nous en préserver…
Je pourrais poursuivre cette litanie pendant plusieurs paragraphes, mais vous avez certainement saisi mon point à ce moment précis de votre lecture. Une chose est sûre, avant chaque voyage, je deviens anxieux, comme à l’époque de mes débuts, quand je me demandais toujours si je pourrais entreprendre un voyage sans embûche. Une époque où la question n’était pas de savoir si on aurait une panne en chemin, mais quand elle surviendrait. La plupart du temps au pire moment, bien entendu. Car c’était la nuit que le système électrique de ta nouvelle Anglaise flambant neuve lâchait sans avertissement. Ou en plein virage que le moteur deux-temps de ta Kawasaki H1 décidait de serrer, au risque de bloquer la roue arrière sur l’angle et de t’expédier en highside. À l’époque, cela faisait partie de l’expérience et il s’agissait d’aléas dont on s’accommodait tant bien que mal.
Mais après des décennies de fiabilité et d’efficacité, on pensait cette époque révolue. Et l’avènement de l’électronique, au début du millénaire, faisait penser aux plus optimistes d’entre nous que, non seulement on ne connaîtrait plus de pannes, mais surtout que toutes ces aides à la conduite allaient nous libérer de certaines tâches ingrates et faire de nous de meilleurs pilotes. Mais est-ce vraiment le cas ?
Vous ! Qu’en pensez-vous ? Souhaitez-vous un avenir où l’intelligence artificielle permettra à votre moto de lire dans vos pensées et de conduire pour vous ? Ou préféreriez-vous la mise au point de systèmes électroniques mieux agencés et moins intrusifs qui vous redonneraient un certain contrôle sur la conduite de votre moto ?
Pour moi, la réponse est contenue dans la question, mais ce n’est pas forcément votre cas. Alors, n’hésitez pas à partager vos expériences avec moi. Peut-être cela me fera-t-il changer d’idée ;-).