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S'il te plaît, Monsieur BRP, dessine-moi une moto!

Après des années de lutte acharnée contre la Société de l’Assurance Automobile du Québec (SAAQ) au sujet de la hausse du prix des immatriculations, il semblerait que l’on ait atteint une entente acceptable, selon les parties prenantes du dossier, à savoir le Front commun motocycliste et la SAAQ elle-même (en 2012 le prix des plaques a baissé de façon notable par rapport à 2011, mais nous sommes toujours victimes de la catégorisation et nous payons encore beaucoup plus qu’avant, trop prétendent certains).

Pourtant, malgré cette nouvelle positive, le monde de la moto subit une crise de morosité aiguë. C’est la déprime (pas vraiment la dé-prime attendue ;-))! Et le blues de l’hiver n’a rien à voir avec cette dépression.

En fait, les tuiles tombent de partout. Crise économique mondiale, tsunami et tremblement de terre au Japon, pandémie planétaire de «sécuritarisme» chronique, et j’en passe… Aujourd’hui, la moto est dans la mire des experts de tous crins et des pouvoirs publics. Elle est devenue persona non grata dans une société qui a remplacé la culture du plaisir par celle de la dérive sécuritaire. Même si notre bilan de conduite ne cesse de s’améliorer au fil des ans, il semble que cela ne suffise pas à satisfaire les actuaires de la SAAQ, pas plus que le législateur.

À titre d’information, m’assurer en France pour conduire une moto routière âgée de 10 ans, tout risque inclus (même le volet corporel que la SAAQ nous facture à prix d’or), me revient à 327€ (soit moins de 450$) pour rouler 12 mois et ce, auprès d’un assureur privé, contre près de 1000$ pour le même risque et le même véhicule, au Québec, mais pour seulement 8 mois. Est-ce à dire que je suis près de trois fois plus dangereux quand je pilote ici? Dans l’affirmative, à quoi cela tient-il? Au déplacement du pôle magnétique? Au réchauffement climatique? À la loi 101? Ou à l’abus de position dominante de la SAAQ et au laxisme du gouvernement qui donne à certains organismes licence de nous fourrer comme bon leur semble, sans avoir à se justifier auprès des élus et des citoyens? La réponse est contenue dans la question!

Si dans certains pays les motocyclistes représentent une force politique suffisamment puissante pour faire fléchir les autorités, ce n’est pas le cas au Québec ou le syndrome du mouton nous conduit à nous laisser tondre la laine sur le dos sans rechigner. On grogne bien un peu, par principe, mais on finit vite par rentrer la tête dans les épaules, surtout quand débute la saison de hockey… On a nos priorités à la bonne place 😉

En fait, pour nous en sortir, nous ne pouvons compter que sur notre bonne étoile ou sur l’intervention d’une force extérieure, quasi divine. D’autant plus que le Québec est un marché microscopique pour les constructeurs de moto, étrangers à nos préoccupations, nos problèmes et nos combats. Notre seule chance de faire avancer notre cause serait, à mon humble avis, de convaincre Bombardier de se (re)lancer dans la fabrication de motos.

Quand on voit comment la firme de Valcourt a été capable de faire modifier la loi sur la conduite des trois roues au Québec, en seulement quelque mois, afin de pouvoir vendre des milliers de Spyder à une population vieillissante en quête d’aventures confortables et stables, on ne peut que reconnaître le pouvoir de persuasion de BRP. Quand Bombardier murmure aux oreilles des ministres, ceux-ci ont une bonne ouïe.

Pour le bien de notre sport favori, souhaitons que BRP soit en train de plancher sur un prototype de moto québécoise. Ça pourrait être une GT à moteur V2 Rotax de 1000 cc (comme celui qui équipe certaines Aprilia). Voire une aventurière. Ou encore une standard. Je ne suis pas exigeant. Des rumeurs à l’effet que BRP pourrait fabriquer une moto Can-Am circulent depuis quelques années déjà. Et elles ressurgissent périodiquement. Qu’elles soient fondées ou farfelues reste à démontrer. Cependant, rien ne nous empêche de pousser très fort pour qu’elles deviennent réalité. Nous pourrions alors joindre nos murmures à ceux de Bombardier afin que les oreilles de nos ministres se mettent à bourdonner si fort qu’ils finissent par convaincre les actuaires et les responsables de la SAAQ de nous traiter équitablement, pour qu’ils demandent aux forces policières d’arrêter de nous harceler et pour qu’ils persuadent les pouvoirs publics de nous inclure dans les plans de développement de la Province en matière de transport et de mobilité urbaine.

Comme beaucoup de motocyclistes de ma génération, je n’aspire qu’à une chose. Profiter des quelques années qu’il me reste pour vivre ma passion intensément, dans le respect des autres et AVEC le respect des autres. Je veux retrouver cet espace de liberté et de plaisir que m’offrait auparavant la moto, avant que la réglementation à tout crin et la peur orchestrée ne s’érigent en système de gouvernance.

S’il te plaît, Monsieur BRP, dessine-moi une moto! Ça presse!

10 réponses à “Relancer la moto au Québec”

  1. BinosXX

    Très bon éditorial !

    Ton texte est très représentatif de ce qui se passe dans le monde de la moto vs gvt au Québec !

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  2. Patouristik

    J’espère que les gens chez BRP entendront le message. Sinon il est déprimant de regarder notre société où la liberté s’éteint petit à petit, pour faire place à une société où tout sera dictés, encadrés et légiféré.

    Tellement d’exemples pourraient être cités, et ce dans tout les domaines.

    Aujourd’hui les enfants ne sont plus des enfants, bourrés au ritalin, lorsqu’ils sortent doivent porter casque, gants et genouillère pour aller faire 10 minutes de vélo.

    Les parents ne sont plus des parents nous plus, accaparé par les problèmes du boulot, ils laissent leurs enfant à la garderie afin de pouvoir gagner assez pour payer les voitures, la nourriture et la deuxième hypothèque.

    Les motocyclistes ne sont plus des motocyclistes, terrassé par la SAAQ coté financier, nous ne pouvons plus regarder le paysage car nous devons éviter tout les trous de nos routes Québécois, nous sentir libre avec la répression policière et impossible, puisque l’ont en trouvent même en plein milieu des champs maintenant.

    Personnellement, plus le temps passe plus je redoute le mur vers qui nous allons nous écrasé, celui qui tuera la possibilité de faire de la moto.

    Pour plusieurs d’entre nous, cela est déjà fait, beaucoup n’ont pu survivre au hausses vertigineuses des dernières années. Bien qu’une baisse soit annoncée pour 2012, il demeure que plusieurs ne pourrons continuer avec ces primes faramineuses.

    De mon coté, je ferai avec encore en 2012, mais je développe mes projets motocycliste futur, vers d’autres horizon. Ici au Québec, malheureusement outre le fait de me transporter à moto, le reste est terne et inintéressant. Je planifie donc voyage et temps de piste pour satisfaire ma passion.

    Je crois que la moto est une véritable passion chez moi, quelle sera toujours en moi, mais plus ca va, plus il devient utopique de croire que je pourrai l’assouvir à long terme.

    Cela m’attriste beaucoup croyez moi …

    Patrick Laurin

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  3. Anonymous

    Du mercurocrhome sur une jambe de bois!
    Perte des libertés de plus en plus grande;état policier, qui sous prétexte de sécurité installe des pompes à fric pour éponger les dettes de ses fonctionnaires incompétents et improductifs.
    Mais l’espoir fait vivre,alors allons chuchoter aux bonnes oreilles…
    Un motardvacheàlait.

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  4. Didier

    …ou du sparadrap sur une fracture ouverte?
    Heureusement que le billet est écrit sur un ton ironique, sinon on aurait pu croire à une proposition sérieuse de ma part.
    Je ne suis pas un adepte de la pensée magique, pas plus que je ne préconise la méthode Coué. Je voulais juste souligner l’impasse dans laquelle nous nous trouvons et la difficulté que nous avons, au Québec, à nous mobiliser pour défendre notre sport favori.
    Sinon, pour le reste, je suis d’accord avec votre commentaire, Motardvacheàlait 😉

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  5. Didier

    Si vous n’avez pas lu «Le petit prince», d’Antoine de Saint-Exupéry, ou si vous avez oublié ce texte magnifique, voici un lien vers quelques extraits du livre, dont le premier est la rencontre entre l’auteur et le petit prince, dans lequel ce dernier demande à l’auteur de lui dessiner un mouton.

    http://www.nachoua.com/saintex.html (copiez et collez ce lien dans la fenêtre de votre navigateur).

    Bonne lecture!

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  6. pacman47

    Tant qu’on aura le no-fault avec la SAAQ, ça va être très difficile d’améliorer notre cause… La SAAQ ne tient pas compte de l’expérience ou d’un bon record de conduite (aucune réduction) mais se fait un plaisir d’augmenter les contributions à payer si une personne a des points d’inaptitude…
    La moto pour moi c’est une passion et j’irais jusqu’à dire que c’est la seule. Il y a l’intolérance policière mais il y a aussi une minorité de motocyclistes qui n’aident pas la cause!!!
    Je ne suis pas en accord avec les québécois sont des moutons mais disons que la majorité des québécois ont un certain respect de la loi et l’ordre… Mais maudit que je suis tanné de cette lourdeur administrative au gouvernement laquelle coûte très cher d’ailleur et de tous ces inconpétents qui sont ces administrateurs…
    Plus les années avancent, plus je me questionne à savoir si je continu de m’acharner à garder cette passion devenue plus difficile & couteuse à entretenir.

    Je rêves au jour ou je n’aurai qu’à payer ma prime d’assurance corporelle sur mon permis de conduire à l’opposé de le faire sur chaque véhicule et le jour qu’on tiendra compte de l’expérience et du record de conduite…
    Un motard qui vieillit…

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  7. Anonymous

    Il y en a qui ont une solution concrète?

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  8. Anonymous

    Il est faux de prétendre qu’au Québec nous sommes assurés que pour 8 mois. Certes l’hiver nous rend la chose impossible mais la SAAQ nous couvre si on va en floride, donc nous sommes assurés pour 12 mois.

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  9. Didier

    On joue sur les mots là. Pour la majorité des motocyclistes du Québec, c’est-à-dire ceux qui ne vont pas rouler à l’extérieur en hiver, avec leur moto, on paye pour rouler 8 mois, la loi nous empêchant d’utiliser notre moto de décembre à mars, même si les conditions le permettent. 😉

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  10. Anonymous

    Effectivement nous ne pouvons rouler en hiver mais nous sommes assurés partout ailleurs. Et aussi je voulais rajouter que c’est la Campagna motors qui a fait le lobbying aupres du gouv. et ce pour avoir l’équivalent de ce qui se fait aux USA pour en faciliter la vente.

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