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Décrocher la Lune...


Depuis mon retour de Milan, je ne cesse de penser à l’Europe. Comme si j’y avais laissé une part de moi-même. Il faut dire que la température y est belle, même en novembre, que la bouffe y est bonne, surtout en Italie et en France — un peu moins en Allemagne — que les filles y sont belles, particulièrement en Italie. Mais, par-dessus tout, les routes sont géniales et on peut y piloter une moto comme elle est supposée l’être.

Comme vous l’aurez deviné, j’ai adoré mon séjour à Milan, une fois de plus. C’est une ville sublime et animée. Magique! Et, cette année, un match de Coupe d’Europe entre le AC Milan et le Real de Madrid — deux des meilleurs clubs de foot du monde —, était disputé au stade San Siro pendant mon séjour. Que demander de mieux?

Quand on se promène dans les rues de Milan, les motos et les scooters sont partout. Ils dominent le trafic local. Et ils sont utilisés quotidiennement par des usagers de toutes origines sociales (on voit fréquemment des hommes et des femmes d’affaires circuler en deux roues motorisés, en costume ou en tailleur) et de tous âges, et ce, beau temps, mauvais temps. La majorité des scooters sont équipés de tabliers imperméables (pour protéger les jambes) et de manchons doublés (pour protéger les mains). Les pilotes sont parfaitement équipés pour combattre la pluie et le froid. Tout le contraire d’ici.

Et puis, il y a le salon EICMA (Esposizione internazionale del ciclo e motociclo). Si vous ne connaissez pas l’EICMA, il s’agit du plus important salon consacré aux cycles et aux motos au monde. Il est organisé à la Fiera Milano, à Rho, au nord-ouest de Milan. Imaginez un centre d’exposition tout neuf s’étalant sur près de deux kilomètres de long, avec une allée centrale bordée par une vingtaine de pavillons, chacun plus vaste que le Palais des Congrès de Montréal, dont une dizaine sont réservés uniquement à l’expo moto. Sept autres sont dévolus au « Moto Live », un espace participatif où l’on tient des essais routiers sur des parcours balisés et une multitude de démonstrations. On y retrouve même une piste de motcross où activités diverses et spectacles sont présentés pendant les cinq jours de l’exposition. Des dizaines de stands de restauration sont répartis sur le site, de même que des aires de repos et des bureaux de services destinés à renseigner les visiteurs. L’EICMA c’est énorme! Plus grand que nature.

Ajoutez à cela 45 708 exposants, dont près de 13 000 provenant de l’étranger, plus de 2 000 journalistes venus du monde entier et vous avez une petite idée de ce qu’EICMA représente. Sur la plupart des stands, vous découvrez des dizaines d’hôtesses charmantes — on est en Italie après tout — qui vous sourient avec grâce et vous font sentir comme si vous étiez un roi du pétrole, mais surtout des motos et des accessoires en abondance. Une variété de choix qui fait défaut de ce côté de l’Atlantique. Et qui justifie à elle seule le déplacement.

Si vous n’êtes pas encore convaincus de l’importance de l’EICMA, sachez que Silvio Berlusconi, le Président du Conseil de la République italienne — l’équivalent du premier ministre au Canada — accompagné de plusieurs ministres, était présent à la cérémonie d’ouverture du Salon. Je ne me souviens pas avoir vu Jean Charest ou un de ses prédécesseurs inaugurer le Salon de Montréal ou de Québec. Autres lieux, autres mœurs…

En 2010, le salon EICMA de Milan a battu des records d’assistance — les organisateurs annoncent plus de 500 000 visiteurs en cinq jours — et les constructeurs y ont présenté une foule de nouveautés et de prototypes. C’est de loin l’année la plus prolifique de la dernière décennie. Pourtant, un très petit nombre de ces machines seront importées au Canada, faute de débouchés suffisants, parait-il. À moins que ce ne soient les constructeurs qui font preuve de frilosité. Toujours est-il que cinq des huit motos dévoilées par Honda, dont la surprenante Crossrunner, ne viendront pas au pays. Ni la GSR750 de Suzuki, et encore moins la sublime MV Agusta F3 avec son tricylindre de 675 cc. Notre marché est trop petit et les customs y sont surreprésentées, ce qui nuit à l’essor des autres catégories de motos.

Pourtant, je me plais à rêver au jour où la moto prendra enfin la place qui lui est due au Canada. Au jour où nos dirigeants comprendront le rôle qu’elle peut jouer dans l’amélioration de la mobilité urbaine et de l’environnement. Au jour où nous pourrons rouler à l’Européenne, remonter les files de circulation et bénéficier de stationnements dédiés aux deux roues. Mais peut-être ne suis-je qu’un rêveur? Un rêveur qui commence à prendre de l’âge de surcroît. Ce qui ne m’empêche pas de vouloir décrocher la lune afin de vivre ma passion pleinement et permettre à d’autres d’en faire autant.

3 réponses à “Décrocher la Lune…”

  1. Pierre G

    Eh oui Didier, l’Italie, c’est LE pays du 2 roues motorisé. Exactement comme tu dis : tous âges, toutes conditions. Ici, en France, c’est encore acceptable aussi…
    Angoisse : si le Canada s’améliore de ce point de vue, on te verra encore moins ?

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  2. Didier

    Ne t’inquiète pas Pierrot, le jour n’est pas encore arrivé où je choisirais de ne plus aller en Europe régulièrement. Bien au contraire. Au cours des prochaines années je risque même d’y aller 3 ou 4 fois par année, pour des séjours étendus. J’espère que tu ne te fatigueras pas de me voir la binette… 😉

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  3. Anonymous

    Il y a une chose qui ne changera pas ici, la température… Pour le reste, on est assez bien. Oui ça coûte cher les plaques et cher les assurances mais l’essence y est moins cher. Le coût de la moto y est bon ici.
    Puis de toute façon on te laisserait pas partir.

    Jacques

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