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15 septembre 2008

BMW Motorrad : le sport tous azimuts, depuis 84 ans
Au lendemain de la clôture du Championnat Canadian Thunder 2008, l'équipe BMW Motorrad a invité une dizaine de journalistes à découvrir ses motos de course (4 HP2 sport, 2 R1200S, 1 R1100S et 1 F800S) au circuit de Shannonville, en Ontario, sous un soleil radieux. Il n'en fallait pas plus pour passer une journée inoubliable et jouer aux pilotes d'usine...

Texte : Didier Constant - Photos : Pierre Désilets, Don Empey et BMW

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La piste de Shannonville me laisse de mauvais souvenirs. C'est là que j'ai chuté en piste pour la première fois de ma carrière. Le mur devant la ligne droite des stands porte encore les stigmates de l'impact avec ma moto, même si plus de 20 ans se sont écoulés. J'ai roulé sur le circuit ontarien à plusieurs reprises depuis cet incident, mais c'est toujours avec une certaine appréhension que je m'élance en piste sur ce parcours inamical. Et cette fois ne fait pas exception à la règle. La piste de Shannonville se compose de trois tracés distincts : le circuit Nelson, le circuit Fabi et la longue piste qui est en fait la combinaison des deux précédents. Pour l'occasion, BMW a réservé le circuit Fabi. Je n'aurais donc pas à affronter le mur maudit!

10 ans d'évolution du concept «S»
En négociant la longue ligne droite sur la nouvelle BMW HP2 Sport, ma crainte fait place à un plaisir intense. Grâce à la boîte de vitesse à sélecteur électronique, je passe les rapports à la volée, sans même couper les gaz, la poignée vissée dans le fond. Le Boxer rugit à l'approche du rupteur comme aucun autre flat-twin que j'ai eu l'occasion de conduire auparavant. Le couple imposant à bas régime fait place à une puissance inédite pour un bicylindre à plat allemand au fur et à mesure que l'aiguille du compte-tour s'élance vers la zone rouge. Je me demande ce que ça donnerait dans un châssis de GS? J'en bave rien qu'à y penser.

Plus tôt en matinée, j'ai débuté au guidon d'une F800S légèrement préparée pour la course afin de me faire la main et reprendre mes marques. Il faut dire que ça fait presque deux ans que je n'ai pas roulé sur piste. Et, comme je ne suis pas un docteur ès circuits, je ne suis pas d'emblée à l'aise dans cet environnement. Il me faut plusieurs séances d'échauffement pour me sentir bien et commencer à rouler à un rythme décent. La petite F800S se révèle une machine très conviviale dans les circonstances. Bien que ce ne soit pas une machine de course, elle se comporte bien sur le tracé ontarien et met rapidement son pilote en confiance. La puissance qu'elle développe est suffisante pour se faire plaisir, mais pas trop imposante. Facile à placer en courbe et maniable, elle est parfaite comme moto d'initiation à la piste. BMW compte d'ailleurs l'inscrire dans le championnat ST l'an prochain. Très économique, il lui suffit de 24 litres d'essence et d'un train de pneus pour passer à travers une fin de semaine classique de compétition (essais, qualification et course). Dur à battre!

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Après deux sorties sur la petite bicylindre, j'opte pour la R1200S Boxer Cup avec laquelle Michael Taylor a remporté le championnat Canadian Thunder en 2006. Immédiatement, la cadence s'accélère. Avec ses 97 lb-pi de couple et ses 115 ch à la roue arrière (soit près de 140 ch au vilebrequin), la R1200S est nettement plus sportive. Plus physique à piloter aussi. La grosse S demande plus d'attention... et de respect. Si on n'est pas alerte, on peut facilement se mettre dans le trouble. Et se faire catapulter, comme c'est arrivé à l'un de nos collègues en fin d'après-midi, au guidon d'une des HP2 Sport de l'équipe. Quand on y pense, BMW Canada a pris un risque élevé en mettant ses motos de course entre les mains de «coureurs du dimanche», deux jours seulement après la fin du championnat que ses pilotes Mike Ferreira et Paul Glenn ont terminé respectivement au quatrième et au huitième rang. Chaque HP2 Sport en version course coûte environ 32 000 $. Et en dehors de celle qui a effectué des figures acrobatiques, plusieurs machines ont été endommagées au cours de la journée. L'échappement de la HP2 Sport de Mike Ferreira s'est brisé au niveau du collecteur, endommageant le sabot moteur, une des R1200S Boxer Cup a répandu son huile sur le circuit, aspergeant au passage notre collaborateur Bertrand Gahel d'huile chaude et la courroie crantée de la F800S a rendu l'âme en fin de journée, victime d'une saison d'abus (personnellement, je n'aurais jamais pensé qu'une courroie puisse durer une saison complète).

La HP2 Sport est le fruit de 10 ans d'évolution de la R1100S, lancée en 1998. Et quand on passe de la R1200S Boxer Cup à la HP2 Sport 2008, l'écart entre les deux machines est immédiatement notable. Bien que les chiffres de puissance et de poids des deux machines soient relativement proches, c'est plus au niveau de l'ergonomie et de l'évolution de l'électronique que les différences s'expriment. Dès qu'on enfourche la HP2 Sport, on se sent immédiatement à l'aise. Elle semble plus adaptée à la piste que sa devancière. En comparaison, la R1200S donne l'impression d'être d'une autre génération, ce qu'elle est, dans les faits. Je n'ai pas passé assez de temps sur chacune des deux pour établir une comparaison directe entre elles et relever toutes les différences qui les séparent. Pour être franc, je concentrais toute mon attention à négocier mes trajectoires le plus proprement et le plus sécuritairement possible. Mais je dois avouer que la HP2 Sport m'a conquis. Elle a su évoluer à un niveau compétitif tout en gardant les traits de caractère qui font que les aficionados des modèles R les adorent.

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BMW HP2 Sport 2008

 

Un héritage sportif méconnu
En dehors de cette séance de roulage sur piste, cet événement de presse avait aussi pour but de retracer l'histoire de BMW en compétition et d'aborder l'avenir sportif de la marque. Si vous pensez que BMW s'intéresse à la course depuis peu, détrompez-vous. La firme de Munich possède une tradition vieille de 84 ans dans ce domaine. En fait, la course est inséparablement liée à l'évolution de la marque.

Dans les années 1930, BMW remporte de nombreux succès, dont les records du monde de vitesse d’Ernst Henne (216,75 km/h en 1929 et 279,5 km/h en 1937). Ce dernier est resté inscrit sur les tablettes de la FIM (Fédération internationale de motocyclisme) pendant 14 années avant d'être battu. En 1939, Georges Meier, sur une BMW Kompressor, remporte une légendaire victoire au TT de l'île du Man, battant les Norton, dominantes à l'époque, sur leur propre terrain. Un véritable affront pour les Britanniques!

En 1956, Walter Zeller, sur une RS 500, est couronné Vice-champion du monde 500 cc, derrière John Surtess. Cet exploit marquera la fin de l'engagement officiel de l'équipe d'usine BMW en vitesse. Pourtant, jusqu'en 1974, le moteur RS continuera à remporter de nombreux succès dans le Championnat du monde de side-car, avec 20 titres mondiaux à son actif.

En 1976, Butler & Smith, l'importateur BMW aux États-Unis, engage trois R90S préparées, à Daytona, en classe «Production» et réussit le doublé, Steve McLaughlin battant son coéquipier Reg Pridmore sur le fil. La même année, les pilotes privés Helmut Dähne et Hans-Otto Butenuth réalisent également le doublé au TT de l'île du Man, en classe «Production TT». Ces succès allaient asseoir la légende de la R90S qui est considérée par de nombreux spécialistes comme le premier Superbike de production. Et est encore très convoité aujourd'hui.

En 1999, un an après la sortie de la R1100S, la BoxerCup voit le jour. Pendant deux années, les courses se disputent dans le cadre des championnats nationaux en Belgique et en France. L'intérêt grandissant pour cette coupe constructeur amène la firme de Munich à en faire un événement d'envergure impliquant plusieurs autres pays européens. En 2001, grâce aux efforts déployés par BMW, la série devient une course de soutien du championnat du monde de MotoGP, avec des pilotes vedettes comme Randy Mamola et Stéphane Mertens, accentuant encore plus son aura internationale. En 2003, la BoxerCup traverse l'Atlantique et s'invite à Daytona où elle est présentée en lever de rideau des 200 Milles. En 2005, la série devient la PowerCup et met en vedette la nouvelle K1200R.

PaulGlenn

Paul Glenn

Mais le véritable retour de BMW au plus haut niveau s'est effectué en 2007 avec l'engagement aux 24 Heures du Mans d'une SportBoxer spécialement construite pour l'occasion et qui allait donner naissance à l'actuelle HP2 Sport. Avec sa robe bleue et blanche traditionnelle, cette SportBoxer engagée en classe Open termine la mythique épreuve en 17e position au général. En 2008, elle a pris part à l'intégralité du Championnat du monde d'endurance (EWC). Elle a même remporté le classement Open lors du dernier Bol d'Or (voir reportage).

Le 16 avril dernier, lors d'une allocution devant la presse européenne au siège social de BMW, à Munich, Henrick von Kuenheim, Directeur général de BMW Motorrad a dévoilé la nouvelle S1000R qui défendra les couleurs de la marque dans le Championnat du monde de Superbike (SBK) en 2009. Cette sportive de 1 000 cc, à quatre cylindres en ligne, sera produite en série limitée afin d'être homologuée pour le SBK et marquera le début de BMW dans le créneau des hypersportives. En s'impliquant au plus haut niveau du sport motocycliste, dans une catégorie cependant dérivée des motos de production, BMW veut renforcer son image de marque et souligner son héritage sportif, comme elle le fait en automobile, mais aussi faire évoluer sa gamme en sortant du créneau sport-tourisme/GT dans lequel elle est cantonnée depuis des décennies, malgré ses efforts pour s'en éloigner.

Lors de sa présentation, Chris Duff, directeur du marketing pour BMW Canada a laissé tomber une phrase qui a retenu mon attention : «la S1000R est notre première incursion dans le marché des hypersportives de classe ouverte. La prochaine étape n'est pas difficile à prévoir... et devrait être franchie sous peu...» Entendez par là qu'une sportive de moyenne cylindrée (une S600R?) pourrait faire son apparition bientôt. Peut-être aussi tôt qu'à Intermot, à Cologne, en octobre prochain? BMW Motorrad qui a l'intention d'accroître sa production de 50% d'ici 2012 pour atteindre des ventes de 150 000 unités par année compte y parvenir en diversifiant son offre. C'est pour cette raison qu'elle a acquis Husqvarna l'an dernier — les marchés tout-terrain et Supermoto sont très porteurs, en Europe du Sud, en Amérique du Nord et en Australie — et qu'elle déploie autant d'efforts pour s'implanter de façon durable dans le segment Supersport. Ce marché qui représente des ventes annuelles de 100 000 unités dans le monde, seulement pour les sportives d'un litre, est détenu à 85% par les quatre manufacturiers japonais. On comprend alors l'intérêt de BMW qui s'y engage sérieusement. Attendez-vous donc à voir la gamme BMW évoluer fortement au cours des prochaines années...

 
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HP2-1
HP2-9
 
HP2, F800S, R1200S BoxerCup et même une
vieille R1100S étaient réunies pour cette
journée d'essais libres. Une bonne occasion de découvrir les motos de course de l'équipe
BMW Motorrad Canada.
 
S1000R
 
Si on en croit Chris Duff de BMW Canada,
cette S1000R Superbike, qui défendra les couleurs de la marque en championnat du
monde SBK l'an prochain, pourrait bientôt
avoir une petite sœur de 600cc.
 
Mike Ferreira
 
Mike Ferreira
 

HISTORIQUE DE L'ÉQUIPE
BMW MOTORRAD CANADA

2004
Création de la catégorie Canadian Thunder (championnat régional). Pat Doyle d’Open Road BMW termine second au guidon d'une R1100S.

2005
La catégorie Canadian Thunder est intégrée au championnat national.
BMW Motorrad Canada inscrit une seule R1100S BoxerCup légèrement modifiée.

2006
L'écurie BMW Motorrad Canada se compose de
deux pilotes, Chris Duff et Oliver Jervis sur des R1200S BoxerCup modifiées. Michael Taylor
se joint à eux à la mi-saison.
L'équipe remporte sa première victoire à Mosport
et enregistre 8 podiums durant la campagne.
Oliver termine la saison avec 3 victoires,
manquant le titre de quelques points.

2007
Michael Taylor et Mike Ferreira disputent le championnat au guidon des R1200S 2006 qui reçoivent de nombreuses évolutions moteur.

2008
La catégorie accepte désormais les bicylindres refroidis à l'eau. Les Buell 1125R, Ducati 848
et KTM 990 Super Duke R se joignent à la série.
BMW Motorrad Canada engage deux HP2 Sport modifiées, pilotées par Mike Ferreira et Paul Glenn qui terminent respectivement 4e et 8e au championnat.

 
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