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ESSAIS   FICHE TECHNIQUE

ESSAI BMW K1300S 2013
3 août 2013

Super GT luxueuse pour roule toujours pressé
Huit ans après son lancement, la sportive de série K de BMW a été reléguée au rang de Super GT, la S1000RR étant dorénavant la sportive ultime de la marque de Munich. Ce qui n'empêche pas la K1300S de demeurer une routière aboutie, luxueuse et confortable. Une machine qui illustre parfaitement l'adage «Sans maîtrise, la puissance n'est rien!»

Texte : Didier Constant - Photos : Didier Constant, Dave Beaudoin, Thierry Levac
 
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INFORMATIONS GÉNÉRALES
  • Poids à sec : 228 kg
  • Hauteur de selle : 820 mm
    (790 mm avec selle basse optionnelle)
  • Capacité essence : 19 L
  • Consommation : 6,9 L/100 km
  • Autonomie : 276 km
  • Durée de l'essai: 560 km
  • Prix : 18 200$

MOTEUR

  • Moteur : 4-cylindres en ligne incliné à 55 degrés, 4-temps, double arbre à cames en tête, refroidi par eau, 4 soupapes par cylindre
  • Puissance : 175 ch à 9 250 tr/min
  • Couple : 103 lb-pi à 8 250 tr/min
  • Cylindrée : 1 293 cc
  • Alésage x course : 80 x 64,3 mm
  • Rapport volumétrique: 13:1
  • Alimentation : injection à corps de 46 mm
  • Transmission : six rapports
  • Entraînement : par cardan

PARTIE-CYCLE

  • Suspension : Duolever à double bras avec simple amortisseur; Paralever monobras avec amortisseur arrière simple, ajustable en précontrainte et détente. Réglage électronique en option (ESA II)
  • Empattement : 1 585 mm
  • Chasse/déport : 29,6 degrés/104,4 mm
  • Freins : deux disques avant de 320 mm avec étriers à 4 pistons; simple disque arrière de 265 mm avec étrier à 2 pistons; ABS partiellement intégral
  • Pneus : Metzeler Sportec M3
    120/70ZR17 à l’avant;
    190/55ZR17 à l’arrière.
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VERDICT RAPIDE
ON AIME BIEN
  • Le châssis imperturbable
  • Le moteur puissant, coupleux et doux
  • Les options comme l'ESA, l'ABS, l'ASC
    et le sélecteur de vitesse électronique
  • Les pneus Metzeler Sportec M3

ON AIME MOINS

  • La position qui cause un appui important sur les poignets à basse vitesse
 
K1300-1  

Depuis notre dernier essai de la BMW K1300S, en 2009, celle-ci n'a pas changé d'un iota, exception faite du coloris de sa livrée, un magnifique rouge Ferrari dans le cas de notre machine d'essai. Néanmoins, comme il a coulé de l'eau sous les ponts depuis lors — et que BMW a lancé une authentique supersportive en la personne de la S1000RR —, nous avons décidé de refaire un galop d'essai au guidon de la K1300S, question de voir où elle se situe désormais.

Plutôt que de faire un essai conventionnel, nous vous présentons les avis de trois de nos essayeurs, Didier Constant, Ugo Levac et Dave Beaudoin, lesquels vous permettront de cerner le caractère de cette BMW. Si vous désirez plus d'informations sur la K1300S, nous vous conseillons la lecture de l'essai que nous avons réalisé en 2009 qui est toujours d'actualité.

Bonne lecture!

K1300-4
L'ESA est une option indispensable sur cette machine, tant elle se montre efficace.

La moto TGV au confort royal

La K1300S et moi, c'est une histoire d'amour qui remonte à 2004, année de la présentation internationale de la K1200S en Allemagne. À cette époque, j'ai été conquis par la sportive BMW qui était alors un OVNI dans la production moto (elle l'est toujours d'ailleurs). Le lancement s'était déroulé sur des autobahns sans limitation de vitesse, à plus de 250 km/h de moyenne, des conditions pour lesquelles la BMW a été développée et qui, en dehors de l'Allemagne, n'existent pratiquement nulle part ailleurs. Et surtout pas au Québec, malheureusement.

Depuis lors, j'ai piloté la K1300S à trois reprises, dans un environnement trop castrateur pour retrouver le plaisir originel que j'avais ressenti à son guidon, lors de cette prise de contact. Conçue pour rouler à des vitesses supersoniques sur des autoroutes au revêtement parfait, la sportive de BMW est une Super GT qui allie une tenue de route irréprochable, une puissance phénoménale et une extrême facilité de prise en main. Luxueuse et richement équipée, elle propose une pléiade d'aides électroniques au pilotage (ABS, antipatinage, suspensions électroniques, sélecteur de vitesse électronique...) qui en font une des motos les plus sures du marché.

Crachant 175 ch à 9 250 tr/min, le quatre cylindres en ligne incliné à 55 degrés est un monstre de puissance qui vous arrache les bras à chaque accélération franche. Doté d'un couple phénoménal de 103 lb-pi à 8 250 tr/min, ce bloc à 16 soupapes, refroidi au liquide, fait preuve d'une souplesse étonnante et est rempli à tous les régimes. Il tire fort dès le ralenti et prend facilement ses tours pour un gros cube. Entre 3 000 tr/min et la zone rouge située à 11 000 tr/min, le bloc bavarois est une véritable usine à sensations, délivrant ses canassons sans à-coups, dans une furia mécanique délirante. Dans les régimes supérieurs, c’est l’extase! Le quatre en ligne rugit et propulse la S en avant. Les accélérations sont fulgurantes et on atteint des vitesses supersoniques le temps de cligner des yeux. Un vrai plaisir à piloter. Pourtant, contrairement à certaines sportives aussi performantes qu'elle, la K1300S fait montre d'une étonnante sophistication dans la façon dont elle délivre sa puissance. On ressent une force tranquille et on a l'impression de toujours être en contrôle, de pouvoir, à tout moment reprendre la main. Aucune rudesse, aucune hésitation, aucune crainte.

Le shifter électronique de notre version d'essai est une option indispensable sur une telle machine. Il permet de monter les vitesses sans embrayer et sans couper les gaz. Pour rétrograder, il faut néanmoins recourir à l'embrayage. Couché sur le réservoir à essence, le casque caché derrière la bulle, on écoute les rapports s'enclencher à la volée, sans que le régime ne baisse vraiment, dans une symphonie mécanique qui n'est pas sans rappeler la célèbre Chevauchée des Valkyries, de Richard Wagner (acte III de l'opéra L'Anneau du Nibelung). Génial!

Pourtant, toute cette puissance est parfaitement contrôlée. Par les aides électroniques au pilotage mentionnées plus haut, mais surtout par une partie cycle au-dessus de tout soupçon. Le cadre périmétrique en alu, massif et rigide, dans lequel le moteur contribue à la rigidité, est secondé par des suspensions excellentes — notre moto de test bénéficiait de la surprenante suspension à tarage électronique ESA II — constituées, à l'avant, d'une fourche Duolever (il s'agit d'une fourche de type Hossack, à double triangle et bras de guidage rigides, reliée à un amortisseur central) et d'un bras Paralever à l'arrière, lequel travaille en conjonction avec le cardan de la BMW.

Facile à placer sur l'angle (il suffit de pousser fermement sur le guidon), malgré son gabarit imposant et son guidon bas, la K1300S fait preuve d'une vivacité étonnante et d'une bonne maniabilité. Bien que l'on sente ses 254 kg tous pleins faits lors des transitions, elle se débrouille très bien sur les routes secondaires sinueuses. Elle possède une garde au sol abondante, difficile à prendre en défaut.

Mais c'est dans les grandes courbes négociées à haute vitesse que la K1300S fait la démonstration de sa maestria. Hyper stable, grâce à son empattement long et à ses suspensions intègres, elle dessine ses trajectoires au scalpel. Sous bouger d'un poil! Avec précision, inspirant confiance à son pilote. Les excellents pneus Metzeler Sportec M3 renforcent ce sentiment grâce à leur adhérence exceptionnelle.

Le freinage EVO avec ABS Sport, partiellement intégré, est à la hauteur des performances de la bête. Il est hyperpuissant et modulable à la fois. L'ABS, bien contrôlé, n'interfère pas avec le plaisir de conduite. Il se déclenche à bon escient et est d'une efficience remarquable.

Atypique, la BMW K1300S est un anachronisme en ces temps de sécuritarisme aigu (ne cherchez pas dans le dictionnaire, c'est un néologisme que je viens d'inventer). Pourtant, c'est l'une des motos les plus sécuritaires que l'on puisse trouver aujourd'hui et l'une des plus excitantes à piloter. C'est un véritable avion de chasse sur deux roues et, même si elle n'assume plus le rôle d'hypersportive ultime au sein de la gamme BMW, depuis la sortie de la S1000RR, elle demeure une sportive de haut niveau qui propose, en prime, un confort de routière de luxe. Un missile Pullman en quelque sorte. Et moi, j'adore!

— Didier Constant

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Longue et massive, la K1300S est un rail. Un exemple de tenue de route.

Au diable la rectitude politique!

Lorsque j'ai su que le patron avait dans son garage une K1300S, je suis devenu tout excité et, quand il a accepté de me laisser lui délier les roues pendant quelques jours, j'étais comme un enfant dans un magasin de chocolat. Je me souvenais de mon flirt avec la version 2009 de la Béhème. Je suis venu la chercher dès qu'il fut humainement possible. Fidèle à son habitude, Didier avait déjà sorti la moto lorsque je suis arrivé, plein d’anticipation. Elle est belle, elle est longue, elle est… rouge! Tiens, je ne m’attendais pas à ce coloris. Ça lui donne des rides. Sa ligne est sympathique, mais elle commence légèrement à dater. Un petit lifting ne lui ferait de tort, en plus de lui donner le look qu’elle mérite pleinement. Car c’est une moto géniale.
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Au premier contact, j'ai redécouvert sa selle accueillante. Une vraie bonne selle, confortable! BMW semble être le seul constructeur qui comprenne bien mon arrière-train! Le moulin prend vie dans un son caverneux qui vous prend aux tripes et affiche une belle présence mécanique. Sa configuration 4-en-ligne n'est pas la plus caractérielle qui soit, mais la combinaison de la puissance (175 bourrins, dois-je le rappeler) et du coffre généreux compense amplement. La position est sportive, mais quand même détendue, loin des sportives radicales. Je roulais doucement sur la voie de desserte de la Métropolitaine à 50/60 km/h maximum. J'attendais patiemment mon moment pour voir si mes souvenirs étaient justes. Lorsque ce fut le temps, j'ai serré les jambes sur le réservoir et j'ai tourné la poignée des gaz. Allègrement. «O-ta-boy!» La K1300S a bondi tel un fauve affamé et des vitesses folles se sont affichées avant même que j'aie le temps de réagir. Mes souvenirs étaient exacts; c’est bel et bien un missile. C’est le battement beaucoup trop rapide de mon cœur qui m’a fait prendre conscience de la vitesse un peu irresponsable à laquelle je circulais.
 
La K1300S a été ma compagne pendant quelques centaines de kilomètres. Quelle machine! J'en ai profité pour planifier une petite virée dans les Laurentides avec mon frère et un de ses amis. Au moment de partir, mon frère, son ami et mon voisin étaient en état de lévitation, bavant d’envie devant la BMW. Je suis parti le premier. Évidemment, je suis parti sur les chapeaux de roue, question de montrer qui était le Boss. La meute m’a rejoint un peu plus loin. J’avais un grand sourire de domination sous mon casque.
 
Cette moto, comme plusieurs d’ailleurs, a un défaut majeur. Elle m'oblige à me retenir tout le temps. J’ai le goût de me faufiler entre les voitures à 200/220… toujours! Elle accélère et décélère en un clin d’œil. Arrêtés à un feu de circulation, juste avant de nous engager sur l’autoroute, mon frère me dit d'ouvrir un peu et qu’il allait essayer de me suivre. La voie était déserte. La K1300S a décollé comme une fusée de la NASA et le pauvre, sur sa Suzuki GS500F m’a rejoint presque deux kilomètres plus tard, alors que j'avais coupé les gaz depuis longtemps. Pourtant, mon non-respect des lois n’avait duré que trois ou quatre secondes à tout casser. Il suffit d’entrer dans un faisceau radar pendant ces courtes secondes pour faire prendre une tangente très désagréable à votre vie. Personnellement, j'ai trouvé très frustrant de devoir combattre cet instinct de vitesse à chaque instant.
 
Les suspensions gomment les imperfections de la route et les freins sont, comme c'est l'habitude à cette enseigne, surpuissants et facilement modulables. Notre moto était équipée d'un sélecteur de vitesse électronique. Ouvrez grand les gaz et donnez simplement une petite impulsion sur le levier pour monter les rapports, à la façon MotoGP. Seul bémol à cette technologie, le passage des vitesses est plutôt rude si le rythme est modéré. Dans ce cas, il est préférable d'utiliser l'embrayage.

Nous sommes allés faire une séance photo sur une route de campagne déserte où nous pouvions faire demi-tour sans tracas. Là, il y avait grande courbe que je prenais à fond de train afin de prendre un peu d’angle. La moto était soudée au sol. La stabilité est impériale à des vitesses qui vous feraient perdre votre permis pour 100 ans. Malheureusement, nous avons dû composer avec une route envahie par des automobilistes roulant carrément sous les vitesses légales et une chaleur de 34 degrés. Des guidons un tantinet plus relevés seraient bienvenus parce qu'après 150 kilomètres, je commençais à ressentir la pression sur les poignets.
 
Est-ce que j'achèterais une K1300S? Probablement pas: trop puissante et trop chère pour mes maigres moyens. Vraiment pas raisonnable pour moi. Je ne peux justifier l'achat d'une moto qui coûte plus cher que ma Mazda 5 tout équipée et dont je ne peux pas vraiment me servir. Je crois qu’elle prend cependant tout son sens en Europe où les mentalités sont moins étroites, les limitations de vitesse plus généreuses et le réseau routier mieux adapté à ce genre de missile sol-sol. Néanmoins, je la recommanderais sans crainte à quiconque possède un portefeuille bien garni et la sagesse pour gérer une telle meute de chevaux au jour le jour.

— Ugo Levac

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Malgré son gabarit, la K1300S est facile à inscrire en virage.

Une super GT qui a du punch!

La facilité avec laquelle la K1300S se laisse apprivoiser est déconcertante. Selle confortable, suspensions adéquates pour nos routes, en mode confort (ESA II), position à peine plus inclinée que sur une F800GT; dès les premiers tours de roue, je savais que cette moto n’était pas comme les autres sportives... et dès les premières accélérations je savais que c’était plus que du bonbon!

Le sélecteur de vitesse électronique de série accomplit son travail de façon époustouflante par la douceur avec laquelle les rapports s’enchaînent. Actif uniquement lorsque l'on monte les rapports, il n’enlève rien au plaisir de conduire, au contraire. On se laisse plutôt surprendre par l’aiguille du compteur qui grimpe à une vitesse vertigineuse. Tout se passe sans à-coups, la seule chose trahissant la férocité de la bête étant le coup de pied au cul que les 103 lb de couple et les 175 chevaux vous envoient… selon votre expérience, vous pourriez également être témoin de la métamorphose des lignes pointillées en lignes continues...

Notre modèle d’essai était équipé de la suspension électronique ESA II, une option indispensable sur cette moto. Il suffit de basculer entre les modes «confort», «normal» ou «sport» pour adapter la réaction de la suspension à l'environnement rencontré. On peut d'ailleurs changer de mode en roulant, en pressant simplement sur le bouton ESA. À l'arrêt, une pression prolongée sur ce même bouton permet d'adapter la suspension à la charge transportée (pilote, pilote avec bagages, pilote avec passager ou pilote avec passager et bagages). Pour avoir essayé les trois modes lors d'une sortie dans les Laurentides, seul le mode «confort» a su répondre adéquatement aux conditions changeantes de la chaussée et aux aléas de la route. Sans l’ESA, l’ajustement manuel de la suspension est possible, mais on perd la flexibilité de choisir le mode «sport» lorsque l'on tombe, par inadvertance, sur l'une des rares courbes au bitume lisse comme un billard, et le mode «confort» pour le 99% restant (au Québec du moins). À vitesse d’autoroute, la K1300S consomme un peu moins que 6L/100, ce qui n’est pas mal du tout compte tenu de la taille du troupeau à abreuver.

On pourrait croire que la K1300S est une sportive destinée uniquement à ceux qui sont à la recherche de sensations fortes, mais ça serait réducteur. Si la BMW livre la marchandise à ce chapitre, elle peut également s’avérer une excellente compagne de route pour les roules toujours qui aiment avoir un peu de punch en réserve, dans les situations où cela s’avère nécessaire. Évidemment comme pour tout véhicule à moteur, une fois qu’on a goûté a plus de puissance, c’est comme une drogue qui nous rend dépendants...

Cet essai m’a convaincu. Si les routes de la province n’étaient pas dans un tel état pitoyable, c’est une moto que j’envisagerais sérieusement d’acquérir, autant pour les longues balades que pour une utilisation au quotidien.

— Dave Beaudoin


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