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ESSAIS   FICHE TECHNIQUE

ESSAI APRILIA RSV4 APRC ABS 2013
1er août 2013

Le rêve à portée de mains
Véritable moto de course en vente libre, l'Aprilia RSV4 APRC ABS est l'aboutissement du concept Superbike. Une moto deux fois championne du Monde, véritable vitrine technologique de la firme de Noale pour qui la compétition est un style de vie et un leitmotiv. Dernièrement, nous avons eu la chance de l'essayer sur circuit et sur route. Et nous en sommes encore tout chamboulés. La RSV4, c'est jouissif!

Texte: Didier Constant — Photos: Didier Constant, Pierre Desilets, Dave Beaudoin, Stéphane Tourigny
 
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INFORMATIONS GÉNÉRALES
  • Poids à sec: 184 kg
  • Hauteur de selle : 845 mm
  • Capacité essence : 17 L
  • Consommation : L/100 km
  • Autonomie : km
  • Durée de l'essai: 500 km
  • Prix : 15 495$

MOTEUR

  • Moteur : 4 cylindres en V à 65°, quatre temps, DACT, refroidi au liquide, 4 soupapes par cylindre.
  • Puissance : 180 ch à 12 250 tr/min
  • Couple : 84,6 lb-pi à 10 000 tr/min
  • Cylindrée : 999,6 cc
  • Alésage x course : 78 x 52,3 mm
  • Rapport volumétrique: 13:1
  • Alimentation : injection
  • Gestion électronique: accélérateur Ride-by-Wire, APRC, ABS Bosch paramétrable, antipatinage, anti-cabrage et assistance au démarragel (Launch control)
  • Transmission : six rapports
  • Entraînement : par chaîne

PARTIE-CYCLE

  • Suspension : fourche inversée Sachs de 43 mm, avec traitement antifriction des tubes, ajustable en compression, en précharge et en détente; monamortisseur Sachs réglable en compression, en précharge et en détente.
  • Empattement : 1 420 mm
  • Chasse/Déport : 24,5 degrés/105 mm
  • Freins : Avant: deux disques de 320 mm et étriers Brembo Monobloc à fixation radiale. Quatre pistons. À l'arrière: simple disque de 220 mm avec étrier double piston. ABS de série.
  • Pneus : Metzeler Racetech Interact K3
    120/70 ZR 17 à l’avant;
    200/55 ZR 17 à l’arrière
 
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VERDICT RAPIDE
ON AIME BIEN
  • Le V4 fabuleux!
  • La gestion électronique efficace (antipatinage, anti-wheelie, ABS, 3 cartographies)
  • La vivacité et la rigueur du châssis
  • La hauteur de la selle (garde au sol généreuse)
  • Le freinage

ON AIME MOINS

  • La hauteur de la selle (accessibilité)
  • Passager banni
  • La chaleur dégagée par le moteur
 
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Le magnifique double disque de 320 mm pincé par des étriers monoblocs Brembo M430 à quatre pistons, à fixation radiale
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Comme celui de Cléopatre en son temps, le nez de la RSV4 a changé la face du monde... des Superbikes.
L'AVIS DES AUTRES ESSAYEURS
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C'est d'la bombe Bébé!

Parfois, nos rêves se réalisent, contrairement à ce que les grincheux veulent nous faire croire. Ainsi, dernièrement, j’ai eu le privilège d’essayer l’Aprilia RSV4R APRC ABS lors d’une journée de roulage de l'ASM, au circuit de Saint-Eustache.

Tout d’abord, je me suis familiarisé avec l'Aprilia sur la route pour me rendre au circuit, un petit 50 kilomètres qui m'a permis de constater que ce n’est pas son environnement de prédilection. En enfourchant la moto, on constate immédiatement qu'elle est radicale. La position de conduite typée course, basculée vers l’avant, cause une pression excessive sur les poignets. En effet, les guidons bracelets sont placés très bas et les repose-pieds haut perchés et reculés. En fait j’avais les coudes presque en contact avec mes genoux tellement la position est compacte. Les premiers tours de roue sont à couper le souffle. L'hypersportive italienne s’élance avec autorité dans une sonorité particulière au V4! Tout simplement envoûtant. Sur route, c’est une bête en cage. Et pour le pilote, il s'agit d'une torture mentale et physique. La RSV4 est une moto de course, excellente de surcroît, comme peut en témoigner Max Biaggi, Champion du Monde Superbike 2012 sur l'Aprilia. Puisque l'on parle de circuit, je suis ravi d’arriver à l'Autodrome de Saint-Eustache.

Se familiariser avec une hypersportive sur piste peut se faire dans un temps relativement court dans la majorité des cas. Spécialement sur une machine dénuée d'assistances électroniques au pilotage. Dans le cas de l’Aprilia, elle est dotée d’un arsenal électronique digne de la NASA. Tout y est: accélérateur électronique Ride-By-Wire, shifter, antipatinage, anti-cabrage, cartographies d'injection paramétrables, ordinateur de bord de course, etc. J’aurais eu besoin de deux jours en piste pour faire le tour complet de cette moto avec tous les modes possibles, ainsi qu’un cours pour apprendre à maitriser le menu des options.

Le patron m’a donc programmé les modes à un niveau correspondant à la configuration de la piste et à mes habiletés. Première séance en piste avec la bête… je suis époustouflé par le moteur qui tire fort dès les mi-régimes et vous arrache les bras à haut régime. À partir de la deuxième séance avec les pneus maintenant rodés, j’ai découvert une moto dont la tenue de route est incroyablement affûtée. Un vrai scalpel! Elle taille les courbes avec une précision chirurgicale, est imperturbable et conserve sa trajectoire, peu importe le revêtement. En sortant du carrousel pour négocier la courte ligne droite sud, elle se cabre légèrement à l’accélération. L’anti-cabrage entre alors en œuvre et plaque la roue avant au sol. Le freinage est bluffant d'efficacité. En fait, c’est une machine de course légale pour la route. Mis à part la BMW S1000RR, j’ai rarement roulé une machine de ce niveau.

Avec sa puissance phénoménale et son ergonomie radicale, la RSV4 est très physique à piloter, surtout à un haut niveau. En revanche, les aides au pilotage et la partie cycle affûtée en font une arme redoutable sur piste. Exploiter une telle machine vous demandera beaucoup physiquement et exigera un pilotage avancé, mais elle récompensera vos efforts au centuple. J’aimerais faire un essai libre de deux jours sur une piste de haut calibre, genre Calabogie, mais il faudrait que j’aille m’entraîner à la salle de conditionnement physique pour être en mesure de dominer la bête. Car le mot sport prend tout son sens à son guidon. Si vous désirez une sportive de haut calibre bourré d’électronique et pensez être en mesure de la maitriser, alors l’Aprilia est là pour satisfaire vos caprices. À un prix plus que raisonnable en l'occurrence puisqu'elle se détaille seulement 15 495$, une aubaine pour une machine de ce calibre.

— Patrick Laurin

 
 
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Quand on a grandi dans l'adoration des pilotes mythiques qui ont écrit la légende du Continental Circus — Barry Sheene, Jarno Saarinen, Giacomo Agostini ou Kenny Roberts —, quand on a couvert les Grand-Prix des années 80/90, à l'ère des 500 cc deux-temps, montures sauvages et vicieuses que leurs pilotes Kevin Schwantz, Freddie Spencer, Eddie Lawson, Wayne Rainey, Wayne Gardner, Randy Mamola, Mick Doohan ou encore Christian Sarron parvenaient à peine à dompter et quand, aujourd'hui encore, on suit aussi bien le MotoGP avec Valentino Rossi, Marc Marquez, Cal Crutchlow, Jorge Lorenzo et Dani Pedrosa, que le WSBK, il est difficile de résister à l'aura d'une moto de course. Et même si on est un pilote au talent limité sur piste, on ne rêve que d'une seule chose: conduire une de ces motos d'exception sur circuit. Un rêve qui tient plus de l'utopie que de la réalité objective.

Du rêve à la réalité
Dernièrement, j'ai eu l'occasion de réaliser ce rêve en essayant l'Aprilia RSV4 APRC ABS, la moto d'usine qui, à quelques détails près, a permis à Max Biaggi de remporter deux titres de Champion du monde de Superbike, en 2010 et en 2012. Un Superbike d'exception légal sur route, bourré d'électronique et gorgé de puissance.

Maintenant dans sa cinquième année de production, la RSV4 est l'une des vedettes de la catégorie des hypersportives de classe ouverte. Elle fait partie de la même caste que les BMW S1000RR, Ducati 1199 Panigale et MV Agusta F4RR, c'est-à-dire celle des motos d'exception. À la différence près qu'elle est commercialisée à un prix raisonnable (15 495$) compte tenu de son aura et de ses prestations haut de gamme (une version Factory, à peine plus affûtée, est proposée à 20 295$).

De la moto de course, la version route a conservé l'arsenal électronique qui fait sa force. En effet, cette version dispose d'un accélérateur électronique Ride-by-Wire, de trois cartographies d'injection préprogrammées «Track», «Sport» et «Road», du système APRC (Aprilia Performance Ride Control), d'un ABS Bosch paramétrable, d'un système d'antipatinage ATC(Aprilia Traction Control) sophistiqué, d'un dispositif anti-cabrage AWC (Aprilia Wheelie Control), d'une assistance au démarrage ALC(Aprilia Launch Control) et d'un shifter électronique AQS (Aprilia Quick Shift). Ainsi équipée, la RSV4 permet aux coureurs de pointe d'explorer les limites de la moto et les leurs en toute sécurité, mais aussi à des pilotes moyens, comme vous et moi, de se faire plaisir sur piste, en limitant les dégâts. Nous pouvons désormais ouvrir en grand en sortie de courbe sans crainte de voir la roue arrière perdre de l'adhérence ou de nous faire catapulter dans les airs par la moto, freiner comme des trappeurs en évitant de perdre l'avant et délester la roue avant à l'accélération sans que la moto cherche à se retourner. L'électronique au secours des poireaux ou comment nous faire paraître meilleurs que nous le sommes réellement.

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Au guidon de la machine de Max Biaggi, on se sent meilleur qu'on l'est vraiment.

Personnellement, j'ai très tôt eu conscience de mes limites en tant que pilote. C'est pour cette raison que j'ai choisi une carrière de journaliste moto plutôt que celle de pilote. Aujourd'hui, à un âge avancé, je fais preuve d'une extrême prudence quand je participe à un lancement, à un essai ou à une journée de roulage sur piste, spécialement aux commandes d'une moto de la trempe de l'Aprilia, qui ne m'appartient pas de surcroît. Je la pousse aussi loin que c'est nécessaire pour ramasser l'information dont j'ai besoin, sans essayer d'atteindre des limites qui seraient les miennes et non celles de la moto. C'est donc avec précaution que j'ai abordé ce test avec la RSV4. Même si l'électronique Aprilia veille sur moi. «Better safe than sorry!», comme disent les Anglophones.

Une moto radicale, facile à prendre en mains
Le premier contact avec l'Aprilia est un pur ravissement. Esthétiquement, c'est une réussite totale. Compacte, étroite et racée, la RSV4 est un chef d'œuvre. C'est l'une des plus belles sportives du marché. Une moto éminemment désirable.

Puis, lorsque l'on s'installe à ses commandes, on découvre une monture radicale. La selle est haut perchée, à 845 mm du sol, tout comme les repose-pieds, alors que les demi-guidons bracelets sont positionnés bas. Il en résulte une position de conduite extrême, basculée sur l'avant, tout en appui sur les poignets. En raison de sa compacité et des repose-pieds relevés, les pilotes de grands gabarits se sentiront un peu à l'étroit à son bord.

Les premiers mètres à son guidon font craindre le pire, mais dès qu'on atteint une vitesse de croisière enthousiaste, tout tombe en place. Sur piste, c'est encore plus évident. On réalise après quelques tours, une fois les pneus réchauffés, que la moto a été conçue pour aller vite, très vite, et en parfait contrôle, sur une piste de course. La position de conduite, incongrue en ville, devient alors naturelle, intuitive. Le pilote se déplace facilement sur la selle, grâce à l'étroitesse de la carrosserie et commence à se sentir pleinement à l'aise. En fait, utilisée dans son environnement de prédilection, l'Aprilia s'avère facile à piloter. Si l'on peut dire qu'il est facile de piloter une moto de course développant 180 chevaux. La forme au service de la fonction...

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Fine, élancée et racée l'Aprilia RSV4 est une magnifique bête de course.
Championne du monde de Superbike 2012 de surcroît.

Un moteur à sensations
En termes de sensations fortes, la RSV4R rivalise avec ses compétitrices directes, nommées plus haut. Elle ne demande qu'à vous surprendre. Chaque ouverture des gaz vous donne une claque monumentale suivie d'un coup de pied au cul mémorable. Le V4 à 65 degrés hyperpuissant et coupleux tire avec force dès 4000 tr/min dans une sonorité envoûtante qui rappelle celle des regrettées Honda RC30 et RC45, ou les légendaires RVF750 d'endurance, des motos qui ont dominé la discipline dans les années 80-90, mais aussi celle des Honda et Ducati de MotoGP, également propulsées par un V4. Cette architecture garantit un moteur étroit — aussi étroit qu'un twin dans le cas de l'Aprilia — et, par conséquent, une moto extrêmement compacte dotée d'une faculté incroyable à changer de cap. Elle permet également d'obtenir un couple généreux et une puissance maximale élevée.

Fabriqué par Aprilia, et non par Rotax, comme le twin des anciennes RSV1000, le V4 dispose d'un balancier d'équilibrage qui limite les vibrations. Il utilise des matériaux nobles comme le titane pour les soupapes, l'acier forgé pour les pistons, le magnésium pour les carters ou l'aluminium au traitement maison pour les cylindres. Le moteur est complété par un embrayage antidribble — un must sur une sportive de haut niveau — permettant de rétrograder à haut régime sans risquer de bloquer la roue arrière.

Sur l'Aprilia, les montées en régimes sont jubilatoires. Le moteur, qui est assez souple, reprend sur un filet de gaz au-dessus de 3500 tr/min et pousse hyper fort jusqu'à la zone rouge débutant à 14 000 tr/min, sans jamais faiblir. On a l'impression d'avoir une réserve inépuisable de chevaux sous la main. Et c'est presque vrai. En effet, la RSV4 dispose d'une puissance de 180 ch à 12 250 tr/min, alors que le couple s'établit à 84,6 lb-pi à 10 000 tr/min. Pas mal, qu'en dites-vous?

Au niveau de l'électronique, Aprilia n'a pas lésiné sur les moyens, comme nous l'avons établi plus haut. Il faut dire que la firme de Noale a retenu les leçons de la RS Cube de MotoGP qui, en 2001, était surpuissante, mais ne pouvait pas faire passer la puissance au sol. À l'époque, si Aprilia avait eu accès à l'électronique disponible aujourd'hui, elle aurait sûrement pu faire gagner la Cube. Sur la RSV4, ce n'est pas un problème. Malgré sa puissance incroyable, elle reste une moto facile à contrôler sur circuit, même aux mains d'un pilote peu talentueux.

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Le freinage de l'Aprilia est signé Brembo et la suspension Sachs. Que du matériel à la fine pointe de la technologie.

L'APRC dispose de capteurs qui détectent si vous allez lentement ou rapidement dans un virage donné. Il applique alors des algorithmes appropriés pour compenser. Sur les circuits de Saint-Eustache et de Mécaglisse, courts et peu rapides, j'avais réglé la cartographie à «Sport», l'antipatinage à 4 et l'anti-cabrage à 2, afin de pouvoir me familiariser avec la bête. Ainsi réglée, elle était moins brutale, tout en limitant le niveau d'intervention de l'électronique à un seuil moyen, afin de s'amuser un peu, malgré tout. On peut ajuster le mode en roulant, à tout moment, quel que soit le rapport engagé, d'une poussée sur le bouton situé sur le guidon de gauche. L'antipatinage est vraiment efficace. À deux occasions, je l'ai senti entrer en action lors d'une remise des gaz un peu trop optimiste à la sortie d'une épingle. Quant à l'anti-wheelie, il rabattait immédiatement la roue avant au sol, tout en douceur, lorsque j'accélérais soudainement en deuxième, en début de ligne droite.

L'ALC (Aprilia Launch Control) est le seul dispositif électronique qui relève du gadget, à mon avis. À moins d'être un coureur. Lorsqu'on l'engage, il remplace vos réglages initiaux d'antipatinage et d'anti-cabrage jusqu'à ce que vous passiez le troisième rapport ou que vous atteignez 160 km/h. Je l'ai essayé à une occasion — il fonctionne bien, tel qu'annoncé par Aprilia —, mais il ne m'a pas séduit.

En revanche, le Quick Shift est tout simplement génial! Personnellement, je suis un adepte des shifters électroniques depuis que j'ai essayé les BMW HP2 Sport de l'équipe BMW Motorrad Canada, en 2008. Ce système permet de monter les rapports à la volée sans recourir à l'embrayage, poignée de gaz vissée à fond! Sur les versions de compétition, il est également possible de rétrograder sans utiliser l'embrayage, mais pas sur l'Aprilia.

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Grâce à la RSV4, la firme de Noale s'est relancée dans le créneau des hypersportives.

Une partie cycle de compétition
Compacte, effilée et ramassée, la RSV4 affiche un gabarit digne d'une 600 Supersport. Elle bénéficie d'une géométrie de direction radicale qui trahit son héritage génétique. Avec un angle de fourche fermé de 24,5 degrés, une chasse de 104 mm et un empattement court de 1 420 mm, la RSV4 est taillée pour le circuit. Le pilote est en tout temps en parfait contrôle du train avant et peut attaquer sans crainte. La RSV4 est une lame. Elle trace ses trajectoires au millimètre et fait preuve d'une précision de guidage étonnante. Royale en entrée de courbe, elle est hyper stable en milieu de virage, tout en étant suffisamment souple pour changer de trajectoire si cela s'avérait nécessaire.

Agile et maniable, elle négocie les courbes serrées et les enchaînements sans forcer, d'une simple poussée sur les demi-guidons. Grâce à son électronique de pointe, elle sort de courbe comme une balle, sans bouger, sans lever la roue avant ni déraper de la roue arrière. Dotée d'une stabilité remarquable sur l'angle, l'Aprilia dispose d'une garde au sol généreuse grâce à laquelle le pilote peut sortir la grosse attaque. À moins d'être un pro, pas facile de faire frotter les repose-pieds, à moins bien sûr de vouloir soi-même tâter du bitume.

Avec sa fourche inversée Sachs de 43 mm et son monoamortisseur Sachs à réservoir séparé, tous deux réglables dans tous les sens, la RSV4 est parfaitement équipée pour affronter les circuits les plus demandants. Et lorsque le revêtement est imparfait, l'amortisseur de direction Sachs s'occupe de contrer les mouvements intempestifs du train avant.

Le système de freinage ABS de course, développé par Bosch, est paramétrable sur trois niveaux. À l'avant, il se compose de deux disques de 320 mm pincés par des étriers monoblocs Brembo M430 à quatre pistons, à fixation radiale et d'un simple disque de 220 mm, avec étrier double piston, à l'arrière. Efficace sur piste dans les deux modes les plus sportifs, il donne confiance au pilote qui n'est alors limité que par l'adhérence des pneus. Il peut freiner très fort, en sachant que le système reste en contrôle des opérations. Dans le mode «Race», il est possible de faire lever la roue arrière au freinage, comme sur une moto sans ABS. Par ailleurs, l'anti blocage est peu intrusif et s'avère bienvenu en situation d'urgence.

Au Canada, les pneus qui équipent la RSVC APRC ABS en première monte sont les excellents Metzeler Racetec K3 Interact, dans les dimensions 120/70-17 à l'avant et 200/55-17 à l'arrière. Ces pneus conçus pour un usage mixte route/piste disposent d'un composé unique offrant une adhérence maximisée en courbe et un bon retour d'information. Ils montent vite en température et permettent d'exploiter les qualités dynamiques de la RSV4 au maximum.

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Dotée d'un châssis hyperstable, la RSV4 est une lame super affutée sur piste.

Et sur la route?
Sur la route, la position de conduite radicale de l'Aprilia, tout en appui sur les poignets, les fesses en l'air, limite un peu son champ d'action. Sauf si on est jeune et en pleine forme. Personnellement, je m'en accommoderais pour des sorties de 200 à 300 km. Au-delà, je rendrais les armes. Surtout que la moto n'est pas très adaptée au tourisme et encore moins aux balades en duo puisqu'elle est équipée d'une selle monoplace. De toute façon, qui serait assez maso pour vouloir embarquer derrière vous sur une telle moto?

Grâce à ses suspensions évoluées, la RSV4 se débrouille honorablement sur route. Elle absorbe les petites irrégularités de la chaussée avec brio et n'est pas trop déstabilisée au passage des grosses bosses. Moins radicale que je m'y attendais. À défaut de pouvoir gommer les bosses, il suffit de mettre du gros gaz et de voler au-dessus de celles-ci. À condition que la maréchaussée ne soit pas dans les parages.

En ville, le couple important du V4 facilite la conduite dans la circulation urbaine. Il suffit de tourner l'accélérateur, même à bas régime, pour s'extraire du trafic. Grâce à la souplesse du moteur, on peut se promener sans que la machine soit secouée constamment par un hoquet incontrôlable, comme certains V-Twins italiens. À basse vitesse, l'amortisseur de direction Sachs ralentit un peu la direction, mais l'effet s'estompe au fur et à mesure qu'on augmente le rythme. Par ailleurs, c'est dans cet environnement que la position est la plus incongrue et que l'appui sur les poignets se fait le plus ressentir.

Une fois sur les routes secondaires, l'Aprilia retrouve son aplomb. Taillée pour attaquer les roues sinueuses européennes — en particulier les routes de montagne des Alpes italiennes —, la RSV4 se régale dans les virages serrés ou rapides, particulièrement quand le bitume est de bonne qualité. Là, elle fait étalage de ses qualités dynamiques et met de l'avant sa tenue de route impériale, sa maniabilité digne d'une moyenne cylindrée et tout son arsenal électronique. C'est un missile sur rail, imperturbable et d'une précision diabolique. Le freinage ABS paramétrable sur 3 niveaux fait des merveilles au réglage le plus interventionniste, sur route. Même chose pour l'antipatinage. Le fabuleux V4 rend l'expérience encore plus jouissive, permettant de sauter d'un virage à l'autre à la simple rotation de la poignée droite. Le nirvana sur deux roues! Doubler une voiture est un jeu d'enfant. Tellement qu'on s'amuse à répéter l'exercice à l'infini. Dotée d'accélérations fulgurantes, l'Italienne vous donnera des frissons tant elle est envoûtante.

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L'arrière de la selle monoplace de l'Aprilia est une signature visuelle que l'on reconnaît
au premier coup d'œil.

Sur autoroute, la RSV4 pourrait être une fusée avec laquelle on rallierait Montréal à Québec en moins d'une heure… si la Province adoptait la même réglementation que l'Allemagne. Mais dans l'état actuel des choses, la RSV4 se traîne lamentablement sur l'autoroute et s'ennuie à mourir. Son pilote aussi. Et dire que son fabuleux moteur atteint 290 km/h en quelques centaines de mètres seulement… Même en première, on est dans l'illégalité en moins de temps qu'il ne faut pour cligner des paupières.

Une Diva au grand cœur
Au terme de ce test, tous les essayeurs qui ont piloté la RSV4 sont tombés sous le charme de la belle de Noale. Sensuelle, puissante, performante et ultra affûtée, c'est une véritable moto de course légale sur route qui mérite tous les superlatifs dont on peut la qualifier. Cependant, son arsenal électronique en fait une moto sécuritaire, facile à prendre en main, quel que soit votre niveau de pilotage. Mais, pour en tirer le meilleur, il faudra l'amener sur un circuit — rapide et technique de préférence — et avoir un bon niveau de pilotage. Car, si elle se livre facilement, la RSV4 ne dévoile ses secrets les plus intimes qu'aux initiés, à ceux qui peuvent exploiter son énorme potentiel. Après tout, n'est-elle pas double Championne du Monde de Superbike?


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Grâce à l'APRC ('Aprilia Performance Ride Control) et à son excellent contrôle de traction paramétrable sur huit niveaux, la RSV4 sort de courbe comme une balle. De plus, le shifter électronique permet d'accélérer sans perdre une seconde.

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