« Essais à long terme

Balade en amoureux, à Tadoussac

Photos © Didier Constant et Nathalie Renaud

Tadoussac est un village pittoresque, même s’il est trop touristique au goût de certains. Pour moi, il s’agit avant tout d’une destination en forme d’excuse. Pour partir quelques jours à moto par les petites routes. Me dépayser. Et là, après deux mois à contempler le parc en face de chez moi à travers les vitres troubles de mon bureau, Tadoussac m’apparaît soudain comme une destination paradisiaque. Une échappatoire ! C’est fou ce que l’isolement forcé peut faire à l’être humain.

Un coup de fil à mon ami Yves, propriétaire de l’hôtel Georges pour m’assurer qu’il est possible d’avoir une chambre et nous chargeons les bagages sur la BMW S1000XR fraîchement rodée et débridée.

Tadoussac

Nous décidons de monter par la route 138 jusqu’à Baie-Saint-Paul, puis prendre la 362 par les Éboulements pour rejoindre la 138 à La Malbaie.

La route est belle, le trafic léger et la température parfaite. Une trentaine de degrés — un peu chaud dans les terres, mais parfait quand on longe le Fleuve.

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C’est notre première longue balade de la saison. Heureusement, la XR est une bonne voyageuse. Il suffirait d’une selle plus rembourrée et mieux dessinée pour qu’elle devienne excellente. On commence à souffrir du postérieur après 300 km. C’est dommage, on s’amuse tellement à son guidon ! En plus, la protection offerte par le carénage est bonne. Un peu de bruit, mais pas de turbulences gênantes ni de retour d’air dans le dos. Même chose pour ma passagère. Et les suspensions électroniques sont magiques ! Et je ne vous parle pas du moteur qui est carrément envoûtant ni de l’équipement superlatif. On voyage en classe grand luxe, façon Sport-GT.

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En arrivant à Baie-Ste-Catherine, la file d’attente pour le traversier est très longue. Un des deux ferries est en panne depuis plusieurs jours. La cadence de passage est ralentie de moitié et s’établit à 40 minutes. Selon le moment où vous arrivez et la longueur de la file d’attente, vous pouvez passer deux heures à contempler la rive de Tadoussac. Comme un enfant devant la vitrine d’une confiserie. Heureusement pour nous, le préposé à l’embarquement nous fait passer devant tout le monde. Nous embarquons après 30 minutes d’attente. Pas mal !

Quand nous arrivons à l’hôtel qui a ouvert ses portes depuis quelques jours seulement, nous sommes pratiquement les seuls clients. « Les Européens constituent 85 % de la clientèle de Tadoussac, déplore Yves. Et comme ils ne peuvent pas encore voyager à l’étranger, l’activité est au ralenti pour ne pas dire au point mort. »

Le village est quasi désert. Il a perdu son accent pointu et son effervescence habituelle. Même les baleines l’ont déserté préférant remonter le Fleuve pour aller se pavaner à Montréal ou s’échouer à Sorel. La grande majorité des restaurants et des magasins sont encore fermés et les rares touristes qui déambulent dans les rues ont l’air de fantômes errant dans le pré de l’Asphodèle*.

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Les commerçants qui ont ouvert leurs portes font triste mine et il faut faire preuve de persévérance pour leur arracher un sourire, même furtif. Il semblerait que la COVID-19 attaque les zygomatiques et efface chez l’individu l’expression du bonheur…

Heureusement, la région est toujours aussi belle et n’a rien perdu de son attrait.

Après deux jours de farniente, retour à Montréal par Charlevoix, en prenant le temps de musarder et par la 132 qui longe la rive sud du Fleuve. On prend le temps, on n’est pas pressé de rentrer.

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Quand on arrive, en fin de soirée, il fait encore 35 °C, contraste saisissant avec la fraîcheur qui régnait entre Tadoussac et Québec, en matinée (le thermomètre oscillait entre 13 et 16 °C). À part quelques douleurs aux fessiers, nous sommes tous deux en forme. Cette balade de près de 1000 km en deux jours s’est déroulée sans embûches. Elle a confirmé les excellentes aptitudes de routière-sportive de la XR et ses performances étonnantes. Mais aussi ses quelques petits défauts, à savoir une selle trop dure et sur laquelle on bouge difficilement, une béquille latérale trop petite et un pare-brise un poil court, même en position haute. Rien de rédhibitoire ni de difficile à corriger. Je travaille sur une idée de rallonge pour la béquille et je regarde les selles accessoires que l’on peut trouver sur le marché de la pièce de remplacement. Je vais trouver.

À part ça, c’est le bonheur total !

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STATISTIQUES

  • Kilométrage total : 2145 km
  • Distance parcourue depuis notre dernière sortie : 945 km
  • Consommation moyenne : 5,6 L/100 km
  • Autonomie : environ 357 km
  • Pneus : Bridgestone Battlax T31

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