Un peu de route et beaucoup de piste
Publié le 18 août 2016
Le 8 aout dernier, j’ai participé à une journée de roulage de l’ASM Motorsport à l’Autodrome Saint-Eustache, une piste idéale pour une sportive de petite cylindrée où j’ai rejoint mes confrères Didier Constant et Alain Paquin qui essayaient respectivement une KTM RC390 et une Yamaha R1S. Les pistes de calibre MotoGP étant rares au Québec — et au Canada — le choix de piloter une petite cylindrée sportive se justifie pleinement.
Photos © Pierre Désilets et Didier Constant
Parti par la route à moto (Didier et Alain transportaient mon équipement dans le camion — je suis arrivé au circuit un peu après eux [après qu’ils aient fini de monter le campement, pas fou !] —, j’ai rangé ma R3 sous l’auvent KTM de motoplus.ca et j’ai préparé ma moto pour la piste. Ce qui fut d’une facilité déconcertante. Il m’a suffi de retirer quatre boulons pour ôter les rétroviseurs, de baisser la pression des pneus et de cacher ma lumière de frein arrière. Et voilà ! Prêt à passer l’inspection ! La veille, j’avais travaillé beaucoup plus pour remplacer le liquide de refroidissement par de l’eau distillée mélangée à du Hyper Lube Super Coolant, un additif refroidissant dont l’utilisation est autorisée sur piste. « Ce n’est pas vieux ça ! me dit le préposé au contrôle technique en voyant mon bolide. Non, 400 kilomètres seulement ! » lui ai-je répondu. Dans la lancée, il me conseille de surveiller l’ajustement de ma chaine en cours de journée, ce qui tombe bien puisque j’ai prévu de changer de pneu à mi-journée.
Première sortie. Je suis un peu nerveux, mais après quelques tours de piste, je prends mes marques rapidement et tout va bien. J’augmente le rythme progressivement et je me sens de plus en plus en confiance. Le comportement de la moto est sain dans l’ensemble. Pas de quoi s’inquiéter.
À la deuxième sortie, la cadence est plus soutenue et la R3 se dandine un peu en entrée et en sortie de courbe. Sur la trajectoire, elle bouge un peu, mais rien d’inquiétant. Le moteur tire bien, les rapports passent sans problème à la volée et le freinage est bon. Au bout de la ligne droite du fond du circuit, avant d’entrer dans le pif paf de l’ovale de Nascar, j’atteins presque 160 km/h en 5e, à la limite de la zone rouge, à 12 500 tr/min.
Lors des deux dernières sessions matinales, je pousse la R3 dans ses derniers retranchements. Les pneus d’origine ne sont pas faits pour la piste et ça se sent. La roue arrière bloque une fraction de seconde en rétrogradant et je fais quelques glissades du pneu avant. Le repose-pieds gauche touche l’asphalte à ce moment, mais ça reste contrôlable.
Changement de pneus et vérification des suspensions
Profitant de la pause du midi, je fais changer les pneus pour installer les Michelin Pilot Power 2CT que j’ai reçus. Il s’agit d’un pneu sportif bigomme adapté aux journées de roulage piste et au pilotage sportif sur route. Je fais également un arrêt chez PSR — Popaul Suspension Racing pour ajuster ma suspension au mieux. Là, Jean-Sébastien Perreault note mes mensurations [taille, poids, etc.], les mesures requises [sag, enfoncement, étirement] et retranscrit le tout sur une fiche à mon nom afin de faire le suivi lors de mes prochaines visites.
Son verdict vient confirmer certains comportements constatés durant l’avant-midi. Selon les normes, le monoamortisseur est réglé pour une utilisation mixte piste/route, tandis que l’avant est hors spectre. Les suspensions n’étant pas réglables, il n’y a rien à faire pour corriger la situation. Je ne suis pas surpris outre mesure et j’avais déjà en tête de changer l’amortisseur et l’intérieur de fourche avant même d’acheter la moto afin d’en faire une moto performante sur circuit.
Les deux dernières sessions de la journée ont confirmé que j’avais fait le bon choix. Tout d’abord, avec les Michelin Pilot Power 2CT. La moto est devenue stable comparativement aux premières sorties du matin. Elle ne bouge plus et j’ai l’impression que je pourrais augmenter le rythme de façon significative avant que ça commence à glisser. En revanche, à ce rythme les repose-pieds frottent plus facilement, et je note que la position de mes pieds est loin d’être optimale sur piste. Il va falloir installer des commandes reculées au plus vite et travailler sur ma position.
J’ai hâte de commencer la transformation de ma petite machine. Son potentiel d’évolution est grand et on peut facilement en faire une machine de piste performante avec un budget raisonnable. Le plaisir éprouvé à la piloter sur piste est bluffant. Toujours en recherche de la trajectoire parfaite, je me cache derrière la bulle et je recolle au cul des moyennes cylindrées au freinage. Que du plaisir !
J’ai eu la chance d’essayer plusieurs motos très puissantes sur circuit et j’ai rarement eu autant de fun à piloter. En fait pour paraphraser une citation dont je ne me rappelle plus l’auteur, « il est plus jouissif de piloter vite une moto qui ne l’est pas, que de piloter lentement une moto qui l’est. »
Et tout cela, avec une machine à moins de 5000 $ et seulement 10 litres de carburant. Une journée parfaite !