À la découverte de l’Ouest américain !
Publié le 17 juillet 2023
Si vous aviez le choix entre passer un week-end en amoureux à Venise ou effectuer un voyage express de deux jours dans l’Ouest américain, en aventurière que choisiriez-vous ? Moi, j’ai opté pour la deuxième proposition. Ma femme n’avait pas de congé à la fin de l’automne et, en plus, elle n’aime pas se faire secouer sur des pistes cahoteuses pendant plusieurs jours. Problème résolu donc ! Et pour me faire pardonner auprès d’elle, nous sommes partis à Venise, en Yamaha Super Ténéré, quelques mois plus tard. Luxe, calme et volupté* !
Photos : Didier Constant, Kevin Wing, Gateway Canyons Resort, Wikipedia
À la conquête de l’Ouest !
Nous voilà donc partis pour deux jours d’exploration — plus deux jours de voyage — à la conquête du Far West par les pistes. Comme à l’époque des pionniers. L’aventure nous attend !
Les principaux aéroports qui desservent cette région de l’Ouest américain sont ceux de Denver au Colorado ou de Salt Lake City, en Utah. Dans notre cas, nous avons opté pour celui de Grand Junction, au Colorado, un aérodrome régional de taille moyenne qui se trouve à moins d’une heure de route (85 km) de la ville de Gateway, où nous avons réservé une chambre dans le luxueux complexe hôtelier Gateway Canyons Resort & Spa que j’ai découvert, quelques mois plus tôt, à l’occasion d’un précédent voyage.
Une fois débarqués de l’avion, nous récupérons les deux BMW — une F 750 GS et une F 850 GS — que nous avons louées chez Teddy Morses Powersports, un concessionnaire multimarque de Grand Junction (BMW, Harley-Davidson, KTM, Royal Enfield). La F 750 GS — roue de 19 pouces à l’avant —, est chaussée de Michelin Anakee III, des pneus mixtes à vocation routière, tandis que la F 850 GS évolue sur des Metzeler Karoo 3 au profil plus orienté tout-terrain et dispose d’une roue avant de 21 pouces. Les deux sont pourvues d’un porte-bagages tubulaire et d’un sac de réservoir BMW. C’est suffisant en la circonstance, car nous voyageons léger.
De l’aéroport, l’itinéraire menant à notre hôtel emprunte un tronçon de la route historique qui relie le pic de Tabeguache, à l’est, au canyon d’Unaweep à l’ouest. Une gorge dont la spécificité géologique est d’être traversée par deux ruisseaux — East Creek et West Creek —, s’écoulant en sens inverse, de chaque côté de la ligne de partage des eaux, séparés par le presque imperceptible Unaweep Divide, à une altitude de 2 148 mètres.
Cette route panoramique serpente à travers le grès rouge du canyon. Par endroits, elle longe des falaises abruptes et des rivières déchaînées qui rendent cette partie sauvage et pittoresque de l’État particulièrement spectaculaire. En cette journée de fin d’automne, les arbres commencent à arborer leurs plus belles couleurs et le ciel est d’un bleu profond, infini, sans aucun nuage. C’est magique !
Comme son nom l’indique, la ville de Gateway (porte d’entrée en anglais) se trouve près de la frontière entre le Colorado et l’Utah, deux États au charme suranné et à l’histoire mouvementée. Cette communauté rurale et isolée est un ancien campement de mineurs. On en voit des vestiges partout dans les environs. Située près des canyons John Brown et Unaweep, Gateway offre un accès direct à un monde d’aventures dans un arrière-pays intact et sauvage. Sa proximité avec les montagnes de La Sal, au sud-ouest et de la forêt nationale d’Uncompahgre, au sud-est, en fait un formidable terrain de jeu pour les randonneurs, les vététistes, les adeptes de rafting et de canyoning, les alpinistes et les motocylistes. C’est pour cette raison que j’ai sélectionné l’hôtel Gateway Canyons Resort & Spa comme camp de base de ce périple. En bon sybarite, j’apprécie son confort et son luxe discret (de toute façon, mes vieux os n’aiment pas trop les bivouacs ni le camping).
Un Eden pour motocyclistes aventuriers et amateurs de grands espaces sauvages
Le Colorado est une région montagneuse dont la totalité du territoire est située au-dessus de 1000 mètres d’altitude. Il est délimité à l’ouest par les Rocheuses où culmine le mont Elbert, son sommet le plus élevé (4401 mètres). Cette région minière a connu un essor fulgurant avec la ruée vers l’or de 1859, mais aussi avec celle de l’argent de 1879. Originalement peu peuplé, en raison de son relief et de son climat hostiles, le Colorado a connu un afflux important de colons à la fin du 19e siècle, particulièrement dans la région de Denver, sa capitale. De nombreuses villes minières ont alors vu le jour, poussant comme des champignons au gré des découvertes de nouveaux filons. Difficiles d’accès à cause de leur isolement, du terrain difficile et de l’absence de chemins praticables, en dehors des pistes tracées par les prospecteurs, ces bourgades ont été abandonnées lorsque les mines se sont taries. Certaines sont devenues des villes fantômes. D’autres se sont reconverties ou ont prospéré grâce à d’autres activités, comme le tourisme ou le ski : Aspen, Telluride et Cripple Creek.
L’Utah se compose quant à lui de montagnes enneigées, de vallées aux rivières tumultueuses et de déserts arides. L’un d’eux abrite le parc national des Arches, près de la ville de Moab, dont la Delicate Arch est l’emblème de l’État. Près de 88 % de la population de l’Utah vit à Salt Lake City, sa capitale. L’État est connu pour son importante communauté mormone. Il compte de grandes zones inhabitées et son territoire offre une grande diversité géologique, ce qui fait tout son intérêt pour nous motocyclistes. L’étendue des terrains, ainsi que la variété de pistes de tous niveaux de difficulté que propose cette région sont impressionnantes.
Ce qui surprend, c’est la facilité d’accès de ces sentiers qui sont librement ouverts à la circulation, tant que l’on respecte l’environnement et que l’on suit les règles de base du savoir-vivre. Ici, pas de police des sentiers ni de barrières infranchissables. Que des espaces infinis et une multitude de pistes dont on se demande où elles mènent et qui les emprunte, tellement elles sont perdues au milieu de nulle part. Il n’y a pas âme qui vive à des kilomètres à la ronde. Et pas de couverture cellulaire non plus. Des sentiers dans lesquels il vaut mieux ne pas s’aventurer seul. Néophytes s’abstenir. En cas de problème, personne ne viendra vous secourir. L’utilisation d’une balise satellite est fortement conseillée dans cette région. Toutes ces raisons expliquent l’engouement qu’elle connaît depuis quelques années auprès des amateurs de motos d’aventure venus du monde entier pour qui elle constitue un magnifique terrain de jeu.
La tête dans les étoiles, les pieds sur terre
Le premier matin, en quittant l’hôtel, nous embarquons sur une piste sèche et compacte, recouverte de sable fin, qui est réputée facile. Ce sentier est un ancien chemin minier qui traverse les montagnes environnantes et se rend en Utah, de l’autre côté de la frontière. Le décor est sublime. J’erre dans mes rêveries solitaires, perdu dans mes soliloques intérieurs. Mon esprit vagabonde. J’ai l’impression d’être un pionnier de la Ruée vers l’Ouest. Un découvreur !
Après une dizaine de minutes sur ce terrain, nous attaquons une montée abrupte qui mème à un plateau, au sommet du canyon. Le sentier devient sinueux, étroit et escarpé. Avec des ornières sèches et des pierriers qui malmènent la suspension et le train avant de la BMW. Dans cet environnement, la position debout est de rigueur. Je découvre alors que le guidon est placé trop bas et que la pédale du frein arrière est difficile à rejoindre avec mes bottes d’aventure. Pour négocier les sections difficiles, je dois me servir de mes jambes pour absorber les chocs et adopter une conduite tout en douceur. Le shifter fait merveille. Tout comme le moteur qui se montre docile et prévisible. Dans les passages techniques et trialisants, la garde au sol s’avère insuffisante et les suspensions au débattement réduit montrent leur limite. Elles talonnent au passage des grosses bosses et à la réception des sauts. De plus, les Anakee 3 n’offrent pas un grip exceptionnel dans les zones au revêtement incertain.
Notre montée vertigineuse est récompensée par une pause au Divide Creeks Campground pour une collation et une gorgée d’eau méritées. J’ai soif ! Et je bois tout mon saoul. Bien que je ne porte qu’un maillot thermique sous ma veste, j’ai chaud. Il faut dire que je travaille comme un forçat. En effet, je ne suis pas expert en hors route et je me fatigue à force de me battre contre le tracé et ses obstacles plutôt que d’en tirer profit. Heureusement, je suis bien équipé et mes vêtements évacuent efficacement la transpiration. Je me félicite aussi d’avoir pris mon Shoei Hornet X2 pour ce périple, car c’est un casque bien ventilé qui me garde relativement au frais dans les circonstances. J’ai aussi un sac d’hydratation de 2 litres que je remplis d’eau fraîche dès que j’en ai l’occasion.
Après ce bref intermède, nous reprenons le chemin. Le plus dur est derrière nous et nous empruntons dès lors des sentiers roulants et rapides où l’on atteint près de 140 km/h par moment. Là, les pneus me handicapent à nouveau. Ils se montrent flous et peu rassurants à vive allure. L’avant semble flotter sur le gravier compacté tandis que l’arrière se dérobe à la moindre accélération soutenue. Debout sur les repose-pieds, je roule tête haute, bras et jambes souples, en gardant un écart suffisant avec mon compagnon d’aventure pour ne pas manger sa poussière ni recevoir les roches projetées par ses pneus. Il est plus à l’aise que moi en tout-terrain. Les Metzeler Karoo 3 qui équipent sa F 850 GS lui offrent plus de traction et de stabilité. La roue avant de 21 pouces aide énormément dans cet environnement.
Puis, soudain, au loin, nous apercevons la silhouette majestueuse du mont Peale (3879 m), le point culminant des montagnes La Sal, dans le comté de San Juan, le plus grand musée à ciel ouvert du monde. C’est le deuxième plus haut sommet de l’État derrière le King Peak (4123 m). Mais nous nous contentons de le contourner. Le mont Peale est accessible par le col de La Sal (3086 m), situé à environ 5 km au sud-ouest du pic, via une route de gravier. Cependant, il faudrait faire un long détour pour le rejoindre et le temps nous presse. Le manque de temps est le problème majeur de ce genre d’expédition express.
Au détour du sentier, j’aperçois un long ruban noir au loin. De l’asphalte ! Miracle ! Nous arrivons au village de La Sal où nous faisons une pause déjeuner dans un restaurant familial typique qui offre une cuisine maison simple, généreuse et sans prétention. Roborative !
Après nous être sustentés, nous rejoignons l’Interstate 90 par un chemin de terre très roulant qui nous mène à Paradox, juste de l’autre côté de la frontière, au Colorado. Paradox est un lieu-dit qui compte une poignée de maisons aux devantures de bois délabrées, un bureau de poste et un cimetière. À l’origine, la région était habitée par les Indiens de la tribu Ute, avant d’être colonisée par des éleveurs euroaméricains dans les années 1870. En 1897, l’exploitation minière a commencé, d’abord pour l’extraction du cuivre. Puis, le minerai d’uranium a été découvert à la mine locale de Raja. Selon la légende, un échantillon aurait même été envoyé à Marie Curie, en France, pour ses recherches sur la radioactivité.
À Paradox, deux choix s’offrent à nous. Soit continuer jusqu’à Naturita, par la route, et rejoindre notre hôtel par l’Interstate 141 — une balade d’environ 70 minutes —, soit prendre une piste quelques kilomètres plus au sud, à Bedrock et rallier l’Interstate 141 au niveau de Hanging Flume Overlook, au nord d’Uravan. Il s’agit d’une chute d’eau à ciel ouvert construite au-dessus du canyon de la rivière Dolores, par une compagnie minière, pour faciliter l’extraction de l’or. C’est un site historique magnifique qui vaut le détour. Il est localisé à 30 minutes de notre hôtel. Le sentier qui y mène traverse des panoramas spectaculaires au milieu des mésas, des canyons et des rivières. En bonus, il nous fait gagner une quinzaine de minutes sur l’itinéraire routier. Comme il fait beau et que la fin de l’après-midi approche, nous choisissons cette option.
La dernière portion de l’Interstate 141 jusqu’à l’hôtel est une route panoramique sinueuse quasi déserte. Là, nous roulons à un rythme élevé. Les State Troopers du Colorado délaissent l’endroit pour se concentrer autour des agglomérations où les occasions de faire du chiffre sont nettement plus élevées. Cela nous permet de rouler l’esprit tranquille. D’autant que le revêtement est impeccable et que la route serpente dans un décor à couper le souffle. Tout ce que j’aime.
Nous arrivons à l’hôtel en fin d’après-midi. Fourbus, mais ravis de notre périple. Nous en profitons pour laver les motos, prendre une couche et souper en terrasse, devant un panorama tout simplement sublime. La vie est belle !
Vive la superposition des couches
Autre jour, autres conditions. Ce matin, nous nous sommes levés tôt. Une grosse journée nous attend. Nous avons près de 500 km de routes et de pistes au menu, que nous espérons avaler en moins de douze heures, visites des sites et pauses incluses. Un horaire ambitieux compte tenu des conditions. Le soleil et la chaleur de la veille ont fait place à la grisaille et à la fraîcheur. Le thermomètre indique deux degrés Celsius et la selle de ma GS est couverte de givre. Un changement de température normal pour la région, en cette période de l’année. Du coup, j’enfile un cache-cou doublé et une doudoune sous ma veste en Gore-Tex. Et j’allume les poignées chauffantes de la GS. Pour l’occasion, nous échangeons nos montures. La F 850 GS sera plus facile à gérer pour moi dans ces conditions rendues délicates par la météo.
Notre itinéraire de la matinée comprend une section hors route qui passe par des chemins techniques, difficiles et escarpés, rendus encore plus sélectifs par les conditions météo qui prévalent. Il s’agit d’un ancien chemin de mineur étroit qui grimpe à flanc de montagne et offre un revêtement glissant fait de terre rouge meuble par endroits et de rochers affleurants. Dans les virages serrés, il faut gérer l’accélération avec précaution pour ne pas perdre l’arrière. Sur ma GS, j’ai sélectionné le mode « Enduro Pro » qui permet de désactiver l’antipatinage et de ne conserver l’ABS qu’à l’avant.
Ce premier tronçon nous mène près du mont Waas (3751 m), à une trentaine de kilomètres à l’ouest de l’hôtel, où nous nous arrêtons pour admirer le paysage et nous remettre de nos émotions. Après la pause, je m’attendais à un tracé plus aisé. Mais nous découvrons un parcours plus ardu et technique. Éprouvant même. Ça ne s’arrange pas. Ornières profondes, sable mou, rochers pointus, descentes vertigineuses en bordure de ravins profonds, lits de rivières à traverser au fond des gorges : rien ne nous est épargné. Et pour compléter le portrait, la température ne cesse de décliner. C’est l’enfer !
Nous sortons enfin de là, non sans mal. Il nous reste un peu plus de 35 km à faire pour rejoindre le premier des trois sites emblématiques du comté de Grand, soit le superbe parc national des Arches. Ces points de vue exceptionnels sont distants d’une quarantaine de kilomètres et sont situés au nord et à l’ouest de la ville de Moab.
Des paysages grandioses !
Quand nous arrivons au parc national des Arches, le soleil pointe enfin le bout de son nez et la température se réchauffe timidement. Mais on est loin des 25 degrés de la veille. Il est encore tôt et les touristes ne sont pas trop nombreux, ce qui nous permet de flâner et de réaliser quelques clichés. Là, nous en prenons plein les yeux ! Quel spectacle grandiose ! En revanche, nous sommes trop tôt en journée pour photographier les légendaires couchers de soleil à travers les arches. Ce n’est que partie remise. Ça nous donne une bonne excuse pour y revenir une autre fois.
En route, nous arrêtons brièvement au parc national des Canyonlands pour quelques images des sublimes paysages colorés et façonnés par l’érosion du fleuve Colorado. C’est le parc le plus vaste des trois (1366 kilomètres carrés) et il faudrait plusieurs jours pour le visiter et découvrir toutes les merveilles qu’il recèle. Même chose pour le parc national de Dead Horse Point, le plus petit (21 kilomètres carrés) mais tout aussi intéressant, que nous survolons.
À Moab, nous faisons une brève pause café. La ville est décevante et offre un contraste saisissant avec l’authenticité, la solitude relative et l’éloignement que nous venons d’expérimenter dans les montagnes environnantes. Moab est très touristique, la vie y est chère et la faune locale pas très intéressante. Du coup, nous poursuivons notre route jusqu’au complexe de Sorrel River Ranch Resort & Spa, situé à une trentaine de kilomètres au nord-est de Moab. L’endroit, qui m’a été recommandé par un ami, est paradisiaque. Situé entre la route 128 et le fleuve Colorado, avec les canyons du Parc national des Arches en toile de fond, le site justifie tous les tracas que nous avons endurés pour y parvenir. C’est grandiose ! Et, en plus, la bouffe est géniale !
L’après-midi, à l’exception d’un court détour de cinq kilomètres par une piste roulante, le trajet se déroule principalement sur route. Heureusement ! En effet, l’automne, les averses sont aussi soudaines que violentes. Elles viennent gonfler les rivières en quelques heures et transforment les sentiers en bourbiers inextricables. Et nous n’y échappons pas. J’opte donc pour le mode de conduite « Rain ». L’itinéraire que nous prenons suit la route 128 vers l’ouest pour rejoindre La Sal. La route bifurque ensuite à l’est via Paradox et Naturita, par les Interstates 46 (Utah) et 90 (Colorado), pour enfin remonter au nord par l’Interstate 141 jusqu’à Uravan et Gateway. Une boucle de 250 km dans des décors en Technicolor et en Cinémascope dans lesquels on s’attend à tout moment à voir surgir une horde d’Indiens renégats arborant leurs peintures de guerre, lancés à la poursuite de John Wayne et de ses troupes. Le cinéphile en moi reconnaît certains lieux de tournage de westerns classiques de John Ford, de La Chevauchée fantastique (1939), à La Prisonnière du désert (1956), en passant par Le Massacre de Fort Apache (1948), mais aussi des films plus récents, comme Thelma et Louise (1990), Indiana Jones et la dernière Croisade (1988), Mission impossible 2 (2000), Transformers (2007) et 127 heures (2011). Le rêve et le virtuel rejoignent la réalité.
Quand nous arrivons au magasin général de Bedrock, la neige a fait place à la pluie. Nous en profitons pour faire une pause et nous réchauffer au magasin général qui fait office de café, de restaurant et de bureau de poste. Le propriétaire nous offre des serviettes sèches et des pochettes HotShots pour mettre dans nos bottes et nos gants. Malgré la météo inclémente, je suis au sec dans mon ensemble Gore-Tex. J’en profite pour remettre ma doudoune et mes gants d’hiver, secs. Je suis bien content que ma moto soit équipée de poignées chauffantes…
Contrairement à la veille, nous délaissons le raccourci par la piste au profit de la route. Nous sommes à 110 km de l’hôtel, d’un bon bain chaud et d’un verre de Jack Daniel’s siroté au coin d’un feu de cheminée. Celle qui est dans ma chambre fonctionne à merveille. Je l’ai testée le matin, avant de partir. Au cas où.
Demain, il nous restera à déposer les BMW chez le concessionnaire et à reprendre l’avion pour Montréal. La tête pleine de souvenirs.
Un aperçu du paradis
Cette escapade de deux jours dans l’un des coins les plus iconiques des USA m’a comblé. Bien sûr, nous aurions vu et fait plus de choses si nous y étions restés plus longtemps, mais je ne suis pas certain que nous aurions vécu l’expérience avec la même intensité ni la même appétence. Au risque de tomber dans le cliché, je dirais que j’ai été séduit par l’immensité des paysages et par leur diversité, par la variété des conditions et des terrains rencontrés, par le sentiment de liberté qui m’a accompagné pendant ces deux jours. Mais c’est le pouvoir d’évocation que le Colorado et l’Utah ont exercé sur moi qui a renforcé le plaisir que j’ai ressenti. Comme un concentré de bonheur, dont une goutte suffit pour revivre ces moments à l’infini. Le patchouli me fait cet effet quand j’en sens le parfum. Il provoque chez moi une plongée vertigineuse dans le passé. Mais c’est sûrement générationnel. Je doute que la majorité d’entre vous ressente cet effet.
* L’invitation au voyage — Les Fleurs du mal — Charles Baudelaire
Informations générales
Le Colorado offre quelques-unes des plus hautes montagnes praticables à moto aux États-Unis. Avec plusieurs cols à plus de 3500 mètres d’altitude, les panoramas des Rocheuses sont à couper le souffle, littéralement. Si vous avez le vertige ou le mal des montagnes, planifiez votre route en conséquence. Au Colorado, les terrains que vous croiserez comprennent des routes de terre avec des rochers, du sable et même quelques traversées de cours d’eau. La meilleure période de l’année pour vous y promener à moto s’étale de juillet à septembre. En fonction de l’accumulation de neige durant l’hiver, certains cols ne peuvent être franchis que tard au printemps, voire au début de l’été. Attention aussi aux tempêtes de pluie soudaines qui peuvent rapidement inonder les arroyos désertiques. La Dolores River s’écoule également depuis les hauteurs des montagnes de San Juan jusqu’à la frontière du Colorado, en passant par Gateway. Des rapides de classe III et IV se précipitent sur un tronçon de cinq miles à travers le difficile Paradox Canyon.
L’Utah est un État magique et plutôt télégénique. De nombreux westerns ont été tournés dans ses décors naturels, particulièrement près de Monument Valley, situé à la frontière avec l’Arizona. Ce site abrite des mésas légendaires et de nombreuses buttes — The Mittens (les mitaines), Rooster Rock (le rocher du coq) ou Three Sisters (les trois sœurs). Il est localisé sur le plateau du Colorado et fait partie du territoire tribal de la nation navajo que les guides locaux se feront un plaisir de vous faire visiter. Découvrez également la Vallée des Dieux, les montagnes Abajo, La Sal, Onion Creek, 9 Mile Canyon et les montagnes Wasatch. Sachez que l’Utah est imprévisible, avec de la boue impraticable lorsqu’elle est détrempée et des tempêtes qui peuvent emporter les routes à tout moment. Le sable profond met également les motards au défi par endroits, et quelques sentiers réservés aux experts offrent des sensations fortes aux motocyclistes en quête d’adrénaline. Les meilleures périodes de l’année pour découvrir l’Utah sont mai/juin et septembre/octobre. En juillet et en août, les températures sont extrêmement élevées et la mousson sévit, ce qui rend les pistes difficiles à parcourir.
Backcountry Discovery Routes (BDR)
Les États-Unis sont un paradis pour les amateurs de sentiers. Le nombre de pistes où s’adonner à la conduite hors route est phénoménal. Et leur accès relativement facile. Pour vous aider à planifier vos voyages d’aventure à moto, l’association BDR (Backcountry Discovery Routes) — l’équivalent du Trans Euro Trail en Europe — vous propose une douzaine d’itinéraires de 4 à 7 jours, principalement dans l’Ouest américain, mais aussi dans le nord-est des États-Unis (Nouvelle-Angleterre, Maine, Massachusetts). Sur le site de l’organisation (https://ridebdr.com), vous trouverez gratuitement des traces GPS classées par degré de difficulté ou de niveau, des cartes interactives, des informations sur les hôtels, la nourriture et l’essence, mais aussi des outils de planification pour chaque itinéraire. Et si vous pensez explorer le Colorado et l’Utah en moto d’aventure, sachez que deux des plus beaux tracés BDR traversent ces États magnifiques.
Complexe hôtelier Gateway Canyons Colorado
Établi par John Hendricks, le fondateur de Discovery Channel, le complexe hôtelier Gateway Canyons est un lieu de villégiature, mais aussi d’aventure et d’éducation, un endroit où les clients peuvent faire l’expérience directe de la nature qui les entoure. C’est une magnifique oasis où l’on peut faire du VTT, de l’équitation, de la randonnée et de l’escalade, de la pêche et du rafting et bien d’autres choses encore, comme survoler la région en hélicoptère, le tout dans le cadre unique de cette région sauvage et coupée du monde. Vous pouvez également visitez le Gateway Auto Museum, qui jouxte l’hôtel et célèbre l’histoire de l’automobile américaine dans une galerie de plus de 50 véhicules, dont des pièces uniques comme le concept-car Oldsmobile F-88 de 1954, ainsi qu’une Cadillac Model H Coupe de 1906 et d’autres pièces rares de Packard, Pierce Arrow et bien d’autres encore.
Où louer des motos à Grand Junction, Colorado
- Terry Morse’s Grand Junction Harley-Davidson
- Terry Morse’s Grand Junction BMW, KTM
- EagleRider Grand Junction