Varadero Con Dio
Publié le 20 septembre 2010
En septembre dernier, les huit gagnants du concours «la prochaine grande aventure» organisé par Honda Canada ont eu la chance de découvrir le Pérou au guidon de Honda Varadero neuves. Une expérience qu’aucun d’entre eux n’est prêt d’oublier...
Le Machu Picchu dans toute sa splendeur!
Textes : Didier Constant/Moto Show – Photos : Warren Milner, Martin St-Amant/Wikipedia et DR
Les constructeurs ne sont pas reconnus pour être très créatifs dans la mise en marché de leurs produits. Ils mènent tous à peu près les mêmes campagnes de promotion et véhiculent grosso modo le même message. La preuve? Il a suffi que Yamaha organise une campagne de «teasing» la saison dernière, pour lancer sa Super Ténéré, pour que les autres constructeurs lui emboîtent le pas cette année, avec plus ou moins de succès. À tel point que de nombreux clients ont été agacés par le procédé.
Quand Honda Canada a dévoilé sa campagne «La prochaine grande aventure», les consommateurs ont instantanément été séduits par l’idée semble-t-il. Un grand nombre d’entre eux se sont inscrits sur le site de «La prochaine grande aventure» — la plupart à l’occasion des salons de la moto — et ont rendu visite à un Centre Honda près de chez eux pour se soumettre au test de pilotage requis et ainsi compléter leur inscription. Au terme de cette campagne, huit Canadiens, dont deux Québécois ont été tirés au sort et se sont retrouvés au Pérou, au mois de septembre dernier, pour découvrir un pays inconnu et faire plus ample connaissance avec la Honda Varadero.
Claude Leblanc est l’un de ces heureux élus. Ce résident de la Rive-Sud correspond au portrait type du motocycliste actuel. Âgé dans la cinquantaine, il a fait de la moto dans sa jeunesse — il a notamment possédé une Honda XL500 — et a abandonné sa passion pendant quelques années pour se consacrer à sa famille et à sa carrière. Aujourd’hui, il conduit occasionnellement. Il loue une moto pour quelques jours, quand l’envie lui prend de partir à l’aventure. Même s’il ne parcourt pas le monde à moto, il avoue être un touriste curieux. Trois semaines avant son départ pour le Pérou, il était en Asie pour un voyage d’agrément.
« Quand on m’a averti que j’avais été sélectionné, je n’en revenais pas. C’était un rêve qui se réalisait. En fait, il s’agissait de mon premier voyage à moto à l’étranger. Et de mon premier séjour en Amérique du Sud. Je ne m’étais pas préparé pour ce voyage, comme je le fais habituellement et j’ai subi un vrai choc culturel. Et j’ai éprouvé un véritable coup de cœur pour ce pays enchanteur, reconnaît-il. Même si le périple était de haut calibre — les hôtels choisis étaient des quatre étoiles de classe internationale, donc de qualité et sans surprises —, nous avons pu découvrir le Pérou profond, spécialement lors des pauses déjeuner. Le midi, nous arrêtions souvent dans des coins pittoresques, dans des villages reculés où peu de touristes mettent les pieds. Nos guides avaient fait un travail de repérage fantastique avant notre arrivée. C’était vraiment bien de pouvoir ainsi se tremper dans la culture locale. Lors de voyages à moto, on est souvent coupé de la population autochtone, car on accorde davantage d’attention aux routes à parcourir qu’à la découverte des sites et des gens. Ce n’était pas le cas avec ce voyage, et c’est mieux ainsi! »
Le but de cette campagne originale était de promouvoir la Honda Varadero au Canada, de la faire accepter dans les milieux du double usage, mais aussi de faire mieux connaître les Centres Honda aux motocyclistes. « La Varadero n’ayant pas été importée aux États-Unis, elle n’a pas bénéficié d’une publicité à grande échelle en Amérique du Nord, admet Warren Milner, le directeur du marketing de la division moto chez Honda Canada. Nous avons donc dû faire preuve d’imagination pour faire parler d’elle en dehors des sentiers battus, pourrais-je au risque de faire un jeu de mots facile. C’est-à-dire pas uniquement dans les magazines spécialisés. L’an dernier, j’ai effectué un voyage de plusieurs milliers de kilomètres en Alaska avec ma Varadero personnelle. Ce qui m’a permis de démontrer le potentiel tout terrain et la fiabilité de cette machine aux amateurs de ce genre d’aventure. À mon retour, j’ai été très actif sur les forums, sur les blogues dédiés à la conduite double usage et sur les réseaux sociaux, ce qui m’a permis de tisser des liens avec les internautes. Le Pérou est un pays qui fait rêver et dès l’annonce de notre concours, les discussions sur Internet ont été très nombreuses et animées. Beaucoup de membres de ces sites se sont rendus dans un Centre Honda et ont complété le test de pilotage leur permettant de participer au tirage. Ce test était difficile et demandait une certaine expérience, mais il n’était pas nécessaire d’être un pilote hors route confirmé pour le réussir.»
Quelques mois plus tard, les huit gagnants du concours, accompagnés de Warren Milner et de deux guides de MotoQuest Tours se retrouvaient à Arica, au Chili pour prendre livraison de leurs motos avant de passer la frontière pour le Pérou. Un parcours de 2100 kilomètres en sept jours, à travers la Cordillière des Andes les attendaient. Dans une contrée inconnue et inhospitalière par endroits. En chemin, ils emprunteraient la grande Route Panaméricaine pour traverser le désert d’Atacama, ils longeraient le lac Titicaca et ils visiteraient la cité antique de Machu Picchu. Un vrai itinéraire de rêve.
Mais il s’en fallut de peu que le voyage n’ait jamais lieu. En effet, quelques semaines avant le départ, 12 Varadero neuves, équipées de leur ensemble de bagages (8 pour les participants, 2 pour les guides de MotoQuest, une pour Milner et une comme réserve de pièces, en cas de problème) attendaient au port de Montréal qu’on les expédie par mer au Chili. Malheureusement, la grève des débardeurs les cloua au sol. Trop longtemps pour qu’elles arrivent à temps à destination. Dans l’urgence, la décision fut prise d’expédier 12 autres motos de Toronto à Arica par avion, dans leur caisse d’origine, c’est-à-dire non assemblées et non préparées. Les coûts de transport supplémentaires générés par cette mésaventure n’étaient pas les seuls problèmes qui attendaient nos aventuriers. Car, une fois les Varadero arrivées à destination, il a fallu les assembler en deux jours. Sans atelier, ni outils, ni aide extérieure, malgré l’intervention de Honda Chili. « Je n’ai eu d’autre choix que de préparer les motos moi-même, avec les outils fournis avec les machines, avoue Milner en souriant. Une tâche titanesque compte tenu des délais serrés et du manque de ressources. J’ai néanmoins réussi à assembler six motos par jour sur le stationnement de l’hôtel. À la fin, j’étais tellement habitué que j’aurais pu le faire les yeux fermés. Mais je me serais bien passé de cette prouesse! »
On pourrait croire que les déboires de nos intrépides voyageurs s’arrêteraient là, mais c’était sans compter sur la loi de Murphy… et le zèle parfois excessif des douaniers. Le premier jour, les participants parcoururent les 25 kilomètres les séparant de la frontière entre le Chili et le Pérou sans embûches. Mais, au moment de passer la douane, ils durent attendre cinq heures afin de régler des problèmes de paperasserie administrative. Rien n’est facile quand on est loin de chez soi, qu’on ne parle pas la langue et que l’on se trouve dans une situation irrégulière, même si c’est de bonne foi. De plus, l’impossibilité de rouler de nuit au Pérou (c’est interdit par la loi semble-t-il) rendait l’expédition périlleuse. Pour parcourir les 250 kilomètres les séparant de leur hôtel avant 17h30, heure de la tombée du jour, à travers le désert d’Atacama, il leur fallut rouler à fond de train. Une manœuvre d’autant plus délicate qu’aucun d’entre eux ne connaissait vraiment la Varadero et encore moins la Route Panaméricaine, laquelle recèle de nombreux pièges. Sans compter qu’à la vitesse élevée à laquelle ils roulaient, ils auraient sûrement passé la nuit en cellule en cas de contrôle routier.
Ils arrivèrent malgré tout à Moquegua, capitale de la verdoyante oasis éponyme, juste avant que le soleil se couche à l’horizon. Fourbus et un peu tendus. « Le premier soir, j’étais un peu découragé, reconnaît Claude Leblanc. Je me disais que si l’on devait rouler à ce rythme là pendant tout le séjour, je ne tiendrais pas le coup. En fait, le troisième jour, je me suis arrangé avec le guide qui fermait la marche pour rouler plus tranquillement, à mon rythme. Dès lors, le voyage m’est apparu plus intéressant. Et j’ai pu savourer mon expérience pleinement.»
Le deuxième jour, nos aventuriers se retrouvèrent à Puno, au terme d’un trajet de 450 kilomètres. Cette ville de province, qui s’est auto-proclamée capitale du folklore péruvien, accueille de nombreuses fêtes, dont la plus importante est celle de la Vierge de la Candelaria, en début d’année. Sa proximité avec le lac Titicaca, le lac navigable le plus étendu et plus élevé au monde (8 300 km2 de surface et 3 812 m d’altitude) et de sites somptueux comme Sillustani, célèbre pour ses tours funéraires appelées « chulpas», ou encore de l’île de Taquile, en font une étape incontournable pour les voyageurs qui découvrent la région. Cependant, quand on arrive de la vallée, il faut prendre garde de ne pas être victime du « sorroche », autrement dit, le mal des hauteurs. Dans le luxueux hôtel où nos Canadiens résidaient, sur les rives du Titicaca, un d’eux en fut victime. Alors qu’il prenait sa douche, il s’évanouit et tomba lourdement dans la baignoire. Quand le médecin du village l’observa, il diagnostiqua une fracture de plusieurs côtes et une contusion au foie.
Le lendemain, le malheureux dut cependant compléter le trajet de 500 kilomètres entre Puno et Ollantaytambo, l’ancienne forteresse Inca, en camion. Et il manqua la visite du Machu Picchu, le surlendemain.
En chemin, le groupe fit une pause à Cuzco, la capitale de l’ancien royaume inca et la troisième ville en importance du Pérou. Dans cette métropole populeuse, où les messages politiques fleurissent sur les façades des maisons comme les graffitis sur les murs des métropoles nord-américaines, la circulation est chaotique, pour employer une expression politiquement correcte. Et il fut difficile pour nos pilotes peu habitués à la conduite sud-américaine de rester en groupe sans risquer un accident.
La visite du Machu Picchu fut l’un des temps forts de ce périple magnifique. On se rend sur les lieux en train, à partir d’Ollantaytambo, aucun véhicule motorisé ne pouvant accéder au site. Et là, on découvre la ville sacrée, oubliée pendant des siècles, qui est considérée comme une œuvre maîtresse de l’architecture inca. Elle fut dévoilée au monde en 1911, par l’archéologue américain Hiram Bingham. Le site qui se trouve à l’est de la Cordillière des Andes, aux débuts de la forêt amazonienne, est à couper le souffle et mérite la réputation dont il jouit.
De là, l’expédition revint sur ses pas, à Arica, en repassant par Puno, mais en empruntant un trajet différent, afin de rompre avec la monotonie et de découvrir d’autres lieux sublimes en route.
Bien qu’aucun incident majeur ne fut à déplorer, Warren Milner reconnaît que le voyage a été stressant par moments. «Je ne pense pas que nous organisions un autre voyage de ce genre à court terme, Pas l’an prochain en tout cas. La logistique requise et les moyens mis en œuvre pour mener à bien une telle aventure sont énormes. Cependant, lors de cette expédition, nous avons atteint tous les buts que nous nous étions fixés avant le départ. Même si la couverture journalistique a été quasi inexistante, volontairement, les retombées que nous avons obtenues, par le biais des forums, des blogues et des réseaux sociaux ont été extraordinaires. Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui reconnaissent le potentiel tout terrain de la Varadero et sa fiabilité. Et un grand nombre de motocyclistes ont pu visiter un Centre Honda et apprécier le service qu’ils y ont reçu. Et c’est exactement le but que nous cherchions à atteindre.»
Quant à Claude Leblanc, il a été enchanté de son expérience. «En octobre dernier, j’ai profité de la température clémente que nous avons eue pour louer une Varadero quelques jours. Et rêver au Pérou. J’ai hâte d’y retourner!»