Une habitude à proscrire ?
Publié le 16 février 2022
La mode hipster aidant et le tourisme d’aventure se développant, on voit de plus en plus de motocyclistes rouler avec un sac à dos, en solo, mais aussi en duo, ce qui est encore plus incongru. Mais est-ce une pratique dangereuse qu’il convient d’éliminer de notre pratique de motocycliste ?
Photos © Didier Constant, Dainese, Enduritsan, Erode, Givi, Kriega, Lone Rider, Mosko Moto, Velomacchi, Yamaha
Depuis quelques années, rouler à moto avec un sac à dos est devenu « hip » et le nombre de modèles destinés aux motocyclistes explose. Tous les équipementiers moto y vont de leur interprétation personnelle — Aerostich, Alpinestars, Dainese, Enduristan, Givi, Kappa, Kriega, Leatt, Mission Workshop, Mosko Moto, Ogio, SW Motech, Velomacchi, Zulupack —, sans oublier les principaux constructeurs de motos. C’est une véritable pandémie.
Pourtant plusieurs études nous alertent sur la dangerosité des sacs à dos à moto. Dans certains pays, c’est même quelque chose qu’on enseigne aux apprentis-conducteurs lorsqu’ils suivent leur cours de conduite.
Personnellement, je n’en porte quasiment jamais, je ne suis pas tellement fan. Je les trouve encombrants, lourds, peu pratiques, pas aérodynamiques et dangereux. Ça fait des années que je roule régulièrement avec une dorsale sur route et je sais les dommages qui peuvent être causés à ma colonne vertébrale en cas de chute. Dans une telle éventualité, j’imagine aisément ce qui pourrait m’arriver si je portais un sac à dos contenant des accessoires électroniques (appareils photo, ordinateurs) et autres objets contondants ou métalliques (cadenas, chaîne, antivol en U, bouteille en verre). Même à basse vitesse, les dommages pourraient être irrémédiables, voire létaux. Que l’on porte un sac à dos avec protection intégrée (dorsale ou coque) n’y change pas grand-chose en fin de compte.
Un sac dur, volumineux ou lourd peut également modifier la glisse en cas de chute, engendrer ou accentuer la culbute et donc aggraver les traumatismes. Par ailleurs, le port d’un sac à dos amenuise le rôle d’amortisseur joué par la colonne vertébrale. L’arrondi qu’elle décrit naturellement est contrarié ou exagéré par la présence d’un sac et peut entraîner une rupture au niveau du rachis cervical ou des lombaires.
Un autre des risques encourus est que le sac se prenne dans une des parties de la moto ou dans un objet extérieur lors d’une chute. En cas d’accrochage, les sangles qui passent sous les aisselles pourraient également causer un étirement ou un arrachement du plexus brachial et engendrer des dommages au bras et aux nerfs qui le parcourent, pouvant aller jusqu’à la paralysie.
Si vous portez un sac gonflable, sachez que l’utilisation d’un sac à dos est contre-indiquée, même interdite dans certains cas, car il pourrait causer un dysfonctionnement de l’airbag.
Même si vous pensez que vous ne chuterez pas et que vous n’êtes donc pas à risque — le nombre de personnes qui se pensent invulnérables est malheureusement élevé, il suffit de voir ceux qui roulent avec un casque ouvert minimaliste, en shorts, en t-shirt, en sandales et sans gants pour s’en rendre compte —, les inconvénients du sac à dos sont nombreux et rédhibitoires en ce qui me concerne.
À commencer par l’effet parachute qui vous transforme en voile humaine passée une certaine vitesse. C’est assez pour vous déséquilibrer en roulant. Même chose pour le poids qui, placé haut, rehausse le centre de gravité du binôme moto/pilote et crée une instabilité flagrante. C’est de la physique élémentaire. Pas besoin d’être Einstein pour le comprendre.
Les alternatives pratiques et sûres
Bien sûr, le sac à dos est pratique, facile à utiliser et ne demande aucune modification à la moto. De plus, il ne dénature pas l’esthétique de votre machine. Et c’est ce qui le rend si populaire. Pourtant, il existe des alternatives.
À commencer par un sac de réservoir. Personnellement, je suis adepte. Je possède plusieurs sacs de réservoir de capacités différentes, utilisant divers types de fixation — à sangles, aimantées ou à bride Tanklock, un système sans contact développé par Givi —, selon la moto que je conduis. J’en utilise un quotidiennement, car je ne mets quasiment rien dans les poches de mon blouson ou de mon pantalon, mais j’aime quand même avoir accès à mes effets personnels (portefeuille, téléphone, passeport, carte routière, clefs) et à mes accessoires (bouchons d’oreille, chiffon microfibre, canif, multioutil, lunettes de soleil) rapidement et facilement. Je privilégie les sacs de petite ou moyenne capacité (7 à 20 litres maximum) pour que le sac ne constitue pas une entrave au pilotage et n’affecte pas négativement l’équilibre de ma moto.
Quand j’ai plus d’effets à transporter, dans le cas d’une balade d’un ou plusieurs jours, j’installe un sac de queue, le plus souvent c’est mon excellent Lone Rider Overlander ou un sac étanche de type polochon, soit sur le porte-bagages, si ma moto en est pourvue, soit en travers de la selle passager, quand je roule en solo.
Pour transporter des objets volumineux, je recours alors à un filet-araignée, un accessoire éminemment utile et économique, le meilleur ami du motocycliste à mon avis ou à des sangles extensibles Rok Straps..
Sinon, selon la moto que je pilote, je me fie à un top case et à des valises latérales, souples, semi-rigides ou rigides, une solution offrant une capacité d’emport importante et permettant de bien répartir la charge sur la moto. Et pour ceux qui voyagent loin et lourdement chargés, il y a toujours la remorque moto.
Comme vous le voyez, les options sont nombreuses et la plupart ne sont pas permanentes et ne nécessitent pas l’installation d’une quincaillerie disgracieuse sur votre sublime monture. Toutes ces alternatives au sac à dos sont pratiques, sécuritaires et souvent accessibles.
Précautions à prendre
Si malgré toutes ces mises en garde, vous décidez néanmoins de conduire avec un sac à dos, il y a certains conseils à suivre et des précautions à prendre.
Optez de préférence pour un sac à dos conçu pour la moto, avec une protection intégrée — plaque dorsale ou construction rigide —, qui concilie capacité de rangement, maintien, confort de port, étanchéité et polyvalence, un sac que vous pouvez également utiliser quand vous descendez de moto pour explorer votre environnement à pieds. Évitez tant que possible les sacs conçus pour la randonnée.
Idéalement, votre sac à dos devrait être peu volumineux et le plus mou possible. Même s’il est renforcé, cela ne signifie pas pour autant que le transport d’objets durs et lourds est sans danger. Souvenez-vous que plus un sac est gros, plus on a tendance à le charger, ce qui n’est pas conseillé, même quand le contenu est mou.
Choisissez de préférence un sac à compartiments multiples afin de répartir son contenu de façon homogène et ainsi limiter les transferts de masses en roulant. Il devrait également être ajusté à votre dos pour ne pas ballotter au vent.
Les sacs à dos destinés à la moto comportent généralement un harnais complet et complexe fait de nombreuses sangles, d’élastiques et de clips. Encore faut-il l’installer correctement. Un bon maintien est primordial et devrait se faire sur le tiers supérieur du sternum, la partie la plus solide du haut du corps. La sangle ventrale devrait idéalement passer sous le nombril, de préférence au niveau des lombaires et le serrage s’effectuer à la hauteur du bassin.
Veillez à ne pas laisser les sangles flotter librement. Elles pourraient en effet se prendre dans les roues ou dans des objets extérieurs.
Pour une bonne répartition de la charge sur votre dos, optez pour un sac doté de bretelles larges et rembourrées. La partie en contact avec votre dos devrait également être rembourrée, mais aussi laisser l’air circuler afin de préserver votre confort, limiter la fatigue, prévenir les courbatures et ne pas vous gêner. Ce qui aurait pour effet d’atténuer votre vigilance au guidon et d’entraver votre agilité et votre mobilité sur la moto.
Un sac imperméable est un must à moto. Le tissu et les différents zips doivent être étanches afin de protéger le contenu de votre sac de l’eau. Dans le cas contraire, prévoir une housse imperméable peu volumineuse se rangeant facilement dans une poche du sac.
Votre sac doit également être solide et être réalisé dans un matériau résistant à l’abrasion et à l’usure. Les coutures renforcées sont à privilégier.
Ne jamais rouler avec un sac à dos auquel un casque est fixé, même solidement. En cas d’accident, c’est la catastrophe assurée.
Si vous roulez en tout-terrain avec un sac à dos, veillez à ce qu’il ne se prenne pas dans les branches, les clôtures, les poteaux ou les fils barbelés.
J’espère que ces quelques informations vous aideront à faire un choix éclairé.