L’art de la superposition des couches
Publié le 14 décembre 2020
Si vous êtes du genre à rouler tôt au printemps ou tard à l’automne, voire en hiver, vous savez que combattre le froid et l’humidité n’est pas toujours chose facile. À moins d’adopter le principe des pelures d’oignon cher aux adeptes des activités de plein air (ski de fond, camping d’hiver, raquette, motoneige, escalade, exploration polaire…).
Photos © Didier Constant, Dave Beaudoin, Forcefield, Patrick Laurin, Izoard Photo, Daniel Mallard, Scott, SixS, Kevin Wing
Le principe de la stratification
La stratification c’est l’art de multiplier les strates (couches) de vêtements — ce qu’on appelle également le principe des pelures d’oignon — dans le but de garder votre corps au chaud et au sec, quelles que soient les conditions extérieures.
Quand il fait froid, les muscles produisent autant de chaleur que par temps chaud, mais celle-ci se perd plus facilement. Il faut donc enfiler plusieurs couches de vêtement superposées qui enferment l’air et procurent une bonne isolation. Lorsque le corps s’échauffe, on peut enlever une couche que l’on remet plus tard, quand il se refroidit.
À moto, je jongle généralement avec trois couches de vêtements : la couche de base, la couche intermédiaire et la couche extérieure. Chacune étant technique dans sa conception et sa nature et remplissant une fonction spécifique dans la lutte contre la déperdition de chaleur. Le but étant de ne pas frissonner en selle tout en étant à l’aise dans ses vêtements. En effet, trop de couches peuvent nuire, car on devient alors engoncé et on ne peut plus combattre le froid ni bouger efficacement.
La superposition des couches
À moto, trois couches techniques sont suffisantes pour rester au chaud en toute occasion :
- La couche de base : respirante et ajustée pour rester au sec ;
- La couche intermédiaire : isolante pour conserver la chaleur ;
- La couche externe : protectrice pour se prémunir des intempéries, des chocs et de l’abrasion.
La couche de base
La couche de base est la plus importante de cette stratégie et celle que l’on néglige le plus souvent. C’est notre dernière ligne de défense contre le froid. Outre la rétention de la chaleur, la couche de base sert également à évacuer l’humidité. Pour une efficacité maximale, il faut la choisir ajustée, près du corps.
Du point de vue des matériaux, il faut éviter les tissus comme le coton, car il est froid lorsqu’il est mouillé et il retient l’humidité, mais aussi certaines fibres synthétiques qui ne respirent pas bien ou conservent les mauvaises odeurs.
Le tissu que je privilégie est la laine mérinos, car elle est antibactérienne (elle limite naturellement la formation de mauvaises odeurs) et conserve sa chaleur même lorsqu’elle est mouillée. L’efficacité de la laine mérinos dépend de son épaisseur, laquelle s’exprime en grammes par mètre carré. Plus le chiffre est élevé, plus le pouvoir thermique du vêtement est important. De plus, elle procure une grande liberté de mouvement, est respirante, légère et douce.
Le polyester est le matériau le plus utilisé pour les couches de base. Il est relativement peu coûteux et offre d’excellentes performances, notamment parce que les fibres peuvent être tricotées pour obtenir une étoffe très légère et durable. Il absorbe activement l’humidité, mais il ne sèche pas particulièrement bien une fois mouillé. Sa capacité à réduire les odeurs est donc limitée.
Le polyamide est une fibre très résistante, respirante et extensible. Il permet une très bonne gestion de l’humidité, une réduction des odeurs par ses propriétés naturelles ainsi qu’une bonne thermorégulation. Quand il est mélangé à d’autres fibres techniques, le polyamide favorise le body mapping 3D (on l’utilise notamment pour les vêtements dits de compression) et limite les irritations.
De nombreux vêtements utilisés comme couche de base sont réalisés dans des mélanges de diverses fibres, dont l’élasthanne (Lycra), le BeCool ou le Dryarn qui procurent chacune des avantages complémentaires.
La couche intermédiaire
La couche intermédiaire est sans doute la plus délicate à gérer. Pour les journées froides, je privilégie une veste isolante en duvet naturel ou synthétique. Le premier a l’avantage d’être léger, compressible et très chaud, tandis que le second résiste généralement mieux à l’humidité. Les vêtements en laine polaire sont moins chers et font toujours un travail adéquat, surtout si les températures ne sont pas excessivement basses. Plus elles sont fines, mieux c’est, car dans des conditions plus difficiles, on peut doubler la couche intermédiaire et intégrer une quatrième couche.
La couche extérieure
C’est la couche qui impose le plus de compromis. Personnellement, je choisis généralement une veste fine qui combine le nylon, le Cordura, un matériau qui résiste bien à l’abrasion et une membrane laminée. Celle-ci offre l’avantage d’être légère, imperméable et procure une plus grande liberté de mouvement. C’est plus cher, mais c’est aussi plus efficace et polyvalent.
La chaleur étant assurée par la couche intermédiaire, il convient, dans le cas présent, de favoriser la résistance à l’eau, la protection et la ventilation. Autant d’éléments qui vont influencer votre confort et votre sécurité.
Le Gore-Tex est sans doute la membrane imperméable et respirante la plus efficace sur le marché. Elle peut être laminée en plusieurs couches pour plus d’efficacité. Mais il existe d’autres membranes imperméables tout aussi bonnes et plus abordables (Drystar, hydratex|3, OutDry, D-Dry, Dryo, Sympatex, etc.). Choisissez-la en fonction de votre budget, mais aussi de votre exposition aux intempéries.
Plus une veste est longue, mieux elle vous protège, particulièrement au niveau du cou et du bas du dos, deux portes d’entrée favorites du froid et de l’humidité. Veillez à ce qu’elle couvre tout votre corps.
Les vestes multicouches
Dans le créneau des vêtements d’aventure, on trouve de nombreuses vestes triple couche (3-en-1) ou double couche (2-en-1). Dans ce cas-ci, l’imperméabilité est assurée par une doublure étanche amovible portée sous l’enveloppe extérieure et la chaleur par une doublure thermique également amovible. Les deux peuvent être utilisées séparément ou conjointement, selon les conditions.
Dans le cas des vestes 2-en-1, les doublures isolantes et imperméables sont combinées en une seule couche. C’est moins cher, mais moins polyvalent.
Le degré de protection qu’offre ce type de vêtement mérite également d’être pris en considération. Optez pour une veste qui affiche une bonne résistance à l’abrasion et est équipée de protecteurs certifiés au niveau des épaules, des coudes et du dos, a minima.
Personnellement, je ne suis pas un adepte des vêtements multicouches, même si j’en possède plusieurs. Je les utilise principalement quand je suis certain que les conditions météos vont être clémentes. Si par malheur il pleut, j’enfile alors un habit de pluie classique plutôt que la doublure imperméable. Ça évite que la coque extérieure, qui elle n’est pas étanche, se gorge d’eau et reste mouillée pendant de longues heures, voire plusieurs jours. Même chose pour la doublure isolante. Je préfère porter ma couche intermédiaire habituelle plutôt que la doublure fournie par l’équipementier, laquelle est rarement efficace.
Les accessoires pratiques
En plus de ces trois couches, d’une bonne paire de gants et de bottes étanches, j’utilise plusieurs accessoires pour me garder au chaud et au sec : balaclava, bonnet, tour de cou, sous-gants, cagoule de crâne, chaussettes, etc. Ceux-ci constituent une barrière efficace contre le froid, le vent et la pluie. On les choisit avec le même soin que la veste ou le pantalon de notre ensemble.
En cas de grand froid, j’ai recours à des vêtements chauffants (veste, pantalons, gants, semelles) en plus d’installer des poignées chauffantes ou des manchons sur ma moto.
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