Visite de l’usine KTM à Mattighofen, Autriche
Publié le 31 juillet 2014
Profitant d’un récent voyage en Europe durant lequel j’ai traversé l’Autriche, je me suis arrêté à Mattighofen pour visiter le siège social et l’usine d’assemblage de KTM. Une visite qui m’a rendu heureux comme un gamin dans une confiserie…
Photos: Didier Constant et KTM
La route qui relie Salzburg à Mattighofen, quartier général de KTM est une véritable pousse au crime. Elle sillonne une région rurale vallonnée, peu habitée et rarement patrouillée par les policiers. Dotée d’un revêtement impeccable, la route monte, descend et tournicote sans répit, offrant aux motocyclistes un terrain de jeu incroyable fait de grandes courbes rapides où l’on peut prendre des angles de fou. Les lignes droites y sont rares, mais permettent néanmoins de relaxer un peu entre deux sections viroleuses. Pas étonnant, avec de telles routes — sans oublier celles des Alpes autrichiennes situées à quelques encablures — que les motos de route de KTM soient si caractérielles et méritent pleinement le qualificatif de «Ready To Race».
Après trente de minutes de pur plaisir, j’arrive à Mattighofen, au siège social de KTM où je dois rencontrer mon contact afin d’effectuer une visite guidée de l’usine d’assemblage KTM/Husqvarna/Husaberg.
Contrairement à certains constructeurs où toutes les opérations se déroulent sous un même toit, KTM dispose d’une dizaine d’usines et de bureaux. On compte le siège social et l’usine d’assemblage, l’usine de fabrication des moteurs, l’entrepôt de pièces et accessoires, les ateliers de WP Suspension, les bureaux de recherche et développement, le studio Kiska responsable du design de tous les véhicules de la marque, mais aussi les bureaux de KTM Racing, de KTM Adventure Tours, de KTM Dealer & Financial Services et de KTM Sportscar où est fabriquée la X-Bow, la voiture de sport de KTM. À cela s’ajoute une usine localisée en Inde, construite en partenariat avec le constructeur indien Bajaj.
Les produits KTM sont distribués par 26 filiales et deux coentreprises, une à Dubaï et une en Nouvelle-Zélande. Les importateurs de la marque à travers le monde desservent plus de 1 700 concessionnaires indépendants.
La plupart des installations de KTM sont regroupées autour de Mattighofen, une commune autrichienne du district de Braunau am Inn, en Haute-Autriche, située à environ 40 km au nord de Salzburg et à 300 km à l’ouest de Vienne. La ville qui s’étend sur 5 km2 comptait 5799 habitants au premier janvier 2013. Elle dépend économiquement de KTM qui est le principal employeur de la région.
Le siège social de KTM et l’usine d’assemblage se trouvent dans un édifice récent et moderne situé en rase campagne. C’est là que sont produites toutes les motos de tout-terrain et les routières de plus de 390 cc de la marque. Les motos de route de petites cylindrées (125 à 390 cc) sont quant à elles fabriquées et assemblées en Inde. Elles passent par l’usine de Mattighofen pour un dernier contrôle de qualité.
En entrant dans l’usine, je suis surpris par la taille modeste de l’établissement, mais surtout par la propreté et le silence relatif qui y règnent. Les chaînes de montage et les postes de travail sont impeccables, propres et parfaitement rangés. Les allées larges dans lesquelles les chariots élévateurs circulent sans encombre séparent les différentes chaînes. Au début de chacune d’elles, les pièces nécessaires à l’assemblage des motos en cours de production sont réparties dans des chariots.
Environ une vingtaine d’étapes entrent dans le processus d’assemblage d’une moto, selon le modèle. En moyenne, il faut compter 45 minutes pour assembler une KTM, une durée qui peut varier selon le type de machine. Chaque moto qui sort de la chaîne subit ensuite différents tests de conformité (passage au banc dynamométrique, normes antipollution, rodage de base) avant de passer à l’étape finale du contrôle de la qualité pour finalement être entreposée dans la zone d’expédition, où elle est classée par destination finale et par modèle.
Au cours de la visite, on traverse différentes zones plus ou moins secrètes dans lesquelles on tombe à l’occasion sur des pièces de performance (freins Monobloc Brembo, échappements Akrapovic, suspensions WP, jantes Marchesini…) attendant d’équiper les modèles les plus exclusifs de la marque, sur des séries limitées réservées à certains marchés, sur des prototypes en cours de développement, sur des modèles inédits qui seront lancés la saison prochaine ou plus tard — non, je ne peux pas vous dire lesquels —, et sur des motos de course qui ont fait la gloire de la compagnie. On croise aussi des pilotes des différentes écuries de course et certains pontes de chez KTM.
Cette visite qui a duré un peu moins d’une heure a été vraiment enrichissante pour moi. Pas parce que j’aurais reçu des cadeaux (en fait, je n’ai même pas eu droit à un porte-clefs, à un stylo ou à un t-shirt… Rien! Nada!), mais parce qu’elle m’a permis de voir comment travaillent les employés de KTM et à quel point ils sont passionnés par la moto. Beaucoup d’entre eux sont des motocyclistes convaincus, certains sont même d’anciens pilotes professionnels sur piste ou en tout-terrain. Particulièrement parmi les cadres de l’entreprise. La passion qu’ils entretiennent pour la moto et pour la marque se retrouve dans les produits que KTM fabrique. Ce qui explique certainement pourquoi peu de machines orange sont banales. Elles font toutes preuve d’un caractère trempé, de la petite 50SX à la Super Duker 1290R. C’est inscrit dans leur héritage génétique!
KTM en quelques chiffres
- En 2013, KTM a vendu 123 859 motos à travers le monde, un chiffre en hausse de 15,6% sur l’année précédente. Et la tendance semble vouloir se maintenir en 2014.
- Aujourd’hui, les motos de route représentent 50% du marché de KTM. En 2013, KTM a vendu environ 50 000 motos d’enduro, 20 000 motos de cross et 55 000 routières.
- En moyenne, 300 à 400 motos sortent quotidiennement des chaînes de montage de l’usine de Mattighofen.
- En 2013, les modèles les plus vendus de KTM étaient la 1190 Adventure, la Duke 200 et la 350 EXC-F.
- L’assemblage d’une moto comporte environ 17 étapes. Chaque étape prend de 2,5 minutes (50SX) à 9 minutes (1190 Adventure) par machine pour une moyenne de 45 minutes.
- Les motos Husaberg et Husqvarna sont également assemblées à Mattighofen.
- À la fin de 2013 KTM employait 1 849 personnes dans le monde entier.
KTM et la compétition
Fidèle à sa philosophie «Ready to Race» KTM est engagée avec succès dans la course depuis ses débuts. Connue pour son implication en enduro et en motocross, deux disciplines dans lesquelles elle a remporté de nombreux titres mondiaux et nationaux, notamment avec le légendaire Heinz Kinigardner, la firme autrichienne s’est surtout distinguée en rallye-raid, remportant le Rallye des Pharaons à plusieurs reprises, le Rallye Paris-Pékin, le Rallye de l’Atlas, mais surtout, les 14 dernières éditions du Dakar (KTM est invaincue sur ce rallye depuis 2001) grâce à des pilotes de renom tels Richard Sainct, Fabrizio Meoni, Nani Roma, Cyril Despres et Marc Coma.
En vitesse, KTM a motorisé les Proton de l’écurie MotoGP de Kenny Roberts en 2005. Pilotée par les Britanniques Shane Byrne et Jeremy McWilliams, la KTM/Proton n’a pas complété la saison à la suite de disputes internes entre KTM et le constructeur du châssis. KTM est revenu en Grand Prix par la grande porte en 2012, en catégorie Moto3, remportant les deux premiers titres de la catégorie avec l’Allemand Sandro Cortese (2012) et l’Espagnol Maverick Viñales (2013) au guidon de la KTM RC 250 GP. KTM engage également la RC8R dans les différents championnats nationaux de Superbike, dont le championnat allemand IDM et celui de l’AMA, où la firme est représentée par le pilote Chris Fillmore. Sans oublier les formules de promotion comme la European Junior Cup (2012), la KTM 390 Duke Cup, l’ADAC Junior Cup ou la Red Bull Rookie Cup.