Mauvaise fixation de cible
Publié le 18 décembre 2024
Quand l’habitude de se diriger dans la direction de notre regard est bien ancrée dans le cerveau, elle passe du côté des automatismes. En mode panique, cet automatisme devient prioritaire et peut surpasser dans certains cas le réflexe de vouloir s’éloigner du danger. Il peut devenir si puissant que le pilote se dirigera vers l’obstacle si celui-ci a été fixé trop longtemps en vision centrale.

Photo © Dave Beaudoin
L’œil fixe habituellement un point précis pendant un temps très court, de l’ordre de 250 millisecondes. Cette durée peut varier au besoin de 100 à 500 ms entre deux mouvements de l’œil appelés saccades.
Le terme anglais «Target fixation» a circulé pour les premières fois dans les écoles de formation des pilotes de chasseurs-bombardiers de la Seconde Guerre mondiale, au début des années quarante. L’expression retenue par les Forces alliées faisait référence aux pilotes qui plongeaient en piqué vers des cibles lors de missions de mitraillage et largage sur des cibles au sol. Certains appareils finissaient par s’écraser sur leurs cibles.
En attendant que la science nous en apprenne plus sur ce phénomène, la seule recommandation possible est d’inciter les pilotes à déplacer leur point de fixation le plus souvent possible.
En français, l’expression «Target fixation» est déclinée par les expressions «effet de concentration» ou «fixation de cible». Ces dernières ne doivent pas être confondues avec «fixation visuelle» qui décrit le mouvement involontaire des yeux destiné à amener en vision centrale les objets perçus en périphérie.
Cette tendance à se diriger vers la position que notre regard fixe pourrait expliquer le nombre considérable de véhicules d’urgence avec les gyrophares allumés qui sont quand même percutés par l’arrière alors qu’ils sont immobilisés en bordure de route. Les chercheurs travaillent encore à élucider ce phénomène qui porte le nom de «moth effect» en référence aux papillons de nuit attirés par la lumière.