Un rêve de gosse réalisé
Publié le 10 novembre 2023
Notre collaborateur Richard Turenne nous explique comment et pourquoi il est devenu propriétaire d’une Kawasaki Z900RS SE 2022, alors qu’il s’était rangé des quatre cylindres en ligne de puis des lustres.
Texte : Richard Turenne — Photos : © Didier Constant, Kawasaki
Retour en arrière : 1972
- Le 1er janvier, au Québec, l’âge de la majorité passe de 21 à 18 ans.
- Guy Lafleur en est à ses débuts avec le CH, il porte toujours un casque protecteur ; le Démon blond n’est donc toujours pas né.
- Le produit final du projet « New York Steak » voir enfin le jour *
- J’avais 15 ans.
Un peu d’histoire
Kawasaki travaillait déjà au développement d’une moto 4 cylindres de 750cc à moteur 4 temps quand, en 1968, Honda annonça la sortie de la CB750 pour l’année-modèle 1969.
Est-ce utile de mentionner que chez Kawasaki ce fut la stupéfaction ? Les dirigeants décidèrent alors de hausser à 900cc la cylindrée de leur future moto. Il fallait absolument battre la Honda !
En juin 1972 la moto fut présentée aux journalistes et le lancement officiel eut lieu en septembre de la même année.
Même le légendaire Yvon Duhamel a participé aux essais de la Z1 originale, comme rapporté ici par le magazine Motorcyclist. « Three new Zs broke all sorts of records at Daytona in March of 1973. A Yoshimura-prepped Z ridden by Yvon Duhamel lapped the speedway at 160.199 mph » — John Burns, February 24, 2009, Motorcyclist.
Auparavant Kawasaki ne produisait que des motos de route à moteur 2 temps (sauf pour la W650, copie des motos anglaises).
Un concessionnaire pouvait alors vendre des Honda et des Kawasaki sous le même toit puisque les machines avaient des motorisations différentes. Mais la venue de la Z1 changea la donne. La compétition était différente à l’époque, surtout dans le marché rural du Québec. Le concessionnaire de ma petite région a d’ailleurs dû faire un choix entre les deux marques suite à la sortie de la Z1.
2018 — Un vent souffle sur les braises
L’équipe de Motoplus a les deux versions de la Z900 RS en essai (la Café et la SE). Et mi, j’ai la chance d’essayer les deux versions. Pour moi, c’est une révélation. Depuis une quinzaine d’années, je n’ai possédé que des motos à 2 ou 3 cylindres. Les motos à moteur 4 cylindres en ligne font partie de mon passé ; les quelques « 4 en ligne » que j’ai essayés depuis m’ont plu, mais sans plus, certainement pas au point de vouloir en racheter une.
Mais… le moteur de la Z900RS a rallumé une flamme en moi et dans mes yeux. La performance et le son émis par le 4-en-ligne et son système d’admission m’ont littéralement conquis. À partir de ce moment, je sais qu’un jour cette moto serait mienne. Il faut seulement que les planètes s’alignent.
Quand Motoplus a de nouveau en test une Z900 RS Café en octobre 2020 je me tiens loin de la machine. Même lors des séances photos, je regarde ailleurs ou fais semblant d’être occupé à ajuster quelque chose sur l’affaire qui est sur la chose loin de la RS ! Je sais que je ne dois pas toucher à ces guidons puisque les planètes financières ne sont pas encore alignées.
2022 — Pleine lune en bélier
L’alignement des planètes a lieu en décembre 2022. J’ai trouvé preneur pour la moto que je posséde, le prix pour une Z900RS 2022 est bon et cerise sur le sundae c’est la nouvelle version SE avec suspension arrière Öhlins et freins avant Brembo. En plus, c’est la version « Yellow Ball » je vous laisse deviner la couleur ! L’ado de 15 ans qui sommeille en moi ne peut résister. Par un soir de pleine lune hivernale, la transaction est conclue.
L’hiver fut long et le printemps pas assez hâtif, mais j’ai finalement pu prendre possession de ma Z à la mi-avril. Non seulement mes dernières motos n’étaient pas des 4 cylindres, mais elles avaient toutes un carénage et étaient toutes de type « aventure
Je dois avouer que les premières sorties sont un peu déstabilisantes. Complètement exposé au souffle d’Éole, je me questionne souvent sur la pertinence de mon choix en ce début de printemps.
Mais le comportement plus sportif de la Z et les performances de son moteur plein de couple me font oublier les affres du vent vernal plutôt frisquet.
Même que plus la saison avance, plus j’apprécie de devoir affronter un flot d’air régulier contrairement aux turbulences toujours engendrées par les motos d’aventure avec leurs petits carénages. Avec mon squelette de 1,88 m, les seules motos qui parviennent à me protéger efficacement sont les celles dotées d’un carénage complet, genre BMW RT ou Honda Goldwing.
Durant la saison estivale, chaque fois que je retrouve ma Z après une journée d’essai au guidon d’une autre moto, un sourire apparaît sur mon visage, et je me dis « mais qu’elle est belle ma Z ».
Et cette joie monte encore d’un cran quand je démarre son 4 cylindres et que j’entends le son feutré de cette architecture moteur au ralenti. Aucun bruit mécanique disgracieux ne vient entacher cette symphonie en 4 temps… ou plutôt 4 cylindres !
Ce qui me plaît aussi , c’est le fait qu’elle n’a que le minimum syndical en matière de béquille électronique ; freins ABS, contrôle de traction et système d’injection de carburant ! Pas de mode de conduite ; avec l’âge ou avec la sagesse, c’est selon, mon cerveau a beaucoup plus de contrôle sur mon poignet droit.
Considérant l’expertise de Kawasaki dans les moteurs 4 cylindres en ligne je ne suis pas inquiet pour la fiabilité ou l’endurance du moulin de ma Z, à long terme.
Seule ombre au tableau, considérant mon faible niveau de fidélité envers mes motos depuis quelques années, je me demande si mon attachement survivra au long hiver qui commence à peine.
Plein de nouvelles venues me font déjà le jeu de la séduction ! À moins que la Z ne soit prête à partager son stationnement… et mon budget.
FICHE TECHNIQUE
INFORMATIONS GÉNÉRALES
- Poids tous pleins faits : 214 kg
- Hauteur de selle : 810 mm
- Capacité essence : 17 L
- Consommation : 5,6 L/100 km
- Autonomie : environ 300 km
- Durée de l’essai : 8 000 km
- Prix : 15 999 $
- Coloris : noir/jaune
MOTEUR
- Moteur : 4-cylindres en ligne, DACT, 4 soup./cylindre, refroidissement liquide
- Puissance : 110 ch à 8 500 tr/min
- Couple : 73 lb-pi à 6 500 tr/min
- Cylindrée : 948 cc
- Alésage x course : 73,4 x 56 mm
- Rapport volumétrique : 10,8 : 1
- Alimentation : injection à 4 corps de 36 mm à papillons doubles
- Transmission : 6 rapports avec embrayage à limiteur de contre-couple
- Entraînement : par chaîne
PARTIE CYCLE
- Cadre : treillis tubulaire en acier
- Suspension : fourche inversée, tubes de 41 mm ajustable en détente, compression et précontrainte du ressort ; monoamortisseur horizontal Öhlins S46 actionné par une biellette, ajustable en compression, en détente et en précontrainte du ressort
- Empattement : 1 470 mm
- Chasse/Déport : 25°/98 mm
- Freins : 2 disques Brembo de 300 mm et étriers radiaux monoblocs Brembo M4.32 à 4 pistons à l’avant ; simple disque de 250 mm avec étrier simple piston Brembo à l’arrière.
- Pneus : Dunlop Sportmax GPR300
120/70ZR17 à l’avant
180/55ZR17 à l’arrière
Équipement du pilote
- Casque Arai Quantum-X
- Bottes Stylmartin Vertigo WP
- Blouson Altimate Airway 2
- Gants Scott DualRaid
* « New York Steak » : Le nom du projet que donna la direction de Kawasaki au développement de la 900 Z1. Moto ayant pour mission de déloger la Honda CB750 de son piédestal. Pourquoi « New York Steak » ? Mystère… Peut-être de l’humour japonais ou les chargés du projet aimaient trop le Ponderosa Steakhouse !