Photos © Didier Constant, Nathalie Renaud, Richard Turenne

Même si l’épidémie de COVID a marqué une pause cet été, on en ressent encore les contrecoups. Notamment au niveau des approvisionnements. La plupart des constructeurs éprouvent encore de gros problèmes de production et de livraison de leurs modèles 2022/2023. Et Yamaha est l’un des plus durement touchés à ce chapitre.

En mars dernier, je m’étais arrangé pour disposer d’une Ténéré 700 pour l’été. Le but était d’effectuer un essai à long terme et de faire plusieurs voyages au Canada, mais aussi de tester une foule de bagages et d’accessoires sur la T7 afin d’améliorer son potentiel de voyageuse au long cours.

Fort de cette entente, j’ai commandé tous les équipements que je voulais tester, dont des sacs de selle, de réservoir, de queue, de carénage et autres sacoches GIVI. Mais la moto n’est jamais arrivée à Montréal. Et mon plan « B » qui était d’emprunter la T7 de la flotte de presse pendant quelques semaines, quand les essais réguliers seraient terminés, est également tombé à l’eau, malgré la détermination et le travail acharné du représentant Yamaha de Montréal et du concessionnaire Profil Moto pour que le projet aboutisse.

En effet, la malchance a encore frappé et le confrère qui avait la T7 en test avant que j’en prenne possession n’a rien trouvé de mieux que de chuter avec et de la réduire à l’état de quasi-épave. Pot d’échappement aplati, bras oscillant irrémédiablement endommagé et nombreux autres dégâts. Sans compter d’innombrables égratignures. Du coup, la machine a été immobilisée huit semaines en raison d’une pénurie de pièces de remplacement.

J’ai enfin pu prendre possession de la Ténéré 700 pour trois semaines, fin août/début septembre. Cependant, il était trop tard pour qu’elle nous accompagne en Gaspésie pour le comparatif Harley-Davidson Pan America 1250/Honda Africa Twin Adventure Sports. D’autant plus qu’elle souffrait des séquelles de sa chute dont elle portait encore les stigmates. Nous l’avons donc utilisée pour plusieurs sorties crapuleuses, dont une excursion dans les Laurentides et Lanaudière où elle s’est avérée efficace et amusante, une fois encore. Ce qui n’a fait qu’augmenter ma déception a posteriori.

Depuis mon essai de la Ténéré 700 originelle, à l’automne 2020, rien n’a vraiment changé sur la Yamaha. Les prestations de la Yamaha ne constituent donc pas une surprise pour moi. Vous pouvez d’ailleurs retrouver sa présentation technique et mes impressions initiales dans l’article que j’ai publié à l’époque.

Pour renforcer le caractère d’exploratrice de la T7, j’ai ajouté un porte-bagages accessoire Yamaha, un sac de réservoir Givi Tanklock, un sac cargo GIVI UT908 Ultima-T, une trousse à outils GIVI GRT17 Gravel-T, un sac de guidon GIVI, une extension de béquille latérale GIVI, un support de téléphone SP-Connect et une prise USB double pour recharger mes accessoires électroniques en roulant. Sans oublier ses équipements d’origine pratiques : protège-mains, poignées chauffantes, prise 12 V, bulle haute, sabot moteur et cale-pieds dont les garnitures en caoutchouc s’enlèvent pour offrir plus d’adhérence en hors route. Notons également les excellents pneus Pirelli Scorpion Rally STR qui permettent de rouler à un rythme sportif sur les routes secondaires et de maîtriser les sentiers de gravier roulants des Laurentides.

À l’occasion de cette sortie nordique, je suis accompagné par mon collègue Richard Turenne qui pilote la Honda Africa Twin Adventure Sports. Nous empruntons les routes secondaires qui sillonnent Lanaudière pour rejoindre Rawdon et Chertsey, pour ensuite rallier Saint-Donat.

C’est le milieu de la semaine. Nous sommes seuls sur la route. Pas une auto, pas un camion ne vient troubler cet instant magique. Nous pouvons même photographier nos motos en bordure de route sans risquer de nous faire frapper. À l’approche de l’automne, les couleurs commencent à poindre dans le Nord. Des taches jaunes, oranges et rouges viennent agrémenter le vert des arbres. C’est sublime, cependant, il s’agit d’un signe annonciateur de la fin de notre saison de roulage. Richard et moi roulons en parfaite harmonie sur la 125 Nord en direction de Notre-Dame-de-la-Merci. Même rythme, mêmes trajectoires, même plaisir ! Un vrai ballet à la chorégraphie millimétrée. Comme si nous pilotions par télépathie.

Même si nous connaissons la région sur le bout de nos doigts pour l’avoir parcourue des dizaines de fois, la magie opère encore. Grâce à l’équilibre remarquable de la T7.

Visuellement, la Ténéré est l’une des plus belles aventurières du marché, avec la Honda Africa Twin 1100 Adventure Sports. Sa face avant avec son phare à quatre lentilles est magnifique. Il suffit de poser la Yamaha sur sa béquille dans un pit de sable pour qu’on soit transporté dans le désert du Sahara. La magie Dakar opère immanquablement.

Assis sur la T7, on domine la route. Rien ne semble pouvoir entraver sa progression. Il faut dire que la bête est haute. Sa selle culmine à 875 mm (soit 25 mm de plus que sur la KTM 890 Adventure en position haute ou la Honda Africa Twin 1100 Adventure Sports). C’est haut, surtout quand vous mesurez moins de 1,80 m. Personnellement, je ne peux pas poser les deux pieds à plat au sol. Par chance, le réservoir est étroit à la jonction avec la selle, ce qui facilite les choses. Qui plus est, la selle est étroite et moyennement confortable, surtout lors d’une sortie de plus de 300 km, comme celle que nous avons entreprise. On en profite pour faire des pauses, prendre des photos — le panorama est tellement beau en ce début d’automne —, avaler une collation ou soulager notre vessie.

La garde au sol de la Yamaha est impressionnante — c’est l’une des plus importantes des aventurières — en partie en raison de ses suspensions offrant plus de 200 mm de débattement à chaque extrémité. Et ses suspensions souples, comparativement à celles d’une KTM 890 Adventure R, renforcent le confort routier de la machine sans entraver outre mesure son potentiel hors route, tant que l’on reste à l’intérieur des limites raisonnables. La fourche KYB se montre globalement efficace et ne vient pas affecter négativement la tenue de route ni le confort global. Même chose pour l’amortisseur arrière qui fait bien son boulot et gomme efficacement les irrégularités de la chaussée. Sauter les chaînes de trottoir ou négocier les bosses d’un sentier facile est un jeu d’enfant avec la T7, malgré son gabarit imposant pour une moto de moyenne cylindrée. Il n’y a qu’en ville où sa hauteur de selle imposante constitue un challenge, particulièrement pour les pilotes qui affichent un handicap de verticalité. Cependant, dès que la route s’ouvre devant nous, la Ténéré laisse parler son potentiel de voyageuse au long cours. De baroudeuse assoiffée de grands espaces et de sable chaud. D’autant que la protection offerte par le carénage est décente. Et le confort de la selle acceptable dans les circonstances. Il suffirait d’un rembourrage plus épais pour le rendre royal.

Bien que le moteur ne soit pas un foudre de guerre et gagnerait à disposer de quelques chevaux supplémentaires, il est étonnamment souple — il évolue sur un filet de gaz dès 2 500 tr/min sans hoqueter — et fait montre d’un couple généreux à mi-régimes, entre 3 000 et 7 500 tr/min. Au-delà, le couple s’estompe et la puissance stagne dès 8 500 tr/min, soit à l’approche de la zone rouge.

En revanche, j’aime le recours parcimonieux à l’électronique qui se limite à l’injection de carburant et à l’ABS qui peut être déconnecté à l’arrière en utilisation tout-terrain. C’est reposant de ne pas avoir à jouer avec les réglages électroniques à tout bout de champ et de piloter à l’instinct. À l’ancienne, diront certains. Et ça rassure ceux qui aiment bien faire leur propre mécanique.

Le porte-paquet et les bagages installés sur la T7 la transforment immédiatement en grande voyageuse et facilitent les déplacements en duo, grâce aux larges poignées du porte-paquet. Elle incite à partir à la découverte des routes et sentiers de la province, voire sillonner le pays d’un océan à l’autre dans un confort honorable.

En tout-terrain, la T7 s’avère très efficace grâce à ses suspensions à grand débattement globalement efficaces, à sa roue avant de 21 pouces, à ses pneus Pirelli Scorpion Rally STR et à sa garde au sol importante. Surtout aux mains d’un pilote compétent. Elle nous donne ainsi accès à un immense terrain de jeu propice à la découverte et à l’exploration.

Tout cela attise les regrets que j’éprouve de ne pas avoir pu passer plus de temps avec la Yamaha et d’avoir été obligé d’annuler tous les voyages que j’avais inscrits à son agenda. Le sentiment de rendez-vous manqué prend le pas sur le plaisir que j’ai éprouvé au guidon de la T7 qui demeure une de mes motos d’aventure préférées. C’est donc partie remise à l’été prochain. Au guidon de la nouvelle Yamaha Ténéré 700 World Raid, si jamais elle est commercialisée de ce côté-ci de l’Atlantique. On peut toujours rêver…

FICHE TECHNIQUE

INFORMATIONS GÉNÉRALES

• Poids tous pleins faits : 204 kg ;
• Hauteur de selle : 875 mm ;
• Capacité essence : 16 L ;
• Consommation : 4,6 L/100 ;
• Autonomie : 348 km ;
• Durée de l’essai : 750 km .
• Prix : 12 799 $
• Coloris : Bleu Team Yamaha — Noir corbeau.

MOTEUR

• Moteur : bicylindre parallèle CP2, DACT, 4 soupapes/cylindre, refroidissement liquide ;
• Puissance : 74 ch à 9 000 tr/min ;
• Couple : 50 lb-pi à 6 500 tr/min ;
• Cylindrée : 689 cc ;
• Alésage x course : 80 x 68,6 mm ;
• Rapport volumétrique : 11,5:1 ;
• Alimentation : injection à deux corps Mikuni de 38 mm ;
• Transmission : 6 rapports ;
• Entraînement : par chaîne.

PARTIE CYCLE

• Suspension : fourche inversée, tubes de 43 mm entièrement réglable ; monoamortisseur ajustable en précontrainte du ressort, compression et détente ;
• Empattement : 1 595 mm ;
• Chasse/Déport : 27°/105 mm ;
• Freins : 2 disques de 282 mm et étriers deux pistons à l’avant ; simple disque de 245 mm avec étrier simple piston à l’arrière. ABS sélectionnable ;
• Pneus : Pirelli Scorpion Rally STR ;
  90/90R21 à l’avant ;
  150/70R18 à l’arrière.

VERDICT RAPIDE

ON AIME BIEN

• La facilité de prise en main ;
• L’absence d’électronique ;
• Le moteur coupleux et puissant ;
• Le look Rallye-raid réussi.

ON AIME MOINS

• Le freinage perfectible ;
• L’inconfort de selle sur de longs trajets ;
• La hauteur de selle importante ;
• La conduite en duo occasionnelle ;
• Les pneus avec chambre.

ÉQUIPEMENT DU PILOTE

Route

• Casque : AGV AX9 Carbon
• Ensemble : Dainese Explorer 2 Gore-Tex
• Protections : Gilet Leatt Airflex V22
• Bottes : Gaerne Fastback
• Gants : Dainese D-Explorer 2

Hors route

• Casque : Leatt 8.5 Composite
• Lunettes : Leatt Velocity 5.5
• Veste : Leatt Moto 4.5 Lite
• Maillot : Leatt GPX 5.5 UltraWeld
• Pantalons : Leatt Moto 5,5 IKS
• Protections : Gilet Leatt Airflex V22
• Gants : Leatt GPX 4.5 Lite
• Bottes : Leatt GPX 5.5 FlexlockMX

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