La Tracer se sent l’âme d’un peintre
Publié le 15 octobre 2019
En ce début d’octobre, le parc en face de chez moi a revêtu ses couleurs automnales. Rouge flamboyant, jaune piquant, vert vif : les feuilles des arbres dessinent une toile chatoyante qui me ravit chaque matin au réveil et égaie ma journée. C’est l’occasion rêvée d’aller faire une balade dans le Nord pour observer le phénomène à grande échelle.
Photos © Didier Constant
Depuis quelques années, j’ai pris pour habitude d’aller photographier les couleurs dans les Laurentides et Lanaudière avec mon ami Claude. C’est d’ailleurs souvent avec lui que je fais ma dernière balade de l’année, à l’occasion de l’été indien, avant de rapporter ma moto à son propriétaire légitime.
Dans le cas présent, j’espère que nous aurons l’occasion d’aller nous balader plusieurs fois encore lors des prochaines semaines, avant d’entamer notre hibernation. À notre âge — et compte tenu du fait que nous sommes de vieux ours mal léchés —, il s’agit d’un rituel annuel incontournable. Une façon d’ignorer l’hiver, le froid, la neige et les fâcheux.
Je lui ai donc donné un coup de fil la veille au soir, question de voir s’il était libre. Par précaution, j’ai lavé la Tracer afin qu’elle se présente sous ses plus beaux atours et ne fasse pas tache dans le décor.
Le lendemain matin, Claude arrive chez moi au moment où je sors la moto du garage. Ponctuel, comme toujours. Et comme j’aime ! La Tracer resplendit sous les rayons rasants du soleil matinal qui souligne ses lignes. Elle se fond dans le décor des arbres du parc. Elle est magnifique !
Nous partons immédiatement, sans même prendre le temps d’avaler un café. Il est à peine 9 h 15. Le fond de l’air est frais — il fait environ 11° —, mais on est bien. Sous mon ensemble Rukka Navigator GTX dans lequel je n’ai pas mis de doublure je n’ai enfilé qu’un sous-pull Aerostich en bambou et laine Mérinos, une veste Scott Insuloft Explorair Hybrid Plus et un tour de cou Forcefield Tech 2 Base Layer. Et je porte le pantalon à même la peau, sans doublure ni sous pantalon thermal. J’ai hésité un instant à prendre ma veste chauffante Aerostich Kanetsu Airvantage, mais il ne fait pas encore assez froid pour que ça vaille la peine.
Les premiers kilomètres sont parcourus sur la 40 Est, pour sortir rapidement Montréal et bifurquer ensuite vers la 343 N qui nous mènera à Saint-Côme d’où nous rejoindrons Notre-Dame-de-la-Merci.
L’air frais exacerbe les odeurs. Celle des feuilles mortes se mêle à celle des champs et celle pas toujours agréable émanant des fermes porcines ou avicoles du nord de Montréal. On se bouche alors le nez quelques instants, le temps de changer de parfumerie.
Puis nous arrivons à Sainte-Marcelline-de-Kildare où nous faisons une pause photo au parc de l’Étang. Là, nous sommes accueillis par une clameur sourde qui monte de l’étang. Comme des gladiateurs entrant dans l’arène du Colisée de Rome. Des centaines de bernaches du Canada y font une pause à l’occasion de leur migration vers le Sud. Elles cacardent, elles criaillent et elles sifflent à pleine gorge. Leurs cris parfois stridents couvrent le bruit des voitures qui passent non loin.
En reprenant la 343 N en direction de Saint-Adolphe-Rodriguez où nous avons l’intention de luncher au Onze Onze, un restaurant que notre ami Marty nous a conseillé, nous croisons un garage indépendant baptisé Les Automobiles de Rik qui se spécialise dans la réfection de vieilles Citroën. Le propriétaire, Rik Dehaen, est un passionné de la marque française. Quand nous l’avons rencontré, il restaurait une DS 21. Plusieurs 2 CV en cours de restauration attendaient également dans son atelier qu’il puisse s’occuper d’elles tandis que dans la cour, un superbe Tube HY s’exposait à la vue des amateurs, dont Claude et moi faisons partie.
En arrivant au Onze Onze, nous constatons à regret que l’établissement est fermé le mercredi. Dommage, parce que l’endroit semble très sympathique et le menu alléchant. Nous nous rabattons à contrecœur sur la rôtisserie du village avant de reprendre la route vers Saint-Côme et Notre-Dame-de-la-Merci. Cette section de la 347 N a longtemps été prisée par les pilotes de sportives, à la suite de son repavage, en 2001. Sur une trentaine de kilomètres, la route serpente au gré des obstacles qu’elle rencontre. Elle se tortille, monte, descend et remonte pour le plus grand plaisir des motocyclistes. Cependant, au fil des années, son revêtement s’est fortement dégradé et il est difficile d’y maintenir un rythme soutenu, d’autant que la chaussée est défoncée et couverte de sable et de gravier par endroits. Ce qui ne nous empêche pas de nous amuser. Sur cette route tortueuse, la Tracer se promène comme un pinceau sur une toile de maître, dessinant un tableau impressionniste fait de milliers de taches colorées. C’est féérique !
À Notre-Dame-de-la-Merci, nous nous dirigeons vers Saint-Donat, par la 125 N. Là, les couleurs sont à leur apogée. Flamboyantes ! Sublimes ! L’occasion idéale pour une séance de photo improvisée.
Le soleil commençant à baisser, nous faisons demi-tour pour rentrer à Montréal avant que le trafic soit à l’arrêt complet, ce qui userait notre patience légendaire. Une belle balade par Chertsey, Saint-Lin et l’Assomption avant de rejoindre la 40 O au sud de l’Épiphanie.
Quand nous y arrivons, le soleil est déjà bas. Nous nous dirigeons droit vers le soleil couchant, comme Lucky Luke et Jolly Jumper. Une lumière dorée et chaude baigne la campagne. À l’horizon, Montréal se profile comme une ombre chinoise. Presque irréelle. Mystérieuse et fascinante à la fois. Superbe aussi !
L’été indien est magnifique ! Même s’il annonce l’arrivée imminente et inéluctable de l’hiver. Et le retour de la Tracer 900GT chez Yamaha.
STATISTIQUES
- Kilométrage total : 5619 km
- Distance parcourue depuis la dernière sortie : 284 km
- Consommation moyenne : 4,6 L/100 km
- Autonomie : 390 km
- Pneus : Dunlop Sportmax D222