La Yamaha Tracer 900 GT peut-elle défier la BMW R1250RT sur un long trajet ?
Publié le 24 septembre 2019
Profitant de l’arrivée dans mon garage d’une BMW R1250RT, moto considérée comme l’archétype de la routière, je suis parti pour une virée de près de 1500 km en deux jours à Sainte-Flavie, en Gaspésie, en compagnie de mon ami Claude et de ma Yamaha Tracer 900 GT.
Photos : Didier Constant, Claude Privée, Daniel Mallard
À première vue, le match semble inégal. Un combat entre David et Goliath. Lorsque j’ai posté la première photo des deux motos arrêtées à la halte routière de Saint-Madeleine, sur Facebook, les commentaires étaient unanimes à prédire que la Tracer ne ferait pas le poids face à la BMW. Même moi, j’avais un doute. Léger, certes, mais un doute quand même. Et pourtant, je connais intimement la Yamaha pour avoir passé la saison avec elle. Que voulez-vous ? Les réputations sont difficiles à combattre. D’autant qu’elles s’appuient souvent sur des impressions et non des faits.
Dans le cas de la R1250RT, sa réputation n’est cependant pas usurpée. C’est sans doute l’une des trois meilleures grandes voyageuses du marché. Nonobstant cela, le potentiel de la Tracer n’est pas à prendre à la légère et elle peut rivaliser avec la Bavaroise en jouant sa partition intelligemment, avec ses propres instruments et ses propres forces.
Les premiers deux cents kilomètres sur l’autoroute 20 nous menant à Québec où l’on doit retrouver Daniel, notre photographe, mais surtout notre ami, mettent immédiatement le confort de la BMW en évidence. Derrière son carénage et sa bulle, je suis complètement à l’abri des éléments. Un peu de vent glisse sur le dessus de mon casque, sinon, c’est le calme plat. Avec une impression de confort incroyable. La selle est moelleuse et accueillante, tandis que le moteur est puissant et souple. Un modèle de douceur. Aucune vibration. Aucune turbulence. Aucun bruit gênant. Régulateur de vitesse enclenché, j’avale les kilomètres en tout confort, dans une impression de luxe suprême. Pour un peu, je me croirais en auto.
Sur la Yamaha, les sensations sont moins filtrées — on ressent un peu de vent sur le casque et les épaules, la selle est moins royale —, mais on est bien traité. Rien de dérangeant ni d’inconfortable. Elle aussi possède un régulateur de vitesse efficace et facile à utiliser.
Quand il s’agit de dépasser rapidement les voitures devant nous, le moteur de la BMW fait preuve d’un coffre surprenant et d’une capacité étonnante à déplacer sa masse rapidement et efficacement. Il n’est même pas nécessaire de rétrograder pour s’éloigner du trafic. Sur la Tracer, selon la vitesse des véhicules qui la précèdent, il faut parfois tomber un rapport pour effectuer un dépassement avec autorité. Sinon, les deux belligérantes s’avèrent douées pour traverser le pays par les routes rapides.
Arrivés à Québec, nous passons une partie de l’après-midi à faire des photos de la Béhème qui fait l’objet d’un test complet à paraitre sur Motoplus.ca. Puis, vers 15 h, Claude et moi prenons la route pour Sainte-Flavie, sous un ciel couvert. À Rimouski, le ciel s’éclaire soudainement et le soleil se montre. Il nous accompagne à travers le Parc du Bic, puis jusqu’aux portes de la Gaspésie. Là, nous longeons la mer par la 132 et nous profitons du soleil couchant pour réaliser de magnifiques clichés.
Le lendemain, nous avons rendez-vous à Kamouraska à midi pour dîner avec mon ami Guy, pilote d’Air Canada à la retraite et compagnon d’aventure de longue date. Avec lui, j’ai parcouru le Québec de long en large, la France des Alpes aux Pyrénées, des Landes à la vallée de la Loire. J’ai aussi suivi deux cours de la California Superbike School et assisté à plusieurs salons de la moto à Milan en sa compagnie.
Lorsque Claude et moi quittons notre hôtel, vers 8 h 30, il fait deux degrés Celcius. Les selles de nos motos sont couvertes de givre. Nous allumons les poignées chauffantes des deux motos, puis, luxe ultime, j’active la selle chauffante de la BMW. Bien habillés, nous passons la matinée au chaud. Et comme nous avons le temps — trois heures pour parcourir 185 km —, nous empruntons la route touristique.
Nous faisons un arrêt au site historique maritime de la Pointe-au-Père qui abrite le sous-marin NCSM Onondaga, ancienne propriété de la Marine royale canadienne converti en musée. Puis nous explorons les différents secteurs du Parc national du Bic, jusqu’à Saint-Fabien-sur-Mer, avant de poursuivre notre chemin vers Rivière-du-Loup et Kamouraska par la Route 132. Là, notre Tracer se démarque par son poids réduit, son agilité et sa maniabilité. Elle se promène dans les chemins de graviers sans problème et nous donne accès à des photos superbes. La BMW suit. Mais elle est moins à l’aise dans cet environnement, malgré ses suspensions électroniques géniales.
Quand nous arrivons à Kamouraska, Daniel est là, avec trois de ses amis, Jacques, Marc et Sylvain. Ils ont fait la route à moto depuis Québec pour nous rejoindre. Guy nous retrouve pour le dîner et nous passons un agréable moment ensemble, avant de repartir par la 132, jusqu’à Montmagny où nous reprenons l’autoroute 20.
À La Pocatière, Daniel change de monture avec Claude pour essayer la BMW. Il la lorgne depuis quelques mois déjà. Il est propriétaire d’une Yamaha Tracer 900 GT 2019 sur laquelle il a installé une bulle MRA fumée. Celle-ci est légèrement plus haute que la bulle originale, mais au lieu d’être droite et plate comme une porte de grange, elle est bombée et recourbée vers le pilote. Du haut de son mètre-quatre-vingt-deux Claude est parfaitement à l’abri derrière elle. Très peu de turbulences et quasiment plus de bruit. C’est la première bulle accessoire que nous essayons qui fonctionne vraiment. Même si elle est un peu chère (203,99 $), elle vaut le coût. La Tracer en est transfigurée. Il ne lui manque plus qu’une selle confort pour être quasi parfaite.
La route de retour vers Montréal s’effectue rapidement, sans détour ni problème. Sous un coucher de soleil magique qui me rappelle l’image de fin des albums de Lucky Luke. Nos deux montures s’avèrent être de superbes machines à voyager loin et vite. Avec armes et bagages. Je n’irais cependant pas jusqu’à prétendre que la Yamaha fait jeu égal avec la BMW qui est une suprême voyageuse efficace et super équipée, mais elle offre une alternative valable et économique. Ce qu’elle perd au chapitre du confort et de l’équipement, elle le regagne au niveau de la facilité de conduite. Au quotidien, elle se montre plus sportive et plus polyvalente que la RT. Plus agile en ville aussi, où elle se faufile dans la circulation urbaine avec maestria. Quelle que soit celle des deux que vous choisirez pour ce genre de voyage au long cours, vous serez choyé.
Face à face
- Performances : avantage BMW
- Protection : avantage BMW
- Confort : match nul (selon les routes)
- Bagages : match nul
- Suspensions : avantage BMW grâce à ses suspensions électroniques
- Équipement : avantage BMW
- Conduite sur routes rapides : avantage BMW
- Conduite sur routes secondaires : avantage Yamaha
- Conduite sur routes sinueuses : avantage Yamaha
- Conduite en ville : avantage Yamaha
- Polyvalence : avantage Yamaha
- Coût : avantage Yamaha
STATISTIQUES
- Kilométrage total : 5335 km
- Distance parcourue depuis la dernière sortie : 1479 km
- Consommation moyenne : 4,6 L/100 km
- Autonomie : 390 km
- Pneus : Dunlop Sportmax D222