Deux nineT en vadrouille en Ontario
Publié le 30 août 2018
Après un premier déplacement annulé, la semaine dernière, je suis retourné à Toronto pour assister à un événement médiatique. Et comme c’est toujours plus agréable de voyager avec un ami, j’ai demandé à mon vieux chum Claude Privée, collaborateur de la première heure de motoplus.ca et partenaire d’aventure depuis 35 ans, de m’accompagner pour ce périple de trois jours, en Ontario. En plus, il est propriétaire d’une BMW R nineT Pure... ça tombe bien. On va pouvoir comparer nos impressions de conduite.
Photos © Didier Constant
Quand Claude arrive au OnRoute de Bainsville, la première station-service sur le bord de l’autoroute 401, en direction ouest, tout de suite après la frontière du Québec, je finis tout juste d’avaler un beigne et un café. Je suis là depuis une dizaine de minutes, tout au plus. Le timing est parfait. Claude n’ayant jamais pris la route panoramique pour aller à Toronto, je lui ai concocté un itinéraire bucolique et scénique qui emprunte la Route 2, l’ancêtre de la 401, le Chemin du Long Sault et la Promenade des Mille-Îles, une route superbe d’une quarantaine de kilomètres entre Brockville et Gannanoque. Un itinéraire incontournable qui longe le Fleuve sur plus de 500 km et rend les déplacements vers la capitale de l’Ontario nettement plus agréables. De plus, sur cette route secondaire, on ne croise quasiment pas de « corbeaux. Ils sont tous agglutinés aux abords de la 401 où ils accomplissent leur sinistre besogne avec zèle et méthode. Convaincus qu’ils font œuvre d’utilité publique alors qu’ils ne sont en fait que les détrousseurs de grand chemin des temps modernes. Ça me fait alors penser au magnifique poème d’Arthur Rimbaud intitulé Les corbeaux, sublimement mis en musique par Léo Ferré.
La semaine dernière, j’avais été détourné à mi-chemin à la suite de l’annulation de la présentation où je me rendais, en raison d’une météo exécrable. Cette fois-ci, j’ai la ferme intention d’aller au bout de ce périple de 1500 km en trois jours, dont le but premier est de participer au lancement de la Yamaha MT-09 Tracer GT 2019. Une autre première pour Claude qui n’a jamais assisté à un lancement de presse, car il n’est pas journaliste, bien que nous travaillions ensemble depuis des lustres.
Le lendemain, quand nous arrivons à destination, il est surpris de constater que nous sommes les seuls à avoir fait le chemin à moto. Les trois autres journalistes invités dans notre vague sont venus en auto (comme ceux de la vague précédente), même ceux qui vivent dans la région de Toronto. “Il fait trop chaud !” nous dit l’un deux pour se dédouaner. “Au moins, en auto, j’ai l’air conditionné et la radio…” Un autre se justifie en nous répondant “Nous allons faire 300 km à moto dans la journée !” comme s’il s’agissait d’un exploit. Ça démontre le niveau d’implication et de passion de certains membres de la profession. Personnellement, je ne possède pas d’auto. Et ce voyage est une occasion en or de transformer une obligation professionnelle en pur plaisir. Même chose pour Claude. Toutes les occasions sont bonnes pour prendre la route à moto.
Pour l’occasion, j’ai choisi mon équipement avec soin, afin qu’il s’harmonise à la Tracer GT grise et rouge — ma préférée —, l’une des deux couleurs offertes en 2019. L’autre modèle est noir et argent, avec des accents bleus. J’ai mis mon blouson Track et mes gants Fit-R 2 de Furygan, mon jean Kevlar Dainese D1 EVO, mon Shoei GT-Air blanc, rouge et bleu équipé d’un système de communication Bluetooth Sena 30K et mes bottes Forma Air3 Outdry qui m’accompagnent partout depuis le début de la saison. Le look qui tue ! Et qui s’accorde également à merveille avec la R nineT Urban G/S. Ou comment faire d’une pierre deux coups.
À l’aller, la météo est moyenne. Le ciel est couvert et menaçant. Pourtant, nous parvenons à nous rendre à Toronto sans pluie. Du coup, nous faisons peu de photos. Grâce aux dernières modifications effectuées, l’Urban G/S est un charme à conduire sur de longs trajets. Le confort distillé par la selle est acceptable et mon short Moto-Skiveez me permet de parcourir 600 km sans souffrir du postérieur. Nous arrivons à l’hôtel, à Toronto, en fin d’après-midi, en bonne forme et détendus. Ravis par les magnifiques sites que nous avons croisés durant la journée.
Le lendemain, nous découvrons la région des stations de ski de Hockley Valley et de Mansfield, près des villages de Caledon et de Terra Nova, au nord-ouest de Toronto. Un endroit pittoresque avec plusieurs routes de montagne sinueuses. Nous avons même eu droit à quelques lacets, version modèle réduit de ceux que l’on trouve dans les Alpes. Malgré la température chaude et humide et les arrêts photo fréquents, nous avons fait une superbe balade. Claude, sur sa nineT Pure s’est amusé tout son saoul. Ses pneus en portent encore la trace.
En fin d’après-midi, nous prenons l’autoroute pour rejoindre Belleville où nous avions réservé une chambre pour la nuit. Rentrer directement à Montréal, après une si longue journée, n’aurait pas été sage. Une fois de plus, la G/S modifiée m’a surpris. Il s’agit d’une moto bonifiée, capable de jouer les routières aux longs cours. Il lui manque juste une petite bulle de carénage accessoire pour être totalement efficace sur route rapide. Plus je la pilote, plus elle me convainc. En début de saison, lors de mes premières sorties à son guidon, je me suis demandé si j’avais bien fait de la choisir comme monture à long terme. Mais aujourd’hui, je suis enchanté de l’avoir fait. C’est exactement la moto dont j’avais rêvé.
Le dernier matin, nous quittons Belleville de bonne heure, par la Route 2. Il fait environ 20 degrés. Un soleil rasant baigne la campagne de ses rayons dorés. C’est magique ! Les odeurs sublimées par la rosée matinale et le soleil me caressent les narines. Un plaisir que ceux qui voyagent en auto ne peuvent pas connaître. Nous roulons vers l’Est, dans le soleil levant, visière solaire baissée. Avec l’impression de communier avec l’environnement et la nature. Claude et moi roulons à l’unisson. Nos gestes sont identiques, notre rythme en symbiose. Comme si nos motos, reliées par un fil invisible, étaient manipulées par un marionnettiste céleste. Il faut dire que nous nous connaissons depuis longtemps. Nous avons commencé à rouler ensemble, au Québec. Nous sommes sur la même longueur d’onde et nous partageons la même vision de la moto et de la conduite. En fait, nous nous comprenons sans parler ni faire de gestes ostentatoires, tel des sémaphores. Par télépathie.
Après un arrêt à Gannanoque pour avaler un café, nous vider la vessie et faire le plein — il y a des contingences terrestres auxquelles on ne peut échapper —, nous remettons le cap à l’Est pour arriver à Montréal avant les orages que la météo nous promet depuis le matin. Nous arrêtons cependant en chemin à quelques reprises pour photographier des monuments que nous avions repérés à l’aller.
Arrivés à l’embranchement des autoroutes 40 et 20, Claude et moi nous séparons d’un signe de la main. Un dernier sprint rapide et j’arrive à la maison vers 13 heures. J’ai à peine le temps de rentrer mes bagages et de ranger la BMW dans le garage que le ciel devient sombre et déverse des trombes d’eau sur Montréal. Un orage intense, avec des éclairs et des vents violents. On se croirait au déluge. Puis, soudain, tout s’arrête. Le soleil réapparaît, comme si de rien n’était. Et je me dis que nous avons de la chance d’avoir fait un si beau voyage. Il faut croire que nous menons une bonne vie !
STATISTIQUES
- Kilométrage total : 3245 km
- Distance parcourue depuis la dernière sortie : 1238 km
- Consommation moyenne : 5,44 L/100 km
- Autonomie : 313 km