C’est fini :-(
6000 km en trois mois : le plein de plaisir
Trois mois. Voila tout le temps que nous avons pu passer ensemble, la VFR1200 DCT et moi. Juste assez pour parcourir 6000 kilomètres (plusieurs essayeurs se sont relayés au guidon de la Honda pour y parvenir), sur les routes de la Belle Province. Surtout des longues sorties, soit vers l’Est, à destination de Tadoussac ou du Lac St-Jean, soit vers le Nord, en direction de Chibougamau et l’Abitibi. Quelques balades plus courtes, également, dans la grande région de Québec, ou dans Lanaudière, question de se dégourdir les jambes..
Et chaque fois, ce sentiment indicible d’inachevé résultant du fait de ne pouvoir exploiter pleinement le potentiel d’une machine castrée par un réseau routier inadapté et un environnement objectivement hostile. L’impression de ne pas avoir de routes à la hauteur de la VFR. Car si la Honda possède un potentiel très élevé, elle a besoin d’espace pour s’exprimer, de routes sinueuses, de changements d’élévation, de défis, autant de choses qu’elle ne trouve pas chez nous. Ce qui explique en partie le peu de succès qu’elle a rencontré au Québec. Ajouté au fait que la SAAQ l’a classée comme une sportive, ce qu’elle n’est pas vraiment.
La VFR1200 est une authentique GT, au sens classique du terme. Une moto conçue pour avaler les kilomètres sans retenue et à vive allure. Même si elle pêche par un confort perfectible et une autonomie indigne de sa vocation, elle peut rivaliser avec les meilleures motos du genre, à savoir des Allemandes rapides, mais pas dangereuses pour autant.
La Honda, c’est avant tout un moteur fabuleux, un V4 gorgé de couple et hyper puissant (173 chevaux, ça vous arrache les bras, ça, Madame!) qui sait aussi se montrer docile quand il le faut. Complaisant, presque. Un moteur à émotions secondé par une transmission automatisée à double embrayage dotée de deux modes automatiques et d’un autre séquentiel. Une transmission innovante que Honda peaufine depuis quelques années maintenant et qui arrive tranquillement à maturité. Même si elle est encore perfectible et ne peut pas, aux yeux de certains, supplanter une boîte mécanique, elle s’approche de la perfection et se pose en alternative viable et enviable pour un nombre grandissant de motocyclistes.
Appuyée par une partie cycle étonnante, la VFR peut vous permettre de jouer les pilotes du dimanche sur votre route secondaire préférée, puis, dans la foulée, de traverser le pays à une vitesse supersonique afin de ramener des homards de Gaspésie pour un souper en tête à tête avec l’amour de votre vie, le soir même. À cette fin, nous avions équipée notre monture d’accessoires de tourisme de marque Kappa (sac de réservoir, sacoches rigides, sac de queue, sac à GPS, bulle haute, guidons surélevés) dont la plupart s’est révélée aussi pratique qu’efficace, mais aussi de gadgets électroniques, dont un GPS TomTom Urban Rider.
De la VFR, je regretterai cette poussée étonnante (ça pousse ou ça tire? On se pose encore la question) qui vous donne l’impression de chevaucher un missile sol-air. Je m’ennuierai également de sa tenue de route impériale et de sa maniabilité surprenante pour son gabarit (oui, la VFR est grosse et lourde).
Au chapitre des défauts ou des irritants, soulignons un léger manque de vivacité dans les enchaînements, une tendance à élargir la trajectoire en conduite agressive, l’impossibilité de faire cirer l’embrayage lors de manœuvres à basse vitesse, une position de conduite trop en appui sur les poignets (bracelets placés trop bas) et une bulle de carénage qui cause des turbulences gênantes (deux en fait, puisque aussi bien la bulle d’origine que la bulle accessoire sont affligées du même handicap).
Au final, la VFR1200 s’impose comme une super moto, hautement technologique, sophistiquée et performante. Il suffirait de quelques modifications (guidons plus relevés, bulle haute, selle plus confortable, pot d’échappement moins proéminent) pour en faire la GT de référence.