Retour au bercail
19 août – 685 km
Dimanche matin, à Tadoussac, la rosée laissée sur les motos est bienvenue. J’en profite pour laver la bête et mes compagnons de route font de même. Assis au resto du motel, nous parlons de la Côte-Nord, plus particulièrement de la route 138 qui arrête à l’est de Natashquan, mais aussi des routes de graviers que l’on retrouve au Québec. J’ai été étonné de voir que j’étais le seul à avoir fait ce tronçon de la route 138. En fait, je suis allé jusqu’à Havre-Saint-Pierre. Personnellement, j’aurais pris cette direction plutôt que de faire demi-tour vers Montréal.
Nous avons pris le traversier menant à Baie-Ste-Catherine, à l’embouchure du Fjord du Saguenay. Une belle petite pause avant de prendre les deux routes les plus intéressantes de la journée (entendez par là les plus sinueuses), soit la 170 jusqu’à La Baie et la 381 jusqu’à Baie-Saint-Paul. Le reste du parcours est plutôt monotone, à savoir la route 138 jusqu’à Québec puis l’autoroute jusqu’à Montréal.
Pour cette journée, il me restait à tester le troisième et dernier mode de la VFR, soit la transmission séquentielle que j’ai utilisée toute la journée. Vous passez les vitesses à votre guise avec les leviers (+) et (-) situés sur le guidon gauche, vous rétrogradez avec le pouce et montez les rapports avec l’index. Dans ce mode, le système électronique intervient seulement en cas de sous régime, rétrogradant pour vous les rapports, ce qui est un net avantage lors de freinages d’urgence. Plus besoin de gérer la transmission. Vous freinez, vous évitez l’obstacle et vous repartez sur le bon rapport de boîte. À l’inverse, vous atteindrez le rupteur, ce qui vous laisse toute la plage pour exploiter la moto.
Après avoir parcouru nos deux routes, la 381 est tout simplement géniale, avec ses courbes serrées et ses dénivelés où nous nous sommes régalés, mes compagnons de route et moi. Le mode séquentiel (manuel) m’a tout simplement bluffé. Dans cet environnement, vous rétrogradez en entrée courbe, réaccélérez et passez les vitesses en sortie de courbes, d’une simple pression du pouce et de l’index. C’est hallucinant à quel point c’est efficace, mais surtout le fun. Le plus étonnant dans tout cela, c’est que ce mode n’enlève rien au plaisir de conduire, même avec une cadence sportive. Le passage des rapports se fait en un éclair. C’est jouissif, au point où je vois très bien cette technologie être appliquée sur plusieurs autres types de moto.
En ville, le mode séquentiel fonctionne aussi bien. Il est facile d’emploi et intuitif. Je me suis efforcé à l’utiliser par conscience professionnelle, mais on lui préférera un des modes automatiques, surtout dans la congestion ou sur les boulevards avec les nombreux feux de circulation. Pour ce qui est de la consommation, la VFR a enregistré une moyenne de 7L/100km (en mode sportif, sur les portions de route sinueuse) et 6,2L/100 km sur l’ensemble de la journée. La stabilité de la moto en courbe est étonnante, malgré son poids. Les aides au pilotage (ABS, antipatinage) sont efficaces. La Honda est une authentique sportive, à la fois confortable et capable d’avaler les kilomètres. L’ensemble de bagages Kappa a été utile et apprécié durant ce court voyage. Ça me change de mon roadster CB1000R. J’ai toujours le sourire aux lèvres quand je peux profiter de valises rigides.
Au lendemain de ces trois jours où nous avons parcouru plus de 1 400 km, je suis très étonné par la VFR et ses divers modes de transmission. Je dirais qu’elle a réussi à ébranler mes convictions et changer ma perception de la boîte DCT (Dual Clutch Transmission). Nous sommes souvent réfractaires au changement, mais dans ce cas-ci, je dois avouer que je remercie Honda de preuve d’audace. À ceux qui pensent que la VFR à passage automatisé des rapports s’apparente à un scooter ou même quelle n’est pas digne de porter le nom de moto, sachez qu’elle est une moto à part entière et quelle se comporte comme telle.
Je rêve déjà d’essayer d’autres modèles munis de cette transmission…
Patrick Laurin / Photo: ©Dave Beaudoin 2012