3 août — 100 km (sur un parcours de 600 km)
Vendredi dernier, Patrick, Richard, Dave (des collaborateurs de motoplus.ca) et moi-même avons effectué une petite balade bucolique d’environ 600 km par des routes secondaires qui sillonnent les régions de Lanaudière, de la Mauricie et de Québec. Nous étions au guidon de plusieurs motos d’essai, une Suzuki Gladius, une Yamaha R1 et notre fidèle Honda VFR1200 DCT. La Honda CB1000R de Pat nous accompagnait également pour l’occasion.
Après un relais d’une centaine de kilomètres aux commandes de la VFR, j’ai changé de monture avec Pat — j’avais l’impression de me retrouver sur un vélo à la direction hyper légère — puis, à St-Alexis-des-Monts, j’ai échangé la CB1000R pour la Gladius. En fait, j’ai parcouru le gros de cette escapade sur les deux roadsters afin de permettre à mes collègues de se détendre le postérieur sur la selle bien rembourrée de la VFR et de s’abriter derrière sa bulle Kappa surélevée. Que voulez-vous? Les jeunes aujourd’hui n’ont plus ni endurance, ni sens du sacrifice, ni respect pour l’âge ou la hiérarchie. Quant aux jeunes retraités, ils savent ménager leur carcasse et, l’expérience aidant, ils sont passés maîtres dans l’art de l’esquive (ils se stationnent à l’écart du groupe, montent le volume de leur musique quand on essaie de leur parler, se plaignent du manque de confort de leur monture… pour nous dissuader d’en changer avec eux).
Plaisanteries mises à part, je me suis dévoué afin que les autres membres de l’équipe, qui n’ont pas le privilège d’avoir la VFR à coucher dans leur garage, puissent la découvrir dans un environnement qui lui convient mieux que l’autoroute. Sur des routes où elle peut laisser son potentiel sportif s’exprimer et où elle peut faire la preuve de son étonnante capacité à avaler les kilomètres en tout confort et avec brio.
Ce qui étonne sur la VFR, en dehors de sa transmission automatisée à double embrayage à laquelle on ne fait plus attention après quelques dizaines de kilomètres tant elle est transparente dans son opération, c’est la disponibilité du gros V4. Qu’il soit puissant n’est pas surprenant, puisqu’il développe 173 chevaux à 10000 tr/min. Mais qu’il soit si rempli à bas régimes l’est en revanche. Il affiche un couple de 95 lb-pi qu’il délivre d’une manière généreuse — 90% du couple serait disponible en bas de 4000 tr/min selon Honda. Grâce à la boite DCT, les démarrages sont époustouflants. Rapides et puissants. On sent nos bras s’étirer sous la force de l’accélération. Dépasser, même sur les petites routes, se fait en un tour de poignée à gaz, sans forcer.
Pourtant, le moteur est docile et civilisé. Très souple, il reprend sur un filet de gaz dès 2 500 tr/min, sur les rapports intermédiaires et à partir de 3500 tr/min en 5e et en 6e. Le V4 se révèle pleinement passé 5500 tr/min pour devenir envoûtant jusqu’à l’entrée en action du rupteur de régime, à 11500 tr/min, soit 1 000 tr/min après le début de la zone rouge. Sur le dernier rapport, à vitesse d’autoroute, le V4 ronronne comme un gros chat. À 100 km/h, il tourne seulement à 3500 tr/min et à 130 km/h il grimpe à 4500 tr/min. Les reprises sont excellentes et les accélérations très vives.
L’autre point fort de la VFR1200, c’est la rigueur de sa partie cycle. Malgré son poids élevé de 267 kilos en ordre de marche, la grosse sport-GT se manie facilement et fait preuve d’une tenue de route irréprochable, même sur les routes bosselées de Lanaudière. Entre St-Alexis-des-Monts et St-Paulin où la route 349 suit le cours de la Rivière du Loup et dessine de longs virages rapides, j’aurais aimé échanger la Gladius pour la VFR1200 tellement elle est stable dans les grandes courbes, comme rivée à l’asphalte. Mais c’est Richard qui a eu ce privilège et je suis persuadé qu’il a su l’apprécier pleinement.
Chaque sortie aux guidons de la VFR est un pur plaisir. Pour un amateur de tourisme qui aime bien le pilotage sportif, elle représente un compromis presque idéal. Elle n’est peut-être pas aussi confortable qu’une Honda ST1300, qu’une Yamaha FJR1300 ou qu’une BMW R1200RT, en partie en raison de ses bracelets placés bas et refermés, mais elle est un charme à mener à vive allure sur les routes viroleuses. De plus, la qualité de ses suspensions et de sa selle favorisent les sorties au long cours.
Avec les améliorations que nous lui avons apportés, elle s’avère une compagne de voyage idéale, sen solo comme en duo. Et sa transmission DCT est aussi efficace dans les modes automatiques qu’en mode manuel séquentiel.
Jusqu’à présent, je dois reconnaître que je suis séduit. D’autant que sa robe bleue lui sied à ravir 😉
— Didier Constant / Photo © Didier Constant 2012