Une sportive en habits de routière
11-12 juillet – 420 km
À la suite de l’invitation de Didier à faire l’essai des deux Honda qui trônent dans son garage, je me rends chez lui et monte à bord de la Varadero. Je dis bien «monter à bord» parce que malgré mes 6 pieds, il est assez surprenant de chercher le sol avec son pied aux premiers arrêts et aux intersections. Surprenant aussi que le poids de la bête, exacerbé par la hauteur de celle-ci, disparaisse aussitôt qu’elle est en mouvement, même à basse vitesse. Sa généreuse garde au sol s’avère vite un plus sur nos routes dégradées. Là où habituellement on sert les dents et où on se lève de selle pour franchir un obstacle avec une moto classique, avec la Varadero, on reste bien assis, comme dans une grosse voiture américaine d’antan. La tenue de route en souffre à peine. On sentira bien le guidon s’alléger à l’accélération sur les bosses, mais rien de déstabilisant et la moto reprend son aplomb aussitôt. La tenue de route est exceptionnelle compte tenu du poids de la bête, et très rassurante en raison de sa stabilité en courbe, même sur chaussée irrégulière. Le freinage est adéquat même en usage abusif; on oublie facilement sa complexité et l’assistance de l’ABS semble très efficace puisqu’on ne sent pas sa présence.
Notre virée qui ressemblait plus à une sortie sportive qu’à une escapade champêtre, bien que la route choisie traversa les champs de la région de Lanaudière, m’a permis de découvrir la Varadero sous un angle que je n’avais pas envisagé. Contrairement à ce que son look laisse présager, elle pointe facilement son nez dans les rétroviseurs d’une moto sportive grâce à son couple généreux et à ses suspensions qui semblent aplanir les bosses sur les petites routes secondaires. Le retour de cette balade «full tilt adrénaline» se fit par l’autoroute, de manière tout à fait civilisée. Là, le twin devint silencieux et doux comme le six à plat d’une GoldWing, ce qui présage bien pour la randonnée prévue pour le lendemain.
Samedi matin, le Roi, la Reine et le p’tit Prince…, ou plutôt moi et ma conjointe rejoignons Didier et sa femme pour une balade en Estrie en cette belle journée d’été. Mais d’abord, la Métropolitaine, l’autoroute 10, les embouteillages jusqu’à la sortie de St-Jean-sur-Richelieu où nous sortons pour prendre la 133 jusqu’à Pike River. De là, nous piquons à travers champs jusqu’à Mystic où nous faisons une halte repas. Si je m’habitue à la hauteur de la moto lors des arrêts, je garde toujours l’oeil ouvert pour m’assurer où je poserai le pied. Tout se passe bien, rien ne frotte, même dans la portion «Grand Prix» de la 235 Sud entre Bedford et St-Armand, une route sinueuse et fraichement pavée que nous empruntons à bonne allure. Alors que la moto a passé une bonne partie de ce trop court épisode inclinée à 45 degrés plutôt qu’à 90 degrés, ma conjointe parlera du confort de la selle et de la redécouverte du plaisir de rouler, elle qui d’ordinaire peine après une heure en selle.
Le seul bémol selon moi, hormis la hauteur de la selle de cette moto qui a tout d’une sport touring, serait son look issu d’une bédé nipponne. Étrange pour une moto qui, vraisemblablement, ne s’adresse pas à la génération «Transformers».
Claude Privée