Aigre doux
19 juillet – 422km
Une grosse journée en selle avec notre monture long-terme. Une journée avec beaucoup de joie, mais aussi énormément de frustration. Parti pour Mont-Laurier alors qu’Environnement Canada annonçait de l’orage, j’avais prévu plusieurs scénarios au cas où la météo rendrait mon périple potentiellement casse-cou. Mon inquiétude numéro un restait les milliers de colons qui trimballent une tente roulotte car, aujourd’hui, c’était le premier jour des vacances de la construction.
Chaque fois que j’enfourche la Honda, ça me prend plusieurs kilomètres pour me réhabituer au couple. Lors des premiers départs, j’ai toujours l’impression qu’elle va m’arracher les bras alors que ma tête veut partir vers l’arrière; j’adore. Quelques 50 km avant l’objectif, un embouteillage monstre interrompt mon avancée. Je ne me fais pas prier pour faire demi-tour et attaquer mon plan B : la 329 suivit de la 364, puis la 327… Miam! Ça va être bon. Sauf que la SQ m’a demandé de me tasser à un point de contrôle avec cinq voitures patrouilles pour me «sensibiliser» parce que la 364 a fait 70 victimes (dont six morts) depuis trois ans. Dont deux la semaine dernière; des super-héros qu’ils les appellent (quel mépris). Le constable m’a parlé de marmottes et de sable dans les courbes… donc finalement rien qui soit du contrôle des motocyclistes! J’étais complètement débandé et résigné à retourner chez moi. Je me suis demandé ce qu’aurait fait mon boss. Il y serait allé pareil et il aurait roulé encore plus vite. C’est exactement ce que j’ai fait et ça valait la peine. Le pied cette CBF! Elle est comme un train tellement c’est stable. Et le moteur est onctueux.
Je me suis rendu compte que la plupart des limites de vitesse endorment et que le seuil de réveil est juste au-dessus de la plupart d’entre elles. Combattre le feu par le feu : quand on sait combien de victimes le sommeil au volant fait, on devrait poursuivre les responsables des limitations de vitesse pour avoir mis nos vies en danger!
Arrivé à Lachute, la ville était bloquée en raison d’un festival. J’ai donc prolongé vers St-André. Et là, il a commencé à faire vraiment chaud. Le gros bloc de la CBF1000 dégage beaucoup de chaleur. Rien d’anormal, mais tout de même assez pour vous forcer à ne pas rouler en sandales par exemple.
Je finirais par une question : pourquoi les gars en Harley refusent systématiquement d’envoyer la main, alors que les autres conducteurs de customs le font avec plaisir?
Ugo Levac