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Le secret du bonheur ?

Photos : Didier Constant, Francesc Montero, Yamaha, Adam Wheeler, Joe Salas, Brian J. Nelson

De nombreux médias, dont Motoplus, ont partagé l’étude de l’institut Semel pour les neurosciences et le comportement humain de UCLA (University of California Los Angeles) qui établit que faire de la moto rend heureux. Pour de nombreux motocyclistes, c’est la confirmation d’un sentiment diffus qu’ils ressentent depuis qu’ils ont attrapé le virus de la moto.

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Même chose pour les voyages. Dans mon cas, j’éprouve depuis ma plus tendre enfance un besoin irrépressible de bouger, de changer d’horizon. Jeune, j’attribuais ce trait de caractère aux origines gitanes de ma mère, puis en vieillissant, j’ai réalisé qu’il était inscrit dans mon ADN, sans que je puisse en retrouver la source réelle. Toujours est-il que c’est un besoin vital pour moi. Une façon d’échapper à la routine et, ultimement, de repousser la mort. « Rester c’est exister : mais voyager c’est vivre » affirme Gustave Nadaud. Une maxime qui explique le secret de mon bonheur.

Apparemment, ce serait également celui de nombreux baroudeurs si l’on en croit une étude réalisée en 2017 par l’Université de Cornell, aux États-Unis qui conclut que dépenser pour des expériences de vie a plus de chances de nous apporter un bonheur durable que d’acquérir des biens matériels. En effet, on s’habitue rapidement aux objets, même rares et dispendieux, que l’on achète pour combler un vide existentiel. Ils nous apportent une gratification instantanée, mais ce plaisir s’étiole au fil du temps, alors que les expériences, elles, sont vécues avec une joie renouvelée qui augmente chaque fois qu’on se les remémore. Même les mauvaises, que l’on dédramatise et dont on sourit après coup. «Voyager est un triple plaisir : l’attente, l’éblouissement et le souvenir,» prétendait l’actrice américaine Ilka Chase.

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J’ai également remarqué que plus on voyage, plus on y prend goût. On devient alors un meilleur voyageur en cessant d’être un touriste. L’écrivain anglais Gilbert Keith Chesterton a d’ailleurs établi un distinguo subtil entre les deux : «le voyageur voit ce qu’il voit, le touriste voit ce qu’il est venu voir.»

Les globe-trotters s’adaptent plus facilement aux situations diverses qu’ils rencontrent. Ils aiguisent leur débrouillardise et leur courage, mais aussi leur empathie. En apprenant à mieux se connaître, au contact des autres et des aventures diverses qu’ils vivent, ils découvrent leurs limites, élargissent leurs horizons et font preuve d’une plus grande ouverture d’esprit.

En effet, voyager permet de prendre du recul et à de se frotter à d’autres mentalités, à d’autres valeurs, à d’autres idées, à d’autres références culturelles. C’est parfois déstabilisant, au début, mais, à long terme, ça nous rend plus tolérants et plus forts.

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Enfin, bénéfice non négligeable, les voyages, tout comme la moto, nous gardent jeunes et en santé. Selon un article publié fin 2013 par le Los Angeles Times recoupant des données de la Global Commission on Aging, de Transamerica Center for Retirement Studies et de la U.S. Travel Association, voyager entraînerait une diminution des risques de crise cardiaque et de dépression, en plus de favoriser la santé de notre cerveau. Et l’effet est quasiment instantané. Après seulement un ou deux jours en vacances, 89 % des voyageurs observent une baisse considérable de leur niveau de stress.

Un voyage offrirait, entre autres, le même genre d’avantages physiques et cognitifs que les livres, les mots croisés ou les visites de musées.

L’isolement et la sédentarité sont deux plaies de notre société moderne. On l’a durement constaté durant le dernier épisode de confinement que l’on nous a imposé. Voyager à moto est une façon efficace et plaisante de combattre ces fléaux. «Voyager c’est vivre,» selon Hans Christian Andersen. C’est éprouver, tout à tour, la joie, la peur, l’amour, la haine, la surprise et la confusion. Le plaisir. C’est une expérience complète et enrichissante.

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Les souvenirs de voyage sont généralement les plus précieux. C’est pour cette raison qu’il faut en accumuler le plus possible, en prévision des jours où il ne nous restera rien d’autre que des souvenirs, si, par chance, on n’est pas atteint d’Alzheimer.

Si vous avez des économies, il est temps de les investir dans votre santé mentale — en achetant une moto — et dans votre bonheur — en partant à l’aventure avec votre nouvelle monture. Quittez votre foyer et parcourez le monde au lieu de vous approprier des biens matériels futiles qui ne sont souvent qu’un maillon des chaînes qui vous retiennent prisonniers.

«Vivez, voyagez, soyez aventureux, bénissez et ne soyez pas désolé,» professait Jack Kerouac.

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Une réponse à “Voyager à moto”

  1. Patrick L

    Excellent

    J’ai toujours pris peu de photo de mes voyages. Je préfère m’imprégner des sentiments vécus lors de mes voyages. Cette citation à beaucoup de sens pour moi : « le voyageur voit ce qu’il voit, le touriste voit ce qu’il est venu voir. »

    Pat

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