Conjurer le sort, pour une année 2018 magnifique !
Publié le 7 janvier 2018
L’année qui vient de se clore dans un festival de confettis, de serpentins et de cotillons n’a pas été des plus fastes pour moi — c’est le moins que l’on puisse dire —, malgré le feu d’artifice final. Et même si 2018 est maintenant sur les rails, je subis encore son triste legs. Pourtant, je n’ai d’autre choix que de faire confiance à l’année qui s’amorce dans un froid sibérien et un déracinement de plus en plus difficile à supporter.
Photos © Didier Constant/PPI
Malgré la préséance des vœux de bonne année que nous échangeons pour conjurer le sort — bonheur, santé, prospérité — nous ne contrôlons ni le temps ni les aléas de la vie. Aucune année n’est jamais entièrement bonne ou mauvaise, pas plus qu’elle ne se déroule de façon uniforme, sans anicroches. Mais chacune d’elle est unique et précieuse. Il nous appartient individuellement de rendre 2018 meilleure, quelles que soient les péripéties que nous avons vécues l’an dernier, en intervenant de façon positive et active sur son déroulement, au quotidien. En étant nous-mêmes excellents.
Je ne crois pas au déterminisme, pas plus qu’au destin. Nous sommes maîtres de notre vie et notre avenir sera ce que nous en ferons. Pour 2018, je n’ai pas pris de zérolutions. De toute façon, je ne les respectais presque jamais auparavant et les rares fois où je le faisais, c’est qu’elles étaient trop facilement réalisables, donc sans but. En revanche, je suis déterminé à vivre une année magnifique. Envers et contre tous !
2018 marque une année ronde pour moi, une année pleine, comme la lune des lycanthropes. Propice au changement, à la mutation, à la métamorphose. En plus de constituer une étape marquante de mon évolution, mon soixantenaire est l’occasion d’explorer le chemin parcouru, mais surtout de préparer l’avenir avec sérénité et modestie. Le moment idéal pour écrire un nouveau chapitre du livre de ma vie en espérant que ce ne sera ni le dernier ni l’épilogue.
L’homme est le seul être vivant qui rit parce qu’il est le seul à avoir la prescience de sa mort (on parle souvent du rire de la hyène, mais il s’agit en fait d’un rictus sardonique). Dès lors, à quoi sert de se prendre au sérieux ? On ne vit qu’une fois. Autant en profiter.
Je ne regrette pas particulièrement de vieillir, même si je préfèrerais rester « éternellement jeune » comme le chante Bob Dylan. C’est un bénéfice qui est dénié à beaucoup de gens et dont je profite sans remords. Compte tenu de mon histoire familiale, je m’estime même chanceux d’avoir atteint la soixantaine en relative bonne forme. Aujourd’hui, mes cheveux sont grisonnants et les rides sur mon visage dessinent un multitude de micro-sillons qui le font parfois ressembler à un champ de labour, surtout les lendemains de veille. En plus de mes parents partis trop tôt (51 ans pour mon père, 61 pour ma mère), j’ai perdu de nombreux amis en chemin. Certains trop jeunes — Yves-Martin Proulx, Piero Zambotti —, d’autres plus vieux que moi aujourd’hui — Gilles Husson, Yvon Leclerc (Binosxx pour les intimes) —, mais tous inoubliables, tous irremplaçables et jamais remplacés. Si je continue aujourd’hui à vivre ma passion avec autant d’acharnement, c’est en partie pour eux, pour les révérer et non pour les rejoindre (le temps ne presse pas encore). Mais aussi pour vivre ma vie pleinement en remerciant tous ceux qui m’accompagnent et me font l’honneur de leur amitié.
Je n’ai jamais cru que nous étions sur Terre simplement pour exister, mais plutôt pour vivre. À fond ! Certains prétendent que nous ne vivons que pour quelques instants intenses et privilégiés et que le reste du temps nous attendons ces moments-là avec impatience. Mais vivre, c’est plus que ça. Même si notre avenir semble plus étriqué aujourd’hui qu’hier, sans rêve de conquête, sans espoir de découverte.
Vivre c’est savourer ces quelques instants magiques goulûment, mais aussi faire de son quotidien une aventure palpitante. C’est assouvir une passion térébrante sans arrière-pensée ni regret. C’est partager les bons moments avec ses proches et ses amis comme si c’était la dernière fois qu’on les voyait, intensément. C’est faire l’amour avec les mots pour accoucher d’une œuvre épique. C’est photographier la vie avec désir pour transformer chaque instant en un moment d’éternité digne d’un tableau de maître. C’est parcourir le monde en voyageur esthète, en m’émerveillant des paysages et des gens que je rencontre.
Je suis un nomade qui a choisi de vivre à fond et sans entraves. « Les seuls gens qui existent sont ceux qui ont la démence de vivre, de discourir, d’être sauvés, qui veulent jouir de tout dans un seul instant, ceux qui ne savent pas bâiller », écrivait Jack Kerouac dans « Sur la route ».
Depuis que la passion de la moto m’a cueilli au détour d’un virage aveugle, alors que j’étais encore adolescent, je suis devenu un motard vagabond, curieux et gourmand. Un rêveur éveillé qui picore la vie avec appétit. Là un panorama, là une rencontre, là un bon mot, là un bon repas, là encore une odeur prégnante. Chaque moment est unique, irremplaçable et je veux profiter de chacun d’entre eux. Mais le jour où ça ne sera plus possible, je ne gaspillerai pas mon temps à tenter de prolonger ma vie à tout prix.
J’ai toujours cherché à façonner mon existence selon mes envies et mes désirs. Avec opiniâtreté. À faire ce qui me rendait heureux, sur le moment, sans calcul, en faisant confiance à la vie. Comme disait Jean Giono, « Je suis seulement l’ouvreur de fenêtres, le vent entrera après tout seul ».
Quand on arrive à la croisée des chemins de notre existence, il n’y a pas de panneaux pour nous guider. Il faut choisir une direction à l’instinct. Et donc renoncer à ce qui pourrait nous attendre dans celle que l’on délaisse. De toute façon, on peut être heureux partout. Le bonheur est souvent le produit de choses simples. Il suffit donc de retrouver la simplicité originelle et être disponible à recevoir toute la beauté du monde.
Ce que je vis là, maintenant, c’est la vie. Ma vie ! Et rien d’autre. Ce n’est peut-être pas celle dont j’avais rêvé jadis, mais c’est celle que je me suis construite, à coups d’essais, d’erreurs et de réussites. Par définition, les rêves ne sont que ça. Des rêves. Tout le reste n’existe que dans la mesure où je décide de lui accorder de l’importance. De la consistance.
Si la vie mérite d’être vécue, alors autant bien la vivre. Il reste à espérer que 2018 sera faste et intense. Pour vous et pour moi !