Les voyages à moto sont bons pour la santé!
Publié le 6 juillet 2013
Voyager à moto est un art que nous sommes de plus en plus nombreux à pratiquer. Pourtant, chaque motocycliste interprète sa partition à sa façon et il n'y a rien de plus difficile que de trouver le compagnon de route idéal — et là, je ne parle pas d'un passager, mais bien d'un autre motocycliste avec qui partager ses aventures —, un pilote qui aime rouler comme vous, au même rythme, de la même manière, dans les mêmes contrées, sur les mêmes routes et avec la même intensité.
Jusqu’à présent, en dehors de mon frère Marc et d’une poignée d’amis, les gens avec lesquels j’accepte de rouler, ne serait-ce que pour une journée, se comptent sur les doigts de mes deux mains.
En fait, je suis un motard vagabond dans l’âme. Je suis très sociable et j’adore faire la fête avec des amis — l’amitié est une valeur à laquelle j’accorde énormément d’importance —, mais quand vient le temps de rouler à moto, je suis un «loner» comme disent les américains. J’aime me balader seul de préférence — les compromis ne sont pas ma tasse de thé —, parcourir de longs trajets, rouler loin et longtemps à un rythme qui fait monter mon taux d’adrénaline. Par ailleurs, j’exècre par-dessus tout suivre les autos, ou pire, les camions, quand il est possible de faire autrement. C’est l’un des rares avantages de la moto que de pouvoir se faufiler dans la circulation, dépasser rapidement les automobilistes en goguette et se retrouver seul sur la route, maître de son destin. Autant en profiter. Ce qui ne m’empêche pas de profiter au maximum de mes périples, c’est-à-dire m’arrêter en chemin, faire des photos, visiter villes, villages et monuments, prendre le temps de rencontrer des gens et partager le gîte et le couvert avec ceux avec lesquels je me découvre des atomes crochus. Solidaire d’accord, mais solitaire d’abord!
En près de 40 ans de carrière, je n’ai jamais fait partie d’un motoclub ou d’une association. «Je n’accepterais jamais d’entrer dans un club qui m’accepterait comme membre», disait à la blague Groucho Marx, une citation que je fais volontiers mienne. Je n’affectionne pas particulièrement faire partie du troupeau et ce n’est pas à mon âge que je vais me refaire. En revanche, je comprends très bien pourquoi de nombreux motocyclistes aiment ça et je le respecte. Pourtant, il m’arrive occasionnellement de faire des voyages à moto en Europe avec des amis. Des motocyclistes triés sur le volet. Et j’aime beaucoup l’expérience. Je dois bien mettre de l’eau dans mon vin parfois (mes compagnons d’aventure aussi, rassurez-vous) et il arrive que l’on rencontre des petits problèmes de logistique ou de concordance d’humeur, à l’occasion, mais dans l’ensemble, ça se passe bien.
Le plus dur, en groupe, en dehors de savoir choisir ses partenaires d’aventure, c’est de définir une destination et un itinéraire qui conviendront à tout le monde. Pour beaucoup de gens, parcourir 500 km dans la journée, c’est une expédition. Et quand il faut avaler de telles distances sur des routes secondaires, à un rythme sportif, on réalise alors la difficulté de l’exercice pour certains. Un grand nombre d’entre nous en sont incapables. Encore plus quand il faut répéter l’exercice quotidiennement, pendant des jours. D’où la nécessité de bien planifier son voyage. En ce qui me concerne, c’est le genre de parcours qui me plait. Je fais souvent — c’est-à-dire plusieurs fois par année — des trajets de plus de 1 500 kilomètres par jour, à une moyenne horaire assez élevée. J’aime ça. C’est mon «kif». Ce qui me rend heureux. J’aime me lever tôt, rouler à la fraîche, le matin, quand le soleil joue encore à cache-cache avec les collines, les montagnes et les forêts. Quand les villages sont encore endormis. Il suffit que le boulanger et le bistro du coin soient ouverts — en France, ce n’est pas un problème, ils sont aussi matinaux que moi — pour que je sois le plus heureux des hommes. Et je peux rouler jusqu’à la nuit tombée. Pourvu que je sache qu’un bon repas et un bon lit m’attendent. Pour le reste, j’ai ma provision d’antalgiques et d’antiinflammatoires. Et un bon habit de pluie.