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Le temps de la coopération est sonné

Le 13 mars dernier, à l’occasion de sa dernière assemblée, la Commission sur le transport et les travaux publics (Ville de Montréal) a rendu publiques une quinzaine de recommandations pour un partage sécuritaire du réseau cyclable, lesquelles seront soumises à l’approbation du comité exécutif, puis du conseil municipal.

Parmi ces recommandations, plusieurs retiennent mon attention, à savoir le bannissement des scooters (électriques) des pistes cyclables et l’autorisation donnée aux vélos de rouler à contresens de la circulation. Dans son rapport, la Commission suggère même de permettre aux vélos de circuler sur certaines voies réservées aux autobus et aux taxis. Un droit que l’on nie aux motos, sous de fallacieux prétextes. Deux poids, deux mesures, alors que du côté de la SAAQ et de la Table des experts, on nous rebat les oreilles avec le principe d’équité entre les usagers de la route.

Ces recommandations démontrent néanmoins la capacité des différents paliers de gouvernement à modifier leurs règlements quand des groupes de pression forts et organisés réussissent à faire valoir leurs points de vue, arguments à l’appui.

Ainsi, l’automne dernier, la Commission a tenu trois séances de consultation afin de résoudre le problème de la saturation du réseau cyclable. Une cinquantaine d’interventions ont été présentées et 26 mémoires ont été déposés dont plusieurs par les représentants de l’industrie cycliste qui étaient présents en nombre.

Si ces derniers ont réussi au fil des ans à capter l’attention des élus locaux et à obtenir autant de ceux-ci, sans pour autant fournir une quelconque contribution financière à la SAAQ ou aux divers organismes spécialisés en transport, contrairement aux motocyclistes qui sont devenus au fils des ans la vache à lait de la SAAQ, c’est avant tout par leur capacité à rejoindre les élus et à faire pression sur ceux-ci pour obtenir gain de cause.

À Montréal, la Commission sur le transport et les travaux publics étudie toute question relevant de la compétence de la Ville et de l’agglomération en matière de transport et d’infrastructures des réseaux routiers. Elle se réunit plusieurs fois par année et ses travaux peuvent également porter sur l’étude de dossiers concernant le transport actif et collectif. Autant de domaines dans lesquels la moto pourrait jouer un rôle actif.

À mon avis, les motocyclistes ont tout à gagner à s’y faire entendre plus souvent, voire à y présenter des mémoires ou des études. Et le temps ne saurait être plus propice maintenant que le dossier des immatriculations est derrière nous. En fait, nous ne pouvons qu’encourager les représentants des motocyclistes, toutes organisations confondues, incluant le CIMC (Conseil de l’industrie de la motocyclette et du Cyclomoteur), l’AMMQ (Association des marchands de motos du Québec) et le FCM (Front Commun Motocycliste) à mettre de la pression sur les pouvoirs publics. À ce sujet, le FCM est en train de former un comité sur l’utilisation de la moto comme moyen de transport. Un thème qui risque d’être au centre des débats à venir, avec le bruit et la sécurité. Gageons que ce comité aura à cœur de se faire entendre par la Commission, par la SAAQ et par les élus.

L’autre geste à poser serait d’engager un lobbyiste d’envergure à temps plein et de lui confier des mandats précis afin de faire avancer la cause des motocyclistes auprès des autorités publiques. Un spécialiste des relations avec les administrations qui passerait le plus clair de son temps à rencontrer les élus locaux (municipaux, provinciaux, fédéraux), les chefs de partis, ou les députés de toute allégeance afin de les sensibiliser à nos problématiques. Je suis persuadé que si nous parvenions, au Québec, à trouver un activiste de talent, à bien le rémunérer et à lui confier la gestion de certains dossiers vitaux, notre cause progresserait plus rapidement. Il est certain que le FCM ne peut, en tant qu’organisme à but non lucratif, rémunérer à lui seul un lobbyiste. Mais avec l’aide d’autres organisations, dont celles citées plus haut, il y aurait certainement moyen de récolter suffisamment de fonds pour y parvenir. Je sais qu’il s’agit là d’un vœu pieux, mais il faut bien commencer quelque part et élaborer des alternatives constructives aux démonstrations sans lendemain.

Au cours des dernières années, j’ai été étonné du peu d’implication des motocyclistes québécois. Nous sommes près de 140 000 selon les chiffres officiels et il aurait suffi que le quart d’entre nous soutiennent les diverses actions qui ont été menées pour qu’on obtienne gain de cause plus rapidement. Voire obliger la SAAQ à faire volte-face. Même chose pour l’industrie (CIMC, AMMQ) qui s’est réfugiée derrière une position corporatiste et a refusé de prendre une part active dans le dossier. Ou d’apporter un peu d’aide financière pour soutenir le mouvement.

En fait, tant que toutes les personnes impliquées de près ou de loin ne se fédèreront pas et ne travailleront pas dans le même sens, nous serons tous à la merci des politiciens et des fonctionnaires. Et nous n’aurons que nous-mêmes à blâmer pour l’érosion de notre passion.

Source : La Presse (15 mars 2012) — Feu vert aux vélos à contresens? par Karim Benessaieh

2 réponses à “Le temps de la coopération est sonné”

  1. Anonymous

    Très bonne analyse! À nous maintenant de nous réunir pour obtenir gain de cause.

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  2. Carl Savard

    J’ai écris à la ville l’an passé pour qu’ils ajoutent des stationnements de moto afin d’encourager ce moyen de transport (comme on sait, les stationnement so tous plein au centre-ville a partir de 08:00).

    En plus, ca coute rien agrandir les zone réservée. Mais comme c’est c’est pas mal plus payant pour Tremblay distribuer des amendes de $52.00, ca changera pas.

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