Bye bye Québec! Allô Vermont!
Le titre de ce billet pourrait être perçu comme une provocation de ma part s’il ne correspondait pas à une réalité que beaucoup d’entre nous observent depuis un an ou deux déjà. Un phénomène au reste que nous ne sommes pas les seuls à avoir constaté, tant l’exode de nos confrères motocyclistes vers le sud de la frontière est notable.
Récemment, j’ai reçu un courriel de la coordinatrice du bureau de tourisme de la région de Stowe, au Vermont qui, en dehors de faire la promotion de son coin de pays — un paradis pour motocyclistes offrant des paysages grandioses, une nature luxuriante, des routes de montagne sinueuses, dotées d’un revêtement impeccable — mentionnait que le nombre de motocyclistes québécois ayant traversé la frontière pour découvrir leur État avait augmenté de façon importante cet été. Chiffres à l’appui.
Si on fait exception du bouche à oreille, qui reste un outil de diffusion très puissant des bonnes nouvelles — comme des mauvaises, d’ailleurs —, j’en conviens, il est difficile d’isoler une raison logique fusse-t-elle conjoncturelle, expliquant cet attrait soudain de nos confrères pour le Vermont. D’autant que les autorités de l’État n’ont pas mené de campagne de promotion leur étant spécifiquement destinée.
En fait, la cause de cet exode trouve ses racines ici. À Québec, même. Dans les bureaux de la SAAQ et de Julie Boulet, la ministre des Transports, pour être précis. En effet, la hausse soudaine et inique des frais d’immatriculation des motos sportives — et des autres aussi, même si elle est n’est pas aussi spectaculaire — a incité de nombreux motocyclistes à fuir une province dans laquelle ils ne sont pas désirés et qui nie l’impact financier qu’ils représentent.
Selon les experts, l’industrie de la moto injecte près d’un milliard de dollars dans l’économie de la province. Principalement dans le secteur du tourisme : 135 000 motocyclistes qui parcourent près de 15 000 kilomètres par saison, encourageant les commerces des régions qu’ils traversent — stations-services, garages, dépanneurs, bars, restaurants, hôtels, clubs, salles de spectacles, etc. — sont pourtant loin d’être une quantité négligeable. Je m’étonne qu’en ces temps de disette et de crise, la ministre Boulet n’ait pas réalisé l’influence néfaste de la décision de la SAAQ sur le tourisme local, décision prise à sa demande, est-il nécessaire de le préciser. Une telle attitude dénote un mépris profond des motocyclistes et ils n’en sont pas dupes.
Même s’ils sont devenus la vache à lait du gouvernement, ils ont conservé leur dignité intacte et refusent de se faire tondre la laine sur le dos, comme des moutons. En tant que citoyens et consommateurs, ils exercent leur liberté de dépenser leur budget loisir comme bon leur semble, là où bon leur semble. Parmi mes proches et mes « amis » Facebook, le nombre de ceux qui vont dorénavant passer leurs fins de semaine et leurs vacances au Vermont est impressionnant.
Personnellement, je risque bien de succomber à mon tour à cette tentation, après des années de résistance passive. Car il est devenu vraiment désagréable de rouler au Québec. Quand ce n’est pas le gouvernement qui met sa main directement dans notre poche, ce sont les policiers qui nous dépouillent tels des bandits de grand chemin en prétextant nous protéger de nous-mêmes et assurer notre sécurité. Et je ne parle pas de la dégradation exponentielle du réseau routier. Ni du manque de considération dont nous sommes victimes sur la route.
Il est loin le temps où consommer québécois était un leitmotiv suffisamment puissant, d’un point de vue idéologique, voire identitaire, pour que nous acceptions de payer cher un loisir pour lequel nous nous passionnons. Et pour lequel nous sommes prêts à faire beaucoup de sacrifices. Aujourd’hui, nous ne nous satisfaisons plus d’un satisfécit. Nous exigeons d’être respectés et traités équitablement. Faute de quoi, nous irons nous faire voir ailleurs. Là où l’herbe est plus verte, et les routes plus belles! Vermont, here I come!