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Chance ou expérience?

Cette semaine, il m’est arrivé un incident qui aurait été totalement banal quand j’ai commencé à pratiquer la moto, dans les années 70, mais qui m’a surpris dans les circonstances. Alors que je revenais de St-Bruno, le moteur de mon Vespa a serré, soudainement, sans avertissement. Même si c’est monnaie courante avec un moteur deux-temps, ça faisait très longtemps que ça ne m’était pas arrivé. Et je dois avouer que je n’ai pas apprécié l’expérience outre mesure.

Je roulais dans la voie du centre, sur l’autoroute 20, en direction Nord, à l’approche du tunnel L.H. Lafontaine. Mon PX150 se sentait des ailes. L’air était frais et je bénéficiais de l’aspiration d’une minivan. Ça faisait un bon cinq minutes que je roulais à fond — c’est-à-dire 110-115 km/h — une vitesse presque supersonique pour mon vénérable Vespa. Devant moi, une minivan; à droite, un camion-citerne; derrière, un semi-remorque, et à gauche, une voiture. De chaque côté de la route, un muret de ciment n’offrant aucune échappatoire. La circulation était dense, mais ça roulait vite. Rien à voir avec le trafic de l’heure de pointe. Pourtant, c’était sûrement le pire endroit et le pire moment pour planter.

Quand le moteur a serré, la roue arrière s’est bloquée instantanément. Le temps que je tire l’embrayage à fond, je m’étais déjà mis à l’équerre deux fois. En laissant de magnifiques virgules noires sur l’asphalte. Un coup à gauche, un coup à droite. Je voyais ma roue arrière entrer et sortir de mon champ de vision comme si je faisais des figures de style libre en motocross. J’ai veillé à ne pas sauter sur les freins, j’ai relâché le gaz tranquillement et j’ai essayé de ne pas me raidir malgré le guidonnage. Quand j’ai finalement stoppé mon PX sur le bas côté, j’étais en un seul morceau. Mais j’entendais toujours le bruit strident des freins du camion qui me suivait et desquels un nuage de fumée s’échappait. Ça sentait la gomme brulée et le diésel. La circulation était maintenant presque arrêtée et je pouvais voir au regard des automobilistes que je n’étais pas seul à avoir eu la peur de ma vie. Après une minute ou deux, j’ai réussi à redémarrer mon Vespa. Le moteur n’était pas complètement saisi. Il s’agissait simplement d’une amorce de serrage — un «soft seize» comme disent les Anglais — que j’ai pu réparer à peu de frais, grâce à Jean-François, de chez Scootart, un spécialiste des vieux Vespa et autres Lambretta, qui a remplacé le piston et poli le cylindre.

J’avais pourtant parcouru près de 6 000 km sans problème avec ce kit DR180 réputé indestructible, en roulant souvent à pleine charge. Savez-vous faire autrement sur un scooter? Je ne m’attendais donc pas à ce qu’il serre ainsi. Apparemment, l’incident aurait été causé par une huile deux temps non adaptée au mélange manuel, ce dont je n’étais pas au courant, pas plus que le garage qui me l’avait vendue. Et au fait que j’étais sur la réserve, ce qui n’est pas idéal pour la lubrification.

Cette mésaventure m’a fait réfléchir. Quand on sort indemne d’un tel avatar, on a parfois tendance à remercier notre bonne étoile et à évoquer la chance. Pourtant, je suis convaincu que si j’avais eu moins d’expérience, je me serais planté à coup sûr. Et là, et seulement là, la chance aurait joué un rôle quelconque dans l’issue de la chute. Au cours de ma «carrière» de motocycliste, je me suis sorti de plusieurs incidents malencontreux. Le genre de moments que les Anglais — encore eux — qualifient de «close calls». Des moments dont on sourit après, en les racontant, mais avec une certaine appréhension rétrospective. Dans plusieurs cas, je suis persuadé que mon expérience ou la pratique de techniques de pilotage avancé m’ont sauvé la vie. Dans d’autres, ma bonne étoile ou un alignement favorable des planêtes m’a peut-être aidé. Qui sait?

Parfois, je me demande si les motocyclistes n’ont pas plusieurs vies, comme les chats. Si c’est le cas, la question qui m’importe est de savoir combien j’en ai déjà «brulées» et combien il m’en reste. Une chose est sûre cependant. Je vais continuer à perfectionner mon pilotage, ça peut toujours servir, et à piloter mon PX aux limites du raisonnable. Sinon, à quoi bon? D’ici un mois, je devrais recevoir un nouveau kit Pinasco qu’on me garantit hyper-performant et «bulletproof». Je vais peut-être enfin pouvoir dépasser 120 km/h sur le plat… sans serrer?

PS: si vous avez vécu des expériences similaires, n’hésitez pas à m’en faire part en postant un commentaire. Et dites-moi si vous vous en êtes sortis par chance ou par expérience.

Une réponse à “Chance ou expérience?”

  1. Anonymous

    Bonjour,

    concernant ce blocage, j’ai vécu cette expérience le weekend dernier: mon PX125 etait pratiquement à fond sur un boulevard parisien. j’etais en réserve depuis un moment et j’ai recement changé l’huile moteur 2T. Donc j’etais à peu près a 70km/h lorsque ma roue arriere s’est bloquée: gros coup de frayeur. Malgré tout, j’ai réussit à maintenir le vespa dans une trajectoire droite. Très surpris de ce comportement, je suis reparti après un arret de 5 min. Puis, après 5 min rebelotte: blocage de roue dans voie de bus: fini presque sous un bus. Pour ma part, c’est mon premier scooter et je nai jamais eu de scoot avant.

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