L'ombre d'un doute?
Jeudi 4 octobre
Depuis que j’ai repris ma liberté, j’ai reçu plusieurs propositions plus ou moins intéressantes de manufacturiers, de distributeurs et de prétendus groupes de presse. Je dis prétendus, car il leur manque le professionnalisme, l’éthique et l’expertise qui sont l’apanage des grandes maisons d’édition pour prétendre à cet épithète pompeux.
Personnellement, je ne suis pas sensible à la flatterie et je me méfie des louanges – les flagorneurs vivent au dépends de ceux qui les écoutent – préférant de loin être traité avec respect et rémunéré à ma juste valeur. Je me méfie des occasions trop belles pour être vraies. Comme je fuis les gens qui n’accordent aucun crédit aux diplômes, à l’expertise ou à la réputation des candidats qu’ils sollicitent.
La grande majorité des journalistes de moto au Canada n’ont pas suivi de formation journalistique et rares sont ceux qui ont un diplôme universitaire. Certains n’ont même pas complété leur secondaire. C’est tout dire!
Cependant, l’absence de formation, d’expertise ou d’imagination n’est pas le plus gros problème auquel la profession doit faire face. Le manque flagrant d’honnêteté est nettement plus dommageable à mon avis. Pour un journaliste, la crédibilité découle essentiellement de son intégrité, de son sens de l’éthique et de son impartialité, des qualités aussi importantes, sinon plus, que la bonne maîtrise de la langue écrite ou la parfaite connaissance des dossiers. Trop de confrères font preuve d’une déontologie à géométrie variable et confondent intérêt personnel et intérêt général. Certains se contentent de recopier – mal en plus – des communiqués de presse, des rapports techniques ou les textes de leurs confrères sans aucune vergogne. Les rédacteurs de certaines revues travaillent même pour un manufacturier ou un distributeur sans que l’on s’étonne du fait. On nage en plein conflit d’intérêt.
Mais, tout le monde s’en contrefiche. Et quand on cherche à changer la situation ou à faire preuve d’une plus grande rigueur, l’industrie rue dans les brancards. Car les compagnies se moquent pas mal que vous soyez intègre, honnête et compétent. Ce qu’elles veulent, c’est une «bonne» couverture, exempte de critiques, même constructives. Et pour cela, elles sont prêtes à vous flatter, à vous offrir des cadeaux ou à vous employer, si ça peut leur garantir le résultat escompté. Elles jouent sur le manque d’éthique de la profession pour y parvenir et les faits leur donnent raison. Si vous voulez une information de qualité, il vous incombe donc d’être vigilants et de vérifier la crédibilité de vos interlocuteurs. Et comme le disait mon ancien Boss: «s’il y a apparence de conflit d’intérêt, il y a conflit d’intérêt ! Il n’y a pas de demie mesure en la matière.»