Roulez jeunesse!
Publié le 12 septembre 2010
Récemment, notre collaborateur Patrick Laurin a participé à un cours ARC2 de l'école de pilotage Turn2, au circuit de Calabogie, à l'ouest d'Ottawa. Même s'il avait déjà suivi une formation de base et participé à quelques journées de roulage sur piste à Mécaglisse et à Saint-Félicien, Patrick pouvait être considéré comme un néophyte, sur circuit j'entends. Voici le récit de ses exploits.
Texte : Patrick Laurin — Photos : Pierre Desilets, Filip Bertrand/303 Imaging
J’étais tranquillement assis dans mon salon, en train de siroter une bière tout en naviguant sur Internet quand le téléphone sonna. Je décrochai et, au bout du fil, la voix de Didier Constant, le rédacteur en chef de motoplus.ca, résonna dans le combiné : « Salut Patrick! Ça te dirait de suivre un cours de niveau 2 de l’école Turn2 cet été, à Calabogie? Je cherche un bon pilote ayant complété un niveau 1 avec une autre école et qui voudrait se perfectionner. Ça serait pour un stage de deux jours… ». Je pense que je ne lui ai même pas laissé le temps de terminer sa phrase. Sous le coup de l’émotion, de la surprise, j’ai bafouillé quelques mots incompréhensibles en guise d’acceptation. Bien sûr que j’étais partant. Quelle question? D’autant que j’avais visité le kiosque de Turn2 au Salon de la moto de Montréal pour m’enquérir des tarifs et des conditions de location du matériel. Les idées et les émotions se bousculaient dans mon esprit. J’étais emballé par l’idée. Je me branchais aussitôt sur le site de Calabogie, pour voir à quoi ressemblait le tracé, puis je me mis en quête de vidéos montrant des journées de roulage sur ce circuit. Grâce à YouTube, j’en trouvais rapidement quelques-uns. Assez pour me donner une bonne idée de l’aventure dans laquelle je me lançais… Il ne restait plus qu’à attendre…
La mi-juillet arriva enfin. J’étais là, dans le paddock de Calabogie, au bureau d’inscription, en compagnie de trois membres de l’équipe de motoplus.ca — Didier Constant, Ugo Levac et Bertrand Gahel, en l’occurrence — qui profitait de l’occasion pour réaliser un match comparatif sur circuit de sportives haut de gamme (BMW S1000RR vs Honda CBR1000RR et Ducati 1198 vs KTM RC8R). J’étais inscrit à un cours ARC2, ainsi qu’à une séance CRG3 de l’école de pilotage Turn2. Et j’étais fébrile, attendant fiévreusement que la journée débutât enfin. Devant moi se déroulait le magnifique circuit de Calabogie. Long de cinq kilomètres, il comporte 20 virages, dont certains sont aveugles et plusieurs dénivellations qui le rendent particulièrement technique et plaisant à piloter.
Le cours ARC2 s’adresse aux pilotes ayant déjà une expérience sur piste et à ceux qui ont déjà suivi le cours de niveau 1 d’une école reconnue. Le déroulement de la journée consiste en trois séances de 20 minutes en piste le matin et quatre l’après-midi. Un cours théorique en classe est organisé avant chacune des séances. Au niveau des accommodations, tout est là : location de moto, d’équipements (casques, combinaison de cuir, bottes, gants, dorsale) et d’un transpondeur pour enregistrer vos temps en piste. On peut même louer un caméscope numérique portable si on le désire. Un service de mécanique et d’entreposage est disponible pour ceux qui en ont besoin (ceux qui suivent le cours avec leur propre moto, par exemple) et on retrouve également, en plus de la salle de cours, une boutique et un kiosque de restauration rapide sur place.
Après avoir complété les formalités usuelles, récupéré mon équipement, loué ma moto et rempli le formulaire médical obligatoire, on m’assigna mon instructeur pour les deux jours. J’eus la chance de tomber sur Geneviève Lesieur, pilote professionnelle en série Superbike et participante du Women’s Canadian Championship. Une professeure non seulement charmante, mais surtout capable de faire passer son message efficacement et avec diplomatie. Dans les cours de Turn2, chaque instructeur à la charge de cinq étudiants, ce qui garantit un enseignement de qualité et un suivi personnalisé.
Turn2 Sportbike Rental inc. fut fondée en mai 2003, dans le but de fournir aux pilotes des motos préparées et destinées exclusivement à la piste. Turn2 fut la première entreprise au Canada à préparer et louer des motos Supersport modernes de 600 cc pour la piste. À l’époque, elle opérait principalement au circuit de Mosport, en banlieue de Toronto. En 2007, l’entreprise se consacra à la formation. En 2008, la division Turn2 Sportbike School a été mise sur pied dans le but d’établir une école de pilotage permanente à Calabogie Motosport Park, avec le soutien de Kawasaki Canada. La compagnie a également élargi son offre de location de moto.
Aujourd’hui, Turn2 offre des cours de pilotage pour tous les niveaux, du débutant au pilote chevronné. Il y a les cours BRG (Beginners Riding Course), ARC (Advanced Riding Course) de niveau I, II, & III ainsi qu’un niveau X qui s’adresse aux aspirants coureurs ou à ceux dont les temps leur permettraient de le devenir. En plus des cours de pilotage, un cours sur l’ajustement des suspensions (Supension Tuning Course) et un autre qui s’adresse aux coureurs (Racer Preparation Course) sont proposés. Vous avez de l’expérience et êtes déjà au fait de la théorie? Les CRG (Controlled Riding Group) sont des séances sur piste avec un instructeur pour 10 pilotes. Vous pouvez ainsi rouler avec plus de liberté tout en ayant un instructeur afin de vous aider à progresser au besoin. Trois niveaux sont accessibles selon vos temps en piste, ce qui assure une certaine homogénéité des groupes et réduit le risque au minimum tout en vous assurant un maximum de plaisir!
La première leçon de la journée consiste en un rappel des techniques enseignées au niveau 1; nul besoin d’avoir complété ce niveau avec Turn2 si vous détenez un certificat de niveau 1 reconnu d’une autre institution; il vous suffit d’envoyer vos documents afin d’être éligible au niveau 2. Au cours de la journée, les sujets abordés couvrent la position du corps, les techniques de freinage et d’accélération, les trajectoires, la lecture de la piste, la gestion du trafic et le réglage des suspensions et du châssis. À la fin de la journée, les instructeurs passent en revue, en classe, l’ensemble des techniques de pilotage acquises, ainsi que la détermination des objectifs à rencontrer lors de la dernière séance en piste. L’information prodiguée lors des cours théoriques est complète. Elle est principalement dispensée en anglais, en revanche le guide de l’étudiant qui reprend l’ensemble des notions théoriques est disponible en anglais et en français. Notez que plusieurs instructeurs sont bilingues et que vous pouvez demander un instructeur qui parle la langue de votre choix. Il pourra, au besoin, vous aider avec les cours théoriques.
Lors des premières séances, la principale difficulté est de reconnaître le circuit. Ne vous mettez pas trop de pression, car 20 virages c’est long à apprendre, mais plus les séances avancent, plus vous serez à l’aise et plus il sera facile de vous concentrer sur votre pilotage. Vos temps sont enregistrés grâce à un transpondeur et ils sont affichés dans le bureau du secrétariat dès votre sortie de la piste. C’est un outil très utile pour suivre votre évolution, à condition de vous concentrer d’abord à mettre en application les techniques enseignées par votre instructeur. Après chacune des séances, il donne son analyse, ses commentaires et ses explications de techniques à mettre en œuvre aux étudiants, le tout personnalisé pour chacun d’eux.
Pour ma part, la journée se déroula rondement, sous les conseils judicieux de Geneviève. Elle m’a rapidement fait comprendre que je devais modifier la position du haut de mon corps. Pour m’aider, elle me montra une position de mains qui m’a grandement aidé à atteindre mes objectifs, soit améliorer mes techniques et mon expérience. J’ai donc passé la première journée à pratiquer les enseignements de Geneviève, plutôt que de me concentrer sur mes chronos, bien que ceux-ci s’améliorent constamment au fil des séances. Puis, de toute façon, il y avait le lendemain pour faire péter le chrono. À la fin de la journée, j’étais satisfait de l’amélioration de mon pilotage, ainsi que des progrès atteints tout au long de la journée. Un banquet de remise des certificats clôturait les activités de la journée et chacun rentra chez lui avec un grand sourire sur les lèvres. Quant à moi, je pensai déjà au programme de la deuxième journée.
En me levant, le lendemain matin, le temps était couvert et gris. Mais ça n’affecta pas mon enthousiasme de retourner en piste. Je me disais qu’il finirait bien par faire beau. Malheureusement, la pluie avait détrempé la piste et quelques averses sont venues ponctuer les séances du matin. Un peu déçu de cette météo, j’ai retrouvé rapidement mon sourire à la suite d’un conseil prodigué par Geneviève. Elle me fit réaliser que sous la pluie, nous devons porter encore plus d’attention à notre positon sur la moto et être plus coulé dans notre conduite. À travers ces explications, j’ai vu l’occasion rêvée de raffiner mon pilotage, au point où je me suis même permis quelques glissades contrôlées; bref, que du bonheur. Au dîner, un fort orage scella ma journée. J’aurais bien aimé abaisser mes chronos, mais comme le patron nous m’attendait pour rentrer à Montréal avec les motos du comparo, ce serait partie remise!
Les écoles de pilotage avancé sur piste sont, à mon humble avis, un atout pour tout amateur de sportive. C’est la seule avenue possible pour apprendre et améliorer son pilotage de façon notoire et sécuritaire. La qualité des cours offerts par l’équipe Turn2 est de haut calibre, leurs installations sont impeccables et le circuit de Calabogie est sûrement l’un des meilleurs au Canada. C’est tout ce dont un passionné de sport peut rêver. Pour de plus amples informations (tarifs, horaires) rendez-vous sur le site Internet de Turn2.
L’AVIS DE « FAST » UGO LEVAC
JE TOURNE AUSSI (I TURN TOO)
Fraîchement promu de l’École de pilotage FAST avec, en poche, un diplôme de niveau 1 et 2 obtenu trois jours plus tôt, je me pointais au magnifique circuit de Calabogie pour y rejoindre mes collègues Didier Constant et Bertrand Gahel avec lesquels je devais prendre part à un comparatif de supersportives affûtées (BMW S1000RR, Honda CBR1000RR, Ducati 1198 et KTM RC8). J’en bavais d’avance…
Je n’étais donc plus « vierge », mais pas encore un pro de la piste. Loin de là. Et, comme il n’était pas question de tâter du bitume avec les motos d’essai, le Boss a insisté pour que je m’inscrive au cours ARC2 de Turn2, dans le but d’apprendre le tracé. Il faut reconnaître que le Calabogie Motorsports Park est un circuit de calibre international, technique et particulièrement difficile à mémoriser. Avec ses 20 virages, ses nombreuses dénivellations et ses deux lignes droites rapides, il faut l’aborder avec précaution et respect, surtout au guidon de supersportives d’un litre aussi performantes que celles que nous venions évaluer. Personnellement, j’ai découvert le circuit avec la Honda, et je suis passé à la BMW plus tard en journée.
Intégré moi aussi au groupe de Geneviève Lesieur, j’ai donc roulé en compagnie de Patrick Laurin et apprécié, comme lui, le professionnalisme de notre instructrice.
En comparant mon expérience de Turn2 avec celle de FAST, au circuit Nelson de Shannonville, j’ai trouvé que la piste de Calabogie était non seulement extraordinaire, mais aussi qu’elle nous permettait de rouler à un rythme nettement plus élevé. À plusieurs reprises, je me suis surpris à penser tout haut « Je suis trop jeune pour mourir! ». À chaque passage devant les puits je sentais clairement que Geneviève augmentait la cadence. Laquelle est devenue justement trop rapide pour moi. Mais comme Patrick me l’a alors fait remarquer, j’étais peut-être le moins véloce de notre équipe, mais j’étais dans un groupe qui roulait très vite. Sur les 40 pilotes en piste ce jour là, 19 pilotes étaient plus rapides que moi (dont Constant et Gahel, on s’en doute) et 20 plus lents. J’étais donc loin d’être ridicule.
Dès la troisième séance, je suis parvenu à mettre le genou au sol pour la toute première fois de ma vie. Lorsque j’ai senti mon slider gauche carresser l’asphalte, un large sourire s’est dessiné sous mon casque. J’avais enfin perdu cette virginité pistarde qui me pesait tant.
Après m’être fait quelques petites frayeurs, dont une majeure au guidon de la S1000RR, dans le virage numéro Un, où j’ai frôlé la catastrophe, je suis parvenu à trouver mon rythme et à prendre plaisir, malgré la chaleur intense et la déshydratation dont j’ai été victime en après-midi. Et la douleur que je sentais grandir dans mes jambes. J’ai beau être jeune, je ne suis pas vraiment en forme.
Puis ce fut la remise de diplômes. Au dos de mon certificat figuraient mon meilleur temps de la journée, les points à améliorer et les conseils de mon instructrice. Avec une mention « Allez au gym! » illustrée d’un petit bonhomme sourire faisant un clin d’œil.
Personnellement, j’ai été séduit par cette piste extraornaire qui mérite pleinement la réputation dont elle jouit. L’efficacité de l’organisation m’a également surpris. Pouvoir rouler en petits groupes de seulement cinq pilotes, avec une instructrice entièrement dévouée à ses élèves, est un luxe appréciable. Ça permet d’établir une proximité directe avec la source d’enseignement.
Est-ce que Turn2 m’a laissé une bonne impression en raison du fonctionnement très bien rodé de son organisation et des conseils que l’on obtient toute la journée en vue de devenir un meilleur pilote? Peut-être. Ou est-ce dû à la qualité de la piste, au sourire agréable de mon instructrice, ou encore aux supers motos que j’ai pilotées? Difficile à dire. Mais tout ça, ça fait aussi partie de l’offre de Turn2 (CBR1000RR en moins). Dans mon cas, il s’agit d’un 390 $ bien investi.
TARIFS
- Cours BRC — 275,00$
- Cours ARC — 390,00$
- Cours ARC X — 725,00$
- Journée CRG — 260,00$
- Location de moto
- Kawasaki Ninja 250R — 180,00 $
- Kawasaki Ninja 650R — 200,00$
- Kawasaki Ninja ZX6R — 220,00$
Location d’équipement offerte. Pour de plus amples informations, consultez le site Internet de Turn2: www.turn2.ca