Suzuki s’impose dans la tourmente
Publié le 23 septembre 2019
Le 83e Bol d’Or donnait ce week-end au Circuit Paul Ricard le coup d’envoi du Championnat du monde d’Endurance FIM-EWC. Au terme d’une course copieusement arrosée, riche en rebondissements et d’une succession de quatre meneurs (YART-Yamaha, FCC-TSR-Honda, Wojcik Racing Team et SERT-Suzuki), c’est finalement le Suzuki Endurance Racing Team (SERT) qui s’impose sur les 5,673 kilomètres du circuit devant une Yamaha privée et une BMW d’usine.
Les Français Vincent Philippe, Etienne Masson et Gregg Black (Suzuki) ont signé aujourd’hui au Circuit Paul Ricard la 16e victoire de la marque japonaise lors du 83e Bol d’Or, épreuve inaugurale du Championnat du monde d’endurance (FIM-EWC) 2019-2020 au terme d’une course marquée par de nombreux événements météorologiques et incidents de course.
Le YART (Yamaha Austria Racing Team) a dominé les qualifications et a décroché la pole position avec un équipage aux performances très homogènes, emmené par Loris Baz. Le français a en effet établi un nouveau record du tour de piste à 180 km/h de moyenne sur les différentes sessions.
À noter que les plus rapides en vitesse de pointe dans les 1,8 km de la grande ligne droite étaient les BMW à plus de 340 km/h.
Une pluie… d’éléments perturbateurs
Jamais, depuis le retour du Bol d’Or sur le Circuit Paul Ricard — qui vient de renouveler son contrat avec Larivière Organisation jusqu’en 2023 — celui-ci n’avait subi autant d’éléments perturbateurs.
À 15 h, les 56 pilotes prenaient le départ sous la pluie. Les conditions météorologiques se dégradaient rapidement, provoquant d’inévitables chutes et de nombreuses interventions des voitures de sécurité destinées à sécuriser la compétition. Les prévisions, encore plus catastrophiques pour la nuit, conduisaient les organisateurs du Bol d’Or et sa Direction de Course à suspendre la compétition à 17 h 43, et ce, jusqu’au lendemain matin 6 h.
Deux Yamaha se disputaient successivement la tête lors des deux premières heures — logiquement celle du YART autrichien, puis celle de l’écurie polonaise Wojcik Racing Team — au jeu des ravitaillements. L’équipe FCC-TSR Honda France s’installait aux commandes des opérations quelque temps avant le drapeau rouge.
Au second départ donné le dimanche matin à 6 h, l’équipe conservait la tête jusqu’au milieu de la matinée, mais ses espoirs s’anéantissaient lorsque le moteur de la CBR pilotée par Mike Di Meglio décidait de lâcher, déversant généreusement de l’huile entre la courbe de Signes et le double droit du Beausset. « J’ai perçu un bruit bizarre et la roue arrière s’est bloquée à l’entrée du Beausset, relate Mike Di Meglio. C’est vraiment dommage, car nous étions devant et nous avions aussi l’avantage d’avoir à ravitailler moins souvent avant l’arrivée… »
Ce malencontreux fait de course impliquait une cascade d’événements malencontreux, dont les chutes d’Erwan Nigon (Kawasaki) et de Loris Baz (Yamaha) qui provoquaient l’incendie des deux motos.
« Sur le coup, avoue- Erwan Nigon, j’ai cru que j’allais y rester et brûler vif ! Avant ma chute, je venais de voir la Honda fumer un peu… Je suis tombé, j’ai glissé et percuté le mur… Ma seule pensée était de reprendre la piste. J’ai coupé le contact et me suis apprêté à attendre dix secondes pour la redémarrer… Au bout de trois secondes Loris (Baz) chute aussi et sa moto me tape dans la jambe… et puis une boule de feu… J’ai de la chance d’être entier… Mais la moto est irrécupérable… »
Loris Baz a eu, lui aussi, la peur de sa vie : « Je suis surtout content qu’Erwan (Nigon) soit vivant, car l’impact a été énorme et il était entre les deux motos lorsque l’explosion a eu lieu… J’étais en train de doubler mon relais et ça se passait bien… J’ai vu les drapeaux de changement d’adhérence… Mike (Di Meglio) a dû casser au bout de la ligne droite du Mistral et il y avait de l’huile un peu partout, mais il était difficile de voir les traces à cause de l’humidité encore présente. J’ai vraiment cru que j’allais percuter Erwan de plein fouet… C’était un Bol d’Or de dingue ! »
À la suite de ces accidents, la Suzuki du SERT, postée en embuscade, se porte en tête, jusqu’à l’arrêt de la course. Pour Vincent Philippe, il s’agit de sa 9e victoire au Bol d’Or — le record absolu de succès pour un pilote dans cette course. C’est également la 16e d’une Suzuki, marque 15 fois championne du monde d’endurance, également récompensée du Trophée de la Combativité à l’issue de ce Bol d’Or : « Je ne savais pas que j’allais effectuer le dernier relais, expliqua Vincent Philippe après l’arrivée. Et j’ai beaucoup apprécié que Damien Saulnier, qui a succédé à Dominique Méliand aux commandes de la nouvelle équipe du SERT, me demande de le faire. Tout le monde s’est montré à la hauteur et a bien progressé, maintenant il va nous falloir continuer le travail dans le Championnat du monde, sachant que j’ai décidé de mettre un terme à ma carrière de pilote professionnel en fin de saison ».
Du côté de ses coéquipiers, Gregg Black précisait : « Je pense que la direction de course a pris la bonne décision de suspendre la compétition au moment de la tempête ».
Quant à Étienne Masson, il notait : « Les conditions de reprise de la course au petit matin étaient particulières pour un “24 heures”… Nous sommes allés nous coucher à 21 h et j’ai repris le guidon au lever du jour. J’étais vraiment impatient de reprendre la piste, et j’ai facilement retrouvé le rythme ».
Coup de théâtre après l’arrivée
Le SERT remporte donc le Bol d’Or et s’impose devant la Yamaha de l’écurie polonaise Wojcik Racing Team et la BMW de l’équipe allemande ERC Endurance pilotée par les Français Mathieu Ginès, Julien da Costa et Louis Rossi. Cependant, après les vérifications techniques d’usage, le jury FIM décide de déclasser l’écurie ERC Endurance pour non-conformité de la capacité de son réservoir d’essence. La troisième place échoit alors à une autre BMW S1000RR, celle de l’équipe BMW Motorrad World Endurance Team, qui faisait au Bol d’Or sa première apparition en FIM EWC avec Ilya Mikhalchik, Julian Puffe et Kenny Foray.
Au terme de la première course du Championnat FIM EWC 2019-2020, le SERT se poste en tête du classement provisoire avec 49 points.
Classement
Source : Communiqué de presse du circuit Paul Ricard