Le SERT remporte la 38e édition des 24 Heures Motos
Publié le 21 avril 2015
L’écurie Suzuki Endurance Racing Team (SERT) remporte la 38e édition des 24 Heures Motos, sa huitième victoire au Mans, devant près de 70 500 spectateurs ayant fait le déplacement au circuit Bugatti. Une course exceptionnelle, disputée sous une météo clémente.
Photos : Équipes, ACO (Michel Jamin, Jonathan Biche, Arnaud Cornilleau), David Reygondeau/Good Shoot, Vale (GECO), Mateusz Jagielski, Jonathan Godin
Rien ne S.E.R.T. de courir, il faut partir à point
Qualifié en quatrième position derrière les écuries SRC Kawasaki, YART Yamaha et Honda Racing, le SERT n’était pas donné vainqueur d’emblée. Pourtant, comme c’est souvent le cas en endurance, ce n’est pas toujours l’équipage le plus rapide qui gagne, mais le plus constant, celui qui commet le moins d’erreurs. Une course de 24 heures n’est pas un sprint et de nombreuses péripéties peuvent venir agrémenter l’odyssée de l’équipe gagnante. Comme le prouve encore la Suzuki du SERT cette année.
L’équipage de la Suzuki n° 30 composé de Vincent Philippe, Anthony Delahaye et Étienne Masson a effectué une course quasi exemplaire pour remporter l’épreuve mancelle pour la neuvième fois de son histoire. Si on omet une chute sans gravité en début de course, le plan de match de la Suzuki a été respecté à la lettre, comme le souligne Dominique Méliand team manager du SERT : « En Endurance, il faut gérer sa course, voir ce qu’il se passe, se caler par rapport aux incidents subis par ses adversaires, prendre le moins de risques possible, et c’est comme cela qu’au final on est sur la plus haute marche du podium. Et notre grande force est d’avoir de bons pilotes entourés d’une équipe qui répond toujours présent et ne baisse jamais les bras! »
Si Vincent Philippe et Anthony Delahaye, deux vétérans au service de SERT depuis des années, sont habitués à la victoire, Étienne Masson, issu du Junior Team, faisait ses débuts dans l’équipe Suzuki et il était particulièrement ému à l’arrivée : « Première course avec le SERT et première victoire, c’est très fort à vivre et c’est le résultat de tout le travail que nous avons produit cet hiver. J’avais peur de ne pas être à la hauteur et je suis très fier de ce que l’on a fait! »
Derrière la Suzuki n° 30, la ZX-10R n° 11 de l’équipe SRC Kawasaki, dirigée par Gilles Staffler s’empare de la deuxième place. Détentrice de la pole position, la n° 11 était hyper, mais une chute de Fabien Foret en début de course, dans le virage du Chemin aux bœufs, a failli mettre fin aux espoirs des Verts qui participeront à l’intégralité du Championnat cette année et visent le titre. Lourdement endommagée, la n° 11 ramenée par Foret, rentrait aux stands, où l’équipe technique a fait le maximum pour la remettre en piste dans les meilleurs délais possibles. Reléguée à la 47e position, à neuf tours des meneurs, la Kawasaki s’est élancée à l’assaut de la Suzuki du SERT. Sous l’impulsion de ses trois courageux pilotes la ZX-10R est parvenue à remonter jusqu’à la deuxième place. « Je n’ai pas l’habitude de gérer une deuxième place, mais je sais que j’ai des comptes à rendre vis-à-vis de Kawasaki qui m’offre cette année la première opportunité de disputer l’intégralité du Championnat du monde », déclarait Gilles Staffler, le boss de l’équipe SRC. « Une fois la colère passée après la chute de Fabien, pour lui prouver qu’on ne lui en voulait pas, nous lui avons proposé de franchir la ligne d’arrivée. Le seul objectif était de remonter le plus vite possible au classement pour engranger le plus de points possible au championnat, mais j’aurais aimé me battre plus longtemps avec Dominique Méliand et Suzuki. Nous avions tout pour le faire! » Un geste qu’a apprécié Fabien Foret. « C’est sûr que chuter en début de course est difficile à vivre par rapport au reste de l’équipe et je m’en suis excusé. Je regrette que de ce fait nous n’ayons pas pu vivre une intense bagarre avec le SERT! » Et Matthieu Lagrive de renchérir : « À partir du moment où l’on savait que l’on ne pouvait plus gagner, c’était notre job de ne pas commettre d’erreur! »
La troisième place revient au Team Bolliger Switzerland sur la Kawasaki ZX-10R n° 8. L’équipe suisse a connu peu de problèmes, si ce n’est un capteur défectueux qui lui a fait perdre quelques tours, et elle réalise une belle course toute en régularité. Peter Bolliger, pilote de l’écurie, manquait de mots à l’arrivée pour exprimer sa satisfaction : « C’est notre premier podium en championnat du monde FIM d’endurance, je suis très content! » Un sentiment partagé par son coéquipier Horst Saiger : « À part un tout petit problème, on peut dire que tout a marché comme une horloge suisse! Pour nous, c’est vraiment un super résultat. Nous avons pris le départ à la dixième place et au final nous terminons troisièmes. Ce fut vraiment une bonne course. Nous ne nous étions pas vraiment fixé d’objectif, nous voulions d’abord finir la course et voir ensuite ».
Le Junior Team Le Mans Sud Suzuki qui remporte la catégorie Superstock devant l’équipage Louit Moto n° 33, sixième au général, s’empare de la quatrième position au classement, à la grande satisfaction de son team manager Damien Saulnier : « On était venu pour gagner la catégorie et on l’a fait! Le challenge était d’autant plus grand que l’équipe technique était composée de nouveaux élèves du Lycée technique du Mans. Ce qui veut dire que l’on repart de zéro chaque fois. Je tire mon chapeau aux trois pilotes Baptiste Guittet, Gregg Black et Romain Maitre qui nous ont amenés à cette quatrième place au scratch et leader de la catégorie Superstock. »
Le GMT94 YAMAHA s’offre la cinquième place pour cette première sortie de la toute nouvelle R1 en version endurance. La moto est encore à un stade de préparation très précoce, mais s’est montrée compétitive, tous comme les pilotes de l’équipe, comme en témoigne Christophe Guyot, le team manager du GMT 94 : « Terminer la course en 5e position, c’est vrai que l’on espérait mieux. En même temps, je suis vraiment content, car nous n’avons rien connu de grave. Seulement une toute petite panne qui nous oblige à changer une couronne de transmission à deux reprises et puis un fil coupé qui nous a contraints à 7 minutes d’arrêt. Il y a bien sûr la blessure (genou) de David, sachant que lui aussi était prêt à aller au bout. J’ai tout de même dû décider de l’arrêter une première fois à deux heures du matin pour une période de repos de quatre heures, puis après le relais qui a suivi, car il ne pouvait plus marcher en descendant de la moto. La course a été belle. Mathieu Gines et Kenny Foray ont été au bout de leurs forces avec talent et compétitivité. La cinquième place récompense leur engagement et une volonté exemplaires. Et nous savons que la nouvelle R1 est pourvue d’un énorme potentiel. »
Sinon, plusieurs équipages de pointe qui étaient en mesure de se battre pour la victoire ont connu leur lot de mésaventures.
La BMW S1000RR de l’écurie BMW Motorrad France/Penz 123.com de Markus Reiterberger, Gareth Jones, Pedro Vallcaneras connait des ennuis mécaniques et doit se contenter de la septième position, à 17 tours des vainqueurs.
La Honda National Motos n° 55 de Greg Junod, Valentin Debise et Louis Bulle qui tournait comme une horloge depuis le lancement de l’épreuve, subit plusieurs problèmes mécaniques alors qu’était classée à la troisième place dans la matinée. Elle doit se contenter de la 14e place, à 35 tours de la Suzuki n° 30.
La Honda n° 111 pilotée par Julien Da Costa, Sébastien Gimbert et Freddy Foray a été victime d’ennuis mécaniques et électriques alors qu’elle était survolait les 24 Heures. Elle a dû abandonner. Quant à la Honda CBR1000RR SP de l’équipe Jackson Racing n°9, pilotée par John McGuinness, Conor Cummins et Daniel Stewart, trois vedettes du TT de l’île de Man, elle subit le même sort. Tout comme la Yamaha Yart n° 7 d’Ivan SIlvan, Max Neukirchner, Sheridan Morais, hyper rapide en qualifications et en course qui case son moteur au petit matin et rentre définitivement aux stands.
Trois petits tours… et puis s’en vont!
L’une des grosses attractions de cette 38e édition des 24 Heures moto était la participation du GECO, la moto homocinétique d’Éric Offenstadt. Le GECO était engagé par l’équipe Slider Endurance sous le numéro 119, en catégorie Open, en compagnie de la Metiss JLC Moto n° 45, autre moto à suspension avant originale. Qualifiée en 52e position, la 119 n’a pu compléter que trois tours en raison de problèmes de train avant, suite à des chutes aux essais. Cette moto qui compte moins de 3 000 km au compteur depuis sa création a cependant démontré des performances intéressantes et un potentiel certain, particulièrement au niveau du freinage et de l’usure des pneus. Les pilotes de l’équipe Slider Endurance, Vincent Houssin, Charles Geers et Alexandre Perrault, ont fait preuve de professionnalisme et d’une grande abnégation, sachant dès le départ qu’ils s’engageaient dans une aventure extraordinaire, au guidon d’une moto expérimentale. Chapeau à toute l’équipe qu’on a hâte de revoir au Bol d’Or, du 18 au 20 septembre. Il reste cinq mois pour que le GECO soit fin prêt pour affronter son destin.
Au total, 40 équipages sur les 56 engagés terminent ces 38e 24 Heures Motos. La deuxième manche du Championnat du Monde FIM d’Endurance se déroulera le 25 juillet 2015 avec les 8 Heures de Suzuka (Japon).