Présentation
Vous êtes passé devant 10 fois devant l’Île d’Orléans, sans vous y arrêter... La onzième sera donc la bonne! Vous devez absolument prendre le temps d'y faire un détour. En moto, en auto, en vélo, à pied ou à genou... franchement, ça n'a pas d'importance. Mais allez-y!
Sur la route des colons
Est-ce que l'insularité suffit à préserver un lieu magique des assauts de la société moderne? À lui conserver un cachet suranné qui fleure bon les années 30-40? À perpétuer un mode de vie séculaire? Poser la question c’est y répondre. Car il faut savoir que jusqu'en 1935, date de l'inauguration du pont Taschereau, l'île a vécu au rythme de la vie rurale traditionnelle, limitée dans ses échanges avec le continent par son isolement marin. De ses 300 ans d'anonymat relatif, l'’île d'Orléans a gardé une aura bucolique, une réputation de tranquillité et un certain mystère. Encore aujourd'hui, il s'agit d'un véritable tableau pastoral, d'un lieu intemporrel où l'on vient se reposer et se ressourcer.
En raison de son isolement, cette terre, principalement agricole, a longtemps abrité une communauté autarcique vivant des cultures céréalières et de la fruticulture : framboises, fraises, cassis, pommes et raisins font aujourd'hui la réputation du lieu. Véritable «jardin de Québec», l'île a longtemps fourni la Capitale en fruits et légumes frais, en céréales et en produits de l'érable.
L’Île d’Orléans semble avoir été déposée sur le fleuve par la main bienveillante du Créateur. Dans cet écrin naturel, elle s' impose par sa majesté et sa sérénité. Lors de notre arrivée, des kayakistes pagayaient sous le pont et un parachutiste tentait un atterrissage dans les champs environnants. Comme si la chose était naturelle, banale. Et malgré la proximité de Québec, on avait l'impression d'être loin du monde, dans un havre de paix et de quiétude. Un endroit magique où la verdure et les grands espaces exceptionnels règnent en maîtres.
Une des maisons de pierre typiques de l'Île d'Orléans.
En dehors de la taille relative de l'île, qui est plus importante qu’on pourrait le croire de prime abord, c’est son élévation qui surprend. De la route, on surplombe le Saint-Laurent sur lequel on a une vue imprenable. En face, au nord, les Caps découpent l'horizon et apportent un perspective intéressante. Les monts qui chatouillent le ciel et tentent de percer les nuages forment une masse foncée qui contraste avec le blond des champs de blé ou le vert des vignes de l'île. La route qui suit son littoral vous charmera par l’expérience visuelle qu’elle offre. Il s'agit d'une route banale, souvent trop fréquentée durant l'été, mais qui vous fera apprécier des panoramas à couper le souffle. Pour découvrir ce petit paradis, nul besoin de GPS. La route est droite et fait le tour de l'île sans aucun changement de direction. Impossible de se perdre, même en le voulant. Faites d’abord le plein à la sortie du traversier, à la seule station service du territoire; c’est amplement suffisant pour parcourir cet ilot dont le périmètre mesure tout juste 70 kilomètres! Prenez la 368 en direction de l'ouest (à droite, au seul feu de circulation de l'endroit) et vous reviendrez à votre point de départ environ une heure plus tard.
Après quelques kilomètres, vous arrivez à la pointe ouest de l'île. Vous traversez le village de Sainte-Pétronille, avec ses magnifiques résidences centenaires, ses maisons de pierres aux minuscules fenêtres et au toit à forte pente que l'on retrouve un peu partout sur l'île et qui évoquent un passé riche et florissant. Car on habite cette terre depuis des siècles. Les autochtones venaient à «Minigo», l'ensorceleuse, pour la pêche, pour la chasse et sans doute pour le charme mystérieux qui lui valait son nom. Le sol fertile y a très rapidement attiré les colons et elle devint un des premiers foyers de colonisation de la Nouvelle-France. Aujourd'hui, le patrimoine immobilier constitue une grande richesse de l'île. Coquettes, décorées avec goût, les maisons de cette région chère au cœur de Félix Leclerc témoignent de l'amour que leur portent leurs propriétaires. Et des soins qu'ils leur prodiguent. Elles sont entourées de magnifiques jardins floraux qui répandent des parfums enivrants. Un vrai délice!
À Sainte-Pétronille, prenez la petite rue étroite, à droite, coincée entre les maisons, pour accéder à la grève. De là, vous pourrez observer les montagnes, le pont, les majestueuses chutes Montmonrency, le port, les gratte-ciels de Québec, le château Frontenac, les plaines d’Abraham, le fleuve et Lévis. Le tout dans une forte odeur maritime sucrée-salée qui vous prend aux tripes. Directement en face de cette petite rue se trouve une véritable institution de l'endroit : l’écomusée du chocolat. Le stationnement est toujours plein à craquer, et pour cause. La vocation touristique de l'Île est par ailleurs indéniable. Elle s'exprime, entre autres, à travers la qualité de ses gîtes et auberges (j'en ai dénombré près d'une cinquantaine), celle de ses tables de cuisine régionale ou de ses comptoirs de produits locaux, ou encore de ses nombreuses galeries d’art. Tout ça sur à peine 70 kilomètres je vous le rappelle! Si vous trouvez que le tour s’effectue trop rapidement à moto, vous pouvez toujours louer un vélo (20$ pour 3 heures) et musarder à loisir. Si vous êtes un amoureux de la langue française, ne manquez pas de visiter l’espace Félix-Leclerc à Saint-Pierre-de-l'Île-d'Orléans, à la fin du parcours. Ça vaut le détour.
La marina de Saint-Laurent.
De Sainte-Pétronille, la route serpente sous la voûte d'arbres centenaires. C'est la seule portion un peu sinueuse du parcours. Elle vous mène à Saint-Laurent (12 minutes plus loin) où vous découvrirez une marina remplie de voiliers (ce qui est tout à fait normal en l'occurence). Allez au bout du quai. La vue sur le fleuve, vers l’est, est impressionnante. S'écoulant entre les deux rives, le Saint-Laurent se perd dans le lointain. Les bateaux de marchandises, immenses et nombreux, semblent posés sur la ligne d’horizon. En équilibre. Immobiles.
À quelques reprises durant le trajet la route quittera le fleuve de vue pour s'enfoncer dans les champs où vous aurez une vue plus globale du coin. La portion orientale de l’île est plus dévouée à l’agriculture. Les maisons y sont plus clairsemées. C'est le royaume des champs de fraises, lesquelles sont très odorantes et très réputées. L'odorat joue un grand rôle dans l'expérience sensorielle que vous allez vire. Je vous conseille donc de ne pas faire la balade le nez congestionné. Vous le regretteriez. Rendu à la pointe orientale de l'île, vous remarquerez une église de pierres qui ne semble comporter aucune porte, puis une tour d'observation située au beau milieu d'une halte routière. Montez les 97 marches qu'elle comporte pour découvrir un panorama superbe. Si vous avez le vertige, passez votre chemin!
Puis vous reviendrez tranquillement à votre point de départ, en traversant Sainte-Famille et Saint-Pierre-de-l'Île-d'Orléans. Vous pourrez observer le soleil se coucher derrière les montagnes et se reflêter sur le fleuve. Le temps de prendre le traversier et il sera temps de rallier Québec ou Sainte-Anne-des-Monts pour y passer la nuit ou faire une pause repas avant de rejoindre votre destination finale.
L’Île d’Orléans est un lieu enchanteur. On n'y vient pas pour rouler à tombeau ouvert, ni pour pratiquer ses virages. Non! C'est plutôt pour le plaisir des sens que l'on fait le détour : la vue (les panoramas sont magnifiques) et l'odorat, principalement. Ou bien pour se remplir la panse à la table d'un bon restaurant local. Ou encore pour se reposer dans une auberge bucolique. Il s'agit d'une destination pour épicurien. Pas pour les touristes stressés ou pressés.
CARTE INTERACTIVE (Cliquer sur le lien sous la carte pour agrandir celle-ci) |
