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Rouler en groupe : techniques de base
S’il est vrai qu'un néophyte peut se déplacer seul, à moto, sans trop de problèmes pour autant qu’il ait une tête sur les épaules, la même chose ne peut être dite si ce dernier circule en groupe. Et le pluriel s'applique dès qu’il y a une deuxième monture. Un motocycliste détenant une solide expérience en solo se retrouve ni plus ni moins à la case départ en groupe, s’il n’a jamais évolué dans cet environnement et ignore les règles de fonctionnement inhérentes à ce type de conduite. Nous vous présentons quelques consignes de base pour que vos déplacements groupés demeurent les plus sécuritaires et plaisants possible.

Par Ugo Levac - Photos: Didier Constant
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Préliminaires
Avant toute chose, lorsque vous partez en groupe, vous devez préalablement vous assurer des règles de déplacement établies par ce dernier. Révisez-les rapidement avant de prendre la route, pour vous assurer que tout le monde est sur la même longueur d'onde et ainsi assurer l’homogénéité du groupe. C’est ce qui fait la différence entre une équipe motocycliste ou une meute dangereuse.

Positionnement
Les automobilistes n’ont pas à se demander où se positionner sur la route puisque les voitures utilisent la presque totalité de la voie. Il en va autrement pour nous. Peut-être avez-vous déjà observé ces motocyclistes du dimanche qui se baladent d'un bord à l'autre de leur voie de manière aléatoire alors que leur passager pointe ça et là des éléments du décor? À proscrire. Pour circuler de façon sécuritaire à moto, on doit se placer en quinconce. C’est ce que l’on nomme aussi le positionnement en zigzag.

Le pilote de tête (meneur) se place dans le premier tiers gauche de la voie, le second (secondeur) dans le troisième tiers droit, le troisième à gauche et ainsi de suite. La distance à respecter entre chaque moto varie de 30 à 60 mètres (soit environ une à deux secondes à 90 km/h). La formation en quinconce offre un triple avantage. D'abord, cela augmente la distance disponible en cas de freinage d’urgence. Ensuite, cela permet de voir plus loin que si vous étiez directement dans la roue de celui qui vous précède. Troisièmement, en étant placé de part et d’autre de la voie, mais jamais en son centre, un couloir visuel se trouve libéré au milieu du convoi ce qui permet à chacun de voir très loin en avant, ce qui augmente de beaucoup la sécurité et l’agrément de chacun.

Contrairement à ce qu’on peut couramment observer sur le terrain, le pilote de tête ne doit pas toujours se placer vers la gauche de la voie. Il doit plutôt se positionner du côté où il y a une ouverture vers une autre voie. Si vous vous déplacez dans la voie de gauche sur une route rapide à voies multiples (voies se séparant en plusieurs destinations, par exemple), le meneur ne devrait pas se trouver dans la portion gauche de sa voie, le long du terre-plein ou du parapet, mais plutôt dans celle de droite, de façon à élargir son champ de vision. Le reste du groupe ajuste le zigzag conséquemment. Cela permet également de protéger votre espace vital en évitant qu'un automobiliste cherche à s'insérer dans la place libre. Le reste du temps, rouler dans la voie de gauche sur l'autoroute est temporaire (c'est qu'on effectue un dépassement) et on essaie de limiter les changements de formation (afin d'éviter les croisements de roues et les manœuvres hasardeuses).

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La formation en quinconce offre un triple avantage. D'abord, elle augmente la distance disponible en cas de freinage d’urgence. Ensuite, elle permet de voir plus loin que si vous étiez directement dans la roue de celui qui vous précède. Enfin, en étant placé de part et d’autre de la voie, mais jamais en son centre, un couloir visuel se trouve libéré au milieu du convoi ce qui permet à chacun de voir très loin en avant, ce qui augmente de beaucoup la sécurité et l’agrément de chacun.

 

Tenir compte du niveau d’expérience de chacun
Déterminez d’abord le niveau d’expérience de chaque motocycliste. La personne la plus expérimentée (qui n’est pas nécessairement la plus âgée!) doit se placer à l’avant. C’est elle qui guidera le convoi; elle doit pouvoir assurer la sécurité de ses collègues qui se fieront à son jugement. Il est impératif qu’elle ait une tête sur les épaules ainsi qu’une bonne connaissance préalable du parcours emprunté et de ses caractéristiques (courbes traîtres, chaussée dégradée, sortie cachée, etc.). Elle doit se déplacer de manière à ce que la deuxième moto la suive de façon sécuritaire et se sente à l’aise avec la vitesse adoptée. En sa qualité d’éclaireur, le meneur devrait identifier les dangers potentiels et les communiquer aux autres motos. Il existe pour se faire, plusieurs techniques : pointer du pied ou de la main, appuyer en alternance sur le levier de frein, diminuer sensiblement sa vitesse, etc. Les signaux du meneur doivent être relayés jusqu’au dernier du groupe (le balayeur).

La deuxième position est occupée par le secondeur. Cette place est réservée au motocycliste ayant la moto de plus faible cylindrée ou de plus faible autonomie de carburant ou encore celui ayant le moins d’expérience, en privilégiant ce dernier aspect. On peut donc convenir que le meneur accordera sa vitesse à celle du secondeur et non l’inverse.

Quant à la dernière place, elle doit également être occupée par un motocycliste d’expérience qui doit avoir une vision globale du convoi. Il doit signifier tout problème par un appel de phare ou un coup de klaxon qui sera relayé jusqu’au meneur. Sa moto doit développer suffisamment de puissance pour ne jamais être larguée et pour pouvoir aisément remonter le groupe en cas de problème majeur. Les autres positions sont occupées selon les préférences de chacun. Dans le cas particulier des motos munies de remorques, elles devraient toujours se trouver en tête de formation à cause du poids ajouté lors d’un freinage et de la distance requise pour freiner qui augmentera en plus selon plusieurs autres facteurs (passager, type de freins qui équipent la moto, type de moto, poids et volume de la remorque, remorque équipée de freins ou non, etc).

Scinder pour mieux rouler
Si votre groupe est important, il est recommandé de le diviser en sous-groupes de cinq motos maximum se suivant à intervalles d’environ 500 mêtres à un kilomètre. Dans le cas contraire, il devient très difficile de se déplacer de manière fluide; un grand groupe étant constamment coupé par des feux de signalisation ou des automobilistes. De plus, lors d'une randonnée, il est difficile de canaliser les énergies et les comportements de tous les membres. Il est préférable que tous les sous-groupes aient préalablement déterminé en commun le trajet qui sera suivi, l’endroit des pauses et les points de ravitaillement, ainsi que l’horaire général de la journée. Cela évitera beaucoup de frustration à tous.

Même dans le cas de petits groupes, il y a fort à parier qu’à un moment ou un autre, un des membres en fin de convoi se verra dans l’obligation de s’arrêter à un feu rouge, se retrouvant alors coupé du cortège. Deux options s’offrent au groupe. La plus courante (mais pas forcément la plus sensée) consiste à ce que l’ensemble des motos s’arrête sur le bas côté de l’autre bord du carrefour pour attendre les «retardataires», ce qui évitera à ces derniers de devoir faire des acrobaties dangereuses pour rejoindre le groupe. La deuxième option préconise que le groupe poursuive sa route en prenant soin de laisser un motocycliste en arrière, chaque fois qu’il changera de direction. Plus difficile à gérer, cette technique s'adresse aux groupes de pilotes expérimentés, habitués à rouler ensemble. Éventuellement, le motocycliste «retardataire» aura l’occasion de rejoindre la formation.

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À partir de deux motos, vous formez un groupe. Et vous devriez adopter des règles simples,
connues des deux pilotes, afin de voyager en toute sécurité.

 

Dépassements
Les motos disposent d’un rapport poids/puissance beaucoup plus favorable que celui des autos et sont donc à même de se retrouver dans une situation de dépassement plus souvent. Que ce soit sur une autoroute à trois voies ou sur une petite route de campagne à voie à contresens, les mêmes règles de dépassement s’appliquent. En fait, il existe, là encore, deux écoles de pensées à cet effet, il s’agit simplement, comme nous l’avons précédemment exposé, de créer consensus sur la manière de procéder avant le départ.

La première technique consiste à effectuer les dépassements en «troupeau». Dans ce cas, le meneur doit évaluer s’il y a suffisamment d’espace pour que tous les motocyclistes effectuent la manœuvre en toute sécurité. Le clignotant doit être enclenché préalablement au changement de voie et conservé durant la manœuvre.

Si cette manœuvre a lieu sur les voies rapides; lorsque le meneur signifie son intention de doubler au groupe, la dernière moto doit à son tour évaluer la situation (le balayeur doit constamment anticiper les actions du meneur) signaler son intention de changer de voie, effectuer le changement, protégeant ainsi ses collègues. À ce moment, les autres membres peuvent à leur tour se tasser en toute sécurité puisque le convoi est protégé et ne sera pas attaqué de l’arrière par une automobile avant que tous les membres aient complété la manœuvre. Quand le dépassement est complété, c’est le secondeur qui regagne le premier la voie initiale, sur recommandation du meneur qui aura mis son clignotant pour l’avertir de son intention (ce n’est pas un ordre!) de retourner dans la voie de droite après avoir vérifié qu’il y avait suffisamment d’espace, que le véhicule dépassé est assez loin derrière et que ça ne causera pas de commotion quand on réintégrera la voie. Le secondeur se tasse d'abord, suivi du meneur, puis le troisième et les autres se tassent ensuite.

Le dépassement en bloc reste une technique surtout employée par les associations, ou les groupes peu expérimentés ou pas habitués de rouler ensemble. En principe, le meneur prend la décision de dépasser quand c’est possible pour toute la formation de la faire. Dans la réalité, il peut y avoir un intrus qui s’est inséré dans le décor en une seconde et forcera un des membres de la formation à reconsidérer sa décision de doubler. (Chacun prend sa décision. C’est vous qui êtes derrière le guidon et non pas votre collègue de devant ou derrière!). Le groupe pourra alors être scindé contre sa volonté, mais se reformera plus tard, un peu plus loin, dans des conditions sécuritaires. Une formation n’est pas un char d’assaut et vous n’êtes pas indestructible. Pensez à votre intégrité physique avant toute chose. Ce ne sont pas quelques secondes d’attente pour aller rejoindre votre formation qui changeront votre vie. Une manœuvre dangereuse, oui.

Pour les dépassements en zone rurale voici la méthode suivante que nous vous recommandons. Effectuez les dépassements un à la fois, chacun ne se fiant qu’à sa propre évaluation ou perception. Cette technique évite que cinq motocyclistes se retrouvent incrustés dans la façade d’un autobus parce que le meneur était distrait ou a mal évalué la situation et que ses collègues l’ont suivi aveuglément. Attention cependant à ne pas faire n'importe quoi. Les pilotes du fond de groupe ne devraient pas doubler avant ceux de la tête, au risque de causer une collision. L’occasion d’effectuer un dépassement à cinq motos étant passablement rare, un convoi utilisant le première technique pourrait se retrouver dans le sillage d’un véhicule lent longtemps, ce qui cause rapidement de la frustration chez les autres usagers de la route et une situation potentiellement désastreuse si un véhicule vient en sens inverse alors que la route était dégagée auparavant.

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Que vous rouliez sur une route asphaltée ou sur un chemin de graviers, les mêmes règles de base s'appliquent dès lors que vous vous déplacer à plusieurs motos.

 

Considérations variées

  • À l’approche d’un virage serré ou dangereux, la position en quinconce doit être rompue. Chaque motocycliste, tout en gardant une distance sécuritaire avec celui qui le précède, utilise alors la trajectoire idéale pour négocier ladite courbe (extérieur-intérieur-extérieur). La formation est reprise à la sortie du virage. Sinon, en situation normale, la formation en zigzag peut être conservée si la courbe peut être négociée par tous en respectant la limite de vitesse conseillée ou prescrite.
  • Ne jamais conduire sous l’influence d’alcool ou de drogue. Les substances psychotropes et l’alcool ayant un effet dès la première consommation, elles ne sont pas compatibles avec la conduite d’une moto nécessitant beaucoup de concentration (surtout en groupe).
  • Il va de soi que nous vous encourageons à respecter le Code de la sécurité routière. Chaque problème potentiellement rencontré sera décuplé en dangerosité lorsque vous vous trouvez en groupe; il est donc primordial d’adopter une conduite responsable.
  • Être visible aux yeux des autres véhicules c’est brillant. Utiliser les phrases en position haute le jour, portez des couleurs voyantes ou un gilet de sécurité (jaune), particulièrement dans le cas du premier et du dernier.
  • S’assurer de toujours garder la même place au sein du sous-groupe.
  • Lors d’un ralentissement intense, ne pas hésiter à faire un appel de phrase pour avertir ceux qui vous suivent (moto ou auto, peu importe). Appliquez simplement une faible pression sur le levier de frein de manière rapide et répétée.
  • Attention de ne pas vous laisser engourdir par l’effet de groupe. La vigilance a facilement tendance à baisser en convoi, chacun se remettant à son voisin.
  • Roulez avec des motocyclistes dont on ignore parfois les habitudes et aptitudes demande un temps d’adaptation. Étudiez vos collègues pour mieux anticiper leurs réactions.
  • Faites le plein avant le départ et définissez les ravitaillements en fonction de la moto ayant la plus faible autonomie.
  • Soyez courtois; l’image motocycliste est assez ternie au Québec par les temps qui courent. Chaque automobiliste converti à notre cause a son importance.
 
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Le pilote de tête (meneur) se place dans le premier tiers gauche de la voie, le second (secondeur) dans le troisième tiers droit, le troisième à gauche et ainsi de suite. La distance à respecter entre chaque moto varie de 30 à 60 mètres (soit environ une à deux secondes
à 90 km/h).
 
 

 

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