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VOYAGES  

VOYAGE EN NAMIBIE
La piste autrale

La Namibie est un pays à part en Afrique. Une terre de contraste où les couleurs se mêlent aux découvertes extraordinaires, et où le voyage à moto prend une dimension inconnue. Sur les pistes australes, on part à la rencontre des grands animaux et des paysages fabuleux...

Texte et photos : Éric Malherbe / Voir le diaporama
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
   

25°C à Swakopmund. Cela fait deux jours que nous sommes partis de Windhoek, la capitale de la Namibie. À côté des Yamaha TT 600 R et en compagnie de notre guide Werner, on déguste sur la plage de succulentes huîtres, des brochettes de morue, en regardant les dauphins sauter dans les vagues de l’Atlantique Sud. Vision irréelle, instantané primé d’un moment unique comme il en existe tant ici. À quelques pas de nous, des touristes sud-africains pêchent à la ligne et se déplacent sur les kilomètres de sable au guidon de leur quad. Il flotte un vent de liberté sous la paillote du restaurant.

Dix ans seulement après avoir repris son indépendance à l’Afrique du Sud, la Namibie possède en Afrique un statut exceptionnel. Connaissez-vous beaucoup de pays africains où nul vaccin n’est nécessaire, où l’on peut boire l’eau au robinet sans inquiétude et où le tourisme naissant découvre des trésors naturels protégés? C’est ici que l’on peut gravir les plus hautes dunes de la planète! C’est aussi ici que vivent les derniers rhinocéros en liberté, que l’on préserve les léopards et les éléphants du braconnage... Coincée entre l’Afrique du Sud, l’Angola, l’Atlantique Sud et le Botswana, la Namibie reste une destination méconnue du grand public. Werner, Afrikaner né de parents fermiers installés ici depuis des générations, a décidé d’ouvrir les secrets de son pays et de le faire découvrir à moto. Inutile d’avoir un niveau tout-terrain professionnel, les larges pistes roulantes de ce voyage sont accessibles à tous et pénètrent les replis secrets d’une nature extravagante. Première étape, le massif de Spitzkoppe, étonnante chaîne de montagnes de granit rouge où le vent de la savane a sculpté chaque pierre à sa guise. Véritable caprice de mère nature, Spitzkoppe prend parfois des airs de monument dressé à la gloire du temps qui passe. Tout en arrondis, tout en grottes et en pentes douces, les roches de ce site étrange invitent à l’imagination. Tête de lion ou d’éléphant, on surprend les ombres à dessiner les formes les plus inattendues jusqu’à découvrir soudain, une arche suspendue à vingt mètres au-dessus des herbes jaunes de la plaine. Pas un bruit ne vient perturber ce théâtre à ciel ouvert où les spectateurs que nous sommes écarquillent sans cesse les yeux. De l’autre côté de l’amphithéâtre, Werner prépare le premier bivouac de la semaine. Le soleil décline, les ombres s’étirent et la rencontre avec un Bushman vivant seul avec son chien au milieu des cailloux semble irréelle. On discute devant le tableau orangé des montagnes qui s’enflamment. « Tu vois ce cactus? Il me sert à chasser. Sa sève est un poison violent. J’y trempe le bout de ma petite flèche et il suffit de viser la gorge d’une gazelle pour qu’elle s’écroule instantanément. » Werner ajoute : « L’an dernier, des touristes anglais ont campé ici. Ils ont coupé l’un de ces cactus pour le feu. Ils ont fait griller la viande dessus et ils sont tous morts, à cause des émanations. » La féerie du spectacle ne doit pas cacher les dangers d’un environnement hostile. Le désert ou la savane reste des milieux naturels avec leurs règles. Ne pas les connaître, c’est courir à chaque pas un nouveau danger.

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Le lendemain, on pousse un peu plus loin vers l’ouest. On atteint très vite le lit asséché de la rivière Khan que l’on va suivre sur plus d’une centaine de kilomètres. Parfois très large, on en devine à peine les limites, la rivière Khan se rétrécit par endroits pour se muer en canyon. On croise quelques villages, des palmeraies qui ressemblent furieusement à celles qui ponctuent les paysages du Maghreb, ceux du Maroc en particulier. Au détour d’un méandre asséché, une petite colonie d’autruches entame un pas de deux avec nos motos. À plus de 80 km/h, nous allons faire un bout de chemin avec ces emplumés aux cous démesurés! Elles semblent prendre plaisir à courir à nos côtés, à nous montrer leur vélocité. Sans s’affoler, elles décident d’un coup de quitter notre groupe pour se réfugier sous les palmiers d’une oasis. A-t-on vraiment vécu cela? La scène est si étrange que l’on a du mal à y croire nous-mêmes. Courte pause pour se remettre de nos émotions, un macaque s’approche sans hésitation. Au royaume des animaux, nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Petit à petit, le paysage devient plus sec, plus mystérieux, voire inquiétant. On débarque sur la lune. De petites montagnes découpées comme de la dentelle nous entourent, nous cernent et il faut toute la dextérité d’un guide aguerri pour trouver son chemin à travers ce labyrinthe minéral. Mais quelle émotion, quelle beauté une fois de plus! La journée s’achève au bord de la mer. La température a perdu une dizaine de degrés en à peine plus de vingt kilomètres. De 35°C à l’intérieur des terres, nous sommes passés à 25°C sur la côte. Le choc thermique avec les eaux froides de l’Atlantique explique ce phénomène. La température de l’eau est tout juste supérieure à 14°C. Des eaux poissonneuses qui font le bonheur de colonies de milliers d’otaries, de flamants roses, de pélicans et de nos amis les dauphins. Parfois, à la belle saison, on peut croiser le souffle de quelques baleines qui remontent du pôle Sud.

La côte namibienne est aussi un petit paradis pour les touristes sud-africains qui viennent ici pêcher au gros (requins et merlins), escalader les dunes du littoral en quad ou à moto ou encore s’adonner aux plaisirs aériens du parapente. C’est pourtant l’une des côtes les plus arides de la planète! À quelques kilomètres au sud de Swakopmund, débute l’un des rares endroits de sécheresse absolue du globe où seul le sable de dunes de plus de 400 mètres de haut rivalise avec le sel de l’océan.

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Le périple se poursuit en remontant les pistes vers le nord, en pays Damaraland, au cœur de fermes d’élevage qui s’étendent sur des milliers d’hectares. Aussi surprenant que cela puisse paraître, la Namibie concurrence l’Argentine pour la qualité de sa viande. Succulents morceaux choisis grillés sur le feu du barbecue du bivouac, au creux d’une dune et sous des millions d’étoiles, avec les histoires de la journée et le silence de la nuit dans le désert : difficile d’exiger plus. Une bière fraîche peut-être? Le Damaraland est semi-désertique et renferme les plus beaux parcs d’animaux sauvages du pays. Des parcs qui supportent sans rougir la comparaison avec ceux du Kenya ou de l’Afrique du Sud. C’est vers l’un de ces fameux parcs que nous nous dirigeons. Après avoir sillonné les plateaux du Damaraland et le Messum cratère, volcan éteint au milieu de rien, on traverse la chaîne du Brandberg. Avec ses 2573 mètres, le Brandberg est le toit de la Namibie.Les pistes de sable sont douces et confortables. On prend plaisir à piloter en toute sécurité dans un décor digne d’une super production hollywoodienne. Puis, on redescend bientôt vers Omaruru. Omaruru est un village d’artisans-sculpteurs qui se sont fait une spécialité de tailler dans les arbres morts la silhouette d’éléphants ou de girafes grandeur nature. Un travail fantastique qui sert de prélude à l’observation des grands vertébrés africains. Dans cette réserve naturelle qui renferme aussi une lodge luxueuse où nous posons nos bagages pour quelque temps, on a tout le loisir d’observer éléphants, rhinocéros, zèbres, girafes et antilopes. Les fauves sont un peu plus loin et le 4x4 des rangers nous conduit sur les pistes de panthères et des léopards. Toutes les précautions sont prises pour ne pas déranger les animaux qui vivent ici dans leur milieu naturel. Étrange sentiment d’être en cage et les animaux en liberté. Omaruru est un endroit fabuleux qui jouxte le plus grand parc de protection de la faune en Namibie. Ici, on est très conscient des trésors que la nature offre aux hommes. C’est sans doute pour cela que le tourisme s’ouvre très progressivement dans ce pays où la densité de la population est comparable à celle de la Mongolie, l’une des plus faibles du globe. Aux confins du désert du Kalahari, on veut un tourisme intelligent, mais il n’est pas question de sacrifier ces richesses sur l’autel du profit du tourisme de masse. Reste néanmoins que la Namibie est sans aucun doute l’une des destinations les plus exceptionnelles que j’ai parcourues au guidon d’une moto, sympathique et robuste Yamaha TT-R 600.

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