La conduite d’une moto résulte d’une série d’actions: observation de la route, identification et prédiction des problèmes potentiels, prise de décisions et exécution de la manœuvre. De la bonne mise en œuvre de ces actions dépend votre survie. L’expérience aidant, votre habileté à exécuter ces cinq actions augmentera au point de devenir un réflexe conditionné.
Les comportements et les situations présentant un facteur accidentogène élevé sont connus. Nous les rencontrons quotidiennement sans pour autant savoir quelle parade y apporter. Nous allons donc passer en revue les plus courants en vous proposant des stratégies simples vous permettant de les identifier facilement et d’y faire face.
Le colle-au-train
C’est un comportement auquel nous sommes trop souvent confrontés: vous roulez tranquillement dans votre voie et vous vous apercevez qu’une auto vous colle au train d’un peu trop près et vous suit comme votre ombre. Vous décidez alors de changer de voie mais le «colle-au-train» vous imite.
Pour vous débarasser de ce type d’individu, il faut réagir rapidement. Dès que vous l’apercevez dans vos rétroviseurs, protégez votre voie en roulant dans le tiers central de celle-ci et communiquez vos intentions en vous servant des clignotants, en pompant le frein ou en jouant du klaxon. Ralentissez graduellement afin d’augmenter la distance avec le véhicule qui vous précède et signalez, à l’aide de vos clignotants, votre volonté de changer de voie. Entreprenez la manœuvre sans hésitation afin que le conducteur qui vous suit n’ait pas de doute sur vos intentions. Soyez prêt à réagir rapidement en gardant deux doigts sur le frein et sur l’embrayage. Tournez la tête avant d’entreprendre une manœuvre.
Le chauffeur du dimanche
C’est, le plus souvent, un banlieusard ou un citadin qui voyage habituellement en transport en commun. Qu’il conduise machinalement ou occasionnellement, il se déplace souvent à une vitesse erratique. Il passe son temps à accélérer soudainement (surtout s’il pense que vous voulez le dépasser) puis à ralentir jusqu’à rouler à une vitesse de tortue. Après plusieurs kilomètres de ce manège, votre frustration prend le dessus et vous tentez un dépassement... au moment où l’énergumène décide de tourner à gauche, à la dernière minute, souvent sans signaler son intention, afin d’entrer dans son allée. Et, bien sûr, vous n’avez plus le temps ni de l’éviter, ni d’arrêter.
La vitesse erratique du véhicule aurait dû vous indiquer que l’automobiliste cherchait son chemin ou n’avait pas conscience de votre présence. Dans un cas comme dans l’autre vous auriez dû prévoir qu’il pouvait s’arrêter ou tourner soudainement. Dans une telle situation, il est toujours préférable de le dépasser tôt et rapidement dans une portion droite de la route, loin d’une intersection ou d’un endroit propice à un virage à gauche (entrée de garage, allée, stationnement de centre commercial, etc.)
Le distrait ou le téméraire
C’est généralement sur les voies rapides qu’on le rencontre. Il roule dans la voie de gauche ou du milieu, à vive allure, et change de voie soudainement et à la dernière minute pour prendre la prochaine sortie. Si vous n’y prenez gare, c’est le vol plané garanti.
À l’approche d’une bretelle d’autoroute ou d’une sortie, anticipez ce genre d’attitude. Surtout si vous roulez dans la voie de droite. Beaucoup d’automobilistes présumeront que vous voulez également sortir. Dans ce genre de situation, il est préférable de se déporter dans la voie du centre ou celle de gauche bien avant d’arriver à la bretelle afin de ne pas vous retrouver dans l’angle mort d’un véhicule conduit par un distrait ou un téméraire.
Le zigzagueur
Vous roulez sur l’autoroute, dans la voie de droite et vous décidez de dépasser un véhicule lent. Mais, au moment d’effectuer votre manœuvre, une auto circulant dans la voie de gauche décide elle aussi de passer au centre en doublant par la droite (même si ce n’est pas recommandé, c’est fréquent). Le zigzagueur est généralement impatient et ne supporte pas que d’autres véhicules circulent dans sa voie, encore moins à une vitesse inférieure à la sienne.
Quand vous décidez de changer de voie, positionnez-vous de façon à avoir de la marge après la manœuvre. D’une façon générale, il est préférable de se laisser au moins une longueur de voiture de jeu. Prenez le temps d’observer la circulation dans les autres voies et prévoyez les dépassements ou changements de voie probables. Indiquez votre intention au moins trois secondes à l’avance et n’oubliez pas de tourner la tête afin d’être averti de ce qui se passe autour de vous.
Le fiévreux du samedi soir
C’est samedi soir (ça marche aussi le vendredi). Vous regagnez tranquillement vos pénates. Vous êtes sobre et éveillé. Vous vous arrêtez à un feu rouge, en bon citoyen respectueux des lois et des règlements quand vous entendez un crissement de pneus juste derrière vous. Puis c’est le choc et, si vous êtes chanceux, vous vous retrouvez de l’autre côté de l’intersection, sonné mais en un seul morceau. Vous êtes un des nombreux motocyclistes (6,2% des accidents de moto) emboutis par un automobiliste saoul ou somnolent après une longue soirée de fête.
Les motos sont difficilement visibles, surtout la nuit ou lorsque la visibilité est réduite. Dans un tel cas, prévoyez que vous pourriez devenir la cible involontaire d’un chauffard arrivant derrière vous. Regardez fréquemment dans vos rétroviseurs. Si vous apercevez un véhicule s’approchant à grande vitesse, déplacez vous rapidement sur le côté de la route afin d’éviter l’impact possible. Il n’est jamais prudent de rester immobilisé au point mort dans la circulation. Il est préférable de se mettre en première, embrayage engagé, afin de pouvoir réagir rapidement aux nombreux aléas de la circulation.
L’endormi
Vous êtes en route pour le travail et vous traversez une zone résidentielle. Avec ses allées ou ses sorties de garage, dans lesquelles les voitures sont immobiles, aussi endormies que leur propriétaire. Soudain, l’une d’elles déboîte devant vous, sans préavis.
À cette heure de la journée, vous auriez dû prévoir que vous ne seriez pas le seul à vous rendre au travail et que chacune de ces voitures représentait un risque potentiel. Dans un tel cas, soyez alerte et sachez lire les signes indicateurs d’une activité possible: conducteur se rendant à son auto, fumée sortant du tuyau d’échappement, bruits de moteur, etc. Ralentissez et soyez prêt à freiner d’urgence en gardant deux doigts sur le levier de frein en tout temps. Si vous n’avez pas suffisamment d’espace pour arrêter, soyez prêt à effectuer une manœuvre d’évitement soit vers la gauche de la voie, s’il n’y a pas de circulation dans la voie opposée, soit vers la droite, dans une entrée de garage, par exemple, puis arrêtez-vous. Rappelez-vous que la plupart des accidents arrive à une intersection, en ville ou en banlieue. Soyez donc doublement prudent dans de telles circonstances et sachez comment réagir.
En dehors des comportements mentionnés plus haut, il existe un nombre élevé de situations caractéristiques qui devraient vous tenir en alerte et vous inciter à la méfiance. Un motocycliste averti en vaut deux...
Le virage à gauche
Vous approchez un carrefour achalandé. Vous savez que les automobilistes ne respecteront pas forcément le signal d’arrêt, que les piétons traverseront sûrement en dehors des passages piétonniers ou ne tiendront pas nécessairement compte du feu leur interdisant le passage. Plusieurs autos sont immobilisées au carrefour, attendant de passer ou de tourner. Juste au moment où vous vous engagez, une auto venant en sens inverse décide de tourner à gauche, sans respecter votre priorité de passage, vous coupant la route du même coup.
Classique! Et pourtant vous vous êtes laissé prendre au piège. Inutile de vous rappeler que c’est le cas de figure le plus répandu dans les cas de collisions impliquant une moto. Ne prenez jamais pour acquis que les autres véhicules vous ont vu ou respecterons votre priorité de passage. En ville, il est conseillé de toujours garder deux doigts sur le frein avant afin de parer à l’imprévu. Et, à l’approche d’un carrefour, de réduire votre vitesse d’environ 10 km/h en rétrogradant et en freinant légèrement de l’avant. Gardez les yeux en mouvement et servez-vous de votre vision périphérique pour être informé de ce qui se passe autour de vous. Soyez doublement prudent si vous suivez un véhicule (camion, autobus) qui obstrue votre vision et vous empêche de voir les véhicules venant en sens inverse au carrefour.
Voiture immobilisée à une intersection
Que ce soit à une intersection achalandée, à la sortie d’un centre commercial ou à un carrefour, toute voiture immobilisée momentanément risque de démarrer sans avertissement au moment où vous êtes certain qu’elle ne le fera pas. Même si vous avez échangé un regard avec le conducteur et êtes certain qu’il vous a vu. Encore une fois, les motos sont peu visibles et leur vitesse difficile à évaluer. Soyez toujours prêt à freiner et à effectuer une manœuvre d’évitement. Soyez visible et faites connaitre vos intentions aux autres usagers de la route.
Les voies à sens unique
Ce n’est pas parce que vous circulez à gauche, dans une voie à sens unique que les véhicules à votre droite ne décideront pas, au dernier instant, de tourner à gauche en vous coupant le chemin. D’autant que vous pouvez vous trouver dans leur angle mort ou vous porter à leur niveau alors que leur conducteur regarde dans la direction opposée. Soyez d’autant plus vigilant que la situation semble anodine.
Les bretelles d’accès
Lorsque vous approchez une bretelle d’accès sur l’autoroute ou sur une voie rapide en circulant dans la voie de droite, méfiez-vous des véhicules qui vont s’insérer dans la circulation. Vérifiez que la voie du centre ou de gauche est libre et changez de voie à l’avance afin de permettre aux véhicules venant de la bretelle, à votre droite, de s’insérer dans le trafic sans vous couper le chemin. Gardez suffisamment d’espace entre vous et la voiture qui vous précède et réduisez votre vitesse.
Les routes à voies multiples
Sur l’autoroute ou sur toute route à voie multiple, la circulation est généralement lourde et la distance entre les véhicule réduite. Votre marge de manœuvre diminue d’autant, ce qui devrait vous inciter à la prudence. D’autant que la frustration des usagers est souvent à son comble. Prévoyez les changements de voie, les ralentissements ou les arrêts inopinés et soyez conscient des véhicules roulant derrière vous. Protégez votre voie en roulant dans le tiers central de celle-ci et communiquez vos intentions aux autres usagers en vous servant des clignotants et du klaxon. Soyez prêt à réagir rapidement en gardant deux doigts sur le frein et sur l’embrayage. Tournez la tête avant d’entreprendre une manœuvre.
Les dépassements
Les dépassements ne sont pas plus difficiles à moto qu’en auto. Ce qui change, c’est votre visibilité réduite. Assurez-vous d’être vu des autres. Roulez dans la partie gauche de la voie en gardant un espace de sécurité suffisant avec le véhicule qui vous précède. Surveillez la circulation (servez-vous de vos rétroviseurs et tournez la tête pour voir ce qui se passe à côté ou derrière vous) et signalez votre intention de dépasser en utilisant vos clignotants. Une fois la voie libre, déplacez-vous à gauche en accélérant et en prenant soin de ne pas presser le véhicule que vous dépassez. Une fois arrivé à la hauteur de sa portière avant, utilisez vos clignotants pour avertir que vous allez vous rabattre à droite. Gardez un espace suffisant et déboîtez à droite en prenant soin de ne pas couper le chemin de la voiture que vous venez de passer. Replacez-vous dans le tiers central de votre voie.
Les routes sinueuses
Sur ce genre de route, regardez loin devant vous (avec environ 12 secondes d’avance, soit près de 360 m à 100 km/h), identifiez les obstacles éventuels, anticipez les virages qui s’en viennent et réduisez votre vitesse afin d’augmenter votre vision. Restez au centre de votre voie dans le but de garder un certain espace entre vous et les véhicules venant en sens inverse.
Les côtes aveugles
Observez bien les deux voies en anticipant l’approche des véhicules venant en sens inverse. Prévoyez même un dépassement en côte, même si c’est interdit. Réduisez votre vitesse et tenez-vous au centre de votre voie afin de vous allouer un temps de réaction plus grand. Regardez loin devant vous (environ 12 secondes d’avance) et soyez prêt à freiner ou à contrebraquer en cas d’imprévu.
Un motocycliste averti en vaut deux
En matière de sécurité routière cet adage est vital. C’est pour cette raison qu’il est bon, à l’occasion, de rafraîchir nos connaissances et nos acquis. Freinage, virage, visibilité et stratégies de conduite sont autant de techniques de base qui, bien assimilées, nous permettent de profiter pleinement des plaisirs de la moto. |
