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LA FORMATION DES MOTARDS DE LA SQ

À travers le monde, les motards des différents corps de police sont souvent considérés, à tort ou à raison, comme des motocyclistes de premier ordre. Capables de faire face aux situations les plus dangereuses et les plus spectaculaires sans froncer le sourcil. Nous avons assisté à la formation de trois aspirants motards de la Sûreté du Québec, à l’École Nationale de Police du Québec, à Nicolet, afin de découvrir si l’instruction qu’ils recevaient les préparait à soutenir une telle réputation.

Par Didier Constant • Dossier réalisé en 2001

sq3Quand nous arrivons au Colisée de Trois-Rivières, où se déroulent la plupart des exercices en circuit fermé, les trois aspirants motards, Dave Beaulieu, Jacques Faucher, agents au poste de Québec et le caporal Sylvain Mainville, du poste autoroutier de Montréal sont en pleine séance de debriefing avec l’instructeur Richard Fortin qui assure leur formation.

Le parcours qui les mène de Nicolet à Trois-Rivières représente une vingtaine de kilomètres. Fortin suit les aspirants motards, qui doivent rouler en formation, dans une camionnette. Dictaphone en main, il note ses observations. Le comportement des élèves durant ce trajet est ensuite analysé de fond en comble. Séance parfois dure pour l’égo mais absolument nécessaire. «La formation que nous dispensons ne se limite pas aux exercices à proprement parler. Chaque déplacement représente un bagage d’expérience que nous décorticons avec les élèves afin qu’ils identifient leurs erreurs et puissent y apporter les correctifs qui s’imposent,» souligne Fortin.

Il faut dire qu’il a la lourde tâche de transformer des néophytes en motocyclistes confirmés en seulement quatre semaines. Et le droit à l’erreur est nul puisque les élèves qui réussissent le cours de la Sûreté du Québec sont intégrés à la brigade moto de leur poste respectif dès leur formation complétée. Les trois aspirants n’ont aucune expérience concrète à leur arrivée à Nicolet. Si ce n’est d’avoir suivi un cours de conduite en vue de l’obtention de leur permis moto, condition sine qua none à l’acceptation de leur candidature. «L’avantage, c’est qu’ils n’ont pas encore eu le temps de développer de mauvaises habitudes, note Fortin. Nous leur enseignons les bonnes techniques dès le début. Ça simplifie et accélère le processus d’apprentissage.»

Le cours se divise en trois parties et comprend une soixantaine de cours spécifiques. La première semaine sert à découvrir la moto et à acquérir les gestes de base (localisation et opération des contrôles, vérifications pré-démarrage, comment monter et descendre de la moto, comment pousser la moto, comment la relever, identification du point de friction de l’embrayage, freinage, virages, équilibre, circuler seul et en formation, etc.). Un exercice qui a pour but de familiariser les élèves avec leur machine. «Ce sera leur outil de travail quotidien, remarque Fortin. Il faut qu’ils le maîtrisent au plus vite et que tous ces gestes de base deviennent des automatismes, rapidement, afin qu’ils puissent consacrer leur attention à la conduite.»

C’est à cette occasion que nous avons relevé un détail intéressant. La procédure de la SQ recommande aux motards de monter et descendre de moto par la droite, à l’inverse de ce que nous faisons naturellement. À ça, deux raisons. Lors d’une interception, le policier doit immobiliser sa moto derrière le véhicule qu’il arrête. En descendant par la droite, son champ de vision lui permet alors de voir le trafic qui vient et le véhicule intercepté. De plus, si le policier s’accroche en descendant et chute, il tombera vers le bas-côté et non sur la chaussée.

Les semaines deux et trois du cours sont consacrées aux exercices en circuit fermé. C’est le cœur de la formation. La période durant laquelle les aspirants motocyclistes vont apprendre et assimiler les techniques de conduite avancées ainsi que les techniques spécifiques à leur travail de policier. Au menu, slaloms, slaloms décalés, démarrage à 90o, freinage en ligne droite, freinage d’urgence, freinage en courbe, virages, contrepoids, contrebraquage, manœuvres à basse vitesse, équilibre, etc. Deux journées complètes seront consacrées à des exercices à haute vitesse (freinage, contrebraquage, slalom).

Durant ces deux semaines, à raison de six heures par jour, les élèves vont répéter les différents exercices jusqu’à ce qu’ils deviennent des réflexes conditionnés. Et le degré de difficulté est passablement élevé. Au point que nombre d’entre nous ne les réussirions certainement pas du premier coup.

Pendant toute la formation, l’accent est mis sur la vision et sur la conduite défensive, comme le souligne Richard Fortin. «Pour devenir un bon motocycliste, il faut savoir regarder. C’est la base de toute formation sérieuse. Une moto se dirige immanquablement là où son pilote regarde. En développant une bonne vision tôt dans leur formation, les aspirants progressent plus rapidement dans leur apprentissage et deviennent de meilleurs motocyclistes. Même chose pour la conduite défensive. La Sûreté du Québec possède un dossier flatteur au niveau des accidents. Les motards passent six à huit heures par jour dans la circulation intense. Ils sont exposés à des dangers multiples et variés. Il est primordial qu’ils développent une conduite défensive efficace s’ils ne veulent pas s’exposer inutilement.»

La quatrième semaine se déroule sur la route. Les élèves y apprennent les techniques spécifiques à leur travail quotidien. Poursuite à haute vitesse, interception à risque, démarrage à angle de 90o, démarrage à angle de 360o, démarrage et manœuvres dans une élévation, techniques de virage à haute vitesse, freinage et démarrage d’urgence, conduite hors-route, escorte, etc. Autant de conditions qu’ils rencontreront sur une base quotidienne. On leur apprend même à dégainer leur arme à moto, à se servir de celle-ci pour se protéger lors d’une fusillade. À la fin de cette semaine, les élèves effectuent une sortie d’une journée (environ 500 km) au cours de laquelle ils mettent en pratique toutes les techniques apprises durant les semaines précédentes.

À chaque étape, le cours est ponctué par un examen éliminatoire. Tout élève qui échoue le test est exclus. Le comportement des aspirants (esprit d’équipe, réaction au stress, aux ordres, aux critiques) ainsi que sa conduite durant les déplacements sont scrutés à la loupe et peuvent constituer une cause d’échec au cours.

Tout aspirant qui surmonte avec succès tous ces obstacles est alors intégré à la brigade moto de son poste et devient motard de la SQ. Ce qui ne signifie pas pour autant que sa job est garantie à vie. Une fois par année, il revient en effet à Nicolet pour y suivre un cours de perfectionnement, lequel peut, en cas d’échec, constituer un motif de renvoi de la brigade moto.

Bon an, mal an, Richard Fortin et ses deux collègues instructeurs forment environ un quinzaine de motards qui proviennent soit de la SQ, soit d’autres corps policiers à travers la province. Preuve du sérieux et de l’efficacité de leur programme. «Le cours que nous offrons est le résultat d’un processus évolutif. Il intègre les éléments de base que l’on retrouve dans la plupart des cours de formation traditionnels auxquels nous avons ajouté l’expérience et l’expertise que nous avons acquises au fil des ans. En tant qu’instructeurs, nous avons suivi une formation poussée à l’IPTM (Institute of Police Technology and Management) de Jacksonville, en Floride. Avec l’école de formation de la CHP (California Highway Patrol), c’est l’une des plus sérieuses en Amérique du Nord. Tous les grands corps de police des États-Unis et du Canada sont formés à l’un de ces deux instituts. Avec mes collègues, nous avons également suivi un cours Fast, avec Michel Mercier. Sans compter notre expérience de motard et de motocycliste. Personnellement, je possède une Honda Valkyrie que j’utilise quotidiennement. En dehors de mon travail de policier et d’instructeur, la moto est une passion.»

La moto est un des véhicules les plus difficiles à maîtriser. Il requiert une expertise au-dessus de la moyenne de la part du pilote qui doit, en permanence, gérer des facteurs extérieurs (adhérence, inclinaison et équilibre) lesquels influencent le comportement du véhicule. Que l’on puisse inculquer autant d’expertise en si peu de temps à un néophyte qui devra utiliser une moto quotidiennement dans l’exercice de son travail relève de l’exploit. Ça démontre, si besoin était, la qualité du cours dispensé par les instructeurs de la Sûreté du Québec.

Et cette expérience apporte de l’eau au moulin de tous ceux qui prêchent l’instauration de cours de conduite plus poussés. Investir dans la formation et l’expérience est le meilleur moyen de préparer les futurs motocyclistes aux aléas auxquels ils devront faire face. Et garantir qu’ils pourront pratiquer leur passion en toute sécurité.

 
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