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ESSAIS   FICHE TECHNIQUE

Prise de contact Suzuki Boulevard C90T 2013
06 novembre 2012

Le retour du modèle T
Pour 2013, Suzuki ravive sa gamme Boulevard en présentant la C90T, un cruiser de grosse cylindrée prêt à affronter les routes de l'Amérique du Nord en tout confort. J'ai eu l'occasion de l'essayer brièvement, dans le nord des Laurentides, avant que les arbres perdent toutes leurs feuilles et leurs magnifiques couleurs…

Texte et photos : Didier Constant
 
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INFORMATIONS GÉNÉRALES
  • Poids tous pleins faits: 383 kg
  • Hauteur de selle : 720 mm
  • Capacité essence : 18 L
  • Consommation : Non mesurée
  • Autonomie : Non mesurée
  • Prix : 13 999 $

MOTEUR

  • Moteur : Bicylindres en V ouvert à 54 degrés, SACT, 8 soupapes, refroidi au liquide
  • Puissance : Non communiquée
  • Couple : Non communiquée
  • Cylindrée : 1 462 cc
  • Alésage x course : 96,0 x 101,0 mm
  • Rapport volumétrique: 9:5:1
  • Alimentation : injection électronique
  • Transmission : cinq rapports
  • Entraînement : par cardan

PARTIE-CYCLE

  • Suspension : Fourche télescopique sans réglage. Mono-amortisseur réglable en précontrainte.
  • Empattement : 1 675 mm
  • Chasse/Déport : 31,1 degrés x 132 mm
  • Freins : À l'avant: 1 disque simple. Étriers à doubles pistons. À l'arrière: 1 disque simple. Étriers à doubles pistons.
  • Pneus : Bridgestone G853/G852
    130/80R17 à l’avant;
    200/60R16 à l’arrière.
 
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Quelques jours avant la fin officielle de notre saison de roulage, Suzuki Canada m'a invité à sa présentation des modèles 2013 aux concessionnaires, à l'hôtel Fairmont de Mont-Tremblant, afin que je puisse essayer la nouvelle Boulevard C90T.

Ceux qui me connaissent bien savent que je ne suis pas un aficionado des boulevardières. Aux choppers, customs et autres cruisers, je préfère volontiers une routière, une double usage ou encore une sportive, surtout sur circuit. Simple question d'éducation et d'expérience. On n'a pas tous le même bagage, ni les mêmes goûts. Ce qui ne m'empêche pas de sacrifier au rituel «biker» à l'occasion. Et d'y prendre plaisir.

Un look gagnant
L'importance du marché des customs en Amérique du Nord (c'est plus de 50% des ventes totales, N.D.L.R.) oblige les constructeurs japonais à faire un effort particulier, spécialement dans le créneau des gros cubes, territoire de prédilection de Harley-Davidson, où la culture du plus gros, du plus puissant et du plus accessoirisé règne en maître. Ainsi, après plusieurs années d'absence au Canada, la Boulevard C90T revient complètement revampée pour 2013 et prête à affronter la concurrence.

Équipée pour le tourisme léger, elle est dotée d'un pare-brise haut, positionné et conçu pour fournir une bonne protection contre le vent et limiter les turbulences, mais surtout d'une paire de sacoches rigides en plastique ABS qui sont parfaitement intégrées à sa ligne. Elles ont été dessinées en même temps que la moto, et non comme un ajout, ce qui explique cette intégration réussie.

Avec sa robe noire intégrale (moteur, échappement, roues et console d'instruments sont également noirs), la C90T dégage un parfum de mystère et de puissance. Elle a l'air musclé, agressif, sérieux. Ça sent la testostérone à 100 mètres à la ronde. Curieusement, la C90T est quasiment dépourvue de chrome, chose inhabituelle pour un cruiser. En dehors de la nacelle de phare, de la nacelle du feu arrière, des clignotants et des pentures de sacoches, aucun autre accessoire n'est chromé. Voilà qui laisse place à la créativité et aux personnalisations les plus folles. L'aile arrière surdimensionnée qui dispose d'un feu arrière à DEL s'harmonise parfaitement avec les valises rigides.

Longue, mais relativement fine pour une grosse boulevardière, la Suzuki ne souffre d'aucune faute de goût au niveau du design. Quelques petits détails de finition laissent à désirer (fils apparents au niveau du guidon, protège chaleur visible sous le cache latéral droit), mais, dans l'ensemble, la C90T est bien réalisée. Pas de doute, elle saura plaire aux amateurs du genre cruiser.

Facilement repérable au-dessus du réservoir de carburant de 18 L de contenance, la console d'instruments multifonctionnelle comporte un compteur de vitesse analogique, un indicateur de rapport engagé, une jauge de carburant, une horloge, un compteur kilométrique avec partiels et une série voyants, cinq au-dessus de l'indicateur de vitesse et deux, en bas répartis de chaque côté de ce dernier. On note au passage l'absence de compte-tours.

Enfin, Suzuki propose quelques accessoires optionnels destinés à renforcer le caractère routier de la C90T, à savoir un arceau de protection moteur, un cache-radiateur, un dosseret passager et un porte-paquet.

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La C90T est propulsée par un V-Twin SACT à longue course, de 1 462 cc, ouvert à
54 degrés et refroidi au liquide.

Un moteur moderne et puissant
Pour ceux qui ne sont pas familiers avec la dénomination des boulevardières de Suzuki, la C90T est une custom de 90 pouces cubes destinée au tourisme. Elle est propulsée par un V-Twin SACT à longue course, de 1 462 cc, ouvert à 54 degrés et refroidi au liquide. Les culasses sont dotées de quatre soupapes chacune. Le bicylindre est alimenté par une injection électronique à doubles papillons semblable à celle que l'on retrouve sur les GSX-R. Selon Suzuki, ce V2 offrirait la meilleure combinaison de puissance, de couple et d'efficacité pour un confort de roulement accru lors des longues randonnées. Sur la M90, dont il est issu, ce moulin développait 80 ch à 4 800 tr/min pour un couple de 90,4 lb-pi à 2 700 tr/min. Dans le cas de la C90T, aucune donnée n'est fournie par Suzuki, mais on présume que les valeurs de puissance et de couple sont similaires.

La boîte de vitesse comprend cinq rapports, dont le dernier, relativement long, est parfait pour un usage autoroutier. Le bicylindre est complété par un embrayage antidribble dérivé des sportives de la marque, lequel prévient les blocages intempestifs de la roue arrière lors des rétrogradages. La transmission est quant à elle assurée par un cardan avec limiteur de couple.

Une partie cycle classique
Le cadre tubulaire de la C90T est un modèle traditionnel à double berceau, en acier. Il perpétue la tradition custom classique sans révolutionner le genre. Il est complété par un bras oscillant triangulaire relié à un monoamortisseur ajustable en précontrainte. À l'avant, on trouve une fourche télescopique à poteaux de 41 mm dépourvue de réglages.

Ce cadre est aussi classique dans ses dimensions. Il affiche un empattement long de 1 675 mm et une géométrie de direction typiquement custom avec des valeurs de chasse et de déport importantes (31,1 degrés x 132 mm). Il a été conçu pour accueillir un large pneu arrière de 200 mm qui accentue le caractère musculaire de la Suzuki, et pour procurer une position de conduite naturelle et détendue.

La selle se décompose en deux parties. À l'avant, un siège moelleux et confortable permet au pilote de se déplacer à sa guide. Il bénéficie d'une grande liberté de mouvement et n'est pas bloqué dans une position prédéterminée. De plus, la selle est en mesure d'accueillir les pilotes de différentes tailles, lesquels peuvent atteindre le guidon et les marchepieds confortablement. L'assise se trouve à 720 mm du sol, ce qui est relativement bas. Néanmoins, la selle est large, ce qui atténue passablement cet avantage. En ce qui a trait à la selle passager, elle est ample et présente une surface et une épaisseur généreuses. Bonne nouvelle pour les passagers qui n'auront pas à craindre les sorties dominicales en duo.

Au niveau du freinage, Suzuki a privilégié la simplicité volontaire. La C90T est en effet ralentie par deux simples disques, pincés par un étrier double. Rien de très révolutionnaire, comme vous pouvez le constater, mais ça marche plutôt bien.

Les jantes noires à sept branches sont chaussées de pneus Bridgestone G852 (AR) / G853 (AV) plutôt larges (200 mm à l'arrière, 130 mm à l'avant).

Le poids en ordre de marche de la C90T est conséquent et culmine à 383 kg. Il ne s'agit donc pas d'une moto légère.

Quant au choix de coloris, il se limite au noir (comme sur le Modèle T, cher à Henry Ford).

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Les sacoches bien intégrées et étanches offrent un volume de chargement moyen...

Le verdict de l'asphalte
Costa Mouzouris et moi sommes partis de l'hôtel au guidon de deux C90T flambant neuves vers 13 h, pour une balade de deux heures dans le nord des Laurentides. La journée était couverte et le thermomètre peinait à dépasser 7 degrés. Par moments, une légère bruine venait gâcher notre séance photo, sans parvenir pour autant à entacher notre enthousiasme.

Dans ces conditions hostiles, la protection offerte par le pare-brise de la C90T était bienvenue. Haut et large, il a le gros avantage de protéger le pilote bien au-dessus du torse, sans générer de turbulences désagréables. Cependant, quand il pleut, la vision est affectée dans la mesure où on doit regarder à travers la partie supérieure du pare-brise et non au-dessus. Au niveau des jambes, la protection contre les éléments est nettement moins bonne. On sent l'air tourbillonner autour des mollets et des chevilles. Un phénomène qui s'amplifie au fur et à mesure que la vitesse augmente, au point de devenir un désagrément passé 120 km/h.

La selle large et bien rembourrée s'avère confortable. Elle offre une bonne assise et permet de changer de position au besoin. À l'arrêt, un pilote de taille moyenne (1,78 m dans mon cas) peut poser les deux pieds bien à plat au sol, en dépit de la largeur excessive de la partie avant de la selle. Si vous combinez le moelleux de la selle à l'efficacité des suspensions et à une position de conduite pas trop radicale, vous obtenez un niveau de confort satisfaisant, tout à fait en accord avec la vocation routière de la C90T. Malgré l'absence de réglages sur la fourche et un niveau de réglage restreint sur le monoamortisseur (seule la précontrainte du ressort se règle), les suspensions s'acquittent relativement bien de leur tâche.

Malgré son poids élevé et son gros pneu avant de 130 mm de large, la Boulevard se prend en main rapidement et se manie avec une relative aisance, une fois qu'elle est en mouvement. À l'arrêt ou lors des manœuvres à basse vitesse, cette lourdeur se fait ressentir et il faut être vigilant. En conduite normale, la tenue de route est rassurante et n'appelle aucun commentaire particulier. Utilisée dans le cadre de sa fonction première, c'est-à-dire comme moto de tourisme léger, sur les voies rapides, les voies secondaires rectilignes ou en ville, à une allure raisonnable, la grosse boulevardière de Suzuki se tire bien d'affaire. Elle est un peu lente de direction dans les enchaînements, mais, dans l'ensemble, elle est plutôt agile et stable. Dès que la cadence augmente, c'est une autre histoire. Sur route sinueuse, on est rappelé à l'ordre par le frottement des marchepieds sur l'asphalte. Comme beaucoup de ses consœurs boulevardières, la C90T pêche en effet par une garde au sol limitée. Cependant, l'intégrité de la tenue de route n'est pas affectée et la Suzuki poursuit son chemin sans problème. À condition bien entendu de ne pas exagérer et de ne pas dépasser les limites des lois de la physique.

La C90T s'inscrit facilement en virage pour une moto de son gabarit. Il suffit de pousser sur le large guidon tubulaire, lequel offre un bon effet de levier, pour amener la Suzuki à changer de direction rapidement et sûrement. Une fois sur l'angle, elle reste fermement plantée sur ses appuis et fait preuve d'une neutralité étonnante. En revanche, si on la brusque ou si on adopte une cadence déraisonnable, la Suzuki perd de sa superbe et se désunit. Elle vous rappelle à l'ordre en se mettant alors à dandiner. Même chose quand la chaussée se dégrade, comme nous avons pu le constater sur le Chemin du Lac à la Loutre, une route bosselée qui rallie Huberdeau à Brébeuf, avant de rejoindre la 323 en direction de Mont-Tremblant.

Le freinage est adéquat, malgré la simplicité de la technologie employée. Bien que le système repose sur deux disques simples, un à l'avant, un à l'arrière, pincés par des étriers à double piston, la force de freinage est suffisante pour immobiliser la bête, même en cas d'urgence. On n'est pas au niveau de freinage d'une sportive, mais, pour une grosse boulevardière, ce n'est pas mal du tout. Il faut néanmoins être prudent, car la moto a tendance à se relever lorsque l'on maintient la pression sur les freins en entrée courbe, même légèrement. Les deux freins sont faciles à doser et pleinement modulables.

Doté d'un couple important présent dès les bas régimes, le V2 de la C90T est puissant. Cependant, en l'absence de compte-tours, difficile d'interpréter son comportement avec précision. Le bicylindre monte relativement vite dans les tours pour un gros V2 et offre des accélérations franches et de bonnes reprises. Mais en raison d'un dernier rapport de boîte long qui abaisse le régime quand on roule à vitesse d'autoroute, il est parfois nécessaire de descendre un rapport pour dépasser un autre véhicule avec autorité. Les vibrations sont présentes, mais dans l'ensemble elles ne nuisent pas vraiment à l'agrément de conduite. Quant à la boîte de vitesse à cinq rapports, actionnée par un sélecteur double à bascule, elle est précise. On peut même monter les rapports à la volée.

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Position de conduite toursime et bonne protection font de la C90T une bonne voyageuse.

Au final
De retour sur le marché après un hiatus de trois saisons, cette Boulevard vient combler un trou dans la gamme de Suzuki. Avec son moteur plus vigoureux qui offre des performances intéressantes et sa partie cycle saine qui s'acquitte parfaitement de sa mission, la C90T s'avère un cruiser idéalement adapté à sa vocation de boulevardière de tourisme léger. Confortable, relativement bien équipée — Suzuki propose plusieurs accessoires de tourisme pratiques —, et dotée d'une ligne musclée, elle représente un bon compromis pour quiconque recherche une custom efficace et racée pour se promener en solo ou en couple, avec armes et bagages, sur les routes nord-américaines. D'autant qu'à 13 999$, elle est meilleur marché que plusieurs compétitrices de cylindrée équivalente, dotées du même équipement.


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