Chaque nouvelle saison, l’arrivée des montures d’essai à long terme comporte son lot de surprises. Pour moi en tout cas. Lorsque Didier m’a demandé de venir chercher celle qui serait officieusement « ma » compagne pour l’été, j’ai été étonné de découvrir une magnifique BMW F800GS blanche équipée d’un sac de réservoir BMW et d’un porte-bagage Touratech. D’abord, je n’avais jamais envisagé de passer l’été avec une double usage. Ensuite, cette Béhème avait déjà été testée par notre équipe à l’automne 2008, comme modèle 2009. Tout cela ne cause aucun problème puisque pour des raisons d’horaire j’avais été écarté de cet essai. Et puis, il faut dire que tester une moto sur 1 000 kilomètres, en une semaine, ce n’est pas comme vivre au quotidien avec elle pendant six mois.
La dernière venue de la famille des doubles usages de BMW est animée par un moteur deux cylindres parallèles de 798 cc développant un respectable 85 chevaux. Le même qui propulse la F800ST et, tout dernièrement, la standard F800R. Comme sur cette dernière, l’entraînement final se fait par chaîne plutôt que par courroie comme sur la ST. La selle culmine à plus de 880 mm du sol et la belle est amortie par des suspensions à grand débattement afin de se jouer des aléas de la route et de transformer chaque sortie en aventure. Sa ligne générale rappelle celle d’une R1200GS qui aurait rétréci au séchage. Avec 450 cc en moins et une configuration parallèle plutôt que Boxer, elle a moins de caractère, mais n’en est pas totalement exempte. En prime, son gabarit beaucoup plus compact que celui de sa grande sœur lui confère une agilité supérieure lorsque le bitume disparaît. À vérifier plus à fond.
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Ugo et «sa» F800GS. |
Elle a fière allure ma GS avec sa livrée blanche lui donne un air tout à fait digne. Une grosse moto de cross très luxueuse. Comme la motorisation est la même que sur la F800ST (que j’ai adorée) et la F800R (joueuse à souhait), je n’ai pas été surpris quand le petit twin parallèle a pris vie. La sonorité n’est pas aussi flatteuse qu’un V-Twin, mais on est dans un tout autre monde qu’un mono, moteur qui motorise couramment ce type de moto. Si le mot « pulsation » n’est pas tout à fait justifié dans le cas présent, le terme « bourdonnement », lui, colle beaucoup mieux.
Mon premier contact, consistant en un trajet mixte ville/autoroute assez rectiligne d’environ 50 kilomètres, m’a un peu laissé sur ma faim. Curieusement, ce qui semblait poser problème était ce fameux moteur que je connaissais déjà. Il me semblait relativement anémique. Plus que dans mon souvenir en tout cas. En fait, il faut préciser que je descendais d’une Honda CBF 1000F qui crache quelque 25 chevaux de plus. Après deux jours de cour assidue, cette impression a laissé place à l’agréable sensation du moteur à tout faire que je connaissais déjà. À l’usage, ce moulin s’avère génial. Il tire dès le relâchement de l’embrayage dans un bourdonnement pas désagréable du tout. D’ailleurs, cette instantanéité s’apprécie lorsque le feu tombe au vert. L’accélération se stabilise vers les 5 000 tr/min.
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La F800GS se prépare à jouer les voyageuses. |
Le mois de juin fut le mois du boulot à moto. La GS fut presque exclusivement utilisée pour me véhiculer au travail. Les élèves de l’école secondaire où je travaille n’ont pas été avares de commentaires positifs sur la ligne de la moto de leur prof. Ce qui m’a permis d’enseigner avec encore plus d’assurance. La Bayerische Motoren Werke pourra dès l’an prochain rajouter « éducative » dans la publicité ayant trait à la petite GS. Qui l’eût cru?
Bien que la majeure partie du temps la circulation fut fluide, j’ai pu évaluer la GS dans les bouchons des ponts de la Rive-Nord à l’occasion. La selle culminant à 880 mm n’est pas à proprement dit agréable dans le trafic. Mais comme elle reste relativement étroite, il n’est pas ardu de poser un pied au sol. Il faut oublier l’idée des deux pieds bien à plat, à moins d’être infligé d’un handicap physique! Où le bât blesse c’est que la fourche a tendance à plonger de manière exagérée au freinage, ce qui devient rapidement irritant lorsque ceux-ci se répètent, les lundis matins vers 6h30, par exemple, et qu’on est coincé derrière une colonne de banlieusards. En utilisation normale, lorsque le frein est sollicité à intervalle plus espacé, on s’habitue assez rapidement à cette caractéristique de la fourche.
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Facile à prendre en mains, la F800GS est une véritable moto à tout faire. |
La position de conduite relevée avec les bras écartés sans être trop éloignés du torse est géniale. Aucune douleur, une grande impression de contrôle. J’ai hâte d’amener la GS sur mes petites routes virevoltantes cet été, afin de voir comment cette position va se traduire lorsqu’on prend de l’angle à vive allure. La hauteur de la selle offre aussi une vue de premier choix au-dessus de tous les véhicules, sauf les camions. En d’autres termes, sur ma petite GS je me sens maître des éléments. La selle n’a pas été vantée par mes confrères au niveau du traitement qu’elle réserve au postérieur. N’ayant pas encore fait de grandes distances à ses commandes je ne peux pas encore statuer de manière permanente sur ce point, mais il est vrai qu’après 50-60 kilomètres je pouvais deviner un début d’inconfort.
Cependant, l’été ne fait que commencer. Et il reste encore beaucoup de sorties à effectuer au guidon de notre Béhème. Dont plusieurs sur les routes secondaires des Laurentides. Il faudra évidemment que je tente le diable en l’amenant faire un peu de hors-route lorsque le patron ne regardera pas. Puis, finalement, il y aura le test de l’épreuve du temps. Que penserons-nous de la F800GS après plus de six mois derrière son carénage? Un dossier à suivre… avec plaisir!
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