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VOYAGES  

LA VAGUE AUSTRALIENNE

C’est l’une des plus belles routes au monde. La Great Ocean Road s’étend au sud de l’Australie, entre Melbourne et Adélaïde, le long du Pacifique Sud. Une route de montagne tourmentée accrochée aux vagues de l’océan, parcourue au guidon d’une BMW R 1200 GS. Un moment rare...

Texte et photos : Éric Malherbe / Voir le diaporama
 
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Sur cette route sinueuse à souhait, la BMW R1200GS se sent chez elle, même si elle doit rouler du mauvais côté de la route...
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Pas de stress pour ces Koalas.
La fin de la Great Ocean Road est marquée par une porte monumentale.
 
 
 
 
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Au sud-est de l’Australie, l’État de Victoria recèle quelques joyaux comme la ville de Melbourne ou encore le circuit de Phillip Island à une centaine de kilomètres de là. Le plus beau tracé de l’hémisphère sud, connu pour être situé en bordure de l’océan (unique) et pour les courses magnifiques qui s’y déroulent chaque année. Mais l’un des plus beaux bijoux de cette région de l’Australie qui fait face à la Tasmanie est sans conteste la Great Ocean Road. Ce long serpent de bitume de plus de mille kilomètres qui court le long de l’océan Pacifique entre Melbourne et Adélaïde fait partie des plus belles routes du monde. Le dessin de ses courbes qui suivent méticuleusement les découpes de la côte, ressemble à ces magnifiques routes de montagne que l’on trouve agrippées aux Alpes italiennes. Mêlés aux décors de mer turquoise et de falaises ocre, on comprend mieux pourquoi ces lieux attirent depuis trente ans de nombreuses super productions hollywoodiennes.

On quitte Melbourne et son quartier branché de Saint Kilda par l’autoroute. La vitesse est limitée à 100 km/h et la BMW R 1200 GS qui nous accompagne pour cette fabuleuse traversée ronronne paisiblement tout en offrant un excellent niveau de confort et une consommation raisonnable. Une heure et demie plus tard, tandis que la fraîcheur matinale termine de nous réveiller, le voyage débute vraiment. Après Geelong et sa magnifique promenade bordées de palmiers, nous arrivons à Torquay.

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Surf City
En parcourant au ralenti la rue principale qui conduit vers les rouleaux de l’océan, on remarque l’alignement des magasins de surf. Normal, c’est précisément ici que sont nées des marques aussi prestigieuses que Rip Curl ou encore Quicksilver. Nous pénétrons au cœur de l’un des paradis terrestres de la glisse. Le surf y est roi, la mode qui l’accompagne est omniprésente. Les prix sont plus bas que partout ailleurs dans le monde, mais on a vite fait de vider sa carte de crédit chez Billabong, Volcom, et autres Gotcha. Ils sont tous là et les adeptes de glisse ont tôt fait de devenir accros! Il règne à Torquay une ambiance détendue d’éternelles vacances où les hommes d’affaires quittent rapidement leurs costumes à l’heure du déjeuner pour s’offrir une session sur l’un des nombreux endroits qui bordent la côte. Ici, une école de surf, là une autre de kayak des mers, plus loin une petite troupe d’enfants qui s’adonnent aux plaisirs de la glisse. Un plaisir érigé en art de vivre plus qu’en sport ou en compétition. Le soleil tanne la peau, la lumière est puissante, et s’il ne fait pas une chaleur étouffante, les rayons cuisent intensément l’épiderme. Protection obligatoire, lunettes de soleil vissées sur le nez et chapeau sur le coco, on se dirige vers notre premier lieu de visite. Le musée du surf est immanquable, indispensable. Très bien documenté, parfait pour les néophytes comme pour les amateurs du Pro Tour, ce lieu est la Mecque de la glisse et de son histoire. En sortant de ce temple dédié à la planche, toutes proches, les vagues de Bells Beach diffusent l’écho d’une scène mythique du cinéma américain. C’est en effet dans ce lieu bordé de falaises qu’a été tournée la formidable scène finale de Point Break, lorsque Patrick Swayze part définitivement à la rencontre de la vague. Tous les amateurs de surf à travers le monde connaissent Bells Beach. C’est ici-même qu’a lieu tous les ans le Championnat du monde de surf. Pas de rouleaux extraordinaires aujourd’hui, le vent du large souffle en rafale et aplatit les vagues.

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Forêt tropicale et Bee Gees
Dans l’État de Victoria, la température oscille entre 15 et 35°C et la végétation luxuriante rappelle que les pluies sont fréquentes. D’ailleurs, sur le bord de la route, les panneaux indiquent aux motocyclistes les risques de dérapage en cas de pluie. Pourtant, le revêtement est bon, mais les nombreux virages, parfois même en épingle à cheveux, rendent certaines portions plus délicates que d’autres. D’autant qu’on roule à gauche en Australie. Tant pis pour la vitesse de croisière, on est avant tout sur cette route pour prendre du bon temps, et chaque étape est une invitation à la détente et à la découverte. Après Torquay, on file vers Lorne. Une sympathique station balnéaire à la mode, où les restaurants servent de délicieux fruits de mer. La R 1200 GS palpite de son bicylindre Boxer et offre une véritable sensation de douce liberté. Pour l’occasion, je suis équipé d’un casque d’un genre nouveau, confectionné par BMW. Ce casque baptisé Système 5 WCS-1 est doté d’une liaison spécifique oreillette et micro et peut être relié par liaison Bluetooth. Un Ipod ou un cellulaire et l’affaire est entendue, on a la musique à bord. Les tubes des Bee Gees raisonnent d’un son particulier dans ce casque magique. Après tout, les frères Gibb encore adolescents habitaient en Australie lorsqu’ils ont sorti leurs premiers tubes au début des années 60. Le surf explosait ici comme en Californie. Face à l’océan, de magnifiques villas plus excentriques les unes que les autres dominent la route de leurs superbes baies vitrées. Toutes s’offrent un panorama spectaculaire pour le regard, et l’on se prend à rêver en s’imaginant confortablement installé sur la terrasse à scruter les vagues, au-delà des plages de sable fin totalement désertes. Au-dessous, des minifourgonnettes psychédéliques peintes de couleurs vives et aux messages de paix, baladent les troupes nomades de surfeurs blonds dorés sur la Great Ocean Road. Il flotte ici comme un parfum des années 70. La R 1200 GS dépasse la grande porte en bois qui symbolise l’entrée de la route. Une route édifiée et taillée dans la roche à coup de dynamite et de barre à mine il y a moins d’un siècle, en mémoire des hommes tombés sous le feu de l’ennemi lors de la guerre de 14-18. Une route, un monument et des virages qui s’accrochent aux vagues et aux falaises jusqu’à épuisement.

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Les apôtres ne sont plus douze
Le rire d’un « kookaburras » vous réveillera définitivement d’une sieste à l’ombre d’un eucalyptus. C’est un oiseau du coin qui rigole aussi fort qu’une hyène. Une sorte de moineau pas très beau, un peu rabougri et recroquevillé qui adore la chair tendre des gros lézards imprudents. Plus loin, des perroquets à grandes crêtes blanches se disputent une simple branche d’arbre. En reprenant la route, on distingue très clairement les variations de végétation et le début de ce que l’on nomme ici la « Rain-Forest ». Une forêt tropicale qui longe la pointe sud de la Great Ocean Road, juste après Appolo Bay. On pénètre dans le parc national d’Otway, où les eucalyptus cendrés, les hêtres et les myrtes offrent un habitat naturel extrêmement varié aux wallabies noirs et aux kangourous. Quelques pistes en terre facilement praticables avec la BMW chaussée de pneus de route conduisent à l’intérieur de la forêt, vers les 48 hectares du Melba Gully State Park. Un lieu magique, l’un des plus humides de la région où les précipitations annuelles atteignent 2000 mm et qui regorge d’une flore luxuriante. Sans bruit, il sera possible d’observer des koalas à l’état sauvage. Après l’observation des surfeurs en milieu naturel voici donc le temps de l’observation, plus paisible celle-là, de ces étranges et affectueuses peluches uniquement présentes sur le sol australien. Une chance unique! La « Rain Forest » offre aussi l’occasion de promenades fantastiques sur des sentiers suspendus entre des arbres géants, à la découverte de cascades bouillonnantes et gracieuses. Celles d’Erskines font tout de même 38 mètres de haut et ce sont 250 marches qu’il faut descendre, puis remonter au retour, pour admirer ce spectacle qui vaut bien un petit détour à pied.

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The place to be
À Angle Sea, petite bourgade de la côte qui ponctue une suite de plages désertes aux eaux vertes sur fond de sable saumon, le Golf Club est envahi par les kangourous. C’est très drôle de voir les marsupiaux cohabiter avec les golfeurs sans que personne n’y trouve rien à redire. Une image peu banale qui restera comme un moment figé et décalé dans le tiroir à souvenirs qui se remplit kilomètre après kilomètre. À la sortie du parc national d’Otway, la route s’éloigne un peu de la côte pour mieux y revenir. Et l’on tombe nez à nez avec le majestueux site des Douze Apôtres. En réalité, une suite monumentale de morceaux de falaises déchiquetées, plantées dans l’océan, qui évoquent les apôtres. Ils ne sont plus aujourd’hui tout à fait au nombre de douze. Certains se sont effondrés sous l’effet conjugué des vagues et du vent. Il n’empêche que cet alignement de morceaux de falaises reste l’un des moments phares le long de la Great Ocean Road. À tel point que de petites compagnies aériennes flairant le filon organisent des visites d’avion ou d’hélicoptère. Un formidable moyen d’embrasser le site d’un seul regard, ce qui semble impossible depuis la terre. Même perché sur le haut de la selle de la BMW R 1200 GS.

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À un léger coup de gaz de là, d’autres sites tout aussi remarquables attendent les caméras et les appareils photos des touristes. Lorch and Gorge ou encore le London Bridge sont de fabuleux cailloux plantés dans les vagues, jouant avec les couleurs du soleil au levé ou à la tombée du jour. Sur la route, des kangourous traversent en bondissant et Port Campbell s’annonce. Pas moins de vingt-deux espèces d’orchidées poussent sur cette terre qui est aussi l’une des plus sauvages que l’on puisse rencontrer tout au long du parcours. Pour les plus courageux, un sentier de randonnée de 32 kilomètres longeant l’océan relie Port Campbell à Peterborough. Sensations et bonnes suées garanties si le soleil est de la partie! Plus loin, si l’on pousse vers Adélaïde, la route s’éloigne de l’océan. Les paysages n’en sont pas moins beaux et les curiosités naturelles pas moins intéressantes, notamment du côté du parc naturel des Grampians. Pour ma part, le voyage s’est achevé à Warnambool. Ancien port de pêche à la baleine et au phoque, Warnambool possède aujourd’hui un superbe musée de la mer. Et surtout, pendant les mois d’hiver, il est possible d’observer depuis la côte, les baleines franches australes qui remontent depuis le grand sud. Trois jours après mon départ de Melbourne, j’ai l’impression d’avoir changé vingt fois de planète en restant sur la même route! La Great Ocean Road est bien le joyau que l’on m’avait promis au départ. D’ailleurs au nombre de motos croisées, je suis certain que de plus en plus de motocyclistes du monde entier connaissent ce joli coin d’Australie dans l’État de Victoria : The place to be.

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