On a parfois des préjugés injustifiés, mais — et là, je veux faire amende honorable — je dois dire que j'ai été impressionné. D'abord par l'ampleur de l'événement qui, durant deux jours, attire plusieurs milliers de spectateurs venus de toute l’Europe, et même parfois de plus loin, au circuit de Dijon-Prenois, en plein cœur de la campagne bourguignonne. Mais aussi par la participation importante des collectionneurs, des clubs et des amateurs grâce auxquels plus de 1 000 motos, des origines à 1983, s'exposent à nos regards envieux.
Les Coupes Moto Légendes ont vu le jour en 1993. Jusqu'en 2003, elles se déroulèrent au mythique circuit de Linas-Monthléry, en banlieue sud de Paris. Puis, l'année suivante, ce rassemblement déménagea ses pénates près de Dijon. Considérée par beaucoup comme la «grand-messe» de la moto classique en Europe, cette manifestation y connut un succès populaire immédiat.
Cette année, les Coupes Moto Légendes fêaitent leur 5e anniversaire en Bourgogne. Une foule record de plus de 25 000 visiteurs, selon les estimations des organisateurs, a envahi le circuit de Dijon-Prenois, malgré une météo plutôt maussade. Entre 12 000 et 15 000 motos ont fréquenté le site d'après la gendarmerie, qui ne déplore aucun accident majeur. «Tout le monde est reparti du circuit content. Les six anciens champions du monde présents, notamment Phil Read, ont fait le spectacle de manière éblouissante, le public était debout. L'opération Honda a également bien fonctionné. Pour le 60e anniversaire de la marque, 100 motocyclistes ont défilé en parade pendant deux tours, entre midi et 14 heures», a souligné Nicolas Batifoulier, responsable de l'événement.
Plusieurs centaines de Honda de toutes les époques ont pris part à la grande parade soulignant
les 60 ans de la marque ailée.
Mais, ce qui fait le succès de cet événement hors du commun, c'est la diversité des activités proposées. L'événement, comme chaque année, a vibré au bruit des différents types de moteurs. Motos de tourisme, d'endurance, de Grand Prix, side-cars de course, le public présent en a pris plein les yeux... et les oreilles. Dans une ambiance festive qui rappelle les kermesses et les fêtes populaires de notre jeunesse. Les épreuves sur piste — il ne s'agit pas à proprement parler de courses puisqu'il n'y a pas de classement — attirent toujours un grand nombre de spectateurs. Elles sont réparties en 11 séries, par catégorie d'âge et de cylindrée. Des prix récompensent les plus belles machines, les plus rares, ou encore les plus beaux stands de clubs.
Au centre du circuit, près de 100 motoclubs exposent leurs plus belles machines. Souvent, les clubs sont bien structurés à l’image des grandes associations. Parfois, il s'agit de quelques copains qui montent une structure pour effectuer des balades le week-end. Mais, dans tous les cas, ce sont immanquablement des passionnés.
Du côté de la bourse d'échange et du village marchand, 150 exposants proposent leurs produits et services. Un immense marché aux puces offre aux visiteurs une expérience inoubliable. On y déniche les objets les plus rares, les plus kitchs ou les plus inusités, mais on repart toujours heureux de ses trouvailles. À défaut d'avoir fait une bonne affaire...
Ce programme vraiment réussi est complété par une présentation de machines exceptionnelles, personnalisées à l’aide d’un savant mélange de pièces de plusieurs marques, surnommées les «Bitzas». On y retrouve aussi des démonstrations de trial moderne et de trial en anciennes sur une zone spécialement réservée à cet effet et une magnifique exposition de motos Nougier, des machines de course artisanales de fabrication française qui ont été produites entre les années 30 et 70. Cette année, une dizaine de Nougier étaient présentées, dont une bonne moitié a pris la piste pour quelques tours. La plus ancienne était la Nougier 175 à moteur Zurcher culbuté de 1932. Et la plus récente de l’expo était la toute dernière préparation du «Sorcier de St-Andiol», la 250 bicylindre deux-temps de 1971. Sans oublier la mythique 500 quatre-cylindres double-arbre de 1954. Cette moto justifie à elle seule la visite de l’exposition tant il est rare de pouvoir admirer de près celle qui a été surnommée la «Gilera française». Deux balades touristiques qui se déroulent le dimanche et permettent aux participants de découvrir la région dijonnaise viennent clôturer l'événement par un tour sur le circuit.
Les Nougier ont été les vedettes de l'exposition moto de cette 16e édition des Coupes Moto Légendes. Sur cette photo on reconnaît la mythique 500 quatre-cylindres de GP de 1953. Photo: © François-Marie Dumas (www.moto-collection.org)
Destinées à souligner la contribution des motos anciennes, les Coupes Moto Légendes sont une occasion unique de revisiter notre passé collectif, de revivre des moments forts et de raviver la flamme de notre passion. Mais, au-delà de la nostalgie, c'est un moyen infaillible de mesurer le chemin parcouru depuis l'invention de la moto et de constater que chaque génération a sa propre façon d'exprimer sa passion et de trouver des réponses à ses questions. |
